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Digitized by the Internet Archive in 2010 witli funding from Univers ity of Ottawa littp://www.arcliive.org/details/letravaildustyleOOalba /!/ O u - 7/-^ ^ Le Travail du Style enseigné par les corrections manuscrites des grands écrivains OUVRAGES DU MÊME AUTEUR A LA MEME LIBRAIRIE L'Art d'écrire enseigné en vingt leçons, i vol. in-18 jésiis (10° édition), broché 3 fr. 50 Relié toile 4 fr. 50 La Formation du Style par l'Assimilation des Auteurs. 1 vol. in-18 Jésus (.î" édition), broché 3 fr. 50 Marie, Premier amour, roman. 1 vol. in- 18 jcsiis, br. . 3 fr. 50 Ouvriers et Procédés (i.M/'< d'écrire). 1 vol. in-i8, broché (Havarcl fils) Épuisé. 3 fr. 50 Le Mal d'écrire et le Roman contemporain. 1 vol. in-i8 jésus. (Flammarion) Épuisé. 3 fr. 50 Une Fleur des Tombes, roman, i vol. in-lS(Havard fils). 3 fr. 50 L'Amour chez Alphonse Daudet, critique (Ollendorfl). 3 fr. 50 Droit! de traduction et de reproduction réservés pour tous les pay;, y compris U Suède, la Nnnège et la Hollande. Il-Ul. - Coulommicrs. luip. Pâli. HRODAUD. - 1 01. ANTOINE ALBALAT Le Travail du Style enseigné par les corrections manuscrites des grands écrivains DEUXIEME EDITION Librairie Armand Colin Paris, 5, rue de Mézières 1904 Tous Ji'oils réservés. ANDRE LIESSE PUOFESSEUR d'Économie industrielle AU CONSERVATOIRE DES ARTS ET METIERS En témoignage de haute estime et d'amitié dévouée. A. A. LE TIIAVÂIL DU STYLE CIIAPIÏLIE I LE BUT DE CE LIVRE Notre plan. — Iinporlnncc des manuscrits. — Les corrections d'auteurs. — Les ratures et les refontes. Après avoir publié VArt cVécrire enseigné en vingt leçons et la Formation du stgle par rassimilation des auteurs, il nous restait à confirmer nos théories par une démonstration tirée des meilleurs écrivains français . Malheureusement, nos grands auteurs n'ont pas laissé de traités techniques, et nous avons peu de confidences sur leur méthode de travail. A défaut de préceptes, du moins possédons-nous leurs manuscrits. C'est là que nous pourrons découvrir les secrets de leur métier, la raison de leurs correc- tions. L'étude des manuscrits est le meilleur Cours de Littérature, parce qu'ils contiennent à la fois la leçon et l'exemple. C'était l'avis de Chateaubriand : « Je conseillerais, dit-il, l'élude des manuscrits originaux des auteurs LK n.V.^lL UU STYLE. 1 2 LE TRAVAIL DU STYLE du grand siècle. Racine, Boileau, Bossuct el Fénelon nous apprendront à corriger, à limer, à arrondir nos phrases, et, puisque nous ne pouvons égaler leur génie, leurs nond^reuses l'atures mêmes nous ensei- gneront quelque chose de l'art dont ils l'ont revêtu. Nous saurons ainsi par leur exemple pratiquer fruc- tueusement ce qu'il y a de plus accessible à Timi- tatioji chez ces grands maîtres'. » M"*' de Staël pensait de même : « On pourrait, dit-elle, composer un traité sur le style d'après les manuscrits des grands écrivains; chaque rature suppose une foule d'idées qui inspirent souvent l'esprit à son insu, et il serait intéressant de les indiquer toutes et de les bien analyser*. » C'était aussi l'idée d'André Chénier : « Il serait quelquefois à désirer que nous eussions les brouil- lons des grands poètes, pour voir par combien d'échelons ils ont passée » Il est surprenant que ces réflexions n'aient encore décidé personne à publier un traité de style d'après l'examen des manuscrits classiques. Ceux qui ont abordé ce genre d'études sont tombés dans la com- pilation, et ont préféré nous donner des volumes d'anecdotes sur la vie littéraire des grands écrivains, leurs habitudes, leurs elïorts, leur caractère et leurs manies. Ces recueils sont estimés (U's lettrés*. Avec 1. Marcelliis, Cli(ilnitil>iiiui'l <i .<,„ /,/»/..>, j.. 11!. 2. M""= ilo biaiil, De lu litlérulun-, 2' p., cliap. vu, note. 3. Clicnicr, Comtnoilaire sur Malherbe. 4. Cf. Les curiûsilés de la litléralure, par d'Isracli, 2 vul. iii-8; les Anecdotes lilléraires do 1740, 2 vol. iu-12; la Curiosité lillcraire et biblio- IMPORTANCE DES MANUSCRITS 3 les colleclions, mémoires, correspondances, articles de journaux et de revues, on peut composer des volumes intéressants, comme celui de I\I. Henri Abel sur le Labeur de la prose. De pareils ouvrages seront toujours sans résultat pour l'enseignement du style. Aussi avons-nous restreint, autant que possible, la part qu'il convenait de faire, dans un livre comme celui-ci, aux renseignements biographiques. Les détails de source facile ont été volontairement négligés; et, pour les appréciations personnelles, nous citerons seulement celles qui tendent à démon- trer que le travail et la refonte sont la méthode des grands écrivains, la condition essentielle de n'im- porte quelle œuvre écrite. Tous les bons prosateurs ont opiniâtrement corrigé leurs phrases; tous ont connu les mêmes exigences, les mêmes procédés^ le même tourment. Reproduire des corrections d'auteur est une chose toujours délicate. Pour y trouver du profit, il est indispensable de les discuter techniquement. Un bon commentaire peut seul préciser leur vraie signi- fication. Il faut éveiller l'esprit du lecteur, lui indi- quer le métier, la science, les ruses, les ressources, les tâtonnements, les habiletés de l'art d'écrire. En un mot, il faut extraire la leçon du texte, exposer la raison des ratures, le motif <]ui a décidé l'auteur. biographique, 4 vol. Lisieux ; les Curiosités biblioyraphigues, historiques et bior/rnphiqucs, do Lalannc, 4 vol. ; Kecueil de pièces rares et facétieuses, 2 vol., Barrauil;lcs livres do Marc Fournier, Victor Fournel; article sur les procédés do travail et manies des écrivains {Les Lectures pour tous 1" nov. 1001); article de la lievue des Kevues, 1" jaav. 1903, etc. 4 LE TUAVAIL DL" STYLE C'est pourquoi ce livre-ci ne se présente pas non plus comme un simple recueil de documents inédits. Notre but est de prouver la nécessité du travail par Vexemple môme du travail. Ces recherches ont évidemment leur attrait, mais elles ont aussi leurs difficultés. Pour copier des ratures probantes sur des manuscrits qui sont sou- vent des brouillons, il faut arriver à lire non seu- lement ce qui est peu lisible, mais surtout ce qui est intentionnellement efTacé sous de larges raies d'encre, d'où émergent à peine la pointe de quelques lettres. Aussi, moins le texte était déchiffrable, plus nous sommes-nous efforcés de le rétablir. La seule chose intéressante, en clTet, c'est le mot qu'on nous cache. C'est celui-là surtout qu'on veut découvrir, précisément pour savoir pourquoi il n'a pas été maintenu. Était-il trop banal? L'a-t-on jugé inutile? Est-ce au profit de la condensation? Ou pour la couleur, ou pour le relief, la répétition, l'harmonie? Que de suppositions à faire! On voit s'il est essentiel de bien choisir ses exemples. Il ne s'agit là que des simples ratures. Il y a des corrections plus éloquentes et plus étendues. Ce sont les refontes^ les rédactions successives d'un même passage, ce qui correspond, dans l'illustrai ion d'art, aux divers rlnls d'une gravure. La refonte met sous les yeux l'élaboration lente, progressive, ascen- dante, non plus d'un mot ou d'une phrase, mais d'un morceau tout entier. Je crois (jue cet examen peut être très profitable, si Ton sait appliquer à son LES MANCSCUITS ET LES RATURES 5 propre style les procédés de travail dont les maîtres se sont servis. Nous donnerons donc aussi des refontes dans nos citations. Celles de Flaubert sont très remarquables. Nous n'avons pas cru devoir suivre, dans cet ouvrage, l'ordre chronologique. La division que nous avons adoptée est très simple. Nos citations ont été classées d'après leur importance matérielle. Les plus longues d'abord : corrections de Chateau- briand, Flaubert, Bossuet, Pascal, Rousseau, BufTon; puis les plus courtes et, à défaut de textes, les théo- ries et les conseils : Montesquieu, Malherbe, La Fon- taine, Boileau, Racine, Victor Hugo, Balzac. Voilà pour le bon travail du style. Avec Fénelon (ratures de Télémaque), nous abordons la question du travail mal compris, les mauvaises corrections. Enfin le manque de travail, ses exemples, ses conséquences : Stendhal, Massillon, G. Sand, Théophile Gautier, M""" de Staël, Lamartine, Dumas père, etc. L'écueil d'un pareil livre était dans son abondance môme. Plusieurs volumes n'eussent pas suffi à donner des corrections de tous les auteurs clas- siques. Il a donc fallu nous borner à quelques écri- vains, et faire même un choix parmi ces extraits. Toutes les retouches ne s'imposent pas. 11 en est de décisives, et d'autres qu'on peut contester. Chaque artiste a son tempérament. Les uns, comme Flau- bert, exagèrent tellement l'elTort, qu'il n'y a pas moyen de les suivre. Chez d'autres, bien des chan- gements, ne dilTérant que par des nuances, sont par 6 LE TRAVAIL DU STYLE cela même mutiles à relever. L'important est de retenir les clefs principales. Toutes sont à peu près faites sur le même modèle. Pour être à la fois une démonstration et un enseignement, ces sortes d'ex- traits doivent donc être, autant que possible, assi- milables et peu compliqués; offrir un caractère pratique, contenir une conclusion nette, résumer une loi générale. C'est ce genre de documents que nous avons particulièrement recbercliés. Leur signi- fication varie. On verra quelquefois la leçon se dégager par contraste et, pour ainsi dire, à rebours. Ainsi les ratures de Téléinaqur montrent-elles jus- qu'à l'évidence en quoi consiste le mauvais style. Pour uploads/s3/ letravaildustyle00alba-pdf.pdf

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