BBF 2002 Paris, t. 47, n° 2 81 D O S S I E R Le propre de ces entreprises bi- b

BBF 2002 Paris, t. 47, n° 2 81 D O S S I E R Le propre de ces entreprises bi- bliographiques à très long terme (le RISM a été fondé en 1952,le RILM en 1967) a été de s’appuyer dès que pos- sible sur l’apport des nouvelles tech- nologies. Dans des domaines très différents, ils ont produit des outils bibliographiques qui peuvent servir prioritairement aux bibliothèques musicales, mais aussi à tous les types de bibliothèques de recherche. Le Répertoire international des sources musicales Le Répertoire international des sources musicales (RISM) se propo- sait au moment de sa création de réactualiser deux outils de travail fon- damentaux dus à Robert Eitner, mais rendus obsolètes en raison des bou- leversements de la seconde guerre mondiale, le Biographisch-bibliogra- phisches Lexikon der Musiker und Musikgelehrten (Leipzig, 1900-1904) qui, comme son titre l’indique, as- sortissait les biographies de chaque compositeur d’une liste de leurs œuvres avec leur localisation et la Bibliographie der Musik-Sammel- werke des XVI. und XVII. Jahr- hunderts (Berlin, 1877) consacrée aux recueils collectifs. Lorsque le secrétariat central du RISM fut installé à Paris (jusqu’en 1970) et confié à François Lesure, il s’engagea dans la collecte centralisée – sur fiches – de trois types de publi- cations : les écrits sur la musique ; les recueils collectifs de musique ; et les monographies musicales antérieures à 1800. Les répertoires internationaux de musique Sources, littérature, iconographie, presse L es trois « R » – qui sont en fait quatre : Répertoire international des sources musicales (RISM) ; Répertoire international de littérature musicale (RILM) ; Répertoire international d’iconographie musicale (RIdIM) ; Répertoire international de la presse musicale (RIPM) – sont nés à l’initiative de l’AIBM (Association internationale des bibliothèques, archives et centres de documentation musicaux) et de la Société internationale de musicologie qui continuent d’assurer une tutelle scientifique sous la forme d’une commission mixte. Leur vitalité et leur efficacité doivent beaucoup à leurs fondateurs, François Lesure, entouré d’un groupe de musicologues et de bibliothécaires pour le RISM, Barry S. Brook pour le RILM et le RIdIM, Robert Cohen pour le RIPM qui ont tracé les contours de chaque projet et lui ont donné l’impulsion initiale indispensable. Catherine Massip Bibliothèque nationale de France catherine.massip@bnf.fr BBF 2002 Paris, t. 47, n° 2 82 M U S I Q U E S Écrits et recueils collectifs Les deux premières bibliographies – les écrits sur la musique,les recueils collectifs de musique – devaient voir le jour sous la signature de François Lesure. Pour les recueils collectifs, il avait choisi deux types de classement différents, l’un pour le XVIIe et le XVIIIe siècles,par date et genre de pu- blication (musique sacrée, musique vocale profane,musique instrumentale profane),l’autre pour le XVIIIe siècle, par ordre alphabétique des titres. Ces recueils collectifs ne compor- taient pas de dépouillement détaillé, mais une note de contenu général indiquant les noms des compositeurs présents. L’un des projets ultérieurs du RISM fut de préparer et de publier ces dépouillements,projet qui n’abou- tit pas, mais qui a été suppléé par la publication de bibliographies spécia- lisées complémentaires 1 ou par des catalogues de bibliothèques ou de fonds particuliers 2. Le principe de ces notices corres- pond à une constante du RISM : deux blocs d’information y sont présents, l’un permettant d’identifier la pu- blication, mais sans recherche d’éru- dition pointilleuse (pas de titre à coupure de ligne par exemple), l’autre donnant toutes les localisa- tions connues sous forme de sigles. Si ce principe proche de celui des STC (Short Title Catalogues) s’ap- plique à la série A/I (Einzeldrucke vor 1800), il n’a pas été retenu pour les répertoires de manuscrits médié- vaux.La rédaction de chaque volume de cette série est confiée à un musi- cologue spécialisé dans le domaine (exemple Christian Meyer et Michel Huglo pour les écrits théoriques, Michel Huglo pour les manuscrits du processional 3, Israël Adler pour les sources hébraïques,etc.). Les monographies musicales antérieures à 1800 Un troisième type de projet de grande ampleur concerne les manus- crits musicaux antérieurs à 1800. Ici, on retrouve le principe d’une orga- nisation collective de la collecte des données sous la forme de bureaux ou d’agences nationales – en France, au Département de la musique, pro- gramme de recherche conjoint avec le CNRS et la Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spec- tacles dans le cadre de l’Institut de recherche sur le patrimoine musical en France (IRPMF). Chaque manuscrit étant, par dé- finition, unique, une plus grande sophistication est requise dans la des- cription du document, et surtout dans l’identification de l’œuvre et du compositeur. Pour pouvoir maîtriser à terme les deux millions de notices envisagées au début du projet en fonction des estimations fournies par les principaux pays occidentaux, le recours à l’automatisation a été de règle dès les années 1970. Le secré- tariat central situé à Kassel, puis à Francfort avec le soutien de l’univer- sité, s’est doté des logiciels adaptés aux caractéristiques du traitement des manuscrits et spécifiquement à celles de la saisie et de la reconnais- sance comparative des incipits mu- sicaux. Cet environnement informatique lourd a été adapté dans les années 1990 à l’environnement PC sous la forme du logiciel Pikado utilisé par un certain nombre d’agences natio- nales. Ce logiciel de type documen- taire étant peu compatible avec le nouvel environnement des biblio- thèques – formats de type Marc et dérivés, notamment dans les pays tels que les États-Unis, la Grande- Bretagne,l’Italie,la France –,un travail de concordance/conversion a été en- trepris notamment par l’agence nord- américaine située à l’université de Harvard qui gère aussi le site web du RISM. À nouvelles technologies,nouveaux produits : le RISM diffusé initialement sous la forme de publications papier a opté pour le cédérom pour les ma- nuscrits musicaux (320000 notices de 15000 compositeurs dans la der- nière version) et pour la consultation en ligne payante. La rétroconversion du premier catalogue papier Einzel- drucke vor 1800 est en projet. Le recensement du patrimoine en région Cette description générale ne doit pas dissimuler des différences no- tables dans l’avancement du projet selon les pays. Pour la France, le re- censement du patrimoine en région, qui a repris à la suite d’une circulaire conjointe diffusée en juillet 1989 émanant de la Direction de la mu- sique,de la Direction du livre et de la lecture et de la Bibliothèque natio- nale,suit quelques axes généraux. Décentralisation Le premier axe est la décentralisa- tion des chargés de mission et des équipes en région financée par des crédits déconcentrés,la coordination scientifique étant assurée par l’équipe RISM située à la Bibliothèque natio- nale de France (BnF). Enquêtes Le second axe fut de commencer le travail dans chaque région sous la Archiviste-paléographe, docteur en lettres et sciences humaines, Catherine Massip dirige actuellement le Département de la musique à la Bibliothèque nationale de France. Elle a obtenu les premiers prix en histoire de la musique et en musicologie au Conservatoire de Paris. Parmi les ouvrages qu’elle a écrits, citons La vie des musiciens de Paris au temps de Mazarin (Picard, 1976), Le chant d’Euterpe : l’aventure de la musique (Hervas, 1991) et L’art de bien chanter : Michel Lambert (Société française de musicologie, 1999). Elle a également dirigé plusieurs ouvrages dans le domaine musical. 1. Voir, par exemple, pour le madrigal italien, la bibliographie de Sartori-Lesure. 2. Voir, pour la Bibliothèque nationale de France, le catalogue de la collection de Brossard, 1994. 3. Un processional présente le rituel des processions annuelles (comme les Rameaux) ou occasionnelles (l’entrée d’un souverain) selon les différents itinéraires possibles. Les chants d’accompagnement sont notés. BBF 2002 Paris, t. 47, n° 2 83 D O S S I E R forme de vastes enquêtes dont cer- taines ont été publiées. Elles ont été l’une des sources d’information du Répertoire des bibliothèques et insti- tutions françaises conservant des collections musicales en France de Dominique Hausfater,Marie-Gabrielle Soret et Christiane David qui vient de paraître par les soins du Groupe fran- çais de l’AIBM. La collection « Patrimoine musical régional » Le troisième axe fut de concevoir la collection « Patrimoine musical ré- gional » qui répond à une charte gra- phique.Vingt-six catalogues 4 ont été publiés depuis 1989 dont la plupart avec l’aide du financement de la Di- rection du livre et de la lecture 5. Selon l’importance des fonds consi- dérés, ces catalogues peuvent être consacrés soit au fonds musical d’une bibliothèque ou d’une autre institu- tion de conservation (conservatoire de musique, archives départemen- tales, etc.), soit à plusieurs fonds ap- partenant à plusieurs bibliothèques. En principe, ils ont prioritairement pour objet les sources musicales ma- nuscrites et imprimées antérieures à 1800, mais ils peuvent s’écarter sen- siblement de cette limite chronolo- gique dès lors qu’il s’agit de respecter la cohérence d’un fonds (par exemple, un fonds de théâtre) ou bien de mieux rendre compte du patrimoine d’une région ou d’un foyer musical (par exemple, le catalogue du fonds musical de Vichy).Pour la BnF ,le cata- logue des manuscrits musicaux anté- rieurs à 1800 est disponible en ligne uploads/s3/ les-repertoires-internationaux-de-musique.pdf

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