Un atelier d’écriture en Français Langue Étrangère (FLE) avec des extraits des
Un atelier d’écriture en Français Langue Étrangère (FLE) avec des extraits des textes écrits par les étudiants internationaux ENS de Lyon / Centrale / CNSM en 2014, 2015 et 2016 stages conçus et animés par François Bon & Fabienne Dumontet « QUAND CE N’EST PAS SA LANGUE » 1 Le CHEL[s] ou Collège des Hautes Études Lyon Science[s], est né en 2013 du rapprochement de 5 établissements d’enseignement supérieur : VetAgro Sup, Sciences Po Lyon, l’École Centrale de Lyon, l’École normale supérieure de Lyon et le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon. Dispositif véritablement inédit, le CHEL[s] a pour objectif de décloisonner les connaissances pour offrir aux étudiants une ouverture vers des disciplines différentes et de fait, une agilité devenue nécessaire dans le monde professionnel qui les attend. Parmi les différentes possibilités offertes par le CHEL[s] : les étudiants des 5 établissements peuvent suivre un cours dans un établissement autre que leur établissement d’origine. Les étudiants de l’École Centrale peuvent par exemple aller suivre un cours à Sciences Po Lyon et vice versa, ceux de VetAgro Sup peuvent se rendre au CNSMD ou à l’ENS de Lyon, etc. Tous très ouverts sur l’international, les 5 établissements du CHEL[s] accueillent chaque année une part très importante d’étudiants étrangers. Ces derniers ne sont pas en reste dans ce processus d’échanges proposé par le CHEL[s]. Sur demande, les étudiants internationaux peuvent en effet participer à des cours et ateliers de Français Langue Etrangère (FLE) au Centre de Langues de l’ENS de Lyon et chaque année, parmi cette offre diversifiée et innovante, plusieurs d’entre eux choisissent le stage d’écriture créative (niveaux B1+ à C2), organisé avec le soutien de la Région Rhône-Alpes-Auvergne. Hélène Aguesse ——————————————————————— Coordinatrice du CHEL[s], Collège des Hautes Études Lyon Science[s] 3 « Tu sais comment cela se fait, mais tu ne sais pas comment cela réussit. Donc, tu ne sais pas vraiment comment cela se fait » — Marina Tsvetaeva « Tu sais comment cela se fait, mais tu ne sais pas comment cela réussit. Donc, tu ne sais pas vraiment comment cela se fait » : Marina Tsvetaeva1, la grande poétesse russe, savait remettre les critiques à leur place. Ecrire une page, un poème, un roman, ce sont des risques que l’on prend, dans sa langue. La littérature est un événement surprenant, qui fait réagir et se commente a posteriori, mais ne se prévoit pas. Savoir vraiment comment on fait, « comment on dit », en français, quand ce n’est pas sa langue : c’est souvent, aussi, la demande des étudiants ou chercheurs internationaux, immergés dans l’urgence de la communication professionnelle ou amicale, ici, en France. Car dans une langue et une culture étrangères, tout peut être occasion de malentendu, tout devient imprévisible. Tout interroge sur la précarité d’une communication « réussie ». Connaître la grammaire, le vocabulaire, la phonétique du français et ses éléments culturels est d’importance, et les cours de Français Langue Étrangère (FLE) au Centre de langues de l’École Normale Supérieure de Lyon permettent d’acquérir ces compétences. Mais savoir prendre des risques réels avec cette nouvelle langue, tester ces risques pour progresser sont aussi des objectifs majeurs, plus particulièrement mis en œuvre dans le cadre de nos ateliers de FLE. Parmi eux, l’atelier d’écriture créative en FLE, qui existe à l’ENS de Lyon depuis trois ans, grâce au soutien de la région Rhône-Alpes-Auvergne et de l’Université de Lyon, se veut une rencontre avec les ténors du « comment ça marche vraiment », celles et ceux qui ont parfois mené une vie d’expériences pour voir « comment ça réussit » : les écrivains francophones. Mené par l’écrivain François Bon, grande figure des ateliers d’écriture en France, il met les étudiants et chercheurs internationaux du Collège des Hautes Études Lyon Science[s] (CHEL[s]) en contact avec les textes de ces auteurs francophones, avec leur profonde intelligence du monde et de la langue. Il incite les participants à manifester la leur, à écrire eux- mêmes et échanger en français, durant deux sessions intensives de deux jours à l’ENS de Lyon. Chacun a ainsi écrit, en français, un des textes ici rassemblés, l’a lu, en a discuté avec les autres, que son niveau de français soit encore intermédiaire ou bien celui d’un expert. Ce recueil, qui réunit une sélection de ces productions, illustre le principe de décloisonnement à l’œuvre dans le réseau CHEL[s]. La lecture, la création et le débat en langue française ont été lieu commun où se sont risqués les ingénieurs, historiens, agronomes, traducteurs, physiciens, chanteurs lyriques et experts en sciences politiques de demain. 1 Dans Le Poète et la critique (Poèt o kritike), traduit du russe et présenté par Véronique Lossky, Cognac, Le temps qu’il fait, 1989, p. 16. Fabienne Dumontet ———— Coordinatrice du FLE à l’École Normale Supérieure de Lyon – Université de Lyon Maître de conférences en littérature française et Français Langue Étrangère 5 Tout est noir, tout est blanc, je ressens comme un vide, solitaire, comme si j’étais dans le cosmos. La tension monte plus je m’en approche, c’est un tremblement désagréable et effrayant. Qui connaît cette crainte ? Peut-être quelqu’un parmi le public ? Pourquoi mes parents m’ont poussée dans ce vide ? Je suis ici à cause d’eux. La fin du concert, le public est exalté, c’est maintenant la salle qui tremble. J’ai des sueurs froides, je transpire comme un boxeur qui va au tapis et qui se fait compter pour la fin du match. Est-ce que j’ai gagné ? Qui peut répondre à cette question ? Je n’aurai pas la réponse. La musique est la vie, et cette vie est la musique. Premièrement il faut du temps libre. Si on n´a pas du temps pour achèter un croissant, on ne peut pas achèter un croissant. Ensuite on doit sortir dans la rue, voir à gauche, voir à droite, chercher une boulangerie. Si on a de la chance, on en trouve une pas trop loin, ouverte, engageante. Mais attention, si on arrive trop tard (et ce ce qu´il est trop tard depend totalement du jour de la semaine et da la chance, tous les croissants sont déjà vendu aux gens qui savent mieux achèter un croissant. En ce cas là on peut achèter autre chose, par example un pain au chocolat et aller à la maison, être décu. Donc il faut retourner autre jour moins tarde, se mettre au fin de la file des clients, observer le dernier croissant qui reste encore dans la vitrine, retenir son souffle, espérer, compter tous les huit personnes en avant, regarder ce ce qu´ils achètent, espérer plus fort que l´heure ne soit pas encore trop tard et finalement vraiment commander ce dernier croissant. En ce moment on peut s´arrêter à être nerveux et à retenir le souffle. On doit écouter une blague bête du vendeur, si on veut on a maintenant la possibilité de sourir. Il faut prendre le sachet et bien sûr on doit payer. Voilà c´est assez facil achèter un croissant à Lyon. D’après Le pèse-nerfs d’Antonin Artaud (dont la langue maternelle fut le grec), 2015. « Instructions pour acheter un croissant à Lyon », d’après un texte des Cronopes et fameux de Julio Cortázar, écrivain argentin ayant vécu et travaillé principa- lement à Londres, Bruxelles et Paris (non corrigé), 2016. Ce sont ceux qui sont nés. Ce sont ceux qui apprennent à marcher, et qui disent leurs premiers mots. Ce sont ceux qui vont à l’école, et ceux qui pleurent quand l’éducatrice leur châtie. Ce sont ceux qui aiment papa et maman plus que tout le monde entier. Ce sont ceux qui s’intéressent aux apparences, et qui achètent leurs vêtements leurs mêmes avec leur argent de poche. Ce sont ceux qui espionnent silencieusement avec leur petit frère ou petite sœur aux escaliers, sur leurs parents quand ils parlent des problèmes financières. Ce sont ceux qui rigolent toute la nuit avec leurs amis en dessus les couvertures et ceux qui se chuchotent quand leurs parents se fâchent. Ce sont ceux qui ressentent les douleurs de puberté, et ceux qui gênent facilement avant de ses pairs. C’est ceux qui étudient fort et ce qui on leur premiers faibles pour leurs copains. Ce sont ce qui battent avec ses parents, et ceux qui s’arrêtent d’aller à l’église les samedis matin, pour qu’ils peuvent se réveiller plus tard, après une soirée entre amis. Ce sont ceux qui essaient de ne pas pleurer, quand ils partent de la maison pour la première fois pour le collège. Ce sont ceux qui rencontrent leurs premiers amours, et ceux qui font l’amour pour la première fois en dessus les étoiles. Ce sont ceux qui se rappellent des temps plus simple, comme enfants, riant en dessus les couvertures. Ce sont ceux qui sont déprimés, mais ceux qui survivre quand même. Ce sont ceux qui ne marient pas leurs premiers amours, mais leurs deuxièmes, troisièmes, quatrièmes…. Ce sont ceux qui trouvent un emploi, pour prendre soins de leur famille, et leurs premiers enfants. Ce sont ceux qui espèrent que leurs uploads/s3/ brochure-fle-ens-2017.pdf
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- Publié le Aoû 04, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
- Langue French
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