1 HELEN MCNICOLL Sa vie et son œuvre de Samantha Burton Table des matières 03 B

1 HELEN MCNICOLL Sa vie et son œuvre de Samantha Burton Table des matières 03 Biographie 20 Œuvres phares 49 Importance et questions essentielles 61 Style et technique 72 Où voir 80 Notes 85 Glossaire 98 Sources et ressources 102 À propos de l’auteur 103 Copyright et mentions 2 HELEN MCNICOLL Sa vie et son œuvre de Samantha Burton Artiste femme parmi les plus notables au Canada, Helen McNicoll (1879-1915) obtient un succès international considérable pendant sa carrière d’une seule décennie. Sourde depuis l’âge de deux ans, McNicoll est surtout reconnue pour ses représentations impressionnistes de paysages ruraux ensoleillés, de scènes intimes avec des enfants ou des figures féminines modernes. Elle joue un rôle important dans la popularisation de l’impressionnisme au Canada à une époque où ce mouvement était encore relativement inconnu. Avant sa mort prématurée, elle est élue à la Royal Society of British Artists en 1913 et, en 1914, à l’Académie royale des arts du Canada. 3 HELEN MCNICOLL Sa vie et son œuvre de Samantha Burton Photographie de Helen McNicoll à son atelier de St Ives, v. 1906, photographe inconnu, dossier d’artiste de Helen McNicoll, Robert McLaughlin Gallery, Oshawa. PREMIERS PRIVILÈGES ET PREMIERS DÉFIS Helen Galloway McNicoll a habilement su prendre avantage de sa richesse personnelle et des privilèges qui l’accompagnent pour s’établir comme artiste professionnelle à une époque où ce choix de carrière n’était pas courant chez les femmes. Née le 14 décembre 1879, elle est la première enfant de David McNicoll et d’Emily Pashley. Ses parents, immigrants de la Grande-Bretagne, vivent brièvement à Toronto, où Helen est née, mais bientôt ils s’installent à Montréal. C’est là que naissent ses six frères et sœurs – trois sœurs (Ada, Dollie et May) et ensuite trois frères (Alex, Ron et Charles). Bien que la documentation sur sa vie soit rare, les quelques lettres qui nous sont parvenues et ses croquis suggèrent que la famille McNicoll était unie1. Les McNicoll appartiennent à l’élite anglophone protestante de Montréal. Ayant travaillé dans l’industrie du chemin de fer en Écosse et en Angleterre, David McNicoll a rejoint les rangs du Chemin de fer Canadien Pacifique (CFCP) dans les années florissantes de1880, s’élevant au titre de vice-président et de directeur dès 1906. Ses activités professionnelles ont permis à sa fille artiste d’entretenir des contacts étroits avec un cercle de familles très en vue, principalement de descendance écossaise, qui vivent dans de grands hôtels particuliers dans le Mille carré doré, aux pieds du Mont Royal. Ce groupe d’industriels contrôle alors la majeure partie du monde des affaires, encore émergent, du Canada : leur réseau social et professionnel instaure les fondements financiers de la ville dans les décennies du tournant du siècle. La famille McNicoll vit à Westmount dans une grande maison qu’ils ont baptisée Braeleigh. Elle a été conçue par Edward et William S. Maxwell, connus pour leur travail sur deux constructions importantes du Québec : le Château Frontenac à Québec et le bâtiment de l’Art Association of Montreal (AAM), rue Sherbrooke (maintenant devenu le Musée des beaux-arts de Montréal). La situation avantageuse de la famille de Helen McNicoll dans la communauté contribue à sa carrière d’un certain nombre de façons, parmi lesquelles le fait de lui permettre de peindre librement sans avoir à s’inquiéter de la vente de ses œuvres ou de devoir enseigner pour subvenir à ses besoins. De plus, les relations de sa famille lui ont permis d’être en contact avec les plus importants collectionneurs d’art de l’époque à Montréal, et particulièrement avec William Van Horne (1843-1915), alors président du CFCP. Les habitants du Mille carré prennent le contrôle du monde de l’art alors naissant dans le Montréal anglophone, tout aussi fermement qu’ils le font avec le monde des affaires; l’art francophone, au contraire, est en grande partie lié aux commandes de l’Église. Malgré ces avantages, McNicoll fait quand même face à des défis. À l’âge de deux ans, elle attrape la scarlatine et subit une sévère perte d’audition. Bien qu’elle ne soit pas inscrite comme sourde lors du recensement de 1901, il n’empêche qu’elle devait compter sur son habileté à lire sur les lèvres et sur l’assistance de sa famille et de ses amis pour lui permettre d’évoluer 4 HELEN MCNICOLL Sa vie et son œuvre de Samantha Burton socialement dans le monde de l’art, ce qui inclut une forme de gestion de réseau et les échanges lors des expositions. Elle n’est pas allée à l’école, mais a reçu une formation privée à domicile. Les croquis qu’elle a faits d’étudiants de la Mackay Institution for Protestant Deaf-Mutes (Institution Mackay pour sourds-muets protestants, connue comme « l’École orale » ), datant de 1899, suggèrent que McNicoll a dû participer, à un certain degré, aux programmes ou aux cours de l’école, même si son nom ne figure ni dans les inscriptions ni dans les rapports scolaires. Kristina Huneault soutient que la fréquentation de l’école aurait exposé McNicoll aux débats de l’époque concernant les conditions de vie des sourds-muets en Amérique du Nord. L’attitude envers eux et la compréhension des possibilités de gestion de cette invalidité évoluaient alors considérablement : la lecture labiale, par exemple, était davantage préconisée que le langage des signes, en tant que forme plus efficace de communication et comme moyen de mieux intégrer les personnes souffrant de perte auditive dans la société courante2. Helen McNicoll, On the Cliffs (Sur les falaises), 1913, huile sur toile, 50,9 x 61 cm, collection privée. Bien qu’il n’en soit jamais question dans les analyses contemporaines de son travail, la surdité de McNicoll a probablement influencé certains choix déterminants dans sa carrière artistique, par exemple, sa décision d’étudier à Londres plutôt qu’à Paris, étant donné la barrière linguistique, ou encore sa 5 HELEN MCNICOLL Sa vie et son œuvre de Samantha Burton Photographie de la salle de sculpture de l’Art Association of Montreal, où l’on peut voir les copies en plâtre de statues antiques, comme la Vénus de Milo, l’Apollon du Belvédère, et le Laocoön, que l’on demandait aux étudiants de dessiner, publiée dans The Standard, le 18 novembre 1905, archives du Musée des beaux-arts de Montréal. manière « calme » et « détachée » d’envisager les sujets de son art. Huneault et Natalie Luckyj notent toutes deux une certaine distance entre l’artiste et ses sujets de même qu’entre les sujets de ses peintures. Dans une œuvre comme On the Cliffs (Sur les falaises), 1913, les figures, absorbées dans leur monde intérieur, ne se préoccupent pas les unes des autres, pas plus qu’elles ne répondent au regard du récepteur de l’œuvre3. DÉBUTS MONTRÉALAIS La carrière de Helen McNicoll débute à Montréal. Durant les décennies précédant la Première Guerre mondiale, l’art y était florissant, les artistes bénéficiaient de meilleurs moyens de transport et de communication leur permettant de se former à l’étranger, de participer à des expositions, ce qui les familiarisait avec les tendances européennes. L’Art Association of Montreal (AAM), fondée en 1860, organise sa première exposition annuelle en 1880 et commence à proposer des cours aux artistes locaux. Au tournant du siècle, le marché de l’art canadien était dominé par quelques galeries commerciales et par les expositions de printemps et d’automne de l’AAM. Les premières leçons de dessin de McNicoll se sont vraisemblablement déroulées à la maison : son père dessinait durant ses voyages en chemin de fer, et sa mère peignait sur porcelaine et écrivait de la poésie. C’est à l’école de l’AAM que McNicoll a commencé formellement son apprentissage des arts, où on lui attribue, en 1899, une bourse pour ses dessins de moulages en plâtre. Au début du vingtième siècle, l’AAM est la principale maison d’enseignement des arts au Canada. Les étudiants y suivent un programme d’études académiques tel qu’établi depuis longtemps par les écoles européennes prestigieuses. Ils apprennent à dessiner d’après des reproductions de maîtres anciens et d’après des copies en plâtre de sculptures antiques avant de pouvoir travailler d’après des modèles vivants nus. L’étude au fusain et crayon de McNicoll, Academy (Académie), 1899-1900, démontre bien le type d’éducation qu’elle a reçue dans ces premières années, par l’attention soignée qu’elle porte au modelage de la musculature et au travail subtil des ombres et des lumières. L’AAM adopte alors une attitude progressiste de l’enseignement des arts en donnant, tant aux étudiantes femmes qu’aux étudiants hommes, la même possibilité de dessiner d’après modèle vivant nu. 6 HELEN MCNICOLL Sa vie et son œuvre de Samantha Burton Durant ses années d’étude à l’AAM, McNicoll étudie auprès de William Brymner (1855-1925). Étant parmi les premiers artistes canadiens à avoir étudié à Paris, entre 1878 et 1880, Brymner se révèle être un important modèle pour de jeunes artistes ambitieux. Il revient au Canada avec beaucoup d’enthousiasme pour les dernières tendances de l’art français – peinture en plein air, naturalisme et impressionnisme. À titre de directeur de l’école de l’AAM pendant plus de trois décennies, Brymner exerce une énorme influence sur au moins deux générations d’artistes canadiens. Il encourage les étudiantes femmes à poursuivre des carrières professionnelles et son impact sur McNicoll, ainsi que sur beaucoup uploads/s3/ helen-mcnicoll-sa-vie-et-son-oeuvre.pdf

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