Autoportrait de la Modernité La pensée traditionnelle nous apprend que les attr
Autoportrait de la Modernité La pensée traditionnelle nous apprend que les attributs1 de Dieu, donc les idées qu’ils véhiculent, sont éternels et agissent sur le réel à travers la création, comme agit, par exemple, la Puissance Contraignante « Jabr » d'Allah, sur Ses créatures à travers l’ange Gabriel, Jibril signifiant littéralement le « Jabr » de « Allah ». Partant, la notion d'esthétique qui a pour objet l’idée du Beau, bien que absente du monde contemporain, ne saurait donc être perdue pour toujours.2 Ainsi, les hommes sont mus par ces idéaux éternels : le Vrai, le Bien, le Beau, qui les affranchissent du monde matériel en les tournant vers la verticalité. De plus contrairement à l’idéologie moderniste, qui prétend placer l’homme au dessus de toute chose, et lui octroie le droit de dominer le reste de la création, la pensée traditionnelle elle, affirme l’exact inverse, c’est à dire que Dieu, a créé une oeuvre vivante parfaite et d’une beauté inégalable, tout entière assujettie à son Créateur.3 Si la pensée traditionnelle affirme que Dieu est Le Créateur de toutes choses, et de surcroît le plus grand artiste, accomplissant chaque jour une œuvre nouvelle4, conception du monde bien que évidente pour une grande partie de l’humanité, ne l’est globalement plus pour l’occident moderne laïciste, anti-religieux.5 On peut aussi constater qu’en tant que reflet de son époque, l'esthétique suit naturellement la trajectoire descendante du cycle humain, jusqu’à l’époque actuelle que la tradition hindoue a nommé le Kali Yuga.6 Sont-ils égaux, l’aveugle et celui qui voit? interroge de façon rhétorique le Coran.(13:16) L’essayiste Raphaël Enthoven, abordant la notion du beau, avoue dans une vidéo son propre aveuglement «On peut parler de la beauté sans savoir ce qu’elle est, on est dans un régime démocratique, en réalité».7 La démocratie moderne, étant comme explicité dans un précédent article, un régime de médiocrité où tous les avis se valent, construit sur une logique de quantité et non de qualité. L’époque moderne, à travers cet exemple est incapable de différencier ce qui est beau de ce qui ne l’est pas, comme elle ne différencie plus, l’homme de la femme8, le méritant de l’incompétant, ou le sacré du profane. Si selon Kant « Est beau ce qui plaît universellement sans concept »,9 L’Islam nous apprend que le beau est ce qui émane de Dieu, et s’inscrit dans l’harmonie cosmique. Le beau étant la manifestation de Dieu dans Sa propre création afin que le croyant y voit à travers les états multiples de l’Être,10 la manifestation du Parfait. C’est par la connaissance de Dieu, à travers sa Création, que le beau s’exprime de façon universelle, quand le goût lui, découlant de l’éducation et de l’expérience de chacun, revêt un caractère subjectif. C’est pour cela que tout le monde s’accorde à trouver beau un coucher de soleil ou s'émerveille devant les oiseaux danseurs de Papouasie;11 ou que abeilles et araignées sont capables de créer des œuvres qui éblouissent même les personnes les plus savantes. C’est là, en effet, la manifestation de Dieu à travers Sa Création donc universellement perceptible; tandis que l’art moderne est loin de recueillir cette même unanimité. 18:7- Nous avons placé ce qu'il y a sur la terre pour l'embellir, afin d'éprouver (les hommes et afin de savoir) qui d'entre eux sont les meilleurs dans leurs actions. 11 Oiseaux du Paradis https://www.youtube.com/watch?v=rX40mBb8bkU 10 René Guénon, Les États multiples de l'être 9 Emmanuel Kant, Critique de la faculté de juger 8 Cf la bibliographie sur la théorie du Genre 7 Raphaël Enthoven sur la beauté https://www.youtube.com/watch?v=nWSFNxJVR7M 6 René Guénon, Crise du monde moderne. 5 Cf, Rachid Achachi, Le Maroc et la crise des valeurs. https://www.youtube.com/watch?v=8LDIk8eDWvw 4 Coran 55:28-Lequel donc des bienfaits de votre Seigneur nierez-vous ? 55:29-Ceux qui sont dans les cieux et la terre L’implorent. Chaque jour, Il accomplit une œuvre nouvelle. 3 Coran 55:5-Le soleil et la lune [évoluent] selon un calcul [minutieux]. 55:6-Et l'herbe et les arbres se prosternent. 55-7-Et quant au ciel, Il l'a élevé bien haut. Et Il a établi la balance, A l’image du cosmos, Il est recommandé d’établir la balance dans la société, la famille et son égo, source de toutes les laideurs morales, afin de créer de la beauté dans un Tout harmonieux, suivant une logique de cercles concentriques, symbolisé en Art par le cercle et la coupole, dont le point central unique central est Dieu. 2 Coran 55:26-Tout ce qui est sur elle (la terre) doit disparaître, 55-27-Seule subsistera La Face [Wajh] de ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse. 1 René Guénon, Les États multiples de l’être. Ou encore « 25:2 - Qui a créé toute chose en lui donnant ses justes proportions ». Des versets qui rappellent que même le beau, n’a pas été créé sans raison, ou pour notre seul plaisir mais constitue un test pour l’être humain. De même, la juste proportion des formes révélées par les mathématiques à travers le nombre d’or, la véhémence des couleurs dans la nature, l’infinité des textures témoignent de Son Exubérance Créatrice, afin que ceux qui savent voir avec l’oeil interne du coeur et l’oeil externe du corps perçoivent clairement dans la beauté de la Création la manifestation du Parfait, et finissent par être contraint (Jabr), par y lire sous une forme matérialisée l’expression sensible de la Vérité absolue qu’il « n’y a de divinité autre que Dieu »;إله ال هللا إالformulée en filigrane dans la toute première révélation par l’injonction Iqra’ (lis, récite)12, quand la seule chose disponible à la lecture étaient alors les signes que le Créateur a placés dans Sa création. Là, où l’époque moderne à l’image de Dajjal, borgne de l’oeil interne, ne se focalise plus que sur l’aspect extérieur des choses, par conséquent est incapable de percevoir l’unicité de Dieu. Le cadre théorique étant posé, il nous faut revenir brièvement sur le mouvement historique qui a éclos de cette aberration visuelle et expliquer, au moins succinctement les causes qui ont permis l’éclosion de cette laideur érigée en canon de beauté, que l’on nomme « Art moderne » et qui n’est rien d’autre que la Modernité qui s’exprime à travers l’Art. Nous pouvons distinguer quatre grands mouvements dans les approches artistiques : mimesis, représentation, abstraction et anti-art. Partie de l'imitation du réel, (mimesis), les différents mouvements artistiques connectés à la transcendance, que ce soit l’art grec antique, les icônes de l’art gothique, ou les motifs géométriques, dans la tradition musulmane, en passant par les fresques de la renaissance de Botticelli, Da Vinci ou Michelangelo, s’attachait encore à une certaine verticalité et reflétait la grandeur de la civilisation; la véritable rupture se faisant plus tard à partir du 19e siècle avec l’industrialisation, la mécanisation et l’économie de marché déconnecté du réel, ce qui correspond aussi à la dernière phase du dernier cycle humain, caractérisé par l’anti-tradition, donnant naissance à l’anti-art. Dans un grand mouvement de dé-construction et de lutte contre Dieu, la modernité s’est mise à vouloir s’émanciper de tout ce qui la précède et donc concernant l’art, à casser les codes, rompant définitivement avec toute transcendance. Al Ghazali,13 rappelait aux mu’tazilites que Dieu est le seul Créateur des actions des serviteurs, mais sans les rendre impossibles aux serviteurs par la voie de l’acquisition (Al iktisâb). C’est Dieu qui vous a créés, vous et les œuvres de vos mains. (Coran 37:96) L’artiste, longtemps synonyme «d’artisan», était celui qui mettait son art au service d’autrui, qui travaillait, inventait des techniques afin d’améliorer sans cesse son savoir faire, tendre vers l’excellence, être utile à la société, car il se savait appartenir à une Oeuvre plus grande que lui. Lorsque l’artisan-menuisier fabrique un coffre, il transforme une idée immatérielle, en objet matériel à l’aide des connaissances héritées de son maître et de sa dextérité. L’artiste, cet artisan, déjà un peu dévoyé, n’a pas construit de coffre, mais va s’atteler à le reproduire, à copier cet objet sur sa toile. Même si c’est une copie hyper-réaliste, seul un sot pourrait confondre la copie avec l’original. Quant à l’arbre qui a donné le bois pour produire le coffre, les pinceaux ou le chevalet, ni le peintre, ni le menuisier n’a été capable de le créer, pas même de l’imaginer car cela appartient à la Création qui les englobe tous. On voit se dessiner dans cette conception une certaine structure, une hiérarchie dans les attributions de chacun qui nous renvoie à la conception Hégélienne14 de l’art où l’oeuvre d’art est comme la nature, une manifestation du divin, qui s’opère par la médiation de l’homme créateur, mais puisque Dieu a disparu de la conscience des modernistes, ne reste alors que, l’objet et l’égo, d’où la fuite en avant perpétuelle vers des concepts de plus en plus creux dans une logique de recherche de nouveauté. De plus, l’invention de la photo, reproduisant la réalité bien mieux que ne le ferait un peintre, ainsi que l’hégémonie de la société de consommation, l’avancée du laïcisme et de l’individualisme, ont précipité cette rupture dans l’art contemporain. Dans les premiers temps de cette scission, les artistes contemporains ont uploads/s3/ autoportrait-de-la-modernite.pdf
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- Publié le Sep 03, 2021
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