BIBLIOTHÈQVE NATIONALE REMBRANDT GRAVEUR BIBLIOTHÈQVE NATIONALE Galerie Mansart

BIBLIOTHÈQVE NATIONALE REMBRANDT GRAVEUR BIBLIOTHÈQVE NATIONALE Galerie Mansart REMBRANDT GRAVEUR 350e ANNIVERSAIRE DE SA NAISSANCE PRÉFACE Pour donner un éclat exceptionnel à la commémoration du trois cent cinquantième anniversaire de la naissance de Rembrandt, le Rijksmuseum d'Amsterdam a pu ajouter à l'en- semble si riche formé par les fonds des musées hollandais l'apport de plusieurs collections étrangères ; ainsi a été pré- paré, pour de courtes mais fécondes confrontations, un ras- semblement de cent un tableaux, deux cent cinquante-six dessins, de cent vingt-deux gravures, qui sera présenté ensuite dans le beau musée de Rotterdam. Mais l'oeuvre de Rembrandt est si abondante que d'au- tres pays ont pu organiser de leur côté des expositions, plus modestes assurément, mais cependant bien importantes si l'on veut comprendre comment, franchissant à la fois les fron- tières des Etats et les limites strictes des écoles, elle s'est répan- due dans le monde. C'est ainsi qu'en Pologne se tiennent au Musée national de Varsovie une exposition de peintures de Rembrandt et de ses contemporains et une exposition de des- sins et d'eaux-fortes, au Musée de. Poznan une exposition consacrée au Portrait hollandais dans les collections polo- naises, qui comprend quatre-vingt-dix toiles, dont trois de Rembrandt. A Moscou s'est ouverte en mai, au Musée Pouch- kine, une exposition dans laquelle figurent notamment les toiles qui sont venues de Hollande en échange des six chefs- d'oeuvre de l'Ermitage prêtés à Amsterdam. La Technische Hochschule de Zurich a groupé l'ensemble des eaux-fortes ; 6 REMBRANDT l'Albertina de Vienne prépare une importante exposition de dessins. Le Print Room du British Museum de Londres a puisé dans ses riches collections la matière d'une exposition de gravures et de dessins consacrée à Rembrandt et à son école. Cette liste est sans doute incomplète, et il faudra y ajouter dans les mois qui viennent. La France devait s'associer à un hommage qui sera bientôt universel. Elle présente à cette occasion l'oeuvre du maître unique qui a renouvelé l'art de la gravure dans sa technique comme dans son esprit et lui a ouvert des voies nouvelles. Le Cabinet des Estampes, pour des motifs qu'expose plus loin son conservateur, M. Jean Vallery-Radot, possède de cet oeuvre un ensemble constitué de bonne heure, à la fois abon- dant et riche en états parfaits et rares, que les amateurs con- naissent bien, mais que le public n'a pu voir tout entier depuis l'exposition de dessins et de gravures qui se tint en 1908 dans les locaux récemment construits le long de la rue Vivienne. On consulte encore avec un grand intérêt le catalogue qui fut rédigé alors par le conservateur François Courboin et ses col- laborateurs, Joseph Guibert et P.-A. Lemoisne. Ce dernier, qui fut longtemps à son tour le conservateur du Cabinet des Estampes, veut bien encore lui apporter ses précieux conseils. On avait adopté le classement par sujets, que l'on répartissait en douze sections, classement ingénieux, qui permettait des rapprochements parfois piquants, mais qui ne permettait pas de suivre l'artiste dans son évolution. Le catalogue de la présente exposition, établi par M. Jean Adhémar, traduit le classement chronologique qui a été adopté. On a voulu qu'il demeurât sommaire parce qu'il était aisé de renvoyer aux beaux ouvrages de M. Hind, du British Museum, puis de M. Biörklund, qui ont mis au point les recherches que des générations d'historiens, de critiques, d'ar- tistes, d'amateurs ont poursuivies depuis le milieu du XVIIIe siècle. Tous ces travaux se proposaient d'éliminer de l'oeuvre de Rembrandt les pièces contestables; on a pu noter à cet PRÉFACE 7 égard, des alternatives de sévérité et d'indulgence, mais l'épu- ration souhaitée s'est faite. Bartsch, dans son catalogue rai- sonné paru à Vienne en 1797 comptait trois cent soixante- quinze pièces, en suivant la méthode de Gersaint telle qu'elle avait été définie par lui en 1751 d'après l'origine des pièces et les collections auxquelles elles avaient appartenu. M. Biö- klund n'en retient plus que deux cent quatre-vingt-dix-neuf, auxquelles il en ajoute, il est vrai, quatre-vingt-dix-huit, qui lui paraissent douteuses. Nous avons limité à une centaine le choix des gravures exposées. Nous y avons joint quelques des- sins provenant de la riche collection du Louvre, que Madame Bouchot-Saupique nous a confiés, en même temps que, grâce à M. Germain Bazin, nous pouvions évoquer le peintre lui- même par son portrait de 1634, dit L'Homme à la chaîne d'or, qui, au centre de la Galerie Mansart, domine les chefs-d'oeu- vre tracés par sa pointe. Rembrandt a gravé pendant près de quarante ans. Le graveur ne peut être séparé du peintre. Il faut les suivre l'un et l'autre conjointement dans leur ascension, dans leur effort pour dépasser la technique, la perfection dans le métier bientôt acquise, pour accéder à la liberté véritable du trait, des formes, des volumes, pour traduire la lumière avec plus de vérité profonde que par une simple opposition du blanc et du noir, du clair et de l'obscur. On a beaucoup écrit sur Rembrandt comme sur tous les maîtres. En ce qui concerne son oeuvre gravé où il sut, comme on l'a si bien dit, faire « rayonner le papier blanc », il n'est pas sûr qu'il appelle un long commentaire. Ce sont des rassemblements comme celui-ci, où il parle seul, qui font le mieux connaître une richesse, une variété, une perfection dans l'invention qui ne devaient plus être égalées. JULIEN CAIN, Membre de l'Institut, Administrateur général de la Bibliothèque Nationale. INTRODUCTION Parmi les amateurs qui collectionnèrent les eaux-fortes de Rembrandt du vivant même du maître, figure en bonne place l'abbé de Marolles. Dans le catalogue de sa célèbre collection qu'il fit imprimer en 1666, l'année de la mort du maître d'Amsterdam, on lit en effet la mention suivante à la notice Rhinbrand : « L'oeuvre de ce peintre et graveur Holandois consiste en force pièces dont j'ay recueilly dans ce volume jusques au nombre de 224, où il y a des portraits et des caprices fort curieux. » L'année suivante, Colbert acquérait en bloc pour le compte de Louis XIV, la collection de Marolles, noyau du Cabinet des Estampes. C'est ainsi que, dès son origine, cet établissement possé- dait les trois quarts de l'oeuvre gravé de Rembrandt. L'inventaire manuscrit qui figure à l'exposition en précise le détail. Un autre oeuvre de Rembrandt fut acquis en 1731 avec la collec- tion Béringhen. Le garde des estampes, alors en charge, Hugues- Adrien Joly, fondit ces deux oeuvres en un seul, ne conservant des pièces réunies par l'abbé de Marolles que « celles qui se sont trouvées en plus, ou en plus belles épreuves », et échangea le surplus. Il augmenta cet oeuvre des eaux-fortes achetées à la vente Mariette en 1775, et acquit enfin en 1784 la collection des eaux- fortes de Rembrandt que Peters avait employé une trentaine d'années à réunir. Ainsi se constitua l'essentiel de l'oeuvre gravé de Rembrandt conservé au Cabinet des Estampes. Le 350e anniversaire de la naissance du maître fournit l'occasion d'en présenter un choix. Cette présentation est chronologique. C'est la seule en effet qui permette de suivre les grandes étapes de l'évolution du plus grand aquafortiste qui fût jamais. A Leyde d'abord, où il commence à graver vers la vingtième année, puis au début de son établissement à Amsterdam, où il se 10 REMBRANDT fixe en 1633, et qu'il ne quittera plus jusqu'à sa mort, le jeune artiste, déjà marqué de la touche du génie, fait voltiger sa pointe sur le vernis, l'égratignant de vrilles, de zigzags, de dents de scie, de griffonis qui campent avec une autorité magistrale, sur le fond resté vierge de travaux, des mendiants, des gueux, des portraits et quelques rares scènes de l'Ecriture Sainte. C'est déjà le triomphe de l'eau-forte libre dans l'esprit de la gravure moderne. Depuis la Leçon d'anatomie du professeur Tulp (1632), Rembrandt est connu, et reçoit de nombreuses commandes. En 1634, il épouse Saskia van Uylenborch qu'il représentera si souvent dans ses des- sins, ses eaux-fortes, ses peintures. Les scènes de genre, les épisodes bibliques, les portraits se multi- plient dans son oeuvre dont le style demeure encore empreint de l'esprit baroque. Il revêt ses modèles de travestissements somptueux et s'en pare lui-même. Le Christ devant Pilote est présenté dans une mise en scène théâtrale. A partir de 1640, le paysage traité pour lui-même fait son appa- rition. Il s'enlève, comme la plupart des portraits gravés jusqu'alors, sur le fond blanc de l'épreuve, le ciel demeurant sans travaux. Mais l'artiste, qui avait déjà fait en peinture la conquête du clair- obscur, se livre maintenant aux mêmes recherches en gravure, et usera de plus en plus fréquemment de la pointe-sèche rarement employée auparavant. En 1643, il rend, par un véritable coup de maître, dans la célèbre eau-forte Paysage aux trois arbres, un fugitif effet atmos- phérique — rayons et ombres — qu'il avait déjà traité en peinture quelques années auparavant, en 1638, dans le Paysage par temps d'orage. La même recherche se fait également jour dans ses portraits gravés. Les fines tailles croisées et recroisées d'un métier d'une science telle uploads/s3/ catalogo-rembrandt.pdf

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