1 WILLIAM BRYMNER Sa vie et son œuvre par Jocelyn Anderson Table des matières 0

1 WILLIAM BRYMNER Sa vie et son œuvre par Jocelyn Anderson Table des matières 03 Biographie 25 Œuvres phares 53 Importance et questions essentielles 73 Style et technique 86 Où voir 97 Notes 109 Glossaire 125 Sources et ressources 129 À propos de l’auteure 130 Copyright et mentions 2 WILLIAM BRYMNER Sa vie et son œuvre par Jocelyn Anderson William Brymner (1855-1925), un homme en avance sur son temps, est le père de l’art moderne canadien. A. Y. Jackson et Arthur Lismer lui attribuent le mérite d’avoir transformé l’art à Montréal; sans lui, le Groupe de Beaver Hall et le mouvement impressionniste canadien ne s’y seraient pas implantés. Éducateur estimé et admiré à une époque où le Canada s’établit en tant que pays, Brymner compte parmi ses élèves des légendes telles que Helen McNicoll, Edwin Holgate, Clarence Gagnon, Prudence Heward et Anne Savage. Artiste aventureux et voyageur insatiable, tant en Europe qu’au Canada, Brymner cherche constamment de nouveaux sujets. Au plus fort de sa carrière, il est largement reconnu comme un leader artistique au Canada. 3 WILLIAM BRYMNER Sa vie et son œuvre par Jocelyn Anderson GAUCHE : William Brymner, Douglas Brymner, 1866, huile sur tissu, 70,7 x 56,4 cm, Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa. DROITE : Franklin Brownell, Jean Thomson, 1883, huile sur tissu, 32,7 x 24,8 cm, Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa. L’ENFANCE ET LES PREMIÈRES ŒUVRES William Brymner est né à Greenock, en Écosse, en 1855. Il est l’aîné des enfants de Douglas Brymner et de Jean Thomson, qui émigrent au Canada en 1857. Bien que Brymner passe presque toute son enfance et la plus grande partie de sa vie adulte au Canada, ses origines écossaises demeurent un élément important de son identité. Ainsi, lors de sa visite en Écosse en 1878, il confie : « Mon air natal semble me convenir parce que je ne me suis jamais senti aussi bien de ma vie1. » Ses amis et collègues au Canada le considèrent également comme un Écossais. Dans les souvenirs qu’il garde du peintre, le marchand d’art William R. Watson remarque que Brymner n’a jamais perdu l’accent écossais qu’il a acquis de ses parents2. À la mort de Brymner, une notice nécrologique le décrit comme « grand et mince et typiquement écossais3. » On sait peu de choses sur l’enfance de l’artiste, mais les lettres qu’il a écrites plus tard dans sa vie indiquent qu’il est proche de sa famille, en particulier de ses parents. Ils s’installent d’abord à Melbourne, au Québec, et Brymner fréquente le St. Francis College à Richmond. La famille s’établit ensuite à Montréal en 1864. Adolescent, Brymner s’intéresse au dessin et au design. En 1868, alors qu’il est encore à l’école, il s’inscrit à des cours du soir au Conseil des arts et manufactures de la province de Québec, une école qui propose des cours de dessin pour promouvoir le design industriel4. Les parents de Brymner l’encouragent à suivre ses intérêts et, en 1870, lorsqu’il termine ses études, son père prend les dispositions nécessaires pour qu’il suive des cours auprès de l’architecte Richard Cunningham Windeyer (1831-1900). À ce moment-là, l’objectif de Brymner est de devenir architecte (il faudra attendre près de dix ans avant qu’il ne se décide à renoncer à cette carrière). Malheureusement, il est trop jeune pour travailler dans le bureau de Windeyer — il est « si petit qu’il doit se tenir sur un banc pour mettre ses coudes au-dessus de la planche à dessin5. » Finalement, Brymner quitte l’architecture pour étudier le français au séminaire de Sainte-Thérèse. En 1872, la famille Brymner s’installe à Ottawa lorsque Douglas Brymner accepte un poste de commis aux archives pour le gouvernement du Canada. La fédération canadienne, créée depuis cinq ans à peine, c’est-à-dire à l’issue de la signature de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique par l’Ontario, le Québec, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick, fait du Canada un dominion au sein de l’Empire britannique. En tant que pays doté d’une nouvelle identité nationale, le Canada n’a pas d’archives officielles. La première tâche de Douglas est de les établir et il se met rapidement à la recherche de documents6. Il a sans doute misé sur les liens qu’il a établis dans 4 WILLIAM BRYMNER Sa vie et son œuvre par Jocelyn Anderson ce milieu de travail pour aider son fils à obtenir un emploi au bureau de Thomas Seaton Scott (1826-1895), l’architecte en chef du ministère des Travaux publics — il s’agit là de l’une des nombreuses occasions où le soutien du père s’est avéré essentiel pour le fils. Bien que Brymner ne soit pas connu pour avoir conçu des bâtiments pour le ministère alors qu’il y travaillait, il visite la ville de Québec (peut-être à la demande de Scott) en 1876 et fait une série de dessins de ses fortifications et de ses rues. Ces dessins, notamment Mountain Hill Looking Up (La côte de la Montagne, en regardant vers le haut) et Palace Hill (La côte du Palais) témoignent de ses premiers efforts pour maîtriser la perspective et dépeindre l’espace urbain. William Brymner, Palace Hill (La côte du Palais), 1876, stylo et encre sur papier, 29,8 x 29,8 cm, Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa. Brymner devient un jeune homme aimable mais sérieux. Dans une lettre à son frère, Douglas rapporte que son fils économise pour étudier à la Royal Academy de Londres et commente : « C’est une grande bénédiction qu’il soit si sérieux et qu’il ne s’associe qu’avec des camarades très sérieux, de sorte que nous n’avons jamais la moindre inquiétude à son sujet7. » Malgré cette fière affirmation, les parents de Brymner sont vraisemblablement préoccupés par les projets de leur fils. Les possibilités dans le domaine de l’art et du design au Canada sont alors limitées et de nombreuses organisations artistiques n’en sont qu’à leurs premiers balbutiements. L’Académie royale des arts du Canada 5 WILLIAM BRYMNER Sa vie et son œuvre par Jocelyn Anderson Édouard Manet, Un bar aux Folies Bergère, 1882, huile sur toile, 96 x 130 cm, Courtauld Gallery, Londres. (ARC) ne sera pas fondée avant 1880. De plus, de nombreux mécènes considèrent encore l’Europe, ses bâtiments et ses collections d’art comme les normes à imiter au Canada. Ainsi, de nombreux artistes canadiens en herbe concluent qu’il est nécessaire d’aller à l’étranger — ce qui constituerait un investissement essentiel pour une carrière future. Ils pensent que l’Europe est le lieu idéal pour apprendre : par exemple, Robert Harris (1849-1919), un artiste canadien en voyage dans la Ville Lumière en 1877, déclare que l’atelier dans lequel il étudie est « peut-être le meilleur de Paris, c’est-à-dire du monde8. » Brymner partage sans aucun doute ce point de vue. Bien que la formation en Europe soit coûteuse, à l’hiver 1878, il s’embarque pour la Grande-Bretagne, où il rend visite à des parents en Écosse avant de s’installer dans la capitale parisienne. LES ÉTUDES À PARIS En mars 1878, Brymner arrive à Paris avec l’intention d’étudier l’art et le design — il envisage toujours de devenir architecte. La ville lui offre un accès inégalé aux œuvres d’art : des peintures de grands maîtres au Louvre aux expositions d’œuvres d’artistes français contemporains dans d’autres musées, des peintres académiques aux impressionnistes auxquels il s’intéressera plus tard dans sa vie. Paris accueille également une communauté dynamique d’étudiants expatriés et attirés par les écoles d’art de la ville qui proposent des programmes s’appuyant sur celui de l’École des beaux-arts. Les élèves commencent par dessiner des moulages, souvent de statues antiques, avant de passer au dessin de modèles vivants et, enfin, à la peinture. Cette approche de la formation artistique est promue par l’École, mais il est difficile d’être admis dans cette institution, car l’offre de places aux étudiants non français est limitée et l’admission nécessite la réussite d’examens difficiles. De nombreux étudiants internationaux, dont Brymner, se retrouvent dans des écoles alternatives et dirigent leurs études eux-mêmes. À son arrivée dans la Ville Lumière, Brymner décroche un emploi dans la section canadienne de l’Exposition de Paris, où il participe à la mise en espace des œuvres. Comme les autres expositions universelles, cette édition présente un large éventail d’objets, avec un accent particulier sur les ressources naturelles et les produits manufacturés. Elle sert également à montrer la puissance coloniale de l’Europe, reflet de la domination européenne dans la politique mondiale. (Les expositions canadiennes se trouvent dans la section consacrée à l’Empire britannique9.) Pour le jeune homme, le poste implique de longues heures en échange d’un salaire bien nécessaire, mais il trouve tout de 6 WILLIAM BRYMNER Sa vie et son œuvre par Jocelyn Anderson même le temps d’explorer les expositions d’autres pays, en notant : « Cela vaut la peine de se promener pour voir les différentes méthodes de travail et les types d’outils utilisés par les Russes, les Chinois, les Néerlandais et les Espagnols10. » Mais Brymner est venu à Paris pour étudier l’art et il a déjà commencé à suivre des cours du soir à l’École gratuite de dessin11. En juillet 1878, le travail uploads/s3/ william-brymner-sa-vie-et-son-oeuvre-par-jocelyn-anderson.pdf

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