Le français familier Une langue chargée de sentiment SOMMAIRE I. Définition II.
Le français familier Une langue chargée de sentiment SOMMAIRE I. Définition II. Pourquoi le français familier s’est-il autant développé? III. Argot et français familier – quelles différences? IV. Caractéristiques La situation de communication La morphosyntaxe Sur le plan lexical Au niveau de la prononciation Définition Familier vs. soigné : Toute langue employée en société doit posséder un registre soigné et un registre familier. Le registre familier est celui que l’on emploie dans la vie de tous les jours, quand on parle à ses proches. Le registre soigné est celui que l’on emploie dans les situations formelles, lorsque l’on veut « bien parler ». Le registre familier : Ces mots sont en effet très fréquents dans la langue française et leur méconnaissance peut vite constituer un obstacle à la compréhension. Les dictionnaires mentionnent souvent le registre de langue d’un mot, en particulier quand il est familier, vulgaire ou ordurier. Définition C'est la langue utilisée par l'ensemble des Français, quels que soient leur âge et la classe sociale ou professionnelle à laquelle ils appartiennent. Tout le monde emploie aujourd'hui des mots comme bistrot, flotte, fric ou flic. Ils apparaissent même en littérature. Ce langage n'est ni vulgaire ni argotique. Il est chaleureux et souligne une connivence entre les interlocuteurs. Pour quelles raisons le français familier s'est-il autant développé? Les origines du français contemporain sont littéraires et aristocratiques. Or, la «belle langue» manque parfois de convivialité. D'où l'emploi d'une «langue de doublure», de source populaire. Le «français familier» est un «français intime». Il n'a pas d'équivalent chez les voisins européens de la France. Ces derniers, pour désigner l' «eau», diront water, Wasser ou encore agua. Alors que le français emploiera eau, flotte ou baille, en fonction de la situation. (d’après C. Duneton) Quelle est la différence entre l'argot et le «français familier»? Historiquement, l'argot est le langage de la délinquance. Or, vers le milieu du XIXe siècle, la bourgeoisie triomphante était dépourvue des attributs de la noblesse traditionnelle; elle avait besoin d’une arme pour marquer sa différence avec le peuple, qu'elle méprisait. Elle a alors fait sienne la langue académique - le «bon français». Et tout ce qui relevait du langage familier est devenu de l'argot. CONTEXTE Contrairement à l’argot, le registre familier concerne non seulement le vocabulaire, mais aussi la prononciation ou la grammaire. Le choix de la part du locuteur d’un terme familier est beaucoup moins conscient que celui d’un mot d’argot et dépend avant tout de la situation de communication dite familière; il s’agit de situations où le locuteur est entouré de personnes qu’il connaît bien (amis, membres de sa famille, etc.) et avec qui il entretient des relations intimes ou d’égalité. La langue familière est donc le résultat d’une diminution de l’attention portée à sa façon de parler ou d’écrire. Cependant, étant donné que les argots constituent une des sources essentielles du vocabulaire familier, il est souvent difficile de trancher si tel ou tel mot d’origine argotique largement diffusé au niveau de la société doit être considéré comme argotique ou comme familier. CARACTERISTIQUES 1. La situation de communication: On le rencontre principalement dans les situations de communication où il n’y a pas de contraintes importantes. Spontanéité, intimité. Comme son nom l’indique, ce registre est surtout employé entre proches, entre personnes appartenant à une même communauté sociale dans laquelle tout formalisme peut être atténué, et il suppose, en principe, l’absence de tout lien hiérarchique rigide entre les interlocuteurs. Les "mots à la mode" sont toujours du registre familier et, tout comme la mode vestimentaire, sont sujets à ne durer qu'un temps (les "mots à la mode" durent pourtant plus longtemps que telle ou telle mode vestimentaire et certains peuvent résister très longtemps). Typiques des "mots à la mode" sont ceux qui expriment le très bon (hyper, super, chouette, au poil, formidable, extra, A+) ou le très mauvais (nul, chiant, pourri, minus). 2. Une morphosyntaxe simplifiée et souvent approximative, avec un grand nombre de libertés des phrases courtes, parfois inachevées, ou au contraire, interminables; des phrases nominales, souvent asyntaxiques; des interjections fréquentes; un grand usage de l’ellipse; des pléonasmes; l’utilisation de la juxtaposition. Reprise du sujet par un pronom: Mon père, il m'a bien engueulé hier. Ton histoire, ça fait pas rigoler. Négation: la suppression de ne J’ai pas bien dormi cette nuit. pour : «Je n’ai pas bien dormi cette nuit.» Pourquoi tu veux pas bouffer ton croque-monsieur? pour : «Pourquoi tu ne veux pas manger ton croque- monsieur?» Forme interrogative: -La forme interrogative directe (par changement intonatif, sans inversion ni mot interrogatif) : Tu m’appelles d’où ? pour : « D’où est-ce que tu m’appelles ? » -La forme interrogative avec est-ce que au lieu de l’inversion : Est-ce qu’il est là ? pour : « Est-il là ? » Troncation du sujet impersonnel Faudrait qu’il vienne. Y a pas de souci, t'inquiète. Faut pas toucher à ces câbles. Y avait un monde fou hier à la teuf. M’faudra un coup de pouce. La régularisation du verbe aller à la 1ère personne du singulier selon le modèle de la 2e et de la 3e personne : Je vas fumer une clope. Je vas te dire quand arrêter. Je vas tout te raconter. Je m'en vas, à toute ! Le pronom « il / elle » peut signifier « tu » (ou « vous », en cas de vouvoiement) ; le pronom « nous » peut signifier « tu » ou « vous » ; le pronom « ils / elles » peut signifier « vous ». -Alors, il a bu son lait, mon gros bébé ? Pour signifier « Alors, tu as bu ton lait, mon gros bébé ? ». -Comment nous nous portons, ce matin ? Notre nuit s'est bien passée ? Pour signifier « Comment vous vous portez, ce matin ? Votre nuit s'est bien passée ? ». -Elles ont bien écouté leur maîtresse, mes filles adorées ? Pour signifier « Vous avez bien écouté votre maîtresse, mes filles adorées ? ». Le pronom sujet on à la place de nous: Nous, on viendra, mais eux y s'esquiveront pour : « Nous, nous viendrons... » On a été chercher les gosses à l’école. pour: « Nous avons cherché les enfants à l’école. » 3. Sur le plan lexical Des contractions et de nombreuses abréviations non encore lexicalisées: T’es là ? / T'as rien pigé, ça s'voit / manif / phone / p’tit dèje / dég, dégueu / bourge pour : « Tu es là ? / Tu n'as rien compris, ça se voit / manifestation / téléphone / petit déjeuner / dégueulasse / bourgeois … » Suffixes spécifiques : - oche : téloche, cinoche, bidoche - os : calmos, gratos, matos, coolos, tranquillos - o : clodo=clochard, resto=restaurant, facho=fasciste, gaucho=gauchiste, écolo=écologiste, alcoolo=alcoolique, - asse : blondasse, godasse - ouze : barbouze - aille : flicaille - ard : peinard Litote: (figure de style qui consiste à faire entendre plus pour en dire moins.) Pas chouette, ce qu'il m'a fait ! Elle est pas crade, leur barraque ! C'était pas malin de poireauter une heure sous le soleil ! Je t'trouve pas sympa, t'aurais dû prévenir quand même ! Redondances: Moi, à mon avis, je pense que c'est louche, cette affaire. Lui, Jacques, je le rencontre souvent. Pléonasmes: Il est sorti dehors prévoir d’avance monter en haut Un vocabulaire familier, relâché, parfois chargé de nuances affectives ou sociales diverses (voir la liste): Les guibolles / la frimousse / les quenottes… pour : « Les jambes / le visage / les dents… » Beaucoup d’emprunts de langues étrangères: Arabe: toubib=médecin Tsigane: chourave=voler, craillav=manger, marav=frapper, pourav=pourri Anglais: cash=argent, flipper=avoir peur, go=allez, shit=drogue, sniffer=inhaler une drogue, boss, dealer, etc. Origine africaine: go=fille Des interjections : Punaise ! Putain ! 'tain ! Mince ! Merde ! Hein ? Zut ! Saloperie ! Purée ! Emploi généralisé de pronoms indéfinis: Punaise, mais c'est quoi ce travail ? On s'barre ou quoi ? Du jamais vu, ça ! La ‹chose› sous toutes ses formes: T'as pris ton truc au cas où il pleut? Ce machin me donne mal à la tête ! Il a sorti son engin de sa poche et a commencé à calculer le fric qu'on lui doit. L’utilisation du présent de l’indicatif à valeur de passé : S’il fait un pas de plus, le train l’écrase. pour : « S’il avait fait un pas de plus, le train l’aurait écrasé. » 4. Au niveau de la prononciation Ellision de nombreuses voyelles : voilà - v'là autre – aut petit – pti déjà – djà j’étais - jtais Assimilation : Je suis mal parti – Chuis mal barré. Je sais pas ce qu'il fait – Chais pas c'qu'il fout. Transformation de ils/il en y : Y sont venus m’voir hier soir. Y[z]étaient vénère parce que la meuf ne leur a pas filé le pognon. Faible fréquence de liaisons facultatives: ce registre observe les liaisons obligatoires et interdites, mais pratique beaucoup plus rarement les liaisons facultatives: On_est..ensemble I_[z]ont…attendu J'les_ai pas vus arriver uploads/s3/ le-francais-familier.pdf
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- Publié le Jan 30, 2022
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- Langue French
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