1 1. Héritages néo-classicisme et romantisme (1770-1830) 1.1. Le néo-classicism
1 1. Héritages néo-classicisme et romantisme (1770-1830) 1.1. Le néo-classicisme : Le néo-classicisme est le premier style du 19ème siècle bien qu’en réalité il commence en 1770. C’est une réaction au baroque (le baroque est basé sur des jeux d’asymétrie, de surprise avec du drame, de la passion et de l’élan. C’est un style très vigoureux qui recherche la décoration à l’extrême, il y a une exagération décorative et un plaisir de la couleur). La première réaction du néo-classicisme est de prendre de la distance par rapport au baroque pour tendre vers un style plus sobre, moins chargé. Septième Sévère et Caracalla, Jean-Baptiste Greuze (1769) C’est un tout premier exemple du style néo-classique. Il y a une grande sobriété (arrière-plan sombre). Les gestes sont efficaces, nets et précis. Le décor est réduit au minimum et on ne part pas dans des éléments de décoration extérieure. C’est vraiment une réaction par rapport au baroque, il n’y a plus le côté maniériste des formes. Les personnages sont tous habillés avec des vêtements typiques du monde romain. Néo-classicisme : c’est le renouveau du classicisme (style de l’Antiquité gréco-latine durant laquelle l’Empire romain conquiert la Grèce et règne sur l’ensemble de la Méditerranée). Le néo- classicisme va donc s’inspirer de cette antiquité gréco-latine. Au 19ème siècle, l’idéal est de se conformer à la réalité et de respecter la tradition1 donc un bon peintre se doit d’agir comme tel. Ce retour de l’ancien est dû au fait que l’Antiquité gréco-latine est considérée comme un sommet culturel et on essaye dès lors d’en imiter le style. Le néo-classicisme naît à Rome pour deux raisons : - Rome étant le centre du monde romain, c’est là que se trouvent le plus d’éléments vestiges du monde romain (de l’Antiquité). - Il y a avait un « Prix de Rome » qui est le sommet de la formation académique. Il s’agit d’un concours ouvert à la plupart des artistes qui ont reçu une formation académique. Le gagnant reçoit une bourse pour aller à Rome et observer la culture du passé. Tous les artistes se retrouvaient là, se fréquentaient. Il y a donc une recherche artistique très forte à Rome. Cependant, il existait une tradition de peinture à Bologne en Italie qui reprenait déjà le style de l’Antiquité (bien avant que les français, les belges,… se mettent à le reprendre). 1 Contrairement au 19ème siècle, nous sommes actuellement dans une culture de la révolte, nos sociétés sont basées et fonctionnent sur un système de modes, nous avançons tout le temps. 2 Noces d’Eros et de Psyché, Pompeo Batoni (1756) Il y a les caractéristiques néo-classiques : l’arrière plan est bouché et concentre le regard sur l’action principale. Persée et Andromède, Anton Raphaël Mengs (1774-1779) C’est Anton Raphaël Mengs qui inventa le néo-classicisme et le diffusa. Il a séjourné une grande partie de sa vie en Espagne et va répandre les idées néo-classiques dans l’Europe entière (ce style devient dès lors un style européen). Il formule une idée en relation avec un historien d’art (un des premiers contemporains qui s’intéresse à l’antiquité). Ce dernier conclut que l’on ne peut pas dépasser l’art antique. C’est le sommet absolu de ce que l’on peut faire en matière artistique donc on recopie, on s’inspire, on se conforme à la tradition antique. Tout le monde va vivre avec cette idée (par après, les gens vont se révolter contre ce concept). Mengs se souscrit à cette idée et peint des tableaux purement dans la tradition antique. Le thème est ici tiré de la mythologie. Le physique des personnages est également typique de l’Antiquité (musculature parfaite, idéale qui est inspirée par les canons antiques). On trouve néanmoins quelques traces du baroque : couleurs très raffinées, complexité des drapés. Au 19ème siècle, on formate les images afin de les ramener aux costumes, aux proportions, aux traits,… de l’Antiquité. Les adieux d’Hector et d’Andromaque, Joseph-Marie Vien (1786) Il y a un plaisir des couleurs et un mélange de celles-ci. Il s’agit du style baroque. Il y a énormément de contrastes. On trouve des jeux de forme et de contraste ainsi que des oppositions. Ce peintre ramène le néo-classicisme en France (qui devient le pays où l’on pratique le plus ce genre et le plus longtemps). Il revient à Paris où il est professeur d’Académie, il forme alors les jeunes et leur apprend le modèle de l’Antiquité comme cadre de leur peinture. C’est lui qui formera Jacques-Louis David. 3 Le serment des Horaces, JacquesLouis David (1784) Il y a presque un côté cliché (Rome remise au goût du jour). Au début du 19ème siècle, ce type d’image est une révolution, c’est une modernité incroyable. Malgré cette influence de l’Antiquité, on est dans une image qui se modernise complètement et qui jette les bases de ce que l’on connaît actuellement. Il s’agit d’un moment difficile de la république romaine où Rome doit affronter une cité rivale. Rome choisit d’envoyer trois soldats (les Horaces) qui vont affronter les trois soldats désignés par la ville rivale pour décider du vainqueur. Le père des trois Horaces leur donne les épées avec lesquelles ils vont combattre. Sur la droite, les épouses se lamentent. On a ici toutes les caractéristiques du néo-classicisme : • Tradition de l’antiquité • Valeur morale : Les grands hommes étaient des gens exceptionnels, au moral irréprochable, et les jeunes générations devaient les imiter (la société était basée sur ce concept). Le but de ce tableau est d’imiter les valeurs morales de ces hommes : courage des soldats, le père qui risque de perdre ses fils mais qui les sacrifient au profit de la nation (on a une image nationaliste), ainsi que la douleur des femmes qui savent qu’ils risquent de ne pas revenir, c’est leur cœur qui parle, mais elles se résignent. Tout est fait comme un exemple moral et de vertu. Ce sont des tableaux didactiques qui enseignent la bonne conduite (raison pour laquelle ces tableaux étaient en grande partie). • Allégorie (personnification, idée abstraite) : Les images sont capables, par certains procédés, de nous faire passer des idées abstraites. Ici, on a une personnification du courage. Tous les tableaux néo-classiques sont allégoriques (ils font passer la noblesse, le courage,…). Comment ces tableaux ont-ils réussi à faire passer ces idées ? On met en valeur certains éléments : • On bouche les fonds : on ferme les arrière-plans (souvent avec des éléments d’architecture). Ici, le fond est bouché par la pénombre. David a utilisé le noir de la pénombre pour rendre invisible l’arrière-plan. Cela évite à l’oeil d’aller contempler ailleurs, on est forcé de regarder le premier plan, c’est une manière de focaliser l’attention sur l’élément sur lequel l’artiste veut nous attirer. Les arcades isolent les groupes de personnage (chacun est placé dans une arcade). • Géométrie de la composition : si on trace des lignes, il y a une géométrie très construite dans cette œuvre ; celle-ci repose sur un système de triangles où les groupes sont enfermés. Ces triangles peuvent être inversés et sont apposés les uns aux autres. La scénographie fait que le sens de l’image est très clair. La manière de structurer les personnages va nous faire progresser dans l’image et nous amène à un point culminant (les mains du père qui est le sommet des triangles rassemblés). C’est un geste complexe (tension psychologique extrême). Le néo-classicisme ne représente jamais l’action au moment où elle se passe, on présente le moment avant l’action car c’est là que l’instant d’extrême limite de la tension psychologique se passe. Ce type d’image est une grande nouveauté pour l’époque, on obtient une efficacité de l’image et on induit des sentiments très précis. Ce tableau fut peint en 1784, quelques années avant la révolution française (1789, l’ancien régime des rois de France est mis à mal). C’est donc un élément d’allégorie car le régime français est en crise absolue. David montre qu’il faut avoir le courage des armes pour défendre la patrie, c’est une sorte de tableau prérévolutionnaire (il faut se rassembler, prendre les armes et agir). 4 Les Sabines arrêtant le combat entre les Sabins et les Romains, Jacques-Louis David (1789-1799) Ce tableau fut commencé lors de la révolution française. Il s’agit de deux cités qui luttent. On voit les épouses des Sabins qui s’interposent entre les combattants. On a un appel de David qui dit qu’il faut arrêter de se battre (le geste de la femme arrête le combat entre les rivaux). Ce n’est pas seulement la reprise du passé, cela a aussi un sens dans le contexte historique de l’époque. A l’arrière-plan, David donne une impression de foule, de masse, de confusion due au combat. Et pourtant, on perçoit les personnages à l’avant-plan. C’est extrêmement complexe, il y a un jeu d’artifice. Le peintre reprend le système des triangles mais le spatialise. Les deux soldats à l’avant sont en positions inverses, ce système crée une profondeur entre eux. Les deux diagonales dans l’espace passent par les bras de la femme puis par le corps des hommes. uploads/s3/ histoire-art-19-20e-siecle.pdf
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- Publié le Apv 17, 2021
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