LUDWIG VAN BEETHOVEN PIANO TRIOS OP.70 NO.2, OP.97 ‘ARCHDUKE’ ALEXANDER MELNIKO
LUDWIG VAN BEETHOVEN PIANO TRIOS OP.70 NO.2, OP.97 ‘ARCHDUKE’ ALEXANDER MELNIKOV, PIANO ISABELLE FAUST, VIOLIN JEAN-GUIHEN QUEYRAS, CELLO FRANZ LISZT LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770-1827) Trio for piano, violin and cello no.6 in E flat major / Mi bémol majeur / Es-Dur, op.70 no.2 1 | I. Poco sostenuto - Allegro ma non troppo 10’18 2 | II. Allegretto 5’16 3 | III. Allegretto ma non troppo 6’32 4 | IV. Finale - Allegro 7’57 Trio for piano, violin and cello no.7 (‘Archduke’) in B flat major / Si bémol majeur / B-Dur, op.97 5 | I. Allegro moderato 12’57 6 | II. Scherzo - Allegro 6’16 7 | III. Andante cantabile, ma però con moto 11’18 8 | IV. Allegro moderato - Presto 6’55 Alexander Melnikov Fortepiano Alois Graff, c. 1828, restored by Edwin Beunk, Collection Alexander Melnikov Isabelle Faust Violin “Sleeping Beauty” Stradivarius ,1704, lent by L-Bank Baden Württemberg Jean-Guihen Queyras, Cello Geoffredo Cappa, 1696, lent by Mécénat Musical Société Générale 3 français Trios opus 70 no 2 et opus 97 Si Beethoven sut très tôt se faire remarquer comme pianiste-virtuose et improvisateur hors pair, cela ne faisait pas de lui un compositeur. Heureusement ses premières œuvres publiées à l’âge de 13 ans lui ouvrirent les portes du comte Waldstein qui recommanda le jeune homme auprès de Joseph Haydn afin d’y recueillir le “génie de Mozart” des mains du vieux maître. L’entente entre le “Grand Mogol” et “Papa Haydn” fut relativement cordiale. Ce fut possiblement ce dernier qui encouragea son élève à s’essayer dans le genre du trio pour piano, violon et violoncelle. Haydn, qui n’eut de cesse d’enrichir le répertoire pour cette formation instrumentale entre 1755 et 1795, cherchait peut-être à se mesurer à un jeune auteur, ainsi qu’il l’avait fait quelques années plus tôt avec Mozart sur le terrain du quatuor à cordes. Si l’opus 1 fait preuve d’une imagination débordante, propre à stimuler Haydn, les deux œuvres de l’opus 70, rédigées en 1808-1809 et publiées en août 1809 à Leipzig chez Breitkopf et Härtel, sont plus sages, mieux maîtrisées et apparaissent comme le précipité chimico-musical d’un amour passionné du musicien pour leur dédicataire, la liebe Anna Marie Erdödy. Cette jeune comtesse hongroise à la santé fragile, mariée malgré elle à un mari dont elle se débarrassa vite, rencontra le Maître chez le baron Gottfried van Swieten et lui offrit un gîte dans sa propre maison en 1808. Un témoignage contemporain conserve le souvenir d’une soirée où Beethoven, en jouant l’un des trios opus 70, suscita en Marie une “jouissance tendre et enthousiaste à chaque trait d’une belle audace”. Le trio opus 70 n°2 en Mi bémol majeur débute par un Allegro ma non troppo précédé d’une introduction lente — mêlant contrepoint désuet et desseins plus modernes — qui revient en guise de conclusion et fournit le matériau mélodique de la transition entre le premier et le second groupe thématique de la forme-sonate. Dans cette page, les mélodies — légères, élancées, élégantes et gracieuses — ne sont guère contrastées, mais environnées de couleurs harmoniques variées et parfois inattendues. Si l’on peut deviner dans cette unité des motifs l’union heureuse des deux amants rêvée par Beethoven, on peut encore imaginer leur complémentarité dans l’Allegretto : deux thèmes énoncés dans la même tonalité de do, mais l’un en majeur l’autre en mineur, sont alternativement variés en un style bon enfant, celui du Beethoven espiègle et décontracté. (Le Maître de Bonn aurait-il pris la symphonie Roulement de timbale de Haydn pour modèle, ainsi que certains le suggèrent ?) Le troisième mouvement est un langoureux Allegretto ma non troppo à l’atmosphère schubertienne, avec ici et là quelques accents dont Brahms sut se souvenir. Il fait alterner deux fois une sorte de menuet avec son trio et s’achève par une conclusion diaphane. Finale : un Allegro joyeux, énergique et étincelant dans le développement duquel le compositeur fait entendre — dixit Czerny — des mélodies populaires entendues en Hongrie : douce attention à l’égard de la chère comtesse ! À l’audition de cet opus 70, Hoffmann en vint à conclure que “Beethoven porte au fond de son âme l’esprit romantique de la musique” : on y trouve en effet beaucoup de traits, notamment dans les enchaînements harmoniques, que l’auteur exploita dans ses derniers ouvrages et légua à ses successeurs. Cet esprit romantique est encore plus sensible dans le trio opus 97 dédié à l’archiduc Rodolphe, lui-même excellent pianiste et l’un des plus fervents admirateurs de Beethoven. Esquissé en 1810 lors d’une période moralement difficile, ce trio L’Archiduc fut semble-t-il terminé dans le courant du premier trimestre 1811. L’opus 97 fut révisé vers 1814-15 et publié après diverses tractations en septembre 1816 simultanément chez Steiner à Vienne et Birchall à Londres. Il fut exécuté pour la première fois avec Beethoven au piano le 11 avril 1814 lors d’un concert de bienfaisance. L’opus 97 marque une étape dans la période dite “héroïque”, en particulier par l’ampleur de ses développements motiviques, son caractère détendu et son traitement rythmique. Peu de temps avant sa mort, en février 1827, Anton Felix Schindler et Beethoven eurent un entretien au cours duquel le dévoué (et encombrant) élève fit part à son Maître de sa lecture du trio, sans que l’on sache vraiment si l’auteur y adhéra : “Le premier temps ne rêve que de bonheur et de contentement. Il y a aussi de la malice, une plaisanterie sereine et du caprice, “beethovénien” avec [votre] permission. Dans le deuxième mouvement, le héros est au comble de la béatitude. Dans le troisième, le bonheur se transforme en émotion, souffrance et prière, etc. Je considère l’Andante l’idéal le plus élevé de la sainteté et du divin. Ici les paroles ne signifient rien, elles sont de mauvaises servantes des paroles divines qu’exprime la musique”. L’Allegro moderato est d’une exquise sérénité exprimée à l’aide d’une texture épaisse (nombreux accords, doubles-cordes au violon et au violoncelle). Il oppose une mélodie en Si bémol majeur, dont le lyrisme évoque celle ouvrant la sonate D. 960 de Schubert, à une autre idée en Sol majeur qui semble empruntée au premier mouvement du concerto pour piano opus 58 (1804-07). Un long et riche développement — construit à partir de la mélodie lyrique et des motifs en triolets de la transition et de la conclusion de l’exposition — favorise un dialogue très serré entre tous les instruments, comme dans le triple concerto opus 56 (1804- 1805). La réexposition, elle, fait à nouveau entendre le thème principal, d’abord légèrement ornementé puis fortissimo. Le scherzo, très ample lui aussi, est d’une raideur toute apparente et ménage de brefs passages aux cordes seules. Il obéit à une structure peu commune, répétant deux fois le module scherzo/trio 1/trio 2 avant de poursuivre par une longue conclusion. Par ailleurs, la variété de la texture et de l’écriture y est remarquable : Beethoven y transcende de banals motifs (une gamme et une formule de cadence) en de petits chefs-d’œuvre d’humour et de poésie, et s’amuse à accoler un embryonnaire fugato chromatique en si bémol mineur (trio 1) à une valse miniature en Ré bémol majeur (trio 2). Le mouvement tracks plages cd 4 français lent en Ré majeur offre un magnifique cycle de cinq variations sur un thème très épuré, sans cesse métamorphosé et ornementé, dont certains moments semblent déjà faire écho aux variations Diabelli opus 120 et à l’Arietta de la sonate opus 111 (1820-1822). Une subtile transition permet d’enchaîner cette page ravissante au rondo-sonate final, un Allegro moderato aux accents populaires, voire tziganes, particulièrement étendu et d’une irrésistible gaieté, conduisant à une conclusion enjouée Presto. Avec l’opus 70 n°2 et L’Archiduc, le genre du trio pour piano et cordes s’enrichissait d’un pathos dramatique jusqu’alors réservé aux œuvres lyriques, conférant à la musique instrumentale un statut poétique qui en fit le réceptacle privilégié des compositeurs romantiques. Le Maître de Bonn ouvrait ainsi la voie aux trios de Mendelssohn, de Schumann et de Brahms qui sacrifièrent avec déférence à l’autel de celui qui fut et resta le plus grand “problème” du siècle : en effet, et comme le formula jadis Alfred Einstein, que faire “après et d’après Beethoven” ? JEAN-PAUL MONTAGNIER 4 tracks plages cd tracks plages cd 5 english Beethoven: Trios for piano, violin, and cello The piano trio is, like the string quartet, an invention of ‘Viennese Classicism’. But while equality for all four instruments was on the agenda even in the early days of the quartet genre, especially in the works of Viennese composers, it was to be a long time before it was taken for granted that violin, cello and piano should behave as partners on an equal footing in the trio. Right up to the time of Beethoven, piano trios were regarded as ‘accompanied piano sonatas’: the piano, the principal repository of the compositional substance of a piece, formed the centre of the instrumental texture, with violin and cello grouped around it. The stringed instruments were assigned coloristic rather than structural tasks. uploads/s3/ beethoven-piano-trios-op-70-no-2-op-97.pdf
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- Publié le Aoû 21, 2022
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