Cléa Bahous Comment construire la musicalité des élèves débutants ? ESM Bourgog

Cléa Bahous Comment construire la musicalité des élèves débutants ? ESM Bourgogne Franche-Comté 2019-2020 1 2 Cléa Bahous Comment construire la musicalité des élèves débutants ? Directeur de mémoire : Jean Tabouret ESM Bourgogne Franche-Comté 2019-2020 3 Je remercie Laurent Boukobza, Nathalie Goliot, Yves Lancien et Julia Hodges, qui ont répondu à mes nombreuses questions et m’ont guidée dans mes recherches. Je remercie également Jean Tabouret, qui m’a poussée à m’ouvrir vers des expérimentations et des apprentissages nouveaux. 4 Sommaire Introduction​…………………………….………………………………….…..……. p. 7 I. La découverte de la musicalité​…………………………....…..……….....…. p. 8 1) L’écoute et la création, vers la construction du son…………………………….. p. 8 2) Comprendre le caractère musical………..……………………………....…….... p. 10 3) Adapter son enseignement en fonction des âges…..……….………………...…. p. 12 II. Le jeu et l’imagination au service de l’expressivité​………….…….…… p. 14 1) Le jeu, un outil pédagogique ?……………………………………………….….. p. 14 2) Le rapport à la partition…………………………………………………….....…. p. 15 3) Le rôle de l’imagination…………………..……………….………………..….... p. 16 4) La pédagogie du projet……...…………………………………………….….….. p. 17 III. La place du corps dans l’approche musicale​….………….…….…....…. p. 21 1) Le rôle du corps et de la respiration…………………………….………….....…. p. 21 2) La méthode Jaques-Dalcroze, la choréologie et le yoga.………......................…. p. 24 Conclusion​ …………………………………………………………...……………..... p. 28 Bibliographie/ Sitographie​..…………………...……………………………....…. p. 30 Annexes​ : Transcription des entretiens………………...…………………...…………………....…. p. 31 Fiche de lecture………………………………………………………………………….. p. 39 5 6 Introduction L’expressivité de la musique nous touche et nous émerveille. C’est ce qui donne un sens à notre travail et à notre recherche. Il me semble que le rôle premier du professeur de musique est d’ouvrir ce monde à ses élèves, et de les pousser vers l’admiration de la musique. C’est pourquoi j’ai décidé de me pencher sur ce sujet dans ce mémoire. Le terme “musicalité” est souvent utilisé pour parler de la qualité du jeu d’un musicien. Mais comment définir la musicalité ? Pour moi, cela désigne l'expressivité, la qualité du jeu et le caractère de la musique. Plus simplement, la musicalité est le fait de transmettre des émotions, propres à la personnalité de chacun, ressenties lorsqu'on joue, ou bien d'en ressentir quand on écoute de la musique. En effet, on peut être musicien sans même savoir jouer d’instrument, on l’est si on sent la musique. C’est une qualité qui peut être présente naturellement chez certains, mais c’est souvent à nous professeurs de la construire et de la transmettre. Chez les débutants, elle passe par le développement de l’écoute, mais aussi du son, lié aux gestes, au toucher, au phrasé et à la respiration. Guider un élève et l’amener vers une construction de sa musicalité demeure assez ardu pour moi en tant que pédagogue. C’est un travail qui dépend de la personnalité de chacun, et le sujet est si vaste que je me demande souvent par où commencer, mais aussi quand commencer ? Y a-t-il des bases que l’apprenti musicien doit apprendre avant d’aborder le sens de la musique ? Ou est-ce possible dès le début ? Et surtout, si oui, comment ? De plus, l’apprentissage de la musicalité soulève beaucoup de questions, car peut-on apprendre à ressentir une émotion ? En se basant sur l’exemple du piano, nous nous demanderons donc ​comment apprendre la musique. En quoi la construction de la musicalité nécessite une adaptation du pédagogue pour chaque élève et par quoi passe-t-elle ? ​Pour étudier ce sujet, nous nous pencherons sur divers ouvrages, et sur les interviews de Laurent Boukobza, professeur de piano à University of Central Florida, Nathalie Goliot, professeur de piano au CRD de Troyes, Yves Lancien, également professeur de piano au CRD de Troyes et Julia Hodges, professeur de piano à Dijon et compositrice de sa propre méthode pour débutants . Nous 1 nous intéresserons tout d’abord à la construction de la musicalité aux différents âges, puis au jeu et à l’imagination en tant qu’outils constructeurs d’expressivité musicale. Enfin, nous nous interrogeons sur la place du corps dans cet apprentissage. 1 Transcription des entretiens en annexe 7 I. La découverte de la musicalité Est-il possible d’amener un élève à s’ouvrir au sens et à la beauté de la musique dès le début de l’apprentissage ? Comment ? Et comment adapter cet apprentissage à chaque élève ? 1) L’écoute et la création, vers la construction du son Chez les enfants, l'éveil musical est un premier pas vers l'apprentissage de la musicalité. C’est une activité qui a justement pour but d’éveiller le goût musical des jeunes enfants et de leur donner envie d’en apprendre davantage sur la musique. En effet, selon son entourage et son éducation, il arrive souvent qu'un élève arrive en cours de piano en ignorant tout ce qui touche à la musique classique, il se peut même qu'il n'en ait jamais écouté. Il faut donc l'amener doucement vers notre culture, en partant de la sienne. Selon François Delalande , la création devrait être la 2 première approche de la musique, avant même l'écoute. L'écoute doit être préparée, et il faudrait d'abord faire naître une envie, une curiosité et une soif d'apprendre chez l'enfant. Sinon, elle sera passive, et la sensibilisation à la musique deviendra plutôt une insensibilisation, car on habitue l'enfant à entendre de la musique sans réellement l'écouter. La première écoute devrait, pour Delalande, être un véritable choc. La création permet cela car nous écoutons toujours plus attentivement une musique qui nous concerne. Pour ces jeux de création, il est possible de privilégier les cours collectifs. George Snyders, auteur de ​L'école peut-elle enseigner les joies de la musique ? , propose par exemple un exercice de mise en musique de la pluie. Il faut d'abord 3 l'écouter finement, puis la reproduire. Cependant, il est primordial de ne pas s'arrêter à une simple imitation mais de transmettre une émotion au travers de la création. Pour ce faire, l'auteur préconise l'écoute de grandes oeuvres, en lien avec le travail, comme ​Jardins sous la pluie de Debussy par exemple. Il faut veiller à ne pas écraser les élèves par le fossé entre leur musique et les chefs d'oeuvres, tout en les laissant réaliser qu'ils ont une marge de progression. Une fois que l'enfant est réceptif et intéressé par la musique, on peut commencer à la lui faire écouter, sous forme de listes de morceaux données chaque semaine par exemple, dont on peut discuter par la suite. Il est souvent mieux de ne pas commencer par quelque chose qui rompt 2 ​François Delalande, ​La musique est un jeu d'enfant​, Ed. Buchet-Chastel, 2003 3 ​Georges Snyders,​ ​L'école peut-elle enseigner les joies de la musique ?​, 1993 8 totalement avec ce qu'il connaît. Pour Laurent Boukobza, parallèlement aux morceaux descriptifs évoqués précédemment, on peut faire écouter de la musique moderne comme Prokofiev ou Bartok aux enfants . Ceux-ci l’apprécient souvent, car il s’agit d’un style très rythmé, plus proche de la 4 musique qu'ils ont l'habitude d'écouter à la radio. J’ai demandé à Albane, jeune élève de 9 ans qui commence le piano en cours particuliers cette année, d’écouter un ou deux morceaux chaque semaine. Puis je l’interrogeais la semaine suivante sur son ressenti, ce qu’elle pensait du morceau et les mots ou les émotions qu’elle mettrait dessus. Cet exercice me permet de déterminer ce qu’elle a appréhendé de la musique depuis le début de son apprentissage hors du cadre du cours de piano, et si son écoute commence à se développer et à être plus précise. De plus, cela élargit sa culture musicale, et je pourrai ensuite faire référence à un des morceaux écoutés en comparaison aux morceaux qu’elle joue actuellement, pour lui faire comprendre certaines émotions musicales. Enfin, cela contribue à construire son écoute musicale. Je lui fait d’abord écouter la première ​Danse Hongroise de Bartok, qu’elle trouve très amusante. Puis je lui parle du ​Nocturne en do dièse mineur de Chopin. Elle le trouve beau et triste, et déclare que tous les morceaux de piano sont beaux ! Ainsi, Albane trouve déjà un sens à la musique, elle en appréhende les caractères. De plus, je vois que la musique lui plaît et je sais que je peux me servir de cela pour son apprentissage pianistique. Enfin, on peut commencer à aborder un aspect très important de la musicalité chez les débutants : le son. En effet, ceux-ci sont maintenant plus familiers avec la musique dite classique, et leur oreille se développe. Ils peuvent donc maintenant commencer à s'écouter véritablement quand ils jouent. La qualité du son est ce qu'on recherche en premier chez un débutant, selon Nathalie Goliot. Heinrich Neuhaus disait lui-même : “ les trois-quart de mon enseignement sont consacrés au travail du son.” C'est donc l’apprentissage sur lequel se basera tout ce qu'il fera dans les années à 5 venir. Pour développer le son, et éveiller l’attention de l’élève sur ce qu’il produit, Nathalie propose des jeux d’improvisation. J’ai proposé à Madeleine, 8 ans, de faire une improvisation lente, en écoutant le plus possible la qualité du son. Elle a eu des difficultés à improviser, car elle s’amusait à jouer partout sur le clavier sans écouter. En effet, l’improvisation est souvent une découverte amusante pour les uploads/s3/ bahous-memoire 3 .pdf

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