Université de Tartu Département d’études romanes Maria Hansar Les métaphores co

Université de Tartu Département d’études romanes Maria Hansar Les métaphores conceptuelles dans l’autoréflexion des artistes sur le processus de la création Mémoire de fin d’études Sous la direction de Daniele Monticelli et Anu Treikelder Tartu 2013 2 Table des matières Introduction…………………………………………………………………..…….… 3 1. La métaphore conceptuelle et les sciences cognitives…………………………… 6 1.1. Métaphore terminologique……………………………………………….… 6 1.2. Les métaphores ontologiques, métaphores d'entités et de substances.…..… 7 1.3. Métaphore de contenant…………………………………………...…….…. 7 1.4. Métaphore de conduite……………………………………….………….…. 7 1.5. Le schéma de trajectoire……………………………………………..…...… 8 1.6. La signification nouvelle……………………………………………...….… 8 1.7. Conceptual blending……………………………………………………..… 9 2. Présentation de l’interview avec Jaan Toomik…………………………………. 10 2.1. Les métaphores de contenant, d’entités et de substance……………..…… 11 2.1.1. L’intérieur d’un œuvre et le processus du travail……………...…… 11 2.1.2. L’extérieur de l’œuvre et le temps………………………………..… 15 2.1.3 Du contenant à l’objet…………………………………………….… 17 2.2. La conceptualisation du processus de création comme le voyage……...… 18 3. Présentation de l’article de Dominique Figarella ʺ″Conduire sans permisʺ″…...… 21 3.1. Analyse des métaphores de contenant et de substance…………………… 23 3.2. Métaphores de conduite………………………………………………...… 24 3.3. Analyse des métaphores nouvelles……………………………………..… 26 3.4. Analyse de la métaphore nouvelle « la sensibilité est la machine »……… 29 3.5. Conceptual blending……………………………………………………… 30 4. Analyse synthétique de la conceptualisation du processus de création dans l’emploi des métaphores conceptuelles à la base des deux textes................ 32 4.1. Le matériel de la création……………………………………………….… 32 4.2. Le processus de la création……………………………………………..… 33 4.3. La création artistique comme un voyage avec autopilote ?………………. 34 4.4. Les idées, sont-ils dans l’air ou dans le corps…………………………….. 35 Conclusion……………………………………………………………………….…. 37 Resümee………………………………………………………………………..…… 39 Bibliographie……………………………………………………………….…….…. 41 Annexe nr. 1 Liste de métaphores de Jaan Toomik…………...……………………. 42 Annexe nr. 2 Liste de métaphores de Dominique Figarella…...……………………. 46 Lihtlitsents………………………………………………………………………….. 50 3 Introduction Mon intérêt à la base de mon étude des métaphores conceptuelles concernant le processus de la création dans l’autoréflexion des artistes, est la question du renouvellement culturel. Que signifie l’innovation dans la culture? Comment l’art contribue-t-il à la création de nouveaux espaces de sens, c’est à dire à l’innovation sémantique - l’aspect propre à la culture ? Autant de questions pour lesquelles je cherche des réponses quotidiennement dans mon travail et qui furent élaborées entre autre par le chercheur en innovation des médias, Indrek Ibrus dans son article « Possibilités d’explosions dans l’industrie de sens ». (Ibrus, 2011 : 66) Il s’appuie sur les théories de Juri Lotman dans « Culture et explosion » et démontre que l’explosivité dans la culture est liée aux interactions qui la précèdent - aux dialogues inter domaniaux, dorénavant séparés. Les résultats de ces dialogues peuvent être de nouvelles synthèses d’idées ou des formes synthétiques qui élargissent la compréhension du monde. C’est ainsi que j’ai décidé d’étudier la question de l’innovation par le biais de la métaphore. Pour resserrer mon domaine d’étude et sélectionner un corpus d’analyse, mon choix s’est porté sur l’activité artistique, qui, de tout autre domaine culturel en ce moment en Estonie, me semble tenir le relais le plus actif des autres domaines du savoir. Dès l’entrée dans la fabrique verbale de l’art, les questions ne cessaient de se multiplier. J’ai décidé de limiter mon champ d’interrogation aux pratiques artistiques mêmes – au processus de création. Sait-on ce qui est une pratique artistique, ses opérations, les actes, leurs modes d’enchaînement et leurs effets ? Mon intention n’est pas de dévoiler le secret de la création ni de démystifier l’expérience artistique ; mais de comprendre l’ambigüité et la pluralité sémantique de termes quotidiens que l’on utilise dans le discours ordinaire et les débats sur l’art. On y gagnera peut-être de nouveaux critères d’évaluation des pratiques artistiques, tout en questionnant un certain nombre d’oppositions et de catégorisations convenues qui ont tendance à bloquer le débat. Pour comprendre les modes de production des opérations artistiques, autrement dit de saisir l’art en action j’ai choisi de porter mon analyse sur les propos des artistes eux- 4 mêmes et d’être confrontée aux problématiques innées de la pratique artistique et de la création. Le corpus de l’analyse est constitué des textes de deux artistes, estonien et français : Jaan Toomik et Dominique Figarella. Le raisonnement sur des notions abstraites comme la création ou l’inspiration nous mène le plus souvent à comparer ces concepts avec nos expériences. Ceci conduit à la question suivante : comment parler des choses que l’on ne peut ni voir ni toucher ? Une des possibilités pour aborder ce problème serait d’en appréhender métaphoriquement les notions abstraites avec des références aux domaines basés sur l’expérience. Pour expliquer nos mécanismes de raisonnement, les sciences cognitives ont dégagé un certain nombre de concepts clés ; l’un d’eux appelé « métaphore conceptuelle » fut étudié autour des années 80 par George Lakoff et Mark Johnson (1985). Dans mon mémoire, j’analyserai les métaphores qui participent de la construction imagée des propriétés et des activités constituant le processus de la création. L’unité de base de l’analyse est l’énoncé (numéroté et présenté dans son contexte sémantique plus large dans l’annexe), dans laquelle l’emploi métaphorique de la langue est souligné. Je regrouperai les métaphores conceptuelles en m’appuyant sur la théorie de Lakoff et Johnson qui constatent qu’une grande partie de nos concepts mentaux est structurée métaphoriquement et que la langue n’est que le témoin de cette structuration. Pour Lakoff et Johnson, ce sont nos processus cognitifs qui sont amplement métaphoriques. Le but de cette analyse est de relever des métaphores conceptuelles et de voir la mise en place, l’étendue et l’unité de leurs réseaux dans la description du processus de création. Pour sortir des aspects complémentaires - culturels, sémantiques ou contextuels, qui contribuent à la construction du sens métaphorique ou le font ressortir sous un autre angle, j’illustrerai au besoin l’analyse de l’unité métaphorique avec des citations issues du même texte, qui ne contiennent pas nécessairement de métaphores 5 conceptuelles, et qui ne sont pas énumérées ni relevées dans l’annexe. L’analyse des métaphores conceptuelles ne comprend pas les structures grammaticales. Dans un deuxième temps, si le matériel s’y prête, j’essayerai de tracer et de mettre en lumière l’emploi des métaphores conceptuelles dans les deux textes suivant leurs aspects communs, complémentaires ou contradictoires. Je conclurai l’analyse du texte de D. Figarella avec une brève illustration de l’application de la théorie des espaces mentaux et de l’intégration conceptuelle de Gilles Fauconnier et Mark Turner qui me permettra de mieux dégager la complexité des réseaux métaphoriques et de démontrer d’éventuelles possibilités d‘une méthode différente, mais qui n’est pas en soi une analyse complète. 6 1. La métaphore conceptuelle et les sciences cognitives L’approche cognitive constitue l’aboutissement des théories de Max Black et Donald Davidson. Leurs idées ont revalorisé le statut de la métaphore dans la mesure où nous ne pouvons plus l’entendre comme un trope superflu à valeur rhétorique mais bien comme un outil cognitif. Les sciences cognitives ont dégagé un certain nombre de concepts clés pour expliquer nos mécanismes de raisonnement. Selon les linguistes cognitifs, les structures métaphoriques ne sont que le reflet langagier d’un phénomène, qu’ils appellent « métaphore conceptuelle », qui réside non pas au niveau des mots mais au niveau de la pensée. La métaphore n’est donc pas uniquement une affaire de mots mais une question de conceptualisation. Ainsi, la métaphore s’appuie sur un mapping, qui est un processus de l’établissement des correspondances entre un domaine-source (concepts familiers) et un domaine-cible (concepts inconnus). Les métaphores conventionnelles (d'orientation, ontologiques et structurales) sont fondées sur des corrélations perçues dans notre expérience disent George Lakoff et Mark Johnson (1985). Pour procéder à l’analyse des métaphores conceptuelles des textes, il faudra introduire un certain nombre de concepts et de définitions sur lesquels on a appuyé l’analyse. Je partirai de la thèse de Lakoff qui a dit que grâce aux métaphores de spatialisation, les formes linguistiques elles-mêmes sont dotées de contenu. Les liens entre la forme et le contenu du langage sont donc en corrélation étroite avec la structuration métaphorique de notre système conceptuel : considérant les mots, les phrases et les textes en termes spatiaux, les métaphores spatiales de notre système conceptuel s'appliquent à celui-ci, de sorte qu'elles structurent les relations entre le forme et le contenu. (1985 : 136) 1.1. Métaphores terminologiques Nous entendons la métaphore terminologique en tant que trope, ayant un lien étroit avec les expériences incarnées du spécialiste, c’est-à-dire avec ses praxis quotidiennes, qu’il s’agisse de praxis sensorimotrices, culturelles, sociales ou linguistiques. 7 Allal Assal (1995) considère que la métaphore terminologique, ancrée dans une pratique sociale devient l’expression d’un nouveau concept. Il insiste sur l’importance de la métaphore dans l’appréhension de nouveaux concepts. 1.2. Les métaphores ontologiques, métaphores d'entités et de substances Lakoff dit : « Au delà de la simple orientation, notre expérience des objets et des substances physiques (et surtout de notre propre corps) nous procure une base pour comprendre les concepts (par le biais de métaphores ontologiques) dès que nous pouvons y faire référence, les catégoriser, les grouper et les quantifier — et par ce moyen, les prendre comme objets de raisonnement. » (1985 : 35) Ceci nous permet d'assigner des limites aux phénomènes physiques, d'en faire uploads/s3/ hansar-maria.pdf

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