THOMAS HUOT MARCHAND 1 DE MAINS EN MAINS 2 transmission création variation GRAP

THOMAS HUOT MARCHAND 1 DE MAINS EN MAINS 2 transmission création variation GRAPHISME EN FRANCE * De main en main, 4 Thomas Huot-Marchand Renouveau, 66 Sébastien Morlighem L’avenir est variable, 126 Indra Kupferschmid Calendrier 178 Publications 216 Prix 223 3 2 Thomas Huot-Marchand, designer et directeur de l’Atelier national de recherche typographique (ANRT) à Nancy, revient sur les différentes formations et sur les personnalités qui ont contribué à transmettre les savoir-faire et l’histoire de la typographie en France. Sébastien Morlighem, docteur en histoire de la typographie et enseignant, partage sa vision de la création typographique, des fonderies et des nombreuses initiatives qui ont cours depuis une dizaine d’années, montrant une réelle dynamique de la scène française qui bénéficie, en outre, d’une reconnaissance internationale. Enfin, Indra Kupferschmid, designer et chercheuse allemande, nous invite à comprendre l’enjeu que représentent les fontes variables, évolution tech- nologique récente qui est mise en regard de l’histoire des différents formats ayant accompagné la création de caractères typographiques depuis trente ans. Cette nouvelle édition de Graphisme en France a été imaginée par Rozenn Voyer et Clément Faydit, récemment diplômés de l’École nationale supé- rieure des beaux-arts de Lyon. Ils ont conçu un objet éditorial souple dans un format qui facilite l’accès aux contenus, textes, lettres et images. L’en- semble est composé avec les caractères typographiques Henry de Matthieu Cortat et Figure d’Alain Papazian. Graphisme en France c’est aussi un calendrier – part importante de cette parution en ce qu’elle représente un réseau de diffusion national engagé, porteur de nombreuses initiatives et événements –, une liste de prix remis aux graphistes et typographes et de publications en français. Le Centre national des arts plastiques est résolument investi dans ce champ de la création. Rappelons les commandes des caractères typographiques Infini de Sandrine Nugue et Faune d’Alice Savoie, qui ont permis par leur diffusion d’attirer l’attention d’un large public sur la création typographique en France. Soulignons enfin que le Cnap acquiert régulièrement des carac- tères typographiques pour sa collection afin de constituer des ensembles et de conserver les processus à l’œuvre dans ce champ dynamique de la création contemporaine. Yves Robert, directeur du Centre national des arts plastiques GRAPHISME EN FRANCE Dix ans se sont écoulés depuis la parution, en 2009, d’un numéro de Graphisme en France entièrement consacré à la typographie, lui-même faisant suite à l’édition de 1999 dans laquelle il était déjà question de ce domaine et de ses évolutions. Les changements ont été nombreux ces dix dernières années : dans l’ensei- gnement, qui s’est consolidé et au sein duquel la recherche se développe, dans la création et la diffusion de caractères typographiques, qui sont en pleine expansion, et dans le développement des outils accompagnant les mutations des usages numériques. C’est ce dont il question dans ce vingt-cinquième numéro. ÉDITORIAL 5 4 THOMAS HUOT-MARCHAND La remarquable vitalité dont témoigne aujourd’hui la création typogra- phique en France est à mettre au crédit du développement et de la structu- ration de son enseignement. Cette transmission, autrefois assurée au sein des fonderies, a progressivement gagné les écoles d’art et de design. Ce savoir-faire naguère si rare, et qui manque de disparaître en France à la fin des années 1970, se transmet aujourd’hui de main en main : sans viser la lointaine Antiquité appelée par Marguerite Yourcenar, cette contribution pose un regard rétrospectif sur les origines de cette relance et sur le rôle d’un ensemble de passeurs, tour à tour élèves et enseignants, qui ont permis de maintenir ce fil ininterrompu. De main en main. La transmission de la création de caractères en France, 1979 – 2019 « Le même problème considéré en termes de générations humaines ; deux douzaines de paires de mains décharnées, quelque vingt-cinq vieillards suffiraient pour établir un contact ininterrompu entre Hadrien et nous. » Marguerite Yourcenar, Carnets de notes des Mémoires d’Hadrien, Plon, 1958. * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * * Depuis la fin de ses études aux Beaux-Arts de Besançon et de Madrid, puis à l’Atelier national de recherche typographique (ANRT), Thomas Huot-Marchand (né en 1977) partage son temps entre l’enseignement, la création de caractères typographiques et le design graphique. Après avoir enseigné pendant neuf ans à l’Institut supérieur des beaux-arts de Besançon et à l’École d’art et de design d’Amiens, il a été nommé en 2012 directeur de l’ANRT, à Nancy. Il vit et travaille à Besançon où son activité de graphiste se développe principalement dans le milieu culturel. Minuscule, un caractère qu’il a dessiné pour les très petits corps, a reçu de nombreux prix internationaux (Type Directors Club de New York en 2005) et a été désigné en 2010 comme l’une des « Ten Typefaces of the Decade ». Minérale, son second caractère publié chez 205TF, a reçu le Certificate of Typographic Excellence du TDC en 2018. Pensionnaire à l’Académie de France à Rome – Villa Médicis en 2006 – 2007, il sera de mai à juillet 2019, typographe en résidence au Hoffmitz Milken Center for Typogra- phy de Pasadena. Depuis 2010, Thomas Huot-Marchand est membre de l’Alliance graphique internationale. 7 6 admirable collection, Garamont – Luce – Grandjean etc… Le seul graveur actuel travaillant à l’Imprimerie nationale doit atteindre la retraite dans quelques semaines. » Et de conclure : « À l’école améri- caine de typographie, le moment n’est-il pas venu d’opposer une école française, et n’appartient-il pas à l’Imprimerie nationale d’en prendre l’initiative ? » THOMAS HUOT-MARCHAND Ladislas Mandel au studio de création de la fonderie Deberny & Peignot, 1956. Photographie Albert Boton. Collection personnelle. Albert Boton au studio de création de la fonderie Deberny & Peignot, 1956. Photographie Ladislas Mandel. Collection personnelle. 1979 : la typographie française moribonde À la fin des années 1970, la typographie française est sur le point de disparaître. Cet effondrement est la conséquence de plusieurs rendez-vous manqués, dont les sources peuvent être identifiées dès le début du xxe siècle. Rendez-vous manqué avec la composition mécanique, qui creuse progres- sivement l’écart entre l’industrie typographique française et ses concurrents étrangers, mais également avec le modernisme, qui renforce l’isolement (voire l’isolationnisme) de la création française à l’égard du souffle nouveau qui traverse l’Europe de l’entre-deux-guerres. Paradoxalement, les années 1950 avaient été le théâtre d’une embellie spec- taculaire, avec l’engagement ambitieux de Charles Peignot en direction de la photocomposition, les créations emblématiques d’Adrian Frutiger pour Deberny & Peignot, de Roger Excoffon pour la fonderie Olive, ou encore l’arrivée de nouveaux acteurs tels qu’Albert Hollenstein, dans le phototi- trage. Une embellie en forme de chant du cygne : dans les années 1970, les principales fonderies françaises ferment leurs portes1. Une situation alarmante, que détaille Charles Peignot dans une note inti- tulée « État de la création typographique en France », transmise en octobre 1979 à Georges Bonnin, directeur de l’Imprimerie nationale2, dernier lieu, à l’époque, où la création de caractères est toujours pratiquée. Charles Peignot déclare : « L’Imprimerie nationale dispose d’un seul graveur, ancien apprenti des fonderies D&P. Le moment est venu pour elle de lui adjoindre 1 ou 2 apprentis, non seulement pour créer de nouvelles séries, mais pour assurer l’entretien des poinçons d’intérêt historique qui constituent son DE MAIN EN MAIN 1. Voir à ce sujet la dissertation d' Alice Savoie au MATD de l'Univer- sité de Reading, French Type Foundries in the Twentieth Century. Causes and Consequences of their Demise, septembre 2007, consultable sur www.typeculture.com. 2. Ce courrier est intégralement reproduit dans le catalogue Atelier national de recherche typographique ANRT. Archives 1985 – 2006, Dijon, Les Presses du réel, 2016, p.40–43. 9 8 DE MAINS EN MAINS THOMAS HUOT MARCHAND 11 10 Charles Peignot, « État de la création typographique en France », note à l'attention de Georges Bonnin, directeur de l'Imprimerie nationale, octobre 1979. Archives ANRT. 13 « Pour être franc, elle m’a toujours causé un certain malaise. J’avais l’impression de trahir mes professeurs6 ») et de la fonderie Olive (avec le Vendôme de François Ganeau, et les Chambord, Mistral, Banco, Choc de Roger Excoffon). Le mouvement de la Graphie latine accompagne la fondation de l’école de Lure en 1952 par Maximilien Vox, Jean Garcia et Robert Ranc (tous deux de l’École Estienne). Ce mouvement peut être lu comme une uploads/s3/ graphisme-en-france-2019 1 .pdf

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