La maison d'un artiste / par Edmond de Goncourt Source gallica.bnf.fr / Bibliot

La maison d'un artiste / par Edmond de Goncourt Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Goncourt, Edmond de (1822-1896). La maison d'un artiste / par Edmond de Goncourt. 1881. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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Prix » 1 fr. Et di$. exemplaires numérotés, sur papier, de Chine, PH* : i2 fi% V % ^ PRÉFACE En co temps où los choses, dont lo poète latin a signalé la mélancolique vie latente, sont asso- ciéos si largement par la description littéraire moderne à l'Histoire de l'Humanité, pourquoi décrirait-on pas les mémoires des choses, au miliou desquelles s'est écouléo une oxistence d'homme? EDMOND DE GONCOURT, Auteuil, ce 26 juin 1880. LA MAISON D'UN ARTISTE oi /• i '- \\ RÉAMBULE Sur lo boulevard Montmorency, au n° 53, s'élôvo une maison portant, encastré dans son balcon, un profil lauré de Louis XV, on bronze doré, qui a tout l'air d'être lo médaillon, dont était décorée la tribune do musique de la sallo a manger deLuciennos, repré- senté dans l'aquarelle do Moreau que l'on voit au Louvre, Cette tôte, que quelques promeneurs regar- dent d'un oeil farouche, n'est point, — ai-je besoin de le dire?— une affiche des opinions politiques du propriétaire, elle est tout bonnement l'enseigned'un des nids les plus pleins do choses du xvm6 siècle qui existent a Paris. La porto noire, que surmonteun élégant dessus de grille do chapelle jésuite en fer forgé, la porte ouverte, du bas de l'escalier, de l'entrée du vesti- bule, du seuil de la maison, le visiteur est accueilli par des terres cuites, des bronzes, des dessins, des i. 1 * I.A MAISON D'UN ARTISTK. porcolainos du sièclo aimablo par oxcollenco, mô- les a dos objetsdo l'Extrême-Orient, qui so trouvaient fairo si bon mônago dans les collectionsdo Madamo do Pompadour ot do tous los curieux ot los curiotets du temps. La vie d'aujourd'hui ost uno vio do combativité ; ollo domando dans toulos les carrières uno concen- tration, un offort, un travail, qui, on son foyer enferment l'homme, dont l'oxistcnco n'est plus ex- térieure commo au XYIII0 siècle, n'ost,plus papillon- nant© parmi la société depuis ses dix-sept ans jusqu'à sa mort. Do notre tomps on va bien encore dans lo monde, mais toute la vio no s'y dépense plus, et le chez-soi a cessé d'être l'hôtel garni où l'on no faisait quo coucher. Dans cette vio assise au coin du feu, renferméo, sédentaire, la créature humaine, et la première venue, a été poussée à vouloir les qua- tre murs de son home agréables, plaisants, amusants aux yeux ; et cet entour et co décor de son Inté- rieur, elle l'a cherché et trouvé naturellement dans l'objet d'art pur ou dans l'objet d'art industriel, plus accessiblo au goût de tous. Du mémo coup, ces habi- tudes moins mondaines amenaient un amoindrisse- ment du rôle de la femme dans la pensée masculine} elle n'était plus pour nous 1'odcupation galante de toute notre existenco, cette occupation qui était au* trefois la carrière du plus grand nombre» et, à la suite de cette modification dans les mtetirs, il arri- PttËAMItULK. 3 vait ceci : c'ost quo l'intérêt do l'hommo, s'on allant do l'ôïro charmant, so roportait on grando partie sur los jolis objots inanimés dont la passion rovôt un pou do la nature ot du caractôro do l'amour. Au, xvm° siècle, il n'y a pas do bibeloleurs jounos : c'est là la dilîéronco dos doux sieclos, Pour notre généra- tion, la bricabracomanie n'ost qu'un bouche-trou do la fomme qui no possède plus l'imagination do l'homme, ot j'ai fait a mon égard cotto remarque, que, lorsquo par hasard mon coeur s'est trouvé oc- cupé, l'objet d'art no m'était do rion. Oui, cotto passion devenue générale, ce plaisir solitaire, auquel so livre presque toute une nation, doit son développement au vide, à l'ennui du coeur,, et aussi, il faut le reconnaître, à la tristosso des jours actuels, à l'incertitude des lendemains, à l'en- fantement, les pieds devant, do la société nouvolle, a dos soucis et à dos préoccupations qui poussent, comme à la veillo d'un déluge, los désirs ot les en- vies à so donner la jouissance immédiate do tout co qui les charme, les séduit, los tente : l'oubli du mo- ment dans l'assouvissementartistique. Ce sont ces causes, et incontestablementl'éduca- tion do l'oeil des gens du xik° siècle, et encoro un sentiment tout nouveau, la tendresso presquo humaine pour les choses, qui font, à l'heure qu'il est, de presque tout le monde, des collectionneurs et de moi en particulier le plus passionné do tous los collectionneurs. ' Xrft&iXMam**»- VESTIBULE Un liantpavé on marbre blanc oten marbre rougo du Languedoc, avec, pour rovôtement aux murs et au plafond, un cuir modorne peuplé do perroquets fantastiques dorés et peints sur un fond vert d'eau. Sur co cuir, dans un désordvo cherché, dans un pittoresquo d'antichambro et d'atelior, toutes sortes de choses voyantos et claquantes, do brillantscuivros découpés, des poteries dorées, des broderies du Ja- pon et encore des objets bizarres, inattendus, éton- nant par leur originalité, leur oxotismo, et vis-à-vis d'un certain nombre desquels jo mo fais un peu l'effet du bon Pôro Buffier quand il disait : « Yoilà des choses queje no sais pas, il faut quo jo fasse un livre dessus. » Ça, une petite jardinière à suspension, fabriquée d'une coloquinteoxcentriquo, dontla tige tournante et recroquevillée est une tige de bronze qui a la flexi- bilité d'une liane; cette grande planchette fruste de bois, toute parcourue des tortils d'un feuillage de lierre, exécuté on nacre et en écaille : lo porte-éven- tail qui tient dans l'appartement l'éventail ouvort VKSTinUI.K. 5 contro lo mur; cotto potito boulo do porcclaino jauno impérial si délicatemont troillagôo : la cago au grillon ou à. la moucho bourdonnanteqno lo Chi- nois aimo suspondro au chovot do son lit ; et cotto plaquo do faïonco figurant uno branche do pôchor en flour, modoléc a jour dans un cadro do bois on forme d'écran, vous roprésonto la décoration do l'an- gle religieux ot mystique d'une chambre do prosti- tuée do maison de thé, l'espèce do tableau d'autel devant lequol elle place une fleur dans un vaso. Des broderios du Japon, ai-jo dit plus haut, c'est la, dans leurs cadres do bambous, la riche, la splon- dido, Véçlaiïante décorationdos murs du vestibuleet un peu do toutola maison. Ces carrés do soie brodés appelés fusha ou foukousafont la chatoyante couver- ture sous laquelle on a l'habitude, dans l'Empiro du Lever du Soleil, d'envoyor tout présent quelconque, et lo plus minime, fùt-il mômo do deux oeufs(l). Los anciensfoukousas fabriqués à Kioto (2) sont des pro- duits d'un art tout particulierau Japon, et auxquels l'Europo no pout rien opposor : do la peinture, do vrais tableaux composés et exécutés en soie par un brodeur, où sur les fonds aux adorables nuances, et telles qu'en donne lo satin ou le uploads/S4/ goncourt-la-maison-d-x27-un-artista.pdf

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  • Publié le Oct 10, 2022
  • Catégorie Law / Droit
  • Langue French
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