1 “Il fait nuit. Il pleut. Je regarde dehors. Il fait noir. Pas un bruit. Je pa

1 “Il fait nuit. Il pleut. Je regarde dehors. Il fait noir. Pas un bruit. Je parle tout seul. Ma voix me gêne. Je prends mon dictaphone sur mes genoux et je lui parle tout bas, tout bas, comme à l’oreille. Ecoute, les intonations du vent sont-elles toujours pareilles? Est-ce que la mer qui déferle sur les basaltes du cap Tasman mugit comme mugit l’océan sur les côtes d’Amérique ou contre les falaise de Douvres? Qu’est-ce qui se passe cette nuit? C’est que je conserve le souvenir de tant de nuits passées sans sommeil, en plein air ou enfermé, et sous différentes latitudes, que même ici, je suis encore à l’affût. Il y dans l’air quelque chose qui me trouble.” Blaise Cendrars, in Les confessions de Dan Yack, éd. L’âge d’Homme, p.118 1 - appareillage 2 - naviguer à l’estime 3 - journal de bord 4 - maintenir le cap mémoire de soutenance - laboratoire de recherche en art audio locus sonus - salmona esther - 2005/07 2 “l’air a simplement fait reculer le paysage” Pierre Alferi, Sentimentale Journée, P.O.L, p.43 “Et quant à la chambre, eh bien, elle peut tout contenir: mettez-y tout” Jacques Derrida, Éperons, Champs Flammarion, p. 18 3 En langage maritime, l’appareillage est l’ensemble des manœuvres nécessaires pour prendre la mer, c’est-à-dire quitter son mouillage, son poste à quai ou à couple. L’appareillage proprement dit est précédé d’opérations préparatoires : tout ou partie de l’équipage est ap­ pelé aux postes de manœuvre ; l’appareil propulsif est mis en état de fonctionnement : réchauffage, lancement et essais de la machine ou des moteurs, et sur un voilier préparation du gréement (dérabantage ou mise à poste de la voilure); l’appareil à gouverner est essayé (on dit « balancé »); les liaisons intérieures (téléphonique, porte-voix, interphone) de la passerelle avec la machine et les équipes de manœuvre sont testées ; le saisinage du matériel et du chargement est vérifié ; l’amarrage est dédoublé ; un pilote est éventuellement embarqué ; les liaisons avec la terre sont débranchées (téléphone, énergie, eau...); la coupée est retirée. Le navire quitte ensuite son poste à quai, soit de manière autonome en jouant sur sa propulsion, ses propulseurs transversaux, sa barre et les aussières, soit aidé par un ou plusieurs remorqueurs et pousseurs, qui vont l’écarter du quai, l’éviter (le faire changer sur place de direction) et l’amener dans le chenal principal de sortie du port Les ordres aux remorqueurs et aux pousseurs sont généralement donnés par le pilote du port, qui guidera également le navire dans son chenalage jusqu’à la sortie. Par sécurité, tant que le navire évoluera en eaux resserrées, une ligne de mouillage sera prête à être mouillée et la machine restera aux postes de manœuvre (les temps de montée ou de descente en allure sont diminués par rapport à la consigne normale d’utilisation) - wikipédia - 1 - appareillage 4 Extrait du texte de présentation du workshop Tuning The Now, Festival Bandits-Mages, Bourges, mai 2007 Le laboratoire de recherche audio in art Locus Sonus travaille sur les problématiques des réalités sonores distantes. Les axes de recherche du laboratoire sont l’audio en espace et en réseau, axes élaborés dans une multiplicité de dimensions: acoustiques, technologiques, artistiques, mathématiques, esthétiques, philosophiques, fictionnelles. Comment donner forme aux réseaux et au sonore? Les réseaux sont pourvoyeurs de flux considérés comme envois ininterrompus de données. Ces données sont très proches du temps réel, de l’immédiateté entre émission et réception. Cette idée de transmission de flux audio en temps réel d’un lieu distancié à un autre est le degré zéro technique et conceptuel qui sous-tend le projet mis en place lors de la première année d’existence du laboratoire Locus Sonus. À partir de cette dynamique de départ, le déploiement artistique et technique peut se faire par hypothèses, vérifications, protocoles. Les ressources de départ ont permis au laboratoire de disposer d’un serveur, des connaissances techniques et de l’expérience nécessaires à la mise en place d’un premier flux audio streamé. La prise en compte de ce flux comme en tant qu’une forme de réalité sonore a permis de tester des possibilités de placement du micro, de traitement et de qualité du signal reçu et émis. Ce premier flux balise un champ, sa présence va créer et modifier des pratiques: il devient un centre, la concrétisation de la dynamique de départ. Des hypothèses d’usage, de traitement, d’écoute, de monstration, de pratiques vont être soulevées. Par exemple, il a été décidé de traiter le moins possible le signal en entrée, pour poser l’hypothèse d’une neutralité de départ (le degré zéro) afin d’offrir un matériau sonore comme écho non teinté, si ce n’est par une réalité capté et non composée. Schéma de principe du dispositif streamique 5 La possibilité technique étant établie, il a été question de la dé-multiplication des streams. Ce sont d’abord des artistes sonores et/ou des programmeurs qui constituent le premier réseau de streameurs. Leurs connaissances techniques ont permis une mise en place relativement rapide du stream, par l’envoi d’une documentation incluant les différents téléchargements (PureData et patch) et mots de passe, et le suivi sur une liste de diffusion. S’est alors naturellement posé la question de la visibilité des streams et de leur disponibilité à l’écoute. La forme graphique la plus évidente pour des problématiques autour du lieu a été la carte, active sur le net: Le centre n’est plus un stream, mais plutôt le carrefour entre eux: leur simultanéité, leurs croisements, leur juxtaposition, leurs concaténations. Un espace se crée : des distances et des territoires intangibles posant des questions d’ordre artistique, théorique, esthétiques, techniques. Ces questionnements sont le dénominateur commun aux démarches des membres du laboratoire: coordinateurs/artistes/chercheurs et étudiants/artistes/chercheurs. À partir du développement des émissions de flux, il a été question de leur résurgences dans un ou des espaces physiques et/ou virtuels et de leurs interfaces, de leurs matérialités, des connexion entre elles. Le stream amène un matériau sonore inouïe, et pose la question de sa capacité compositionnelle, de sa musicalité ou pas. Il est question d’un flux qui irrigue non pas seulement une partie du réseau, mais des instruments, des pratiques, des dispositifs, des écritures, des questionnement théoriques, voire philosophique. 6 Parmi les questions soulevées: qu’est-ce qu’un instrument? Est-ce qu’un flux irrigue un instrument? Les préoccupations premières de Lydwine Van der Hulst concernaient la notion d’instrument préparé et dé-préparé. Le déroulement de la réflexion et des expérimentations fût: l’éclatement de l’instrument, l’espace pris comme caisse de résonance et les cordes de l’instrument traversant l’espace. Ces cordes ont rejoint l’hypothèse des streams en devenant fils, lignes d’émission et/ou de réception des flux audio dans l’installation Locustream Tuner, dans laquelle le musicien/performeur traverse et interprète son propre espace par la convocation des espaces distants. Au niveau matériel, le fil, résonateur au départ, devient transmetteur, puis tuner et dispositif d’improvisation et de composition en temps réel. Est-ce une partition en temps réel? Cette matérialisation pose aussi la question du public: de sa place, de son rôle, de son écoute, de son appréhension, de sa préhension et de sa compréhension du dispositif. Chaque élément développé devient interface et/ou degré zéro dans le processus de recherche du laboratoire. Ainsi, l’hybridation, la greffe de l’hypothèse audio streamé et de l’instrument éclaté offre le point de départ de ce qui est devenu le Locustream Tuner, testée et éprouvée par les membres du laboratoire et le public, et médiatisée ensuite lors de festivals, concerts et expositions. La notion de stream comme élément et ressource de réflexion et d’action peut ainsi se transformer. Le réseau de complice des streameurs, convoqués pour mettre en place un micro ouvert, point de départ du stream, et pour envoyer ces informations sonores vers l’interface cartographique sur le Web est maintenant considéré comme un cadre assez stable faisant l’objet d’une maintenance et d’une information régulière. Cet acquis décharge en quelque sorte le laboratoire Locus Sonus du souci quant au matériau sonore disponible (mais non du souci technique!) et lui permet de se concentrer sur la matérialisation des hypothèses conceptuelles et artistiques soulevées. La géo-distance pose la question des échelles sonores entre interventions, diffusions, réseaux et espaces virtuels. marseille chicago londres oslo new york hong-kong dakar paris Principe du Locustream Tuner 7 2 - naviguer à l’estime 8 1- le son est là: le dispositif piège Le son est là avant. Le son capté par les micros streamiques existe avant qu’il ne soit capté. C’est un son spécial, un son non-composé, non intentionnel, le son du monde. C’est ce qui le rend particulièrement ouvert à une observation plus large, en amont du sonore et de l’artistique. Le réseau de micros de stream est comme un filtre récupérateur de rosée. Elle apparaît parce que le filtre est là pour la condenser, mais elle déjà dans l’air. Le moment et le lieu de bascule dans l’espace de la recherche par rapport à ces sons sous-tend plusieurs temporalités qui se superposent et dont l’élément moteur est le désir de considérer les liens entre le lieu et le son par l’entremise de l’espace et des uploads/s3/ memoiresther 1 .pdf

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