p. 1 Les mots de la maternelle Ministère de l’éducation nationale et de la jeun
p. 1 Les mots de la maternelle Ministère de l’éducation nationale et de la jeunesse p. 2 Sommaire Introduction ................................................................................................................................. 3 Chapitre 1 : L’apprentissage de la langue.................................................................................... 4 Chapitre 2 : Concevoir l’enseignement du vocabulaire à l’école maternelle ............................... 10 Chapitre 3 : Mettre en œuvre l’enseignement du vocabulaire dans une classe de maternelle ... 22 Bibliographie et outils de référence............................................................................................ 61 p. 3 Introduction Chaque enfant enrichit son vocabulaire par l’usage, l’échange, dans des situations variées où le langage parlé est nécessaire. Le contexte de développement a donc une grande influence. L’attention portée au langage de l’enfant, le temps et les aides dont il bénéficie ou pas dans sa famille, l’exigence de précision qui lui est demandée, les milieux professionnels et sociaux où évoluent ses proches, sont parmi les composantes de ce contexte. Le rôle de l’école, et singulièrement de l’école maternelle, a toujours été d’enrichir le langage de l’élève, de systématiser l’étude du lexique et de la langue, pour développer sa capacité de dire le monde. Le temps de l’école maternelle correspond, dans le développement de l’enfant, à une période d’explosion lexicale. C’est donc le moment idéal qu’il faut mettre à profit pour aider tous les enfants à élargir leur capital lexical, leur vocabulaire. De nombreuses recherches montrent ce que l’expérience et la connaissance empirique laissent supposer : l’étendue du vocabulaire à l’école maternelle est un facteur prédictif de la réussite scolaire. Alain Lieury1 a montré que les corrélations entre réussite scolaire et connaissances lexicales sont plus élevées que celles que l’on peut établir entre réussite scolaire et niveau intellectuel. Pour l’école, c’est un fait majeur qui renforce, s’il en était besoin, la nécessité de travailler le lexique avec les élèves pour augmenter fortement le vocabulaire de chacun d’eux. Dans la mesure où les mots disponibles pour l’élève conditionnent ses capacités de compréhension orale, ils conditionnent également sa capacité future d’apprentissage de la lecture et de compréhension à l’écrit. En effet, « Compréhension écrite = décodage x compréhension orale »2. Sur la base du vocabulaire d'abord acquis à l'oral à l’école maternelle, l'enfant sera en capacité d’établir des liens entre le mot décodé au cours préparatoire et son lexique mental déjà bien constitué. Il est donc nécessaire de créer les conditions qui permettent aux élèves dont les connaissances sont faibles d’enrichir et d’augmenter rapidement leur vocabulaire et leurs capacités d’inférer le sens des mots à partir d’indices progressivement travaillés. Chaque jour, dans toutes les situations d’apprentissage, mais aussi dans les échanges du quotidien et grâce aux histoires que le professeur raconte ou lit, les enfants découvrent de nouveaux mots qu’ils doivent réutiliser pour s’exprimer et se faire comprendre. Une simple exposition se révèle toutefois nettement insuffisante pour s’approprier un vocabulaire suffisamment riche. L’enrichissement lexical implique un enseignement explicite et dirigé de cet apprentissage avec des séquences spécifiques, des activités régulières de classification, de mémorisation de mots, de réutilisation de vocabulaire et d’interprétation de termes inconnus à partir de leur contexte ou de leur morphologie. L’un des défis de l’enseignement du vocabulaire se situe dans cet équilibre qu’il faut trouver entre la compréhension des mots en contexte et la réutilisation efficace des mots appris en dehors du contexte d’apprentissage. Les séances d’enseignement prennent généralement appui sur des supports d’apprentissage motivants (contes, textes de littérature de jeunesse, études d’œuvres d’art, etc.) mais aussi dans l’attention à l’emploi des mots justes dans l’interaction quotidienne, notamment avec les plus petits. La subtilité de cet enseignement réside donc dans la capacité à concevoir des apprentissages progressifs et structurés, en variant les contextes d’utilisation des mots pour faciliter l’apprentissage de leur sens. Cette publication de référence se propose de guider les professeurs dans la mise en œuvre de démarches d’enseignement au service des acquisitions lexicales. 1 Alain Lieury, Philippe Van Acker, Marielle Clévédé, Paul Durand, Les facteurs de la réussite scolaire : raisonnement ou mémoire sémantique ?, 2ème année d’une étude longitudinale en cycle secondaire (5ème), Psychologie et psychométrie, 1992. 2 Pédagogies et manuels pour l’apprentissage de la lecture : comment choisir ? Analyse menée en 2018-2019 par le groupe de travail Pédagogies et manuels scolaires du Conseil scientifique de l’éducation nationale (Csen), en collaboration avec l’académie de Paris p. 4 Chapitre 1 : L’apprentissage de la langue Il est important de bien comprendre ce que recouvrent les mots « langage oral» pour structurer l’enseignement auprès des enfants. Il existe en premier lieu un système linguistique. Propre à chaque langue, il définit les mots (lexique) et les règles (syntaxe) qui permettent d’ordonner les mots pour transmettre du sens (le français, l’anglais). Chaque langue repose sur un choix particulier de sons, ou phonèmes, et sur des règles pour les organiser (anglais et français n’utilisent par exemple, pas les mêmes sons pour construire des mots (le /u/ français n’existe pas en anglais et le /th/ anglais n’est pas utilisé en français ; aucun mot français ne commence par /tl/, une suite de phonèmes pourtant possible au milieu du mot comme dans atlantique). Ces sons et règles constituent la phonologie de la langue. Ce système linguistique ne suffit pas, car parler ou écrire ne sont pas des actes gratuits, et donc il est à l’interface avec deux autres systèmes, qui eux ne sont pas spécifiques d’une langue mais universels: un système symbolique et conceptuel (les idées que l’on veut transmettre) et un système social (les autres êtres humains à qui nos messages sont adressés). Chez la plupart des humains, c’est bien sûr la parole, ou langage oral, qui est le moyen essentiel de communication. Le bébé découvre très rapidement que la parole n’est pas seulement un bruit que l’on fait avec sa bouche mais un moyen pour échanger des informations avec les autres et apprendre sur le monde grâce aux autres. Cette découverte existe bien avant que l’enfant entre à l’école, mais l’école décuple cette faculté d’apprentissage en systématisant ce partage d’information entre adultes et enfants et en faisant découvrir aux enfants de nouveaux mots, donc de nouveaux concepts. Le rôle de l’école maternelle est donc d’agir à ces trois niveaux : 1) Améliorer l’aisance de l’enfant dans sa manipulation du système linguistique. Deux éléments clés continuent à s’améliorer entre 3 et 6 ans, la mémoire verbale et la syntaxe qui vont permettre de passer des courtes phrases, le plus souvent à la forme active, de la petite section à des phrases longues et complexes à la fin de la grande section. 2) Enrichir les concepts et donc le vocabulaire pour parler des formes et des nombres, du temps, de l’espace, et des nombreuses catégories d’objets, d’animaux, et de bien d’autres choses encore. Les mots ne sont pas vains. Ils nomment les choses. Enrichir le vocabulaire améliore donc la compréhension du monde par l’enfant. 3) Favoriser l’aisance sociale en dehors du cercle familial. En entrant à l’école maternelle, les enfants quittent la sphère familiale. Les us et coutumes de la famille peuvent être très éloignés de ce qu’attend l’école, notamment si la famille vient d’une autre culture, ou si les mots utilisés par la famille diffèrent de ceux de l’école. Mais pour tous les enfants, l’entrée à l’école représente une étape importante pour laquelle ils ont des attentes. L’enfant n’est pas passif vis-à-vis des situations qu’il rencontre. Il a des a priori sur ce qu’il doit, ou peut, apprendre dès la petite section. Ces a priori sont bien sûr modelés par la famille, mais aussi par l’équipe pédagogique. Ils ne s’appuient pas uniquement sur le retour verbal mais sur l’ensemble des attitudes familiales et de l’école elle-même vis-à-vis des apprentissages et vis-à-vis de l’enfant lui-même, comme capable d’apprentissage. p. 5 Quelques rappels sur l’acquisition du langage Tout enfant, sauf en cas de pathologie, apprend spontanément sa langue maternelle. Cet apprentissage commence dès la naissance, et sans doute dans les dernières semaines de la grossesse quand l’oreille et le cerveau sont assez développés pour percevoir, traiter et mémoriser les sons qui traversent le milieu amniotique du fœtus. Il existe plus de 6000 langues actuellement dans le monde sans compter les langues éteintes et celles qui apparaitront. Le langage est un système extrêmement puissant qui repose sur la capacité des humains à moduler des sons et à les combiner dans des séquences pour transmettre un sens. Chaque langue n’utilise qu’une partie de toutes les combinaisons qui seraient possibles. Les combinaisons choisies ne sont pas aléatoires mais obéissent à des règles (C’est le champ de la linguistique de comprendre quelles sont ces règles, comment elles évoluent et pourquoi les langues se transforment). Pour le bébé, il s’agit d’apprendre quels sont les sons utilisés dans sa langue maternelle et comment ils peuvent se combiner pour faire des mots. C’est ce qu’il fait au cours de la première année de vie. Il devient alors moins sensible à des sons utilisés par d’autres langues qui ne sont pas présents dans la langue de son environnement. Les petits japonais perdent la capacité à distinguer /r/ et /l/ et les petits français à percevoir l’accent du mot qui est fixe en français (sur la uploads/s3/ les-mots-de-la-maternelle.pdf
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- Publié le Apv 18, 2022
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