DOSSIER DE PRESSE Leuven, 28 SEPTEMBRE 2016 YTO BARRADA 30.09.2016 >< 17.01.201
DOSSIER DE PRESSE Leuven, 28 SEPTEMBRE 2016 YTO BARRADA 30.09.2016 >< 17.01.2017 INTRODUCTION La nouvelle exposition d’Yto Barrada (°1971, Paris) continue sur son travail récent concernant les trouvailles fossiles, la paléontologie, la muséologie et l’histoire naturelle au Maroc. Il y a des millions d’années, le Sahara actuel était un paradis tropique, avec une riche végétation, des lacs et une rivière aussi large que le Donau avec des poissons de trois mètres de long. Aujourd’hui, cette région rigoureuse entre l’Atlas marocain et le désert est un endroit pour toute une industrie concernant la fouille, la préparation, la falsification et la vente de fossiles. Les animaux qui ont entretemps disparu de la terre, continuent à vivre comme des fossiles. Néanmoins, dans le siècle passé, ces fossiles – de squelettes uniques énormes de dinosaures jusqu’à de faux scorpions dans des pierres en forme de coeur – ont disparu en masse du Maroc. Qu’est-ce qui se passe quand un pays voit disparaître une grande partie de son patrimoine vers l’étranger et est oublié dans la patrie ? La réponse de l’artiste français-marocain est aussi décevante que rafraîchissant claire : celui qui risque d’oublier son passé, va souvent créer tout simplement un nouveau passé. L’exposition traite de différents thèmes parmi lesquels la force de l’imagination; l’humour, le jeu et la créativité; des formes de mémoire, ‘l’authenticité’ et la tradition. Les techniques d’empreinte et de peinture, d’effets et de transferts de couleurs qui sont utilisés dans les oeuvres d’art ont en elles aussi des idées moins palpables. L’oeuvre d’Yto Barrada ne renvoie pas uniquement aux histoires de colonialisme, tourisme, etnographie et notre société de consommation actuelle. Ses photos, films, sculptures, livres et installations montrent aussi différentes formes de résistance à ces structures de pouvoir. Son oeuvre peut aussi être considéré comme une forme de protestation. Barrada même va faire confiance à l’enjouement, l’inventivité et l’humour comme des stratégies clés, tout comme les vendeurs de fossiles, les trafiquants, les magiciens et les faux guides qu’elle met en scène dans son oeuvre. Commissaires d’exposition: Stéphane Symons, Hilde Van Gelder, Eva Wittocx Exposition du Musée M de Louvain en collaboration avec l’université KU Leuven dans le cadre d’Utopia, un projet à l’échelle de la ville. L’ARTISTE COMME UN FAUX GUIDE Qu’est-ce qui est vrai? C’est une question qu’Yto Barrada analyse de différentes manières. ‘Tradition’ et ‘authenticité’ sont deux termes qui sont facilement attribués au monde arabe. Barrada veut déconstruire les termes. Son intérêt sans préjugés pour aussi bien les vrais fossiles que pour le travail des artisans qui créent de nouvelles pièces – à partir des moules fossiles originales – nous offre une idée plus profonde de la vue de Barrada sur le monde. Mais aussi l’activité humaine est centrale. Son intérêt pour des magiciens incapables, des trafiquants amateurs, l’exécution d’actions infructueuses et des mythes familiales montre que l’intérêt de Barrada va peut-être encore plus vers les artefacts, les histoires et les récits derrière ces différentes constructions que vers leur degré de véracité. SALLE 15 FOSSILES Barrada a commencé sa recherche vers des traces fossiles des dinosaures en Afrique du Nord en 2012. Son intérêt est éveillé lors d’une vente aux enchères d’un Spinosaure marocain dans une grande maison d’enchères en Europe. La recherche multidisciplinaire de Barrada vers l’histoire préhistorique et campagnarde de l’Afrique du Nord la mène à un grand set de questions. Une piste la mène à Dinosaur Road où des objets sont déterrés, préparés, commercialisés et parfois falsifiés. Ici, on peut poser des questions concernant l’artisanat, le tourisme, la science, le ‘vrai’ versus le ‘faux’, et l’économie. Une autre recherche examine le rôle des ethnographes et muséologues qui travaillent dans la région et la manière de présenter leurs objets de recherche. La curiosité profonde de Barrada est axée sur la relation entre le Maroc et son passé paléontologique. En particulier, elle se concentre sur l’absence remarquable de chaque forme de contexte dans les écoles, les musées, et la conscience nationale concernant ce patrimoine unique. Faux départ Le film Faux départ (2015) montre l’ample commerce en fossiles au soi-disant Dinosaur Road (Rue des Dinosaures), la région entre l’Atlas et le Sahara. Le film est en premier lieu un hommage aux « préparateurs ». Ces artisans répondent et contribuent à ce commerce florissant dans des formes vraies, fausses et hybrides des artefacts. En même temps, le film est un rappel à l’ordre à l’adresse du monde riche avec son attirance fétichiste pour des objets exotiques. Il dévoile, de manière sournoise, notre désir pour l’authenticité. Le titre du film renvoie bien sûr à la falsification des fossiles. En même temps, il indique la renaissance du Maroc comme état indépendant après des années de « protectorat » français et sa recherche vers une nouvelle identité propre. Faux départ a gagné le pris pour meilleur court métrage au Festival International du Film de Rotterdam en 2016. Faux départ (2015) SALLE 16: COLLECTIONNER La série Lying Stone Hearts (2015) est composée de douze fossiles en forme de coeur et une moule correspondante. Les fossiles, chaque fois deux scorpions et un trilobite (un arthropode préhistorique, un des fossiles les plus connus) ont été créés en collaboration avec les « préparateurs » d’un village éloigné au bord du Sahara. Cette oeuvre récente réfléchit sur les pratiques muséales comme collectionner et montrer du patrimoine et sur la manière où les objets exposés reçoivent toujours une nouvelle signification, indépendamment de leur contexte original. BERINGER’S LYING STONES Le Beringer’s Lying Stones Series (2014-2015) montre une collection de photos de fossiles que le monde a connues au début du dix-huitième siècle grâce au professeur Johann Bartholomeus Adam Beringer. Beringer a dédié un livre à sa trouvaille (Lithographia Wirceburgensis, 1726) dans lequel il écrivait sur la création divine de ces anciens objets. Sur les fossiles, on pouvait voir des épargnes de lézards, grenouilles et araignées dans leur toile et même le nom de Dieu en hébreu. Malheureusement pour Beringer, la réalité était un peu différente. Les fossiles étaient une blague qui avait mal tourné et étaient faits par des collègues-professeurs qui avaient créé eux-mêmes les pierres et les avaient enterrées sur la montagne Eibelstadt où Beringer chassait souvent des fossiles. DINOSAUR WOODBLOCK PRINTS (2013) Pour cet inventaire de dinosaures « marocains » Barrada a collaboré avec un maître- imprimeur japonais. Celle-ci transmettait ses dessins – dessinés en style enfantin – sur papier en édition limitée à l’aide de la technique de gravure sur bois qui prend beaucoup de temps. COCA COLA BOTTLES (2015) Barrada laisse graver cette silhouette avec un Orthocéras fossilisé, un mollusque qui a disparu il y a environ 443 millions d’années. On trouve des exemples connus d’Orthocéras au Maroc, en Scandinavie, aux Alpes et à Iowa (USA). SALLE 17: SALON GÉOLOGIQUE (2016) Dans les installations de cette salle, Barrada continue sa recherche vers le caractère multicouche de notre échelle de temps géologique et vers les manières dont les scientifiques visualisent les couches de la terre. En même temps, elle s’intéresse à la langue du modernisme et comment ce courant européen a prêté des formes à d’autres cultures. Barrada représente l’identité individuelle et collective comme un « palimpseste », un ensemble complexe où l’histoire et l’actualité sont présentes simultanément. Barrada collectionne et étudie depuis longtemps les techniques (marocaines) de textile, tissage et bordure. Elle a créé des tapis à diffusion restreinte inspirés par les dessins abstraits de l’artiste Dada suisse Sophie Taeuber-Arp. Les tapis sont tissés sur des métiers à tisser en bois à Tanger par des femmes de l’organisation sans but lucratif Darna. Les formes abstraites, géométriques reviennent également dans Felt Circus Flooring, Tangier (2013- 2014). Barrada montre ici une série d’empreintes de panneaux éducatifs qui expliquent les différentes couches terrestres et les fractures géologiques. Elle a trouvé les panneaux dans le Natural History Museum à Azilal, Maroc. Les mêmes couches claires sont présentes dans la nouvelle installation de Barrada Salon géologique, qui a été dessinée ensemble avec l’atelier de Stéphanie Marin (Smarin). Des tapis et des coussins entassés – avec des empreintes de codes géologiques- évoquent le dessin modulaire d’un salon marocain. Salon géologique est interprété comme une réflexion sur le Salon Lyautey, la salle de réception du général français Hubert Lyautey (1854-1934) de l’époque où il était donneur d’ordre d’une exposition coloniale en 1931. Lyautey était le résident-général du Maroc de 1912 jusqu’à 1925. En même temps, Salon géologique contient un clin d’oeil à La Boîte-en-valise de Marcel Duchamp, un modèle portable qui existe de 68 répliques miniatures d’oeuvres faites auparavant par l’artiste. SALLE 18: L’INVENTION DE TRADITIONS LYAUTEY UNIT BLOCKS Les blocs de Lyautey Unit Blocks (2010) épèlent le nom d’une figure controversée, Hubert Lyautey. En tant que résidant-général du Maroc, il voulait faire renaître l’empire marocain sous le protectorat français. Il allait réinventer le Maroc. Pour cela, il accentuait des termes comme ‘tradition’ et ‘authenticité’ et il développait un programme qui comprenait aussi bien l’agriculture, l’urbanisme que la renaissance de l’artisanat du tapis. Il a lancé le projet national Maintien du Patrimoine et a planifié une inventorisation et réorganisation des métiers artisanaux uploads/s3/ persdossier-ytobarrada-fr 1 .pdf
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- Publié le Mar 03, 2022
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