27/01/2023 18:16 Archée : cyberart et cyberculture artistique archee.qc.ca/imag
27/01/2023 18:16 Archée : cyberart et cyberculture artistique archee.qc.ca/images/edito-2017-08/Archee_2017_08_GiseleTrudel.php 1/8 • • • revue d'art en ligne : arts médiatiques & cyberculture accueil à propos auteurs abonnements appels partenaires liens contact & dons Entrevue avec Gisèle Trudel André Éric Létourneau et Cynthia Noury La recherche de Gisèle Trudel donne naissance à des œuvres qui, se déployant dans des environnements souvent complexes ou dans l’espace public, déplacent les horizons d’attente des spectateurs, tant de par leurs dimensions esthétiques que par leurs formes novatrices en tant qu’œuvre d’art. Gisèle Trudel travaille souvent en collaboration avec d’autres artistes ou des chercheurs issus du milieu scientifique. Parmi ses principales collaborations, mentionnons Ælab, une cellule de recherche artistique qu’elle a cofondée avec Stéphane Claude et le Grupmuv consacré aux pratiques du dessin et de l’image en mouvement qu’elle a cofondé avec Michel Boulanger et Thomas Corriveau, chercheurs d’Hexagram. Le corpus de travail de Trudel présente un grand nombre de projets qui intègrent des techniques très variées et des pratiques « in socius » qui semblent se déployer à travers différents dispositifs techniques. S’y rencontre simultanément la dimension sociale de l’art, l’«in situ» et l’usage singulier de différentes technologies. Stéphane Claude et Gisèle Trudel ont fondé Ælab, il y a vingt ans. Au début de leurs activités en 1996, ces artistes visaient à créer une approche combinant un travail documentaire à une pratique expérimentale de l’art médiatique. Les projets d’Ælab émergent des conditions et du contexte dans lesquels se trouvent les artistes et « sur le terrain à travers les rencontres ». À travers l’ensemble des projets entrepris par Ælab au cours des vingt dernières années, on distingue aisément les fils conducteurs qui les lient les uns aux autres. Parmi les différentes déclinaisons, l’une des préoccupations permanentes d’Ælab consiste à explorer les nouvelles sensations que peut produire les différentes technologies comprises dans le concept plus large de « nature ». Le corpus récent d’Ælab sur le thème des « matières résiduelles » prend une place importante depuis la dernière décennie. En préambule à l’entretien qui est présenté ici, Gisèle Trudel évoque l’origine de cet axe de recherche : « C’est toujours fascinant d’essayer de retracer les sources d’un projet. Nous avons fait une résidence en Maison fontaine, 2015 27/01/2023 18:16 Archée : cyberart et cyberculture artistique archee.qc.ca/images/edito-2017-08/Archee_2017_08_GiseleTrudel.php 2/8 nanochimie à l’Université McGill pendant une période de huit mois en 2003. Nous travaillions avec des scientifiques pour visualiser différentes matières sous les microscopes du laboratoire. Ce labo a une approche écoénergétique. Nous avions entrepris cette résidence parce que nous voulions comprendre ce qui était en train de se produire avec cette « nouvelle imagerie » qui commençait alors à exister, ces nouvelles matières visuelles qui sont générées par les scientifiques et visualisées avec le numérique. En observant les différentes matérialités sous le microscope, nous nous trouvions soudain en contact avec une énergie vibratile : celle de la matière vue avec les technologies. » Cet intérêt pour la vibration matérielle conduira Ælab à s’intéresser aux structures observées à l’échelle nanométrique, dont le buckerminsterfullerène . C’est ainsi qu’avec les recherches de Richard Buckminster Fuller, Trudel et Claude découvrirent les travaux de John Todd, un biologiste ayant développé un système de traitement entièrement écologique des eaux usées. Reposant sur le principe que les déchets qui sont dans l’eau deviennent la plupart du temps une nourriture pour un autre organisme vivant, Trudel souligne « Dans son système qui s’appelle les EcoMachines, la notion de déchet n’existe pas. C’est toujours un résidu qui pourrait servir à un autre organisme, servir un autre processus. Nous avons visité ses installations publiques et l’avons interviewé. Et c’est à partir de ce moment-là que nous avons commencé à réaliser des œuvres avec des matières résiduelles. » André Éric Létourneau : Dans le travail d’Ælab, intitulé Futur au présent (2012), nous retrouvons aussi ce rapport à la notion de déchet. Cette œuvre permet l’intégration de l’image d’une série de déchets à une série de fenêtres du Centre de commerce mondial au centre-ville de Montréal. La composition visuelle propose une accumulation de fragments de plastique qui ne sont pas biodégradables. Gisèle Trudel : Il existe toutes sortes d’attitudes en rapport aux déchets. Nous pourrions même poser la question suivante : « est-ce écoviable d’utiliser certains types de technologies pour traiter du déchet matériel » ? J’essaie de ne pas entretenir d’a priori à ce sujet. J’essaie d’abord de comprendre la situation dans laquelle je me trouve et de voir comment je peux travailler avec les caractéristiques qu’elle présente, sans préjugé, sans, par exemple, dire « je ne peux pas utiliser ça », «je ne peux pas faire ça» , «ça c’est pas permis». Si on fait cela, on est en train de limiter le potentiel de la recherche, sans s’ouvrir à qui se produit au moment même de la recherche. Futur au présent (2012) fait partie d’une série de plusieurs projets d’intégration de la lumière dans l’architecture. L’image avait été créée comme une composition visuelle réalisée à partir de photographies prises sur le site d’enfouissement de déchets à Lachenaie au Québec, où se pratique également le recyclage. La station de Métro Square-Victoria/OACI au centre-ville de Montréal a une sortie à forte affluence où il y a de très grandes fenêtres. L’intégration de la pellicule à cet endroit illustrait une espèce de compression de la matière dans l’architecture tout en produisant l’effet d’un vitrail qui faisait passer la lumière dans ce lieu. Par sa beauté, le résultat avait un impact instantané auprès du public. Comme c’était une expérience complètement différente de voir ce travail le jour ou la nuit, les passants comprenaient rapidement ce phénomène, activé par le soleil et par les lampes de l’intérieur. J’ai tenté de ne pas générer une attitude moraliste autour de la notion de déchet. A. E. L. : Tu travailles beaucoup avec la lumière. La lumière revient dans plusieurs de tes travaux. D’une part, dans les travaux qui intègrent la vidéo, ce qui représente une grande partie de tes œuvres. D’autre part dans d’autres projets qui intègrent la lumière en tant que telle, par exemple Between light & night (2012) ou Interfacing (2010). Peux-tu nous parler de ces travaux réalisés avec la lumière comme matériau principal ? Car ils me semblent un peu différents des autres. Plus minimalistes peut-être. L’espace du milieu 27/01/2023 18:16 Archée : cyberart et cyberculture artistique archee.qc.ca/images/edito-2017-08/Archee_2017_08_GiseleTrudel.php 3/8 G. T. : Les grands projets s’étalent sur plusieurs années et nous avons parfois besoin d’avoir des « petits bonbons » car les projets de longue haleine requièrent une concentration différente. Ces projets que tu mentionnes font suite à des invitations à faire des expériences dans la rue, d’une manière vraiment très furtive – où, par exemple, nous ne nous identifions pas comme artistes. Ces deux installations étaient présentées dans des vitrines, adaptées aux paramètres du public immédiat, soit, les gens qui vivent dans ces quartiers. J’adore cet aspect. Nous avons beaucoup travaillé avec les fenêtres en architecture. Par exemple, L’espace du milieu (2011) à la Fonderie Darling et Milieux associés (2014) au Centre Phi impliquaient chacun une projection sur les vitres. Une lueur émane de l’intérieur vers l’extérieur, venant moduler le lieu dans lequel les gens vivent ou travaillent. L’une des œuvres que tu mentionnes, Interfacing, faisait suite à une invitation d’Andrew Forster, artiste et commissaire de L’endroit indiqué, une vitrine dans la maison des architectes Big City. J’avais alors utilisé des DEL, des éclairages de marque Palco qui étaient intégrés également dans d’autres projets, mais dans ce cas, je voulais expérimenter une transformation de la couleur sur une période très longue : partir du rouge pour aller vers le bleu, sur une période de sept heures. Puis, j’ai fait différentes variations de couleurs au fil du temps, car ce dispositif est resté à cet endroit presque trois mois, durant l’été 2010. J’allais le regarder dans la rue. Et j’écoutais ce que les gens disaient en passant par là. Parce que c’était vraiment au niveau de la rue et je pouvais écouter les commentaires de manière clandestine. Un autre projet du même type intitulé Between light and night (2012) a été réalisé chez Stephen Schofield et Michel Daigneault, sur la rue Rachel, tout près de De Lorimier. Ils offrent aussi leur vitrine à des projets artistiques. L’enclos de la vitrine est très profond. J’ai placé les lumières Palco derrière un grand morceau de plastique noir qui venait diviser la vitrine en plusieurs plans. Comme ce projet se déroulait l’hiver, les gens dans la rue se dépêchaient pour rentrer à la maison. J’ai alors travaillé la transformation de la lumière sur une durée plus courte. Les séquences duraient à peu près trois minutes mais modulaient sans arrêt, une variation de couleurs et d’intensité. Grâce à ce séparateur noir à l’intérieur de la vitrine, la réflexion du lieu environnant était plus visible, le « dehors » était réfléchi dans la vitrine. Ce sont des activités de ma recherche : travailler le matériau, travailler avec les situations dans lesquelles les choses se produisent. uploads/s3/ le-tourneau-andre-eric-amp-noury-cynthia-entretien-avec-gise-le-trudel-arche-e-cyberart-et-cyberculture-artistique 1 .pdf
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- Publié le Mai 16, 2021
- Catégorie Creative Arts / Ar...
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