SÉQUENCE 2 Partie 3 : La technique nous rend-elle plus humains ? Étape 1 : S’ét

SÉQUENCE 2 Partie 3 : La technique nous rend-elle plus humains ? Étape 1 : S’étonner (entrée dans le cours/introduction) Doc. 1 : Équipement cartographique du brise-glace finlandais Tarmo, 1968. Photo Anonyme/Helsingin Sanomat On peut employer le terme de « technique » comme substantif (nom) et comme adjectif. Ce qu’on appelle « technique » (adjectif) : En tant qu’adjectif, on peut dire d’une exécution qu’elle est « technique », c’est-à-dire qu’elle requiert un savoir-faire précis, voire compliqué ou difficile pour celui qui en est dépourvu. On peut donc donner à ce terme une extension assez large : on peut parler de la « technique » d’un orateur (savoir bien parler pour convaincre, ménager des silences, faire attention à sa gestuelle ou à son regard), ou de la « technique » d’un sportif, qui accomplit des gestes parfaitement appropriés au but qui est poursuivi (faire une passe décisive, maîtriser une manière de sauter, etc.), ou encore de celle d’un artiste. Ce n’est pas une méthode, qui peut concerner la faculté de raisonner, ou la manière dont on ordonne les pensées. En effet, ce qui est technique ne résulte pas d’un raisonnement abstrait ou théorique : le menuisier peut, par expérience, développer des gestes « techniques » pour fabriquer des objets, mais sans qu’il puisse donner une traduction mathématique de ce qu’il fait. En tant qu’adjectif, la technique désigne un procédé efficace permettant d’ajuster les moyens à une fin que l’on poursuit. Il semble que nous partagions ce genre de capacité avec les animaux, qui possèdent aussi des « techniques » pour s’alimenter, construire un habitat, se soigner, etc. Ce qu’on appelle « la technique » (substantif) : Mais en dehors de cela, et c’est peut-être ce qui fait la spécificité de l’homme, il faut prendre acte des progrès énormes de tous les procédés qui nous ont permis d’agir sur la nature et de la transformer. Comme substantif, ou nom, « la technique » désigne l’ensemble des procédés que l’homme met en œuvre afin de transformer la nature en fonction de ses besoins. Doc. 2 : Hutte constituée par des branches et des troncs d’arbres sciés par l’homme à cette fin James Mahan © IStock Getty image plus Étymologiquement, « technique » vient du grec teknè, et renvoie à un mode de production des choses qui mobilise l’action humaine. On l’opposera alors à la nature (physis), qui désigne un mode de production naturel des choses (l’arbre qui pousse sans intervention humaine). Le terme de « technique » est tardif, et semble apparaître au XVIIe siècle. Auparavant, on employait « art », qui sera progressivement réservé aux beaux-arts (peinture, sculpture, musique, etc.). La technique, par opposition, renvoie alors au domaine strict de l’utile (par exemple un cordonnier qui fabrique une chaussure pour satisfaire un besoin élémentaire, là où l’œuvre d’art « ne sert à rien »). Si le fait de réaliser des gestes techniques n’est pas le propre de l’homme, ne faut-il pas chercher ce qui fait sa spécificité du côté de cette capacité à transformer son environnement par des moyens toujours plus puissants et perfectionnés ? Étape 2 : S’interroger et débattre (la leçon) 1 - La technique, le propre de l’homme ? a. L’homme est-il le seul à utiliser des outils ? La technique, en tant qu’activité productrice agissant sur la nature dans le but de la transformer, mobilise des outils. Un peu de vocabulaire Un outil : C’est un objet artificiel qui permet de prolonger les capacités humaines (du silex taillé au marteau), et ainsi de les amplifier en accroissant notre pouvoir d’action sur la nature. Marx en donne une définition précise dans le Capital : c’est une « chose ou un ensemble de choses que l’homme interpose entre lui et l’objet de son travail en tant que conducteur de son action ». Doc. 3 : Outils de bricolage ménager Andrey Popov © Istock Getty Images Plus L’outil permet à son tour de produire d’autres outils, et ce faisant, il nous faire vivre au sein d’un milieu que la technique a façonné. L’outil devient alors un intermédiaire entre le corps de l’homme et la nature. En ce sens, ce dernier semble se distinguer de l’animal, puisque celui-ci vit dans un milieu naturel, avec lequel il agit par le biais de ses organes. S’exercer/Mise en activité Faut-il pour autant dénier à l’animal la capacité d’utiliser des outils ? C’est la question que l’on peut se poser. À cet égard, vous visualiserez le document vidéo suivant et répondrez au brouillon à la question qui suit. Vous comparerez votre travail aux éléments de réponse proposés… → Lien : https://www.youtube.com/watch?v=JBsY9gqqInM Question Le vautour percnoptère utilise-t-il un « outil » ? Éléments de réponse — Le caillou qu’utilise le vautour pourrait être assimilé à un outil, au sens où il joue le rôle d’un intermédiaire entre le corps de l’animal et un objet naturel. Cependant, le caillou n’est pas transformé (taillé pour être plus affuté par exemple). — On ne peut pas dire qu’il s’agisse de technique au sens humain, puisque le processus reste très hasardeux et ne fait pas l’objet d’une maîtrise qu’on chercherait à organiser de manière théorique ou pratique. Il n’y a pas de perfectionnement de l’outil, même s’il y a une transmission génétique de ce savoir-faire : l’amélioration des outils et la transmission de leur usage par l’apprentissage restent une spécificité de la technique humaine. Ne faut-il pas voir ici une différence de nature (= une différence que l’on ne peut pas surmonter, parce qu’elle tient à la nature des choses) entre l’intelligence humaine et animale ? Un peu de vocabulaire Différence de degré/Différence de nature : on distingue, en philosophie, la différence de degré de la différence de nature. Si la différence est de nature entre deux choses ou deux êtres, c’est qu’ils sont radicalement différents par nature. Par exemple, le caillou possède une différence de nature avec l’homme, ce que tout le monde peut observer. La différence de degré est une différence simplement quantitative, et non plus qualitative, comme pour la différence de nature. Ainsi, il existe une différence de degré entre la taille d’un adulte et celle d’un enfant, toutefois l’un comme l’autre appartiennent tous deux à la catégorie « homme ». Entre l’homme et l’animal, on s’interroge sur leur différence : est-elle de nature ou de degré ? Vous pourrez visionner la conférence/débat : « L’animal est-il un homme comme les autres ? » (France Culture) sur Youtube au lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=h9l9J20n7rA S’exercer/Mise en activité Lisez le texte attentivement le texte qui suit et répondez au brouillon à la question posée à sa suite. Vous comparerez votre travail aux éléments de réponse proposés : Question Selon Aristote, pourquoi l’homme est-il « l’être le plus intelligent » ? Éléments de réponse D’une part, il est le seul capable de « bien utiliser » un grand nombre d’outils, là où l’animal est limité dans ses possibilités d’exécution (si l’on donnait un couteau au vautour, il ne saurait pas qu’en faire !). L’homme possède un outil particulier, qui joue le rôle de tous les autres : il s’agit de la main, qui est un instrument (organon). La main n’est pas limitée à une fonction, ou à plusieurs fonctions : elle en a même une infinité. Doc. 4 : Prométhée donnant le feu à l’homme Pourtant, l’homme semble être le plus faible de tous les animaux (pas de griffes pour se défendre, obligation de préparer beaucoup d’aliments pour pouvoir les manger et les digérer, etc.). Cet argument provient du mythe de Prométhée (voir cette courte vidéo, par exemple : https://www.youtube.com/watch?v=_CDQqn4H7zY), qui raconte que l’homme a été le dernier à être pourvu de capacités naturelles (« le moins bien partagé ») lors de la grande distribution des facultés par Epiméthée). Mais c’est une illusion : au contraire, il a la possibilité de varier à l’infini ses moyens de vivre et de se défendre. L’animal ne peut pas amplifier les capacités de son corps par l’usage d’objets ou d’outils : il naît en étant déjà, en quelque sorte, complètement « équipé ». La main, en tant qu’instrument universel, peut donc « devenir », grâce aux outils, « griffe », « serre », ou encore « lance ». Elle peut « tout saisir » et « tout tenir », car elle n’est justement pas limitée à une fonction spécifique. Une question demeure néanmoins en suspens dans le texte d’Aristote : qu’est-ce que faire un « bon usage » des outils ? Est-ce les utiliser adéquatement à leur fonction (une lance pour percer la peau), ou est-ce prendre en considération les buts que l’on se donne (techniquement, la lance peut percer la peau, mais faut-il le faire pour autant) ? b. L’homme, un être dont la nature est définie par la technique ? → L’homme, « homo faber » par nature On considère que l’évolution de l’espèce humaine a connu un pas décisif lorsqu’elle a réussi à maîtriser de manière technique des processus naturels (par exemple, la cuisson des aliments, qui est une technique uploads/s3/ philosophie-en-terminale-generale-ph06-cned-partie-3-la-technique-nous-rend-elle-plus-humains.pdf

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