Dossiers pédagogiques Parcours exposition BERTRAND LAVIER DEPUIS 1969 Du 26 sep
Dossiers pédagogiques Parcours exposition BERTRAND LAVIER DEPUIS 1969 Du 26 septembre 2012 au 7 janvier 2013, Galerie 2, niveau 6 La Bocca/Bosch, 2005 Canapé sur congélateur 85 x 212 x 87 cm (canapé) 86 x 157 x 70 cm (congélateur) Kewenig Galerie, Cologne Introduction Une œuvre simplement compliquée Biographie Un horticulteur dans l'art Parcours de l'exposition Zone 1. Baft III, 2011. Steinway & Sons, 1987. Brandt/Haffner, 1984 Zone 2. Mandarine par Duco et Ripolin, 1994. Polished, 1976 Zone 3. La Bocca/Bosch, 2005. Giulietta, 1993 Zone 4. Chuck McTruck, 1995. Mamba (Boli), 2008 Zone 5. Photo-relief n°1, 1989. Composition bleue, jaune et blanche, 2003 Zone 6. Four Darks in Red, vue d'exposition, 2004. Walt Disney Productions, vue d'exposition, 2002 Entretien avec Michel Gauthier, conservateur au Musée national d'art moderne et commissaire de l'exposition Repères chronologiques Bibliographie sélective INTRODUCTION UNE ŒUVRE SIMPLEMENT COMPLIQUÉE Après les expositions consacrées à Pierre Soulages et à François Morellet, le Musée national d'art moderne poursuit son exploration des grandes figures de l'art contemporain en France avec la rétrospective Bertrand Lavier, depuis 1969. Rassemblant des pièces réalisées depuis les tout débuts de l'artiste − il n'a que 20 ans lorsqu'il peint la vigne vierge d'une maison de famille − jusqu'à des œuvres de 2012, cette exposition propose de découvrir la richesse d'un travail à la fois facilement accessible et extrêmement complexe. Les pièces de Lavier peuvent en effet être saisies de manière très immédiate tant les éléments de son vocabulaire nous sont familiers et les procédés simples. Mais, en s'y attardant, on s'aperçoit qu'elles cristallisent des problématiques précises au sein de l'histoire de l'art et par rapport à notre époque. L'artiste s'empare de poncifs de l'art moderne tels que la touche de peinture « à la Van Gogh », le readymade, le cloisonnement des disciplines, pour les déplacer, les retourner, les remixer ensemble. Puis, ses objets superposés, peints, re-fabriqués dans différents matériaux interrogent plus globalement notre civilisation post-industrielle où la production en série, y compris des objets de valeur, est devenue une banalité, laissant peu de place à la nouveauté. En somme, Bertrand Lavier remet en cause les bases du modernisme. Mais il le fait sans s'en désoler, en proposant, souvent avec humour et un grand sens de l'esthétique, de ré-agencer l'existant. Comme le souligne Michel Gauthier, « Bertrand Lavier est un postmoderne heureux ». Cette position se traduit dans le parcours de l'exposition par un accrochage thématique où chacune des six « zones » rapproche des œuvres a priori éloignées mais traitant de questions qui traversent de part en part le travail de l'artiste. La première zone pose la méthode de travail inspirée de la greffe que Bertrand Lavier a tirée de sa formation d'ingénieur horticole. Ensuite, viennent le thème du décalage entre les mots et les choses, celui du détournement du readymade duchampien, du musée ethnographique, du cadrage photographique et de la transposition. Mais les œuvres se répondant les unes aux autres, le visiteur peut aussi créer son propre parcours en repartant depuis la fin redécouvrir les œuvres qu'il aura vues au début. Plan de l'exposition Bertrand Lavier Architecte : Camille Excoffon Télécharger le plan de l'exposition (PDF, 782ko) BIOGRAPHIE UN HORTICULTEUR DANS L'ART Bertrand Lavier est né le 14 juin 1949 à Chatillon-sur-Seine (Côte-d'Or). C'est sur le trajet de son domicile dans le 6e arrondissement de Paris à l'École nationale supérieure d'horticulture de Versailles qu'il découvre l'art à la fin des années 1960. Il passe en effet tous les jours rue Bonaparte devant la Galerie Daniel Templon où sont exposés les grands artistes de l'époque, Joseph Kosuth, Dennis Oppenheim... Très vite, il commence à réaliser des œuvres inspirées de leurs travaux. Fort de ces premières tentatives, il rend visite à Pierre Restany, rencontre Catherine Millet. Avec elle, il assiste même le 6 novembre 1969 à la célèbre Messe pour un corps, action au cours de laquelle l'artiste Michel Journiac donne à manger à l'assemblée présente du boudin fait avec son propre sang. En 1971, ayant achevé ses études d'ingénieur horticole, il travaille comme paysagiste dans le cadre de l'aménagement de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée et, parallèlement, participe à des expositions de groupe. Il se lie d'amitié avec des artistes tels que Jean-Pierre Raynaud qui, comme lui, a étudié l'horticulture, et Niele Toroni dont le travail − la répétition d'une trace de pinceau identique − lui donnera des idées. Les objets peints, classeur, armoire, piano, etc., qu'il commence à réaliser en 1980 seront un prolongement des coups de pinceau de Toroni. Cet ensemble constitue l'un des principaux « chantiers » de Lavier, terme qu'il utilise pour indiquer l'ouverture permanente et toujours en quête de ces ensembles. Contrairement aux artistes qui travaillent par séries, il ne procède en effet pas par étapes ni progression, mais traite de questions récurrentes, en passant sans cesse d'un type d'œuvres à un autre. En 1984, il inaugure un autre chantier conséquent, celui des objets superposés, qui sont une traduction de l'opération de la greffe horticole à l'art. D'autres chantiers voient tour à tour le jour, les Walt Disney Productions, les reprises de Frank Stella, accompagnés d'une autre constante, son goût pour les transpositions d'un univers, d'un matériau à un autre. C'est ainsi qu'il a récemment réalisé en moquette une pièce représentant une portion de terrain de basket qui existait déjà en parquet et en céramique. Pour cette exposition, il a fait mouler en bronze nickelé une statuette de Christ en bois de la fin du 19e siècle. PARCOURS DE L'EXPOSITION ZONE 1, « 1+1 » UNE TRANSPOSITION ARTISTIQUE DE LA GREFFE HORTICOLE Le premier espace permet de découvrir, à travers quelques exemples variés, la « méthode » de Bertrand Lavier qui consiste à expérimenter des hybridations de différentes sortes, comme il apprenait à les pratiquer lors de ses études d’horticulture. Baft III, 2011 Tubes de néon, 209 x 277 x 18,5 cm Galerie Xavier Hufkens, Bruxelles Séduisante comme une enseigne lumineuse digne des nuits new- yorkaises, Baft III suggère en réalité une savante réflexion sur l'histoire de l'art contemporain. Mi-peinture, mi-sculpture, elle fait partie d'une série inaugurée en 2003 dans laquelle l'artiste reprend des tableaux de Frank Stella en remplaçant la peinture par des néons à la Dan Flavin. Plus précisément, Lavier s'inspire d'un groupe très particulier d'œuvres de Stella de la première moitié des années 1960, rassemblées sous le nom de Persian Paintings, chacune étant intitulée du nom d'une ville iranienne, ici Baft. Comme toutes les toiles peintes par l'Américain à l'époque, ces Persian Paintings sont des « Shaped Canvas », toiles caractérisées par des contours irréguliers que détermine un motif interne de bandes colorées. Mais à la différence des autres « Shaped Canvas », habituellement de couleurs neutres, celles-ci sont recouvertes de peintures fluorescentes qui leur procurent une luminosité inattendue. En remplaçant l'illusion de lumière émanant de la peinture fluo par la lumière réelle des néons, Lavier pousse à son terme la logique prônée par Stella dans sa célèbre déclaration « what you see is what you see ». Ou, inviterait-il, au contraire, à penser que le peintre américain lui- même s'amuse de cette exigence qu'il s'impose? Les couleurs fluorescentes qui donnent du relief aux toiles les font échapper à la bidimensionnalité, ce qui va à l’encontre du critère de littéralité du tableau. Grâce à l'hybridation entre peinture et sculpture de néon, Lavier souligne cette tension au cœur de l'œuvre de Stella. Pour en savoir plus sur les Shaped Canvas de Frank Stella Steinway & Sons, 1987 Vue de l'exposition « Bertrand Lavier », Castello di Rivoli-Museo d'Arte Contemporaneo, Rivoli - Turin, 1996 Peinture acrylique sur piano, 106 x 151 x 180 cm Steinway & Sons explore une autre forme d'hybridation entre peinture et sculpture. L'œuvre appartient au chantier des objets peints ouvert depuis 1980, dans lequel l'artiste s'empare aussi bien d'une armoire, d'un appareil photo, que de tableaux ou encore de pianos, qu'il recouvre d'une peinture identique à la couleur de leur surface, jusque dans les moindres détails. Lavier affirme qu'avec ces œuvres, il peint « sur le motif », prenant au sens le plus littéral l'expression employée par les peintres de la fin du 19e siècle qui partaient peindre la nature sur place. C'est sa manière de répondre au contexte artistique des années 1980 qui assiste à un retour à la peinture figurative des plus classiques. Jouant avec les mots et les concepts, Lavier peint ou représente bel et bien un piano, en peignant sur le piano. Ainsi, Steinway & Sons se présente exactement comme l'instrument originel, avec ses touches noires et blanches repeintes, la marque inscrite en doré précisément recouverte... la seule différence consistant, comme pour tous les objets de la série, dans l'épaisseur de la couche de peinture qui provoque un léger trouble dans la perception du spectateur. Car, contrairement à la couleur qui reste fidèle à l'apparence de l'objet, la matière picturale se fait allègrement remarquer grâce aux grosses touches de pinceau bien visibles que Lavier qualifie de « à la Van Gogh ». Humour à propos de l'attachement des amateurs d'art à uploads/s3/ bertrand-lavier-depuis-1969.pdf
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- Publié le Fev 05, 2021
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