CHEZ Collection Négatif dirigée par Pièces et main d’œuvre Négatif ! Comme on d

CHEZ Collection Négatif dirigée par Pièces et main d’œuvre Négatif ! Comme on dit « non ! je ne marche pas ! ». Refus de croire et d’obéir. Négatif. Parce qu’on ne peut qu’être contre tout, parce qu’il n’y a rien de bien dans une société négative dès son principe. Négatif. Comme l’envers, la réalité et la révélation des apparences pseudo positives. Nous tâcherons d’être purement négatifs et d’exprimer ici les rai- sons de notre refus total. Verlaine à Rimbaud, le 12 décembre 1875 : « J’en appelle à ton dé- goût lui-même de tout et de tous, à ta perpétuelle colère contre chaque chose, juste au fond cette colère, bien qu’inconsciente du pourquoi. » Dans la même collection Terreur et possession. Enquête sur la police des populations à l’ère technologique. PIÈCES ET MAIN D’ŒUVRE AUTRES PARUTIONS DES ÉDITIONS L’ÉCHAPPÉE (EXTRAIT) Collection Dans le feu de l’action La Révolte luddite. Briseurs de machines à l’ère de l’industriali- sation KIRKPATRICK SALE, 2006 Collection Pour en finir avec La Tyrannie technologique. Critique de la société numérique COLLECTIF, 2007 Collection Action graphique CARtoons. Le cauchemar automobile ANDY SINGER, 2007 – 2 – Pièces et Main d’Œuvre LE TÉLÉPHONE PORTABLE, GADGET DE DESTRUCTION MASSIVE L’ÉCHAPPÉE – 3 – Éditions L’échappée, 32, av. de la Résistance 93 100 Montreuil lechappee@no-log.org, www.lechappee.org graphisme atelier des grands pêchers (atelierdgp@wanadoo.fr) correction Aude Le Breton dépôt légal 2e trimestre 2008 isbn 978-2915830-17-0 impression Corlet L’échappée, 2008 – 4 – LE TÉLÉPHONE PORTABLE, GADGET DE DESTRUCTION MASSIVE – 5 – De Grenoble à Chambéry, la vallée du Grésivaudan se déroule entre les massifs de Chartreuse et de Belledonne, suivant les méandres de l’Isère. Jusque dans les années 1960, le promeneur y dé- couvrait un « verger magnifique », une nature qui parlait « à l’imagi- nation et la pensée » : « Sous les vignes courant en feston entre les arbres fruitiers, se succèdent de petits carrés de luzerne, blé, chanvre, maïs : une merveille de petite culture »1. Les villages de Crolles et Bernin, à vingt kilomètres de Grenoble, ont aujourd’hui des allures de zone commerciale américaine – môles commerçants, publicités criardes, bretelles d’autoroute, parkings et lotissements. Nous sommes au cœur de la « Silicon Valley à la fran- çaise », dans une agglomération de « statut international » dont les métastases colonisent les derniers prés, où les enfants ignorent que leurs ancêtres se baignaient dans les chantournes, les vieux canaux d’irrigation. C’est à Crolles 2, zone industrielle à cheval sur les deux communes, qu’est implantée « l’Alliance », unité de production de STMicroelectronics – associé durant quelques années à Philips et Freescale Semiconductors (Motorola)2. Crolles 2, ce sont des investissements colossaux, les plus impor- tants depuis la construction des dernières centrales nucléaires (2,8 milliards d’euros, dont 543 millions d’aides publiques) ; c’est l’importation à grands frais d’ingénieurs américains et hollandais et son corollaire immobilier, l’explosion du prix des logements ; le pillage des ressources et la pollution du voisinage ; les contrôles d’identité à l’entrée de l’Alliance ; la soumission des chercheurs du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Grenoble et des élus lo- caux aux exigences des industriels ; la visite régulière des autorités – Chirac, Sarkozy, Devedjian, etc. LA fierté du technogratin. – 6 – Pour quoi faire ? Des téléphones portables. * Allô, c’est moi. J’suis dans le bus. J’arrive. À tout de suite. * Ne souriez pas. Si vous trouvez dérisoire le résultat de ces sacri- fices, gaspillages et destructions, c’est que vous n’entendez rien à la réalité économique. Le téléphone portable, c’est une innovation, et comme l’a expliqué Michel Destot, maire de Grenoble, avec l’innova- tion « apparaît le développement des activités économiques qui gé- nère lui-même des emplois pour l’ensemble de nos concitoyens. Il y a là une véritable mine d’or, prenons-en conscience »3. Le téléphone portable génère bien d’autres choses que des emplois et de l’or. Non seulement il accélère la destruction de la planète, mais il contribue à la technification du monde. Des effets dont jamais les chercheurs du CEA, sous-traitant de Nokia, ne parlent dans leurs conférences mensuelles à la Fnac, ce débitant de téléphones préten- dument « agitateur d’idées ». – 7 – 1. SEMI CONDUCTEURS MAXI NUISANCES Contrairement à ce qu’elle prétend, la microélectronique est aussi polluante que bien des industries low-tech. Derrière sa façade clinquante, le téléphone portable est un concentré de nuisances. D’abord à cause de ses puces électroniques. Eric D. Williams, cher- cheur à l’université des Nations unies, à Tokyo, a mesuré les éléments nécessaires à la fabrication d’une puce de 2 grammes. Résultat : 1,7 kilo d’énergie fossile, 1 mètre cube d’azote, 72 grammes de pro- duits chimiques et 32 litres d’eau. Par comparaison, il faut 1,5 tonne d’énergie fossile pour construire une voiture de 750 kilos. Soit un ra- tio de 2 pour 1, alors qu’il est de 630 pour 1 pour la puce4. Comme leurs homologues guyanais, les orpailleurs high-tech chers au maire de Grenoble s’enrichissent en pillant les ressources naturelles et en saccageant l’environnement. Forfait illimité en eau et électricité À Crolles, l’usine à puces de STMicroelectronics consomme plus de 40 millions de kilowatts/heure d’électricité (l’équivalent de 20 000 foyers) et 25 millions de kilowatts/heure de gaz naturel par an5. Le monstre se gavant toujours plus, le Réseau de transport d’électricité prévoit de nouvelles lignes à haute tension : « À court terme (d’ici cinq à dix ans) les perspectives de développement indus- triel au nord-ouest (Minatec) et au nord-est de Grenoble (microélec- tronique du Grésivaudan) nécessiteront que RTE procède à des évo- – 8 – lutions de réseau de façon à accompagner le développement écono- mique de la zone »6. Rhône-Alpes, deuxième région de France pour la consommation d’énergie, subit le plus important maillage de lignes à haute tension du pays – en plus de ses 32 barrages et de ses 14 cen- trales nucléaires. Nokia et le CEA peuvent toujours nous vendre des « téléphones plus économes » et des chargeurs solaires, ils oublient de signaler le gouffre énergétique qu’est leur production. Pour nettoyer les plaques de silicium sur lesquelles sont gravés les circuits électroniques, l’Alliance engloutit 700 mètres cubes d’eau par heure (l’équivalent d’une ville de 50 000 habitants), et soumet les collectivités locales à ses exigences : 150000 euros d’amende par heure à payer à l’entreprise en cas de défaillance dans la fourniture d’eau ; obligation de doubler prochainement les conduites d’adduc- tion sur 18 kilomètres, pour un coût de 25 millions d’euros ; livraison impérative d’une eau d’excellente qualité, exempte de chlore, même en période de « menace terroriste » – compensation minime pour les Grenoblois qui échappent sur ce point au délire sécuritaire au nom de l’intérêt économique supérieur. Si l’Alliance a choisi le Grésivaudan, c’est aussi pour piller ses ressources en eau pure, y compris en pé- riode de sécheresse et de canicule. Tandis que les habitants sur- veillent leur consommation, STMicroelectronics et ses voisines, start- up de microélectronique (Soitec, Memscap), éclusent les mètres cubes : « L’année 2006 s’achève sur une baisse de 1 % de la consom- mation d’eau des communes alimentées par le Sierg (Syndicat inter- communal des eaux de la région grenobloise). Vingt-six des 28 com- munes alimentées, dont la consommation est principalement “do- mestique”, connaissent une baisse de 3,5 %, tandis que Crolles et Ber- nin (pour lesquelles la part industrielle représente plus des 4/5e) ont une consommation en hausse de plus de 8 % »7. Pendant ce temps, dans les massifs alentour, les glaciers fondent à vue d’œil, et avec eux les réserves d’eau qui ont fait la prospérité du Grésivaudan. Il est vrai que nous y avons gagné des cristaux liquides. – 9 – Téléphoner pollue Crolles 2, site Seveso, consomme des produits toxiques comme la phosphine (hydrogène phosphoré), le thilane ou l’arsine (mélange hydrogène-arsenic). « Des gaz de combat », fanfaronnait un salarié lors d’une visite publique. Les produits chimiques stockés sur place mais aussi à des kilomètres, comme à Lancey, de l’autre côté du Gré- sivaudan, circulent chaque jour en camions à travers l’agglomération. Rappelons que le site est en « zone urbaine », au milieu des lotisse- ments poussés par dizaines pour loger ses employés. L’usine, pas plus que les autorités locales, ne précise ce qui adviendrait dans le cas où un avion de tourisme de l’aéroport voisin du Versoud s’écrasait sur ce réservoir à gaz toxiques. En revanche, une salariée proche de la direc- tion de Memscap, la start-up d’à côté, se plaît à décrire le « feu d’arti- fice ». Culture du risque typiquement grenobloise. On ne fait pas d’innovations sans jouer avec le feu. Officiellement, en 2002, l’Alliance a rejeté dans l’atmosphère 9 tonnes d’oxydes d’azote, 10 270 tonnes de C02, 40 tonnes de com- posés organiques volatiles8. C’est déjà énorme. Mais un employé confie, sans vouloir en dire plus, que la teneur en produits polluants des rejets dans l’atmosphère serait faussée par l’utilisation de gaz puisés. Comment le vérifier ? La direction ne communique pas sur les chiffres. Tout uploads/s3/ le-telephone-portable-gadget-de-destruction-massive.pdf

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