Martine Tardy Morphopsychologie Traité pratique Lire le visage et comprendre la
Martine Tardy Morphopsychologie Traité pratique Lire le visage et comprendre la personnalité Avec les fusains de Florence Grenot INTRODUCTION Si tu veux connaître les dieux, connais-toi toi-même. Oracle de Delphes Peut-on réellement définir un caractère, des aptitudes, un comportement en étudiant les formes du visage ? Depuis toujours, l’homme s’est intéressé à ce décodage, pour mieux se comprendre et mieux comprendre les autres. Au départ, ce furent des médecins qui se penchèrent sur le sujet, soucieux d’obtenir un meilleur diagnostic. Confrontés chaque jour à la maladie, ils observèrent son impact sur le comportement en établissant des relations entre tel physique et telle maladie. Ils s’aperçurent aussi que l’homme réagissait suivant son caractère, d’où des comportements différents face à la même maladie. Pouvait-on établir des lois qui régissent les correspondances entre les formes du corps et les réactions face aux maladies ? Pouvait-on établir des correspondances entre les caractéristiques physiques et psychologiques ? Médecins ou psychologues, par leurs recherches et leurs expériences, ont tracé le chemin qui nous amène à la morphopsychologie. Du corps étudié dans son ensemble – il s’agissait avant tout d’hommes et de femmes confrontés à une maladie –, on est passé à la seule étude du visage dans un but de compréhension de l’être humain. La forme traduit l’histoire personnelle d’un individu. Elle se structure à partir de l’inné, en réponse au milieu environnant et indique également les dispositions individuelles qui permettent de laisser une trace. Elle se modèle par rapport au vécu et à l’état psychique. L’ancienne physiognomie distinguait dans le visage trois zones superposées : la zone mandibulaire, la zone nasomolaire et la zone frontale, traduisant respectivement dans leur forme les particularités des trois âmes de Platon : l’âme instinctive, l’âme affective et l’âme rationnelle. 6 Morphopsychologie - Traité pratique Dans le Nouveau manuel de morphopsychologie, le Dr Corman écrit : « La morphopsychologie est la science des relations entre la forme et le psychisme. » Il dit aussi : « C’est parce que la fonction biologique, d’une part s’objective dans la morphologie (comme l’a montré le Dr Sigaud), d’autre part constitue le fondement de l’individualité psychique (comme je le soutiens), qu’il y a entre les traits de la forme et les traits du caractère une constante et bien significative relation. » La morphopsychologie est dynamique parce qu’elle s’intéresse à une forme qui dépend de la vie, or toute vie est mobilité, croissance et développement. Elle aide à saisir les relations qui existent entre la forme et la fonction. Elle saisit les données tempéramentales en se basant sur des données biologiques, elle est donc applicable à toutes les races humaines. Il semblerait que tous les êtres humains soient issus de la même souche. Dispersés à travers le monde, les hommes ont dû s’adapter suivant leur lieu de vie, ce qui leur a permis une vie plus facile avec comme conséquence des morphologies différentes suivant des lieux différents. La morphopsychologie permet de connaître ses atouts et ses vulnérabilités, on peut ainsi mieux ajuster ses objectifs à ses capacités. Faire ce pour quoi on est fait, c’est le meilleur moyen d’être performant ; l’énergie est utilisée de façon efficace, sans déperdition et sans risque d’épuisement. Apprendre à se connaître permet de ne pas passer à côté de sa vie. Le Dr Sigaud a été le premier à montrer qu’en milieu favorable la forme humaine s’élargit et que l’être humain s’épanouit, et le Dr Corman a insisté sur la dialectique engagée entre les forces intrinsèques de la personnalité et la situation vécue ; entre la coulée de l’énergie vitale qui pousse à agir d’une certaine façon et les contraintes extérieures qui l’en empêchent. Étudier la morphopsychologie permet d’étonnantes découvertes sur soi et sur les autres, simplifiant ainsi la vie en voyant les êtres tels qu’ils sont, en comprenant pourquoi l’on se sent attiré par tel ou tel individu et en déculpabilisant dans le cas inverse. Contrairement à ce que nous enseignent les préceptes judéo-chrétiens, on ne peut pas être ami avec Morphopsychologie - Traité pratique 7 tout le monde, s’y efforcer pour se donner bonne conscience peut être épuisant et l’énergie ainsi utilisée ne le sera pas pour améliorer notre vie. Il en résultera que tout sera médiocre et à moitié vécu, et la médiocrité n’aide pas l’homme à grandir. Si les gestes ne trompent pas1, nos paroles peuvent ne pas correspondre à nos pensées, d’où l’intérêt de pouvoir rapidement lire sur le visage qui nous fait face. Quelles sont les intentions réelles de son propriétaire ? Chaque visage est unique : il porte la trace de notre vécu. Étudier la morphopsychologie doit se faire avec prudence et progressivement. Il ne s’agit pas de par cœur, mais de compréhension. Il faut tout d’abord vérifier sur soi les notions comprises, en se regardant comme un étranger, puis vérifier sur des sujets que l’on connaît depuis longtemps, avec les surprises qui peuvent en découler. Le mieux, c’est de commencer à travailler sur des photos : la photo ne réagit pas face à nos émotions. Il en faut pas se laisser entraîner par la beauté d’un visage, tout d’abord parce que c’est subjectif, ce qui est beau pour vous peut ne pas l’être pour quelqu’un d’autre, et parce que beau ne veut pas dire bon. Il en sera de même pour la laideur. Il faut essayer de passer outre les accessoires comme la coiffure, le maquillage, la barbe ou la moustache. Enfin, on n’étudie pas quelqu’un de malade : les traits sont déformés par la souffrance ou lissés par les antidouleurs. Pour le Dr Ermiane, « il est nécessaire que l’examen du visage se fasse de façon systématique, après avoir acquis une bonne connaissance de ses expressions et de leurs significations psychologiques ; il est indispensable de se donner la peine d’observer un visage soigneusement, en analysant les modifications de ses traits pour déduire, de chacune d’elles, le mode de caractère qu’elle extériorise de façon précise ». 1. Voir du même auteur Décoder la gestuelle de votre interlocuteur, Dangles, 2011. 8 Morphopsychologie - Traité pratique D’où venons-nous ? Henry de Lumley, qui est le directeur du Muséum d’histoire naturelle et du musée de l’Homme nous parle de « l’homme premier ». Il écrit : « Les Néandertaliens ont peuplé nos régions entre 80 000 et 30 000 ans avant notre ère. Ils étaient de taille moyenne, environ 1,65 m. Il semble qu’ils avaient un torse large et épais, une forte carrure. Ils pouvaient atteindre une centaine de kilos. Squelette et musculature étaient puissants, leur silhouette massive leur permettait de réduire la déperdition de chaleur dans les contrées froides. Leur visage se caractérise par un front fuyant, un puissant bourrelet au-dessus des orbites. La dépression centrale du bourrelet qui se situe juste au-dessus du nez et que l’on appelle dépression glabellaire, caractéristique chez Homo erectus, disparaît chez Neandertal. Le bourrelet protège les orbites en formant une visière que les paléontologues appellent le “torus sus-orbitaire” . La cavité sinusale est très développée, ce qui donne à leur face un aspect soufflé et bombé. L’os frontal est fuyant. Le crâne est aplati et présente un renflement à l’arrière. La face est très grande et très saillante dans sa partie médiane avec un nez proéminent. Les os malaires sont un peu en façade ; surtout au-dessus de la canine. La mandibule est massive, très haute, large et très robuste. Il n’a pas de menton, la symphyse est fuyante2. » Cent mille ans avant notre ère, les hommes de cette époque annoncent l’homme moderne. Le front se relève, la face devient plus gracile avec l’apparition de la fosse canine, la réduction des sinus maxillaires et la saillie du menton sur la mandibule. À partir de 35 000 ans avant notre ère apparaissent les véritables Hommes modernes au front beaucoup plus développé et qui forme une paroi verticale. Homo sapiens sapiens a une stature élevée de 1,70 à 1,85 m, leurs os sont en général robustes, avec des insertions musculaires très marquées ; en prenant définitivement la station verticale, l’homme a changé la courbure de sa colonne vertébrale et a modifié son bassin. Leur crâne volumineux est allongé. Dans la face, les orbites sont rectangulaires et étirées transversalement, le squelette nasal est saillant, 2. Henry de Lumley, L’Homme premier, Odile Jacob, p. 113 à 115. Morphopsychologie - Traité pratique 9 l’apparition de la fosse canine et la réduction du sinus maxillaire creusent une dépression sur le maxillaire supérieur. La mandibule est toujours très robuste et pourvue d’un menton proéminent. Tout au long de leur évolution, entre 35 000 et 10 000 ans avant notre ère, ces Hommes modernes vont se graciliser. Leur crâne va s’affiner, les reliefs osseux vont s’atténuer, la face deviendra relativement moins large et la stature progressivement plus petite. Le grand développement du front est certainement lié à une modification du cerveau, au grossissement des lobes frontaux antérieurs qui sont le siège des associations d’idées. Cela va entraîner l’émergence, ou tout au moins l’éclosion de la pensée symbolique. Ces Hommes vont inventer l’art : uploads/s3/ morpho-psychologie.pdf
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