1 ROBERT HOULE Sa vie et son œuvre de Shirley Madill Table des matières 03 Biog

1 ROBERT HOULE Sa vie et son œuvre de Shirley Madill Table des matières 03 Biographie 24 Œuvres phares 52 Importance et questions essentielles 65 Style et technique 77 Où voir 87 Notes 94 Glossaire 110 Sources et ressources 117 À propos de l’auteur 118 Copyright et mentions 2 ROBERT HOULE Sa vie et son œuvre de Shirley Madill Depuis son enfance dans la Première Nation de Sandy Bay / Kaa-wii- kwe-tawang-kak et sa fréquentation des pensionnats indiens, à la poursuite d’études universitaires poussées, jusqu’à sa consécration en tant qu’artiste de renommée internationale, Robert Houle (né en 1947) a joué un rôle central pour combler le fossé entre l’art autochtone contemporain et la scène artistique canadienne. À titre d’artiste, de conservateur, d’écrivain, d’éducateur et de critique, il a provoqué le changement dans les musées et les galeries d’art publiques, amorçant des discussions critiques sur l’histoire et la représentation des peuples autochtones. 3 ROBERT HOULE Sa vie et son œuvre de Shirley Madill GAUCHE : Robert Houle portant une coiffe de cérémonie au North American Indian Institute, Montréal, Québec, 1974, photographe inconnu, archives de l’artiste. Bien qu’on ne les voie pas, Houle était avec George Miller et Reta Phillips, deux personnes influentes dans sa vie. Il a rencontré l’activiste mohawk Louis Karoniaktajeh Hall, le concepteur du drapeau guerrier (utilisé lors de manifestations et d’autres actions) du territoire mohawk de Kahnawake, cette année-là. DROITE: Les parents de Robert Houle, Gladys et Solomon Houle, 1981, devant l’église Our Lady Guadalupe à Sandy Bay avec, en arrière-plan, le Pensionnat de Sandy Bay, photographe inconnu, archives de l’artiste. PREMIÈRES ANNÉES Robert Houle naît le 28 mars 1947 à Saint-Boniface, au Manitoba; il est l’aîné des quinze enfants de Gladys et Solomon Houle. Il grandit au sein de cette famille élargie, dans la Première Nation de Sandy Bay, où il est plongé dans la culture saulteaux, parle le saulteaux, et assiste aux cérémonies traditionnelles. La famille de Houle est membre de la nation des Ojibwas des plaines, ou Anishnabe1 Saulteaux, vivant le long des rives sablonneuses de l’ouest du lac Manitoba2. Comme un grand nombre d’enfants de sa génération, Houle est forcé de vivre dans un pensionnat dirigé par des missionnaires catholiques pour la durée de son primaire et de son secondaire, où il est coupé à la fois de la langue saulteaux et de ses traditions spirituelles. De la première à la huitième année, Houle fréquente l’école des Oblats de Marie-Immaculée et des Sœurs de Saint- Joseph de Saint-Hyacinthe à Sandy Bay. Les pensionnats indiens faisaient partie du programme du gouvernement canadien visant à « assimiler » les populations autochtones3. Les dommages importants que ces écoles ont causés aux peuples autochtones, à leurs communautés et à leur culture ont été largement documentés4. Les années passées au pensionnat indien auront un effet profond sur Houle et sur sa carrière. Évoquant son éducation catholique romaine, il a déclaré : « La Bible est l’influence culturelle la plus déterminante pour mon héritage chamanique5 ». Le christianisme, combiné à son héritage saulteaux, a forgé son identité personnelle et artistique. Les premières expériences scolaires de Houle à Sandy Bay sont désagréables. Il n’est pas autorisé à peindre des objets sacrés, tels que des bâtons de guerriers, ou des expériences de sa propre culture, ni à parler à ses sœurs qui fréquentent également l’école. Il lui est difficile de regarder par la fenêtre de la classe et de voir la maison de sa famille sans pouvoir rentrer chez lui après l’école. S’il se joint régulièrement à sa famille lors de la cérémonie annuelle de la Danse du Soleil pour marquer le solstice d’été, après son retour à l’école, le prêtre l’oblige à se confesser et à se repentir pour avoir adoré de faux dieux6. Cette partie difficile de sa vie allait plus tard influencer deux œuvres chargées d’émotion : Sandy Bay, 1998-1999, et Sandy Bay Residential School Series (Série sur le Pensionnat indien de Sandy Bay), 2009. 4 ROBERT HOULE Sa vie et son œuvre de Shirley Madill Robert Houle, Sandy Bay, 2007, huile sur masonite, 22,9 x 29,8 cm, collection de l’artiste. En 1961, Houle déménage à Winnipeg pour fréquenter le Pensionnat indien d’Assiniboia dirigé par les Oblats et les Sœurs grises. Il se souvient avec bonheur de ses années d’études secondaires — être dans une classe mixte, jouer au football et au hockey, et être le rédacteur en chef de l’album de finissants et du journal de l’école. Bien que les cours d’art ne soient qu’une petite partie du programme d’études, il a été initié à la pratique artistique et ses professeurs ont reconnu ses dons. À l’école, il a gagné un concours de dessin qui lui a permis de suivre des cours d’art parascolaires. Les années d’études secondaires de Houle coïncident avec un changement dans la politique canadienne entourant les droits issus de traités des Premières Nations. La lecture de la Loi sur les Indiens fait partie de ses études en histoire du Canada et lui permet de prendre conscience des problèmes auxquels son peuple est confronté. Le 31 mars 1960, sous la direction du premier ministre John Diefenbaker, certaines portions de la Loi électorale du Canada sont abrogées afin d’accorder un vote fédéral aux peuples des Premières Nations, sans perte de leur statut. Après avoir obtenu son diplôme, Houle a pu voter. 5 ROBERT HOULE Sa vie et son œuvre de Shirley Madill GAUCHE : Robert Houle au bureau régional du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien à Winnipeg (Manitoba), alors qu’il était stagiaire d’été, 1966, photographe inconnu, archives du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Houle a conçu l’image ornant la fenêtre de l’entrée du bureau. DROITE : Robert Houle au dortoir du Pensionnat indien d’Assiniboia à Winnipeg, se préparant à prendre le train du Centenaire, qui a parcouru le pays pour raconter l’histoire du « Canada » en 1967, photographe inconnu, archives de l’artiste. Après l’école secondaire, Houle fréquente pendant un an le Jesuit Centre for Catholic Studies, St. Paul’s College, à l’Université du Manitoba à Winnipeg. L’éducation est valorisée dans la famille de Houle : « Mes parents nous ont encouragés à aller à l’université. Ils estimaient qu’une bonne éducation nous permettrait d’être plus autonomes dans nos projets futurs7 ». Houle s’inscrit à un programme menant à un diplôme à l’Université du Manitoba et, à l’été 1969, il travaille comme stagiaire d’été au ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien (aujourd’hui Affaires autochtones et du Nord Canada) à Ottawa. Là, il se joint aux protestations des Premières Nations contre un document politique du gouvernement fédéral connu sous le nom de Livre blanc de 1969, qui demande la fin de la responsabilité fiduciaire fédérale à l’égard du statut spécial des Premières Nations8. De nombreux peuples autochtones considèrent le document comme un prolongement des politiques assimilationnistes du gouvernement fédéral9, et le gouvernement canadien le retire en 1970. ÉTUDES EN ART Alors qu’il est à l’Université du Manitoba, Houle entreprend parallèlement des études à l’Université McGill à Montréal. En 1972, il obtient un diplôme en histoire de l’art de l’Université du Manitoba, après quoi, pour améliorer ses compétences en dessin et en peinture, il quitte Montréal pour l’Autriche pour participer à l’Académie internationale d’été de Salzbourg. Il déménage ensuite à Montréal pour compléter son baccalauréat en éducation avec une majeure en enseignement des arts de McGill, tout en enseignant l’art à la Indian Way School, située dans une longue maison à Kahnawake, de l’autre côté du fleuve Saint-Laurent, en face de Montréal10. Il obtient son diplôme en enseignement en 1975. Houle a déclaré : « C’était l’une de mes aspirations d’être à la fois professeur d’art et artiste. Quand j’ai décidé d’être artiste, ma mère m’a dit de ne peindre que ce que je connais11». Après l’obtention de son diplôme, Houle enseigne l’art pendant un an dans une classe de cinquième année, après quoi il enseigne dans une école catholique de Verdun (un arrondissement de Montréal) jusqu’en 1977. 6 ROBERT HOULE Sa vie et son œuvre de Shirley Madill GAUCHE : Robert Houle, avec une œuvre d’Alex Janvier, au ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien à Ottawa en 1969, alors qu’il était stagiaire d’été, photographe inconnu, archives de l’artiste. DROITE : Robert Houle, Morning Star (Étoile du matin), 1976, acrylique sur toile, 121 x 151 cm, Centre d’art autochtone, Affaires autochtones et du Nord Canada, Gatineau. À McGill, Houle a reçu une éducation formelle de travail en atelier. Il a également suivi des cours en atelier à l’Université Concordia avec le peintre québécois Guido Molinari (1933-2004). Tout en faisant des recherches en histoire de l’art, Houle s’intéresse à l’œuvre de Piet Mondrian (1872-1944), Barnett Newman (1905-1970) et la New York School of Abstract Expressionism, et Jasper Johns (né en 1930). Il se concentre surtout sur la sculpture précolombienne, l’art et l’archéologie grecs et romains, et la peinture européenne du vingtième siècle. En étudiant les romantiques dans un cours d’histoire de l’art, il découvre l’œuvre du peintre français Eugène Delacroix (1798-1863) uploads/s3/ robert-houle-sa-vie-et-son-oeuvre.pdf

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