Théories et pratiques de la gamme iranienne Jean During Revue de musicologie, T
Théories et pratiques de la gamme iranienne Jean During Revue de musicologie, T. 71e, No. 1er/2e, Échelles Musicales: Modes Et Tempéraments#. (1985), pp. 79-118. Stable URL: http://links.jstor.org/sici?sici=0035-1601%281985%293%3A71%3A1%2F2%3C79%3ATEPDLG%3E2.0.CO%3B2-V Revue de musicologie is currently published by Société Française de Musicologie. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of JSTOR's Terms and Conditions of Use, available at http://www.jstor.org/about/terms.html. JSTOR's Terms and Conditions of Use provides, in part, that unless you have obtained prior permission, you may not download an entire issue of a journal or multiple copies of articles, and you may use content in the JSTOR archive only for your personal, non-commercial use. Please contact the publisher regarding any further use of this work. Publisher contact information may be obtained at http://www.jstor.org/journals/sfm.html. 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Avec l'avènement de l'Islam, la musique persane s'est mêlée à des éléments de musique arabe pour produire durant quelques siècles une forme académique « interculturelle » qui prévalait surtout à Baghdâd et dans l'ouest de l'Iran. Ainsi les ouvrages de théorie musicale décrivent une musique commune aux Persans, aux Arabes et aux Turcs, du moins jusque vers le XIV" S., époque à laquelle commencent à se dessiner diverses tendances qui aboutiront quelques siècles plus tard à des traditions bien distinctes. Les principaux traités, écrits pour la plupart en arabe, sont dûs à des auteurs revendiqués par les Iraniens, malgré quelques contestations (tels que Fârâbî, Avicenne, Safluddîn al-Urmâwî, Marâghî ibn Ghaybî, Qutbuddîn Shirâzî, Jâmî, Kaukâbî, Darwîsh 'Alî etc...). Nous examinerons dans ces ouvrages ce qui a trait à la question des intervalles, non pas d'un point de vue purement théorique, mais dans une relation avec la pratique. Pour cette raison, nous ne nous attarderons pas sur les travaux des précurseurs tels que Al-Kindî, Ibn al-Munâiim ou Zalzal. et commencerons avec Fârâbî. surnommé « le second Aristote » en raison de son importance pour la science et la philosophie. La musicologie orientaliste a coutume de fixer le XIIIe ou parfois le XVIIIe S. comme la date fatidique au-delà de laquelle les théoriciens du monde musulman auraient renoncé à penser scientifiquement la musique *. Ce préjugé est sérieusement remis en cause depuis quelques 1. Cet article constitue une version abrégée d'une étude commanditée par le Centre pour 1'Etude des Civilisations (Markâz-e motaleé-ye farhang) de Téhéran, et réalisée durant l'année 1979-1980. La partie technique (mesure d'intervalles) a été réalisée à l'Institut de Musicologie du Farhangestân-e adab va honar de Téhéran, sous la direction du Dr A. Nâji. 2. Il existe néanmoins de brillantes exceptions comme la théorie des 24 intervalles de Shaykh Al-Attâr (1764-1828), rendue célèbre au XIXe S. 80 Revue de Musicologie, 7111-2 11985) temps, mais il semble cependant que l'examen des échelles et des intervalles contredise rarement les théories de Safluddîn établies au XIIIe S. Faute de documents, nous sommes contraints de laisser une longue période dans l'ombre avant de découvrir au XXe S. une nouvelle approche des intervalles où se mêlent des éléments de la scolastique médiévale (elle-même héritée des Grecs) et l'empirisme ou le réalisme qui caractérisent la méthode scientifique de l'Occident. La seconde partie de cet article présente comme un éclairage a contre-jour du problème ; nous esquissons un tableau des intervalles empiriques joués dans la tradition iranienne actuelle, livrant des données brutes qui attendent peut-être d'être soumises a une nouvelle ascèse théorique. 1. LES SYSTÈMES 1. Al-Fârâbî (;\"S.) Dans son grand traité de la musique, Kitâb al m u s i q i al kabir ', la seconde œuvre théorique après Al-Kindi, Fârâbî (872-950) semble s'inspirer des méthodes des Grecs, mais « ne dispose pas, dit-il, de documentation suffisante ». Après des généralités sur le sens et l'origine de la musique, apparaît le concept de notes naturelles, dont la plus évidente est l'octave d'un son donné. Quant aux autres notes naturelles, il entend ((celles qui servent a la composition des mélodies naturelles », a savoir ((celles qui roulent sur les notes du luth ('226) d'abord, puis du tanbûr de Transoxiane, puis du rabâb » 4. Puis, d'emblée, il donne les intervalles produits par le 'ûd, sans s'embarrasser de justifications théoriques, ce qui laisse penser qu'il se réfère, dans une certaine mesure, a la pratique. En cela son témoignage est extrêmement précieux, et peut servir de référence à des analyses comparatives actuelles. Il est probable cependant que sa connaissance de la gamme de Pythagore ait, dans une bonne mesure, influencé ses définitions de la tierce majeure et mineure. D'après la figure reconstituée par d'Erlanger '. la quarte est partagée par M. Mashaqa. En ce qui concerne le préjugé mentionné, on consultera avec profit l'article de A. Shiloa, « The arabic concept of mode », Journal of the American Musicological Society, XXXIV/I (1981), 19-42, ainsi que The Theory of Music in Arabic Writings (CU. 900 to CU. I900), RISM, B/ IX (München, 1979), du même auteur. 3. Rodolphe d'Erlanger, La Musique arabe, 5 vol. (Paris : P. Geuthner, 1930-1949), t. 1, p. 43. 4. Ibid., p. 43. 5. Ibid., p. 46. Jean During : Théories et pratiques de la gamine iranienne 81 selon les intervalles suivants (exprimés en savarts et en fraction) ': m RE^ REP RE- RE M b Mt+ M I p MI P l i 23s %s 42s 51s 71s 769 89s 102s 125s Les particularités intéressantes de cette échelle sont la tierce neutre, la tierce mineure appelée médius des Persans, et le ton faible, appelé voisin de l'index. La touche de la tierce neutre est appelée médius de Zalzal (et non Zulzul, comme le transcrivent les arabisants), du nom d'un musicien persan de la cour de Harün al Rashid, qui se rendit célèbre en ajoutant une frette sur son 'Cd, correspondant à un intervalle d'environ trois quarts de ton. Cet intervalle s'obtient en divisant de moitié la distance de la corde qui sépare la seconde (Ré) de la quarte (Fa). Ce procédé tout à fait empirique ne semble pas nécessiter d'autre fondement. La tierce neutre est obtenue naturellement sur le manche de tout instrument à corde, en plaçant le majeur à mi-chemin entre l'index (Ré) et l'annulaire (Fa). Dans les instruments à manche court (rabâb, kamânche), cette position est la plus naturelle, la plus aisée ; on peut donc supposer que l'intervalle existait au moins depuis que de semblables instruments avaient vu le jour en Orient. On sait par exemple que les Grecs ne se conformaient pas toujours aux modèles fournis par les physiciens, et que des intervalles de ce genre, dits irrationnels, étaient fréquemment utilisés par ceux que Platon appelle avec mépris « les tirailleurs de cordes » '. Cependant, si cet intervalle convient réellement à une technique du luth, il dut sans doute apparaître d'abord dans des cultures qui disposaient de tels instruments. Or, les pays du luth au sens le plus large furent d'abord la Mésopotamie et l'Iran. Le luth barbat était d'origine iranienne et fut adopté sous le nom de 'Cd par les Arabes. Selon d'Erlanger l 0 et Wright ", la musique arabe subit en Syrie l'influence des Grecs et utilisa seulement les tons et demi-tons, puis à Baghdâd elle s'ouvrit à l'influence des Perses et des peuples de la Mésopotamie, tout en laissant apparaître des caractères spécifiquement arabes. En conclure que l'intervalle de trois 6. Le savart (abrégé : S.) est le logarithme (multiplié par 1 000) du quotient de deux fréquences ou longueurs de cordes. On transforme le savart en cent en le multipliant par 4. 7. Nous utiliserons les signes iraniens P (koron) et 3 (sori) pour indiquer le « demi-bémol » et le « demi-dièse D. 8. Son vrai nom est Mansûr Ibn Ja'far; il vécut durant la deuxième moitié du VIIIe siècle. 9. Platon, Euures complètes (Paris : Gallimard, 1950), t. 1, République VII, 531 b. 10. Erlanger, op. cit., t. III, p. 592. 11. O. Wright, The Modal System o f Arab and Persian Music a. d. 1250- 1300 (Oxford : Oxford University Press, 1978). 82 Reuue de Musicologie, 71:1-2 11985 quarts de ton est une invention persane, en arguant que Zalzal était persan, serait manquer d'objectivité, car les Arabes eux-mêmes semblent avoir prctiqué ces intervalles bien avant, comme le montrent de nombreux types de chants purement bédouins ''. uploads/s3/ theories-et-pratiques-de-la-gamme-iranienne.pdf
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- Publié le Jul 10, 2022
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