Léopold Winandy Le pouvoir d’assimilation des élèves de solfège sur les plans d

Léopold Winandy Le pouvoir d’assimilation des élèves de solfège sur les plans du rythme, de l’intonation et de l’ouïe musicale. 3 Léopold Winandy, 61, rue Belair, 3820 Schifflange, LUXEMBOURG, www.bepwinandy.lu tel 00352 54 79 08, fax 00352 26 53 16 32, leopold.winandy@online.lu Le pouvoir d’assimilation des élèves de solfège sur les plans du rythme, de l’intonation et de l’ouïe musicale. I. Les raisons pour le choix du sujet. Il y a dans nos écoles de musique et nos conservatoires cinq années de solfège. Malgré cela, mes élèves, au cours de flûte, se sentent assez perdus devant leurs partitions de musique. Le travail du solfège, je suis obligé de le faire au cours d’instrument. Le mouvement régulier de la mesure, les rythmes et la faculté d’écouter, sont développés presque exclusivement avec l’aide de l’instrument. Mais les professeurs de solfège n’y sont pour rien, je l’étais moi-même assez longtemps pour le savoir. Alors, quel rôle joue notre solfège? Pourquoi les enfants n’aiment-ils pas le solfège? Pourquoi ne savent-ils pas faire des dictées? Pourquoi ont-ils des difficultés rythmiques? Pourquoi ne sont-ils pas capables d’entonner, ni de reconnaître des intervalles et des accords? Pourquoi ont-ils une si faible mémoire musicale? Pourquoi et pour qui toute cette théorie? Voilà des questions que je me suis posées depuis longtemps! II Mes débuts à l’ancienne Ecole de Musique de la Ville d’Esch. C’est avec l’enthousiasme d’un lauréat du Conservatoire de Bruxelles, que j’ai mené mes premières classes de solfège. Mais comment grande était ma surprise. Mes élèves ne réagissaient nullement comme je l’attendais d’eux. Après quelques semaines, mon élan était presque tombé à zéro! Où en était la faute? Dans la méthode ou dans la matière? (Est-il normal qu’un jeune homme qui n’a pas fait d’études pédagogiques puisse donner un cours de solfège?) Je commençai à parler de ces problèmes avec mes collègues et surtout avec ma femme, qui, elle, est une extraordinaire pédagogue! Mes collègues se plaignaient de ce que les élèves n’avaient pas de sentiment rythmique, et pas de développement de l’ouïe, mais ils semblaient s’être arrangés avec ces faits. De la lecture des notes, ils en parlaient rarement. Par contre, dans les conversations à la maison, j’eus des informations concrètes. Entre autres, je faisais la comparaison entre le travail de ma 4 Léopold Winandy, 61, rue Belair, 3820 Schifflange, LUXEMBOURG, www.bepwinandy.lu tel 00352 54 79 08, fax 00352 26 53 16 32, leopold.winandy@online.lu femme à l’école primaire et la manière d’aborder une matière semblable au solfège. Je constatai qu’une comparaison était impossible. Les enfants sont confrontés avec deux mentalités d’enseignement opposées. La matière au solfège est enseignée plutôt dans le style d’un lycée. On fait appel à des facultés d’abstraction qui n’existent pas chez des enfants de cet âge. “Pour enseigner le latin à John, il faut connaître premièrement John, et ensuite le latin”, disent avec humour les pédagogues d’Amérique. Le professeur doit donc connaître en premier lieu ses élèves et leurs différentes possibilités d’assimilation. Ensuite seulement, il peut enseigner sa matière. J’abordai l’enseignement de la musique sans avoir une idée du chemin à suivre ni du but à viser. J’étais, comme beaucoup de mes collègues, le prisonnier de ma formation professionnelle, et je débitais simplement ce que j’avais appris, sans faire attention aux capacités de mes élèves. III Le contact avec d’autres méthodes d’enseignement de la musique et du solfège. En somme, personne n’était content de la situation au solfège! Dans différentes réunions de professeurs, nous essayâmes de faire mieux. Mais, c’était toujours le même problème: il semblait impossible de mettre la matière et le temps en une concordance convenable. Et, nous n’avons jamais pris en considération l’âge des élèves! C’est lors d’une de ces entrevues que M. Pierre Cao fit la proposition d’aller voir, à l’étranger, d’autres manières d’enseignement. C’est moi qui fus chargé de cette tâche. A cette occasion, je fis la connaissance de trois écoles différentes. 1. Le “Orff-Schulwerk” est une admirable collection de musique pour enfants, mais n’est pas propre à remplacer le solfège. Certes, l’un ou l’autre élément de cette méthode peut être intégré dans un enseignement musical chez nous. 2. En Hongrie, on pratique la méthode de solfège selon Zoltán Kodály. Eh bien, là, nous avons un enseignement complet de solfège. Il est inspiré de la manière française, mais conçu selon les règles de la pédagogie. Les enseignants jouissent d’une formation didactique solide. Le contenu du programme est exemplaire. J’ai constaté que l’étude de la théorie, comme nous la pratiquons, n’apparaît qu’au conservatoire à la quatrième année. Les enfants ont alors eu un enseignement de solfège de dix ans. Ceci ne veut pas dire que toute explication théorique soit exclue dans les années précédentes. Elle est conçue d’une toute autre manière et toujours liée à la pratique. 5 Léopold Winandy, 61, rue Belair, 3820 Schifflange, LUXEMBOURG, www.bepwinandy.lu tel 00352 54 79 08, fax 00352 26 53 16 32, leopold.winandy@online.lu 3. A Delft, on a essayé de combiner les idées de CarI Orff et de Zoltán Kodály. La synthèse n’est pas mal réussie, mais la matière que j’ai vue n’est pas suffisante pour combler tout un programme de solfège pour nos besoins. IV Les problèmes du solfège, lors de la création du Conservatoire de Musique de la Ville de Luxembourg et des écoles de musique. En cherchant dans les écrits sur la création du Conservatoire de la Ville de Luxembourg, je constatai que le solfège posait des problèmes dès le début. Ceci me semble être une conséquence logique du fait suivant: Le Conservatoire était conçu dès ses origines comme une école supérieure. Le directeur et les professeurs étaient recrutés sur le plan international. L’ambition primaire était de dispenser un enseignement d’un niveau comparable à des conservatoires de musique belges. Ceci n’aurait rien d’extraordinaire si on n’avait pas recruté des enfants n’ayant terminé que la première année d’école primaire!? Il paraît, que grâce au zèle des professeurs, les premiers résultats au solfège n’étaient pas si mauvais. Mais l’assiduité du corps enseignant ne pouvait cacher, à la longue, les problèmes. Il y avait contradiction entre le niveau souhaité et l’âge des enfants. Seulement quelques années après la création du conservatoire, on parlait déjà officiellement de réforme du solfège. Les quatre, et plus tard, les cinq années d’études (même avec 4 heures hebdomadaires) ne peuvent suffire à faire d’un enfant de sept ou neuf ans un musicien professionnel ou semi professionnel. On ne peut forcer le développement. Le temps ne respecte pas ce qu’on fait sans lui. C’est quand même ce qu’on essaie dans nos établissements. Le programme du concours du premier prix au solfège demande une théorie subtile, la connaissance des sept clefs et une dictée libre très difficile! C’est un effort considérable pour un maigre résultat aléatoire. Je crois que le fait de former des amateurs et des professionnels avec le même programme, dans le même établissement, est un compromis malheureux. Ce n’est pas par hasard qu’au cours des années, on fonda de petites écoles de musique à travers le pays. Elles avaient le but d’éluder le strict programme du conservatoire. Mais faute d’un programme de solfège, conçu pour les besoins de telles écoles, on adoptait tout simplement le programme existant du conservatoire. Les essais de transcrire le caractère scientifique de la théorie dans un langage enfantin n’apportèrent rien. On avait manqué l’occasion de créer de vraies écoles de musique, qui auraient figuré comme degré préliminaire au conservatoire. Ce fut le même cas, lors de la création du Conservatoire de la ville d’Esch-sur-Alzette, l’ancienne Ecole de Musique. Tout au contraire des autres écoles de musique, on peut dire qu’ici existait plutôt la volonté dès 6 Léopold Winandy, 61, rue Belair, 3820 Schifflange, LUXEMBOURG, www.bepwinandy.lu tel 00352 54 79 08, fax 00352 26 53 16 32, leopold.winandy@online.lu le début, de faire la même chose qu’à Luxembourg. Ceci avait pour conséquence qu’il fut également enseigné une matière trop difficile à des enfants trop jeunes! Et il y a la tendance d’admettre des enfants encore plus jeunes au solfège. Je résume la situation en la comparant à l’enseignement général, c’est à dire: Nous avons partout des lycées (conservatoires), mais pas d’écoles primaires (écoles de musique). Je suis tout à fait d’accord avec le Dr. J.P. Schmit, qui dit que le solfège est la base de notre enseignement musical. Ce qu’il nous faut, c’est une structure de programme, englobant un cycle primaire et ensuite un cycle moyen et supérieur. V L’importance des premiers mois, après la naissance, pour le développement du futur élève de solfège. Après avoir essayé de donner un aperçu de la situation, telle que je la connais, je me tourne vers le sujet principal: l’enfant et son pouvoir d’assimiler les matières d’enseignement qui lui sont proposées. J’ai déjà mentionné que, pour enseigner le solfège à John, il faut connaître premièrement John. . . . . On avait demandé à Zoltán Kodály, à quel âge il faudrait commencer l’éducation musicale. La réponse, assez surprenante, était: “Neuf mois avant la naissance de l’enfant!” A son auditoire stupéfait, il expliqua que c’est la uploads/s3/ memoire 7 .pdf

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