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l rt Année Décembre 1922 — N* S Sa traître aux Editions du FAUNE : T H , n v u D 'A N J O U PARIS— YHI* CoEjeiller Fondateur : THÉMANLVS Idéal et Réalité LITTÉRATURE - PENSÉE - ART Directeur : Gustave ROUGER Rédacteur en Chef : Ernest MARX Principales Chroniques. — Livres : Gustave Ro u g e r . — Théâtres : Henri Dh o mo n t . — Revues : Ernest Ma r x - — Peinture : Jacques Bl o t . Musique : François de Br e t e u il . — Danse : Jacqueline Ch a u mo n t . — Sciences Psychiques : Claire T h é mà n l y s. — Le Groupe Idéal et Réalité : Maurice He im. * SOMMAIRE DU N° 5 Pages I. N otre E nquête.................................................................. 193 (R éponse de : MH A * Guindet, P » Lnpnuie, Jean Puy, - GuUtaf’mJn, H. Matisse. B, Mahn. Ch* Guérin, Garnis, , Afe%alin. Othon Frieaz, Ch. Lacoste.) I). D en ise M irtll : L 'Id é a l e t l a R é a lité d a n s l a N a t u r e . . . . . ............................................................... 203 l l l . X ... : S o n n e t ......................... 200 Jean P lch at : F risso n d u L a r g e — Le F o r t..........207 IV, A. R aya : A tte n te — P o u r (pie règ n e la L u m iè re — Appel (poèmas mystiques)............ ..... 209 V. A riel : H is to ir e d u L ie rr e e t d e ta Vigne v io r g e ro se . 215 VI, M arc M ény de M arangue : L a M u siq u e M a ro ­ c a i n e . . . . . ..................... 217 VII, C o m m u n ic a tio n d e la V ole du M ilieu........... .. 223 CHRONIQUES DU MOIS. - Les L iv re s : Eap. R lot, Thémànlys. ' L es R e v u e s : Maurice Hk im. — Le T h é â tre : II. Djio mo n t . — L a P e in tu r e ,: Louis Le dük..............................................227 / * Abonnement ; 20 fr. par an. — Etranger : 2o fr. (V o ir 3* page do la couverture.) Mo* abouué* r « ç « lv « * t de* billet* do faveur pour le* raau lfe*!*- lleaa publique* du Groupe IllÉ A li et B E A U T É . T O U S D R O I T S R É S E R V É S Notre Enquête Dans le dernier numéro, à la suite de la chronique de Jacques Blot, une enquête a été ouverte parmi les peintres sur la question suivante : « Quelle est, dans une oeuvre d’art, l’impor­ tance du sujet traité ? Indépendamment de l’art employé à l’expri­ mer, y a-t-il, 6elon vous, une hiérarchie des su­ jets ? » Nous publions ici, dans leur ordre chronologique, les premières réponses reçues. L'enquête continue et Idéal et Réalité insérera la suite des réponses. I A L B E R T G U IN D E T Je crois le sujet tout, dans l’œuvre d’art. Elant fortement impressionné du sujet, un artiste en trouve l’équivalent plastique ; le sujet alors prend plus 194 IDEAL ET EÉAL1TÉ oa moins de grandeur selon que l'artiste a plus ou moins de tempérament. Je crois à une hiérarchie des sujets. Sage l'artiste qui choisit celui qu'il peut le mieux exprimer, parce qu'en définitive seule compte la qualité plastique. P I E R R E L A P R A D E Je relisais ces jours-ci les lettres de Flaubert à Georges Sand et je trouve dans l’une d'elles la réponse à votre enquête. Le sujet, dit l’auteur de Madame Bovary et de Salammbô, je ne le cherche pas, il s'impose h moi d'une façon presque involontaire. J E A N P U Y Plus j'y songe, plus c'est une question de réussite, car tel sujet extrêmement élevé devient une imbécile niaiserie quand il est pauvrement traduit, nous voyons ça tous les jours; et alors mieux vaut un pot de chambre bien peint. Mais si nous prenons des sujets bien peints dans d'ex­ cellents tableaux, il semble que nous pourrons faire un classement par la question sujet. Et encore est-ce bien difficile, car si nous prenons Rembrandt, je préfère le Vieux Philosophe au Boeuf ‘écorché (c'est peut-être IDÉAL' ET RÉALITÉ 195 une préférence purement personnelle) ; mais je préfère le Bœuf écorché au Père Tobie abandonné par l'Ange, qui me parait moins satisfaisant, et un peu illustration. Si Ton veut se rendre compte de la puissance du sujet pour élever l’art, il faut peut-être se reporter aux épo­ ques où l’émotion religieuse ou patriotique était la rai­ son d’être de l’art, où tout revenait à décorer des églises et des palais. Tout un faisceau d’idées générales, généreuses, élevait l’artiste au-dessus de la basse réalité. Même avec la Renaissance, la foi disparaît comme motif d’enthou­ siasme, mais naît chez l'intellectuel une espèce d’amour artificiel dans le culte de l’autique et des sujets antiques. A notre époque compliquée et sceptique, je ne crois guère que l’on puisse se sortir du trivial réalisme que par l’amour de l’humanité, forçant le peintre à saisir la saveur même de ce qui le tente et éliminant les acci­ dents. Pour les idées prises dans les lettres, je pense que s’ils ne sont pas rajeunis par une observation vivante, ce ne sont que des cadavres qu’on n’arrive pas à réchauffer. Prenez le sujet de Nausicaa, par exemple, sujet charmant et palpitant ; ne faut-il pas que vous trouviez une forme de Nausicaa, et une expression dans la vie qui nous entoure ? Regardez combien le sublime Poussin est par­ fois embêtant quand il peint des personnages semblables, comme issus d’un idéal de timbre-poste ou de ressucée à épuisement de l’antiquité romaine. Un jour soudain il prend une vulgaire boniche à poil, ou il peint un véri­ dique torse de jeune femme française, et comme par ce simple morceau son tableau devient plus touchant. Je peux bien indiquer aujourd’hui que les Bergers d’Arcadie m’agacent complètement comme individus, et que le {96 IDÉAL ET «RÉALITÉ Moïse sauvé me rappelle des poupées médiocres et niaises, malgré toutes les autres qualités. Ainsi donc ma réponse sur le sujet en art n'est pas catégorique ; je dois reprendre une plaisanterie popu­ laire de M. de La Palisse : « Ça dépend du point de vue où on se place par rapport à l'idée qu'on s'en fait » et je ne vois pas de règle préalable pour limiter l'effort du peintre ; celui-là s'emballe sur une pomme, et il devient Visionnaire au sujet de ce celte pomme, ou d'un tronc d'arbre ; tel autre s'énerve sur le Vase de Soissons, ou la Bataille de Tolbiac. Chacun son goût. Naviguant devant les tableaux de tous les temps, nous prenons un plaisir spécial devant chacun, préférant aujourd'hui celui-là, demain celui-ci, suivant notre appétit. C'est exactement comme la pâtisserie que l'on lâche un jour pour le civet de lapin, puis pour les carottes à la Vichy, ou le filet d'ornithorhynque à la Magenta. GUILLAUMIN Non, je ne crois pas du lout à la hiérarchie des sujets en peinture et je n'y ai jamais cru. Quand je vous ai parlé de cette manière des a Femmes dJAlger » (I), croyez que le sujet môme n'était pour rien dans mes sen- timents. Ils allaient tout entiers au talent de l'artiste qui y a mis tant de grâce et de fraîcheur, un coloris si admi­ rable. Traité par un autre, le sujet aurait pu être abso- (i) « Les Femmes d'Alger >, de Delacroix (Louvre). IDÉAL ET RÉALITÉ 497 lument banal. Je suis d’avis qu’on peut faire un chef- d’œuvre avec trois pommes, et une croûte infecte avec la plus belle scène et la plus pathétique ; et jamais la beauté du sujet ne saurait compenser l’insuffisance de l’art. Le Bénédicité de Chardin n’est rien comme sujet ; il égale à mon sens les Noces de Cana, puisque tous deux sont des chefs-d’œuvre. H E N R I M A T I S S E Je regrette de ne pouvoir répondre à votre enquête sur l’importance du sujet et sur la hiérarchie des sujets. (Le Bœuf écorché de Rembrandt, l/ne Pêche de Chardin ou de Cézanne, La Vérité de Jules Lefèvre, la Mater Do- lorosa de Bouguereau, etc...) Tout dépend de la nature de chacun. Je ne comprends pas que les artistes s’enten­ dent pour « marcher au pas ». C ’est déjà si difficile de s’en tirer honorablement uploads/s3/ideal-et-realite-v1-n5-dec-1922.pdf

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