FICHE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL 1 LES SAVOIR-FAIRE DES ÉMA

FICHE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL 1 LES SAVOIR-FAIRE DES ÉMAILLEURS SUR MÉTAL Choix des couleurs de poudre d’émail. © Inas Hamaguchi. Émaillage à la spatule. © Hélène Chaudet. Plaque émaillée avant cuisson. © Mai- son de l’émail. Description sommaire L’émail désigne à la fois une matière, un ensemble de techniques et un objet fini, les trois étant tous intimement liés les uns aux autres. Le travail de l’émailleur consiste à poser sur un support en métal (argent, or, cuivre, acier et bronze), plat ou mis en volume, des poudres, grenailles ou barbotines de différentes couleurs et textures ; la pièce est ensuite cuite et recuite à plusieurs reprises afin d’obtenir le résultat escompté dans un panel allant de l’adhésion à la vitrification en fonction de l’état de l’émail recherché. La création d’un émail relève à la fois d’une connaissance fine des techniques élaborées dès l’Antiquité et d’un travail permanent de recherche afin de repousser toujours plus loin les limites d’une matière protéiforme. Si les outils qui permettent de fabriquer la matière émail ou de créer des émaux ont constamment évolué en fonction des avancées techniques et du résultat des recherches successives des émailleurs, les gestes liés aux savoir-faire de l’émaillerie connaissent quant à eux une permanence remarquable dans l’histoire. L’émail d’art sur métal désigne en effet une technique connue depuis l’Antiquité. En France, celle-ci a connu des périodes fastueuses, notamment au Moyen Âge où son rayonnement international a permis d’enrichir le mobilier de nombreux souverains et hommes d’Église. À partir du milieu du XXe siècle, le secteur a globalement périclité. Depuis quelques années, une nouvelle génération d’émailleurs s’attelle à la sauvegarde et à la valorisation des savoir-faire ancestraux liés à l’émail sur métal notamment par la participation à des salons, à des symposiums ou encore par l’organisation d’expositions et de stages à destination de tous les types de publics. Leur objectif est de faire connaître et de diffuser l’histoire et la beauté des gestes des émailleurs d’art sur métal, dont l’image a longtemps pu être ternie par une vision surannée des pièces produites en émail. FICHE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL 2 I. IDENTIFICATION DE L'ÉLÉMENT I.1. Nom En français Les savoir-faire des émailleurs sur métal En langue régionale Sans objet I.2. Domaine(s) de classification, selon l’UNESCO Savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel I.3. Communauté(s), groupe(s) et individu(s) liés à la pratique Les émailleurs d’art sur métal En France, la liste officielle des Métiers d’art est fixée par l’arrêté du 24 décembre 2015. Elle regroupe 198 métiers et 83 spécialités répartis en 16 domaines. L’émail sur métal est inscrit dans le domaine de la bijouterie, de la joaillerie, de l’orfèvrerie et de l’horlogerie. La présente fiche se concentre sur les gestes des émailleurs sur métal, auxquels sont intégrés les émailleurs sur cadran, spécialisés dans la création de cadrans horlogers. Quoiqu’aucun recensement des émailleurs français n’ait été établi, on peut évaluer à 250 le nombre de praticiens, professionnels ou amateurs. En effet, est émailleuse toute personne dont l’action consiste à revêtir ou décorer un objet par un émail (décret de 1982) : ainsi, quel que soit le statut de la personne qui émaille (artiste, artisan, indépendant, employé, amateur ou enseignant), ses gestes sont reconnus comme faisant partie intégrante des savoir-faire liés à l’émail sur métal. Bien que la majorité des ateliers ait fermé ses portes au milieu du XXe siècle, quelques entreprises du secteur du luxe (haute joaillerie et haute horlogerie) conservent encore un atelier qui accueille des émailleurs. Ces entreprises disposent de moyens techniques industriels importants, mais s’appuient sur un savoir-faire traditionnel dans le processus de fabrication de l’objet. Les émailleurs embauchés sont des artisans qualifiés, qui ont été préalablement formés à une tache précise et souvent minutieuse. Pour le reste, les émailleurs sont le plus souvent implantés dans des régions qui ont connu une époque fastueuse en matière d’émail : l’Ain, le Jura ou le Limousin en particulier. D’autres ateliers se retrouvent disséminés sur l’ensemble du territoire. Ces émailleurs indépendants travaillent dans des petits ateliers individuels ou quasi individuels et ont donc une activité relativement faible. Des émailleurs travaillent cependant depuis de nombreuses années pour la haute-horlogerie et différentes branches du luxe. Ils sont en grande partie membres du Syndicat professionnel des émailleurs français (SPEF), qui leur permet d’accroître leur visibilité et de les fédérer autour de problématiques communes. Les cristalleries La poudre d’émail pour application sur cuivre, or et argent, fabriquée en cristallerie, est essentielle à la création d’émaux. En France, seule la cristallerie de Saint-Paul (fabrique des émaux Soyer, installée tout près de Limoges) produit de telles poudres, ce qui en fait une entreprise de monopole. Certains émailleurs commandent également leurs poudres d’émail en Angleterre, aux États-Unis ou en Allemagne, mais tous les émailleurs s’accordent à dire que les poudres d’émail françaises répondent de manière bien plus satisfaisante à leurs attentes. La fabrique des émaux Soyer exporte 65 % de ses produits en Europe, aux États-Unis et au Japon. Au fil des années, la cristallerie s’est FICHE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL 3 spécialisée dans la production d’émaux bijoutiers, offrant près de 180 couleurs d’émaux opaques ou transparents. Les métiers et pratiques périphériques Au-delà de cette communauté de cœur, la communauté regroupe plus largement tous les corps de métier qui gravitent autour de la pratique de l’émail et qui l’intègrent à leurs propres pratiques : les galeristes, les designers, les architectes, les dinandiers ou les bijoutiers en particulier. Ces artistes et artisans peuvent pratiquer l’émail et intégrer cette technique à leurs créations ou bien faire appel à des émailleurs pour collaborer sur des œuvres et des projets. Enfin, les chercheurs, historiens, archéologues et professeurs permettent d’approfondir la connaissance de cet art qui se réinvente tous les jours par des expériences et des expérimentations sur la matière. I.4. Localisation physique Lieu(x) de la pratique en France Limoges (Haute-Vienne), Morez (Jura), Bourg-en-Bresse (Ain), Nantes (Loire-Atlantique), Conques (Aveyron), Paris, et ateliers isolés sur tout le territoire français. Le foyer principal de l'émaillage sur métaux est le Jura où sont regroupés tous les savoir-faire liés au métier : artisanat, artiste, industrie, manufacture, miniature, enseignement. Le foyer historique est, quant à lui, Limoges. Pratique similaire en France et/ou à l’étranger L’émail est pratiqué sur tous les continents. Quelques foyers se distinguent en raison de leur activité : Espagne, Italie, Russie, Japon, Chine, Géorgie, Angleterre, Suisse, États-Unis. I.5. Description détaillée de la pratique La production de la poudre d’émail Qu’est-ce que la matière émail ? L’émail est un cristal très affiné, composé de silice, de soude, de minium, de carbonate de potasse, de borax et de plomb mélangés selon des formules chimiques précises et gardées secrètes. Sa fusion produit une matière incolore, nommée fondant. C’est à ce fondant que seront ajoutés les oxydes qui confèrent les différentes couleurs aux émaux. Il existe trois types d’émaux, classés en fonction de leur transparence : ― l’émail transparent permet de laisser apparaître le métal par transparence. Il est particulière- ment utilisé pour le travail en basse taille ou en cloisonné. Par ailleurs, les bijoutiers l’affectionnent par la qualité visuelle de pierre précieuse qu’il confère à l’objet fini. C’est également ce type d’émaux qui est utilisé pour réaliser des émaux peints de Limoges qui ont fait sa renommée. ― l’émail opalescent est un émail intermédiaire, entre l’émail transparent et l’émail opaque. Il est obtenu en ajoutant des oxydes d’étain aux émaux transparents. ― l’émail opaque est un émail opale auquel on a ajouté une quantité plus importante d’oxyde d’étain. FICHE D'INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL IMMATÉRIEL 4 Les étapes de production de la poudre d’émail La première étape de fabrication de l’émail consiste à faire chauffer pendant huit jours un creuset en terre réfractaire à 1400°c. Une fois cette température atteinte, le mélange est enfourné dans le creuset. Le cristal de base obtenu, appelé aussi la fritte, est ensuite refroidi par trempage direct dans l’eau. Il est à nouveau fondu pendant plusieurs heures avec les oxydes qui permettront d’obtenir les différentes teintes de l’émail. ― tons rouges : oxyde d’or ou oxyde de cuivre ― tons bleus : oxyde de cobalt ― tons verts : oxyde de cuivre ― tons gris : oxyde de platine ― tons noirs : oxyde d’iridium ― tons violets : oxyde de manganèse ― tons jaunes : sulfure de cadmium ― tons bruns : oxyde de fer Après 14h de cuisson à 1400°c, l’émail est cueilli à l’aide de louches métalliques puis versé dans des moules en fonte où il refroidit lentement. Une fois totalement refroidi, l’émail est concassé puis broyé dans différentes machines. Cette opération est délicate puisque le but recherché est d’obtenir une granulométrie la plus régulière possible (environ 80 mesh) et d’éviter tout mélange de couleurs. Les poudres d’émail sont ensuite passées sur des électro-aimants puissants afin d’en retirer les particules métalliques provenant de l’usure des broyeurs. Elles sont alors conditionnées en pots et prêtes à l’emploi. Les principes généraux de l’émail La préparation de la poudre d’émail Si l’émailleur souhaite créer une pièce précise, il doit anticiper les couleurs uploads/s3/ les-savoir-faire-des-emailleurs-sur-metal.pdf

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