REPLAY L’édition originale de cet ouvrage a paru aux Éditions Talmy Franklin en

REPLAY L’édition originale de cet ouvrage a paru aux Éditions Talmy Franklin en 1971, sous le titre : The Dice Man. ISBN 978-2-8236-0481-8 © G. Cockcroft, 1971. © Éditions de l’Olivier, 1995, pour la traduction française. © Éditions de l’Olivier, 2014, pour la présente édition. Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Au commencement était le Hasard, et le Hasard était avec Dieu et le Hasard était Dieu. Au commencement Il était avec Dieu. Toutes choses furent faites par Hasard et rien de ce qui fut fait ne le fut sans lui. En Hasard était la vie et la vie était la lumière des hommes. Il y eut un homme envoyé par Hasard, et dont le nom était Luke 1. Ce fut lui qui vint en témoin, pour rendre témoignage de Fantaisie, en sorte que tous les hommes pussent croire à sa suite. Il n’était pas le Hasard, mais il fut envoyé pour rendre témoignage du Hasard. Ce fut le vrai Accident qui hasardise tout homme venu en ce monde. Il fut dans le monde et le monde fut fait par lui, et le monde ne le connaissait pas. Mais à tous ceux tant qu’ils étaient qui le reçurent il donna pouvoir de devenir fils du Hasard, même à ceux qui croient accidentellement, car ils étaient nés non de sang, non par la volonté de la chair, ni par la volonté des hommes, mais du Hasard. Et le Hasard se fit chair (et nous avons adoré sa gloire, sa gloire de fils unique du Père Capricieux tout-puissant), et il demeura parmi nous, tout-chaotique, tout-faux et tout- fantaisiste. Le Livre du Dé. 1. Luke : Luc ; Luck : chance. (Toutes les notes sont du traducteur.) TABLE DES MATIÈRES Couverture Copyright PRÉFACE Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Chapitre 23 Chapitre 24 Chapitre 25 Chapitre 26 Chapitre 27 Chapitre 28 Chapitre 29 Chapitre 30 Chapitre 31 Chapitre 32 Chapitre 33 Chapitre 34 Chapitre 35 Chapitre 36 Chapitre 37 Chapitre 38 Chapitre 39 Chapitre 40 Chapitre 41 Chapitre 42 Chapitre 43 Chapitre 44 Chapitre 45 Chapitre 46 Chapitre 47 Chapitre 48 Chapitre 49 Chapitre 50 Chapitre 51 Chapitre 52 Chapitre 53 Chapitre 54 Chapitre 55 Chapitre 56 Chapitre 57 Chapitre 58 Chapitre 59 Chapitre 60 Chapitre 61 Chapitre 62 Chapitre 63 Chapitre 64 Chapitre 65 Chapitre 66 Chapitre 67 Chapitre 68 Chapitre 69 Chapitre 70 Chapitre 71 Chapitre 72 Chapitre 73 Chapitre 74 Chapitre 75 Chapitre 76 Chapitre 77 Chapitre 78 Chapitre 79 Chapitre 80 Chapitre 81 Chapitre 82 Chapitre 83 Chapitre 84 Chapitre 85 Chapitre 86 Chapitre 87 Chapitre 88 Chapitre 89 Chapitre 90 Chapitre 91 Chapitre 92 Chapitre 93 Chapitre 94 Chapitre 95 Chapitre 96 ÉPILOGUE PRÉFACE « Le style fait l’homme », dit un jour Richard Nixon, et il passa sa vie à ennuyer ses lecteurs. Mais que faire si l’homme un, le style unique sont introuvables ? Le style doit-il varier au fur et à mesure que varie l’homme qui écrit l’autobiographie, ou selon les humeurs passées, les comportements successifs de celui dont il retrace la vie ? Les critiques littéraires recommanderaient sans doute de faire correspondre à l’homme dont on met la vie en scène le style de chaque chapitre : précepte tout ce qu’il y a de plus rationnel, et auquel il convient donc de désobéir à tout bout de champ. Comment ? En peignant le comique de la vie comme de la haute tragédie, en décrivant les événements quotidiens avec le regard d’un fou, et l’homme amoureux du point de vue d’un savant. Et voilà ! N’ergotons plus sur le style. S’il arrive que le style et le sujet coïncident dans l’un quelconque des chapitres du présent livre, ne voyez là qu’un heureux accident, qui ne se reproduira pas de sitôt, nous l’espérons. Un ingénieux chaos : voilà ce que mon autobiographie doit être. J’adopterai l’ordre chronologique, innovation dont bien peu ont l’audace par les temps qui courent. Mais mon style sera contingent, par la sagesse des Dés. Je me partagerai entre la bouderie et les envolées, la louange et la moquerie. Je passerai de la première à la troisième personne : j’emploierai la première personne omnisciente, mode narratif en général réservé à Un Autre. Quand il me viendra des détours et des digressions à l’esprit, je m’y livrerai, car un mensonge bien dit est un présent des dieux. Mais les réalités de la vie de l’homme-dé sont plus amusantes que mes fictions les mieux inspirées : la réalité prédominera, en raison de son caractère amusant. Je raconte l’histoire de ma vie pour l’humble raison qui a inspiré tous les adeptes du genre : pour prouver à la face du monde que je suis un grand homme. Je n’y arriverai, bien sûr, pas plus que les autres. « Être grand, c’est être incompris », a dit un jour Elvis Presley, et là-dessus, allez donc démontrer le contraire. Je vais raconter la tentative instinctive d’un homme pour se réaliser d’une façon nouvelle, et l’on me jugera fou. Qu’il en soit ainsi. S’il en était autrement, je saurais que j’ai échoué. Nous ne sommes pas nous-mêmes ; en vérité, il n’y a plus rien qu’on puisse encore appeler un « moi », nous sommes multiples, nous avons autant de « moi » qu’il y a de groupes auxquels nous appartenons… Le névrosé est la victime patente d’une maladie dont tout le monde souffre… J. H. VAN DEN BERG Mon but est d’aboutir à un état psychique dans lequel mon patient se mette à expérimenter sur sa propre nature – un état de fluidité, de changement et de croissance, dans lequel plus rien ne serait éternellement figé, désespérément pétrifie. CARL GUSTAV JUNG La torche du chaos et du doute : telle est la lanterne du sage. TCHOUANG-TSEU Je suis Zarathoustra le sans-Dieu : je fricote encore toutes les chances dans ma marmite. NIETZSCHE N’importe qui peut être n’importe qui. L’HOMME-DÉ 1 Au physique, je suis un homme grand et fort, avec de grosses mains de boucher, des cuisses comme des troncs, une mâchoire taillée dans le roc, et des lunettes massives aux verres épais. Je mesure un mètre quatre-vingt-treize et ne pèse pas loin de cent cinq kilos ; je ressemble à Clark Kent 1 sauf que, lorsque je quitte mon costume de ville, je ne suis guère plus rapide que ma femme, à peine plus fort que n’importe quel demi-portion, et incapable de franchir en vol plané le moindre bâtiment, quel que soit le nombre de sauts que l’on m’accorde. Comme athlète, je suis exceptionnellement médiocre dans tous les sports importants et dans plusieurs sports mineurs. Je joue au poker avec témérité et des résultats désastreux, et à la Bourse avec une compétence prudente. J’ai épousé une jolie fille, ancienne entraîneuse et chanteuse de rock and roll, j’ai deux beaux enfants, qui ne sont ni névrosés ni anormaux. Je suis profondément religieux, j’ai écrit un agréable roman pornographique de premier ordre : Naked before the World, et ne suis présentement ni n’ai jamais été juif. Parfaitement conscient que je devrais permettre au lecteur d’élaborer à partir de tout cela un personnage vraisemblable et consistant, je suis navré de devoir ajouter que je suis normalement athée, que j’ai jeté par les fenêtres des milliers de dollars, que j’ai été épisodiquement en état de rébellion contre les autorités des États-Unis, de la ville de New York, du Bronx et de Scarsdale, et que je suis encore en possession d’une carte du parti républicain. Je suis le fondateur, la plupart d’entre vous le savent, de ces néfastes Centres aléatoires pour l’expérimentation sur le comportement humain présentés par le Journal of Abnormal Psychology comme « un exemple instructif de scandale et d’immoralité » ; par le New York Times comme « incroyablement fourvoyés et corrompus » ; par Time comme des « égouts » ; et par Evergreen comme « brillants et amusants ». Époux dévoué, multiplement adultère et expérimentalement homosexuel, j’ai été un psychanalyste capable et fort estimé, et le seul jamais radié à la fois de la Psychiatrists Association of New York (PANY) et de l’American Medical Association (pour « activités de mauvais aloi » et « incompétence probable »). Des milliers de dé-vots m’admirent et me louent dans tout le pays, mais par deux fois interné dans un établissement psychiatrique, et une fois en prison, je suis le plus souvent en fuite, comme j’espère le rester, si Dé le veut, au moins jusqu’à ce que j’aie terminé mes 521 pages d’autobiographie. Venu de la psychiatrie, j’ai pris la passion, tant comme psychiatre que comme homme-dé, de changer la personnalité humaine. La mienne. Celle des autres. De tout le monde. De donner aux hommes le sens de la liberté, de la gaieté, de la joie. De rendre à la uploads/S4/ l-homme-de-by-luke-rhinehart.pdf

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  • Publié le Mar 27, 2021
  • Catégorie Law / Droit
  • Langue French
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