Nathalie de Boisgrollier , Eleuer ses en ants sans éleuer La uoix Nathalie de B
Nathalie de Boisgrollier , Eleuer ses en ants sans éleuer La uoix Nathalie de Boisgrollier ÉLEVER SES ENFANTS SANS ÉLEVER LA VOIX Guide pratique de l’éducation bienveillante Albin Michel Tous droits réservés. © Éditions Albin Michel, 2014. Aux blessures et aux manques 7 Sommaire Introduction .................................................................... 9 1 - Premiers repères sur l’éducation ......................................... 13 2 - Bien se connaître pour mieux accompagner son enfant ..... 49 3 - Communiquer harmonieusement en famille ...................... 103 4 - Les limites, ou l’art de la punition ....................................... 157 5 - La gestion du confl it en famille .......................................... 195 Conclusion .............................................................................. 219 Bibliographie ........................................................................... 223 Pour aller plus loin ................................................................... 225 Remerciements ........................................................................ 229 Index des encadrés .................................................................. 231 Table des matières ................................................................... 235 9 Introduction En 1990, je me suis retrouvée sans trop savoir pourquoi au Congrès de la famille de Lille. Avant cet événement, j’avais une très mauvaise image de la famille : mon expérience personnelle m’avait laissé des traces essentiellement douloureuses. Je n’avais pas côtoyé de familles suffisamment heureuses et rayonnantes. À Lille, ce week-end-là, j’ai rencontré des personnes passionnées, investies, sachant en parler et transmettant leurs convictions. J’y ai découvert que la famille pouvait être positive, constructive, heureuse. Depuis, je cherche toutes les solutions pour y parvenir. Le modèle que j’ai découvert dans la famille de mon conjoint ne m’a pas complète- ment convaincue. En tout cas de ce que j’en ai perçu, avec ma vision de l’époque. Grâce à mes études en sciences sociales, j’ai travaillé la question, discrètement mais en persévérant. J’ai lu les auteurs qui ont consacré quelques lignes ou quelques volumes au sujet. J’ai aussi adapté des pistes de travail générales – sur l’écoute, la communication, les émotions – à cet univers particulier. Et j’ai pratiqué, j’ai essayé. Des choses simples, qui parlaient à mon cœur de mère. En les rapprochant de ce que j’avais lu. Ces fondations, cette structure de la famille heureuse dont nous rêvons tous, je les ai montées progressivement. Et j’ai découvert la clé de voûte de cet édifice dans une pratique que d’autres psychologues ont déjà adaptée : le bâton de parole. Vous la trouverez à la fin de ce livre (p. 208) comme un trésor dans lequel puiser, comme un outil à adapter à votre histoire, à votre envie, à votre famille. Une des forces de cet outil est d’ailleurs de vous faire prendre conscience que l’édifice de la famille n’est jamais achevé et encore moins parfait. On entend régulièrement dire : « Élever ses enfants, ça ne s’apprend pas dans les livres. On sait faire ou on ne sait pas faire ; il n’y a pas de recette. » Ou bien : « Ça se transmet en famille et c’est tout. » Je 10 ÉLEVER SES ENFANTS SANS ÉLEVER LA VOIX ne suis pas d’accord avec ces affirmations. Prenez le temps de lire le chapitre « L’histoire de la famille moderne » (p. 17). Il a pour objectif de vous faire comprendre à quel point ce sujet est neuf, à quel point, en deux générations à peine, la vision de la famille, de l’éducation, des capacités des enfants, de ce qui se joue dans les relations humaines a été profondément renouvelée. Dans ce contexte, beaucoup d’entre nous sont demandeurs de repères, d’accompagnement. Ceux qui osent la démarche trouvent des solu- tions. Grâce aux sciences de l’éducation, à la psychologie positive, aux neurosciences, à Dolto et à beaucoup d’autres, on sait infiniment mieux ce qu’il ne faut pas faire et il existe de vrais outils pour construire sa famille. Cela vaut la peine de s’y arrêter. Je vous livre ici autant d’analyses que de recettes, autant de réflexions que d’outils pratiques à essayer aujourd’hui, demain, avec vos proches. Ces recettes ne sont pas standardisées. Elles ne fabriqueront pas une espèce de famille idéale qui ressemblerait trait pour trait à celle du voisin. Votre famille restera unique, vivante. Comme en cuisine, ces recettes, vous devrez vous les approprier, les personnaliser. La pre- mière fois, vous les utiliserez « comme dans le livre ». Il vous arrivera de vous tromper. Faites confiance à vos émotions de parents ; elles vous guideront pour vous corriger, pour avancer. Certaines recettes vous sembleront plus faciles que d’autres. Vous en oublierez, vous y reviendrez. Une recette qui vous semblait inapplicable à la première lecture s’avérera vite utile et abordable parce qu’entretemps vous aurez avancé sur d’autres points. Vous aurez peut-être besoin de les peaufiner en partageant avec des amis ou des professionnels. À la différence de la cuisine, très peu de personnes pourront vous dire qu’elles maîtrisent cet art. Peu importe. Souvenez-vous que vous travaillez pour vous, pour votre conjoint, pour vos enfants et peut-être même pour les générations futures. Cela seul doit vous porter. 11 Introduction Imaginez des enfants qui utilisent tout leur potentiel et donc qui réussissent à l’école. Des enfants qui n’ont pas besoin de trouver des détours pour exprimer un malaise, avec pour conséquence une diminution radicale des troubles psychosomatiques. Des enfants qui créent des relations saines et harmonieuses autour d’eux, sans diffi- cultés particulières. C’est possible. Imaginez une meilleure communication en famille, une meilleure gestion des émotions, une disparition presque totale des disputes en famille. Je suis convaincue que cela participe à une société moins conflictuelle, apaisée, où le respect de l’autre n’est pas une simple intention mais quelque chose qui se vit au quotidien, autour de soi, en commençant par les personnes auxquelles on tient le plus. Et je suis même convaincue que toute difficulté dépassée en famille participe à trouver des solutions nouvelles aux défis plus larges qui s’annoncent dans les années à venir : ceux du monde du travail, de la société… PREMIERS REPÈRES SUR L’ÉDUCATION 14 PREMIERS REPÈRES SUR L’ÉDUCATION Des racines et des ailes Vos parents, vos grands-parents, et avant eux leurs parents, ont fait des choix dans un contexte et une époque donnés. Ces choix ont-ils une influence sur la façon dont vous vivez… et celle dont vous élevez vos enfants ? Chacun d’entre nous vient de quelque part : d’une région, d’une histoire, d’une famille. Le mot « famille » recouvre deux réalités : la famille restreinte (deux parents et leurs enfants) et la famille élargie qui fait référence à une grande lignée. Cette longue lignée est façonnée par une histoire plus générale : l’histoire d’un pays, l’histoire d’une culture. Chaque individu appartient à cette histoire, même si personne n’en a conscience au jour le jour. Le petit-fils qui demande à son grand-père « Comment c’était avant ? » exprime à sa façon son besoin de savoir d’où il vient. L’enfant adopté qui recherche ses parents biologiques fait de même. Et le grand-père interrogé se trouve parfois obligé de dépasser ses propres souvenirs pour expliquer un détail qui vient de bien avant lui. Les familles de commerçants, les familles de militaires, d’autres encore savent bien ce que signifie une tradition familiale. L’individu a autant besoin de connaître cette histoire (comment se sont constitués sa famille, sa culture, ses repères de société) que de connaître la grande histoire, celle des rois, des guerres et des nations. L’histoire du quotidien de tous est maintenant un objet d’intérêt : c’est l’histoire sociale. En quelques mots, nous allons vous en donner un aperçu pour que vous compreniez mieux ensuite le lien qu’il y a entre votre histoire, l’histoire de votre famille, les choix conscients ou inconscients de vos ancêtres et les choix que vous avez faits et que vous faites tous les jours. Un exemple : Marianne a 30 ans en 1970. Elle vit mal son quotidien, ses sentiments, ses rapports aux autres. Elle identifie progressivement un sentiment de culpabilité qu’elle arrive à relier à l’histoire de sa mère, Jeanne. Celle-ci 15 Des racines et des ailes est devenue veuve pendant la Seconde Guerre mondiale. Pourtant, Jeanne n’a jamais reçu de pension et a toujours vécu avec très peu de ressources. Qu’est-il arrivé à Jeanne pour que sa pension de veuve de guerre lui soit refusée ? C’est parce que son père, Gaston, a été fusillé en 1916 pour désertion ! Elle n’était donc pas digne de recevoir le moindre sou de l’État. Une histoire aussi lourde n’arrive pas à chacun d’entre nous. D’autres histoires peuvent pourtant générer des comportements, des réflexes, qui se répercutent de génération en génération. Si savoir replacer l’histoire de ses ancêtres dans la grande histoire, sans juger avec nos valeurs d’aujourd’hui, peut aider Marianne à se débarrasser de sa culpabilité, cela peut nous aider nous aussi à être plus libres de nos actes, en particulier de nos choix éducatifs. Car, bien entendu, éduquer, c’est transmettre, et c’est transmettre beaucoup de soi-même. Comment être soi-même si on ne sait pas d’où l’on vient ? Comment vivre avec ses forces et ses faiblesses si l’on n’a pas fait, au moins en partie, la paix avec son histoire familiale ? Cela peut être le rôle d’une thérapie. Et si des relectures attentives et parallèles de la grande histoire et de notre histoire personnelle pouvaient uploads/S4/ education-bienveillante-332609-indd-igs-cp-z-lib-org 1 .pdf
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- Publié le Mai 26, 2021
- Catégorie Law / Droit
- Langue French
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