1 LA NOTE DE VIE SCOLAIRE Dans les collèges, dès cette rentrée scolaire 2006-20
1 LA NOTE DE VIE SCOLAIRE Dans les collèges, dès cette rentrée scolaire 2006-2007, conformément à un décret paru au J.O. du 12 mai, le chef d'établissement, sur proposition du professeur principal de chaque classe et après avis du CPE, doit attribuer tous les trimestres aux élèves, de la sixième à la troisième, une Note de Vie Scolaire. Cette note doit mesurer l'assiduité de l'élève, son respect du règlement intérieur, sa participation à la vie de l'établissement, et une appréciation sur son comportement. Il est dit également que cette note sera prise en compte dans l'obtention du brevet des collèges. Argumentaire à propos de la note de Vie Scolaire Cet argumentaire a été construit au sein du réseau Education du MAN (Mouvement pour une Alternative Non violente), à partir des contributions : - de Patrick HUBERT, CPE en Etablissement Régional d’Enseignement Adapté, objecteur de conscience déclaré à la Note de Vie Scolaire, - de Élisabeth Maheu, Formatrice en IUFM, Formation Générale Vie de l’Etablissement, auteur du livre « Sanctionner sans punir », - d’un débat organisé à Mont-Saint-Aignan, le 8 novembre 2006 avec le Sgen-CFDT Haute- Normandie. - du recueil de diverses réactions à un premier argumentaire, et de réactions parues dans la presse. Rappel plus détaillé : proposée par François FILLON, qui ne l’évoquait que pour la classe de troisième, la Note de Vie Scolaire (NVS) a été inscrite dans la loi n° 2005-380 du 23 avril 2005 comme partie intégrante du Brevet des Collèges. Mais, malgré l’avis quasi unanime du Conseil Supérieur de l’Education et les réticences exprimées dans un rapport de l’Inspection Générale, Gilles de ROBIEN promulgue le décret n° 2006-533 du 10 mai 2006 par lequel « Une NVS est attribuée aux élèves de la classe de sixième à la classe de troisième […]. Cette note mesure l’assiduité de l’élève et son respect des dispositions du règlement intérieur. Elle prend également en compte sa participation à la vie de l’établissement et aux activités organisées ou reconnues par l’établissement. Elle est attribuée par le chef d’établissement sur proposition du professeur principal de la classe et après avis du conseiller principal d’éducation (CPE). » Un arrêté, daté également du 10 mai 2006, précise que l’assiduité et le respect du RI sont pris en compte « dans des proportions égales », que la participation à la vie de l’établissement est « valorisée par l’attribution de points supplémentaires », de même que l’obtention de l’Attestation Scolaire de Sécurité Routière (ASSR) et l’Attestation de Formation aux Premiers Secours (AFPS). Enfin la circulaire n° 2006-105 du 23 juin 2006 donne quelques précisions supplémentaires : la NVS mesure l’assiduité, et non l’absentéisme (ce sont donc les absences non justifiées qui font baisser la note) ; un élève qui respecte le RI doit obtenir la note maximum prévue pour ce domaine ; on ne peut que « rajouter » des points pour le domaine concernant la participation à la vie de l’établissement, mais rien n’est dit de plus concernant la prise en compte de l’ASSR et de l’AFPS … qui ne se passent qu’une fois ! 2 - A quels besoins répond cette note ? L’objectif poursuivi officiellement est de contribuer à l’éducation à la citoyenneté. Certains ont peut- être l’espoir qu’on ramènera ainsi le calme dans certains collèges… De nombreux enseignants et éducateurs sont satisfaits que la question des compétences « sociales » ou « comportementales » soit enfin mise à l’ordre du jour. En effet, il ne s’agit pas de seulement faire de la discipline pour pouvoir enseigner. La loi d’orientation précise que le cursus du collège comprend l’apprentissage à la citoyenneté. Qui dit apprentissage dit droit à l’erreur, méthodes pour évaluer cet apprentissage, mesures à prendre pour progresser, valorisation des compétences acquises. Quelles sont ces compétences ? Il s’agir de devenir capable de s’adapter à un cadre, respecter des personnes, un groupe, un environnement, prendre confiance en soi, communiquer, s’affirmer sans agresser, coopérer, résoudre des problèmes, (c’est-à-dire observer, prendre en compte des besoins non satisfaits, analyser les causes, inventer des solutions nouvelles..), mener des projets solidaires ( c’est-à-dire se donner des perspectives motivantes, s’organiser en équipe, accepter la différence et le handicap, s’aider mutuellement…). De nombreux témoignages attestent que l’obligation de mettre une note de vie scolaire a provoqué du débat et du décloisonnement : concertations – parfois conflictuelles, il est vrai - entre services de la vie scolaire, équipes enseignantes et directions, échanges avec les parents, prise d’initiatives de professeurs pour travailler avec les élèves sur ce thème du « vivre ensemble » …. Sont « pour » cette note, une catégorie d’élèves et leur parents qui voient l’occasion de rattraper quelques difficultés scolaires par « de la bonne volonté », ou d’autres satisfaits de rapporter une bonne note de plus. Etaient-ils les élèves ciblés ? « Ne jetons donc pas le bébé avec l’eau du bain », mais la note de vie scolaire semble une mauvaise réponse à une bonne question. - Quels problèmes pose cette Note de Vie Scolaire ? Confusion entre notation et évaluation Des Conseillers d’éducation et des enseignants s’efforcent de porter sur les copies et bulletins des appréciations qui mettent en évidence les compétences de l’élève. Mais toutes les études docimologiques – études qui portent sur la validité des notes – ont montré qu’une note - même dans les sciences dites exactes - est toujours empreinte de subjectivité. Cet habillage « mathématique » de l’évaluation est en quelque sorte trompeur, en donnant une aura de « sérieux » qui ne doit pas faire illusion. Comment prétendre que la note de vie scolaire pourrait échapper à cette subjectivité, alors même que définir des critères dans les domaines considérés par le décret 2006-533 n’a pu être fait par les divers groupes de travail qui s’y sont attelés ? Ce que nous pouvons déplorer, dans notre pays tout du moins où la réflexion sur l’évaluation est encore trop peu développée, c’est la confusion qui existe entre évaluation et notation chiffrée. Sauf dans les classes à examen, un enseignant était soumis à l’obligation d’évaluer, non de noter ! … Ce texte constitue donc une formidable régression ! Par ailleurs la notion de moyenne est un leurre « scientifique » et ne donne pas une information juste sur l’élève sauf pour dire que les très bons sont vraiment très bons et les très mauvais vraiment trop mauvais. Quand un élève a 11 sur 20, il peut être très régulièrement moyen (11 partout) ou très irrégulier (18 là et 4 ailleurs). Telle qu’est prévue l’intégration de la note de vie scolaire au brevet des 3 collèges, le bon en math en en français peut s’offrir quelques retards ou insolences sans trop de risques. Nous ne sommes pas opposés à évaluer les comportements des élèves, mais à les noter ! De façon plus prosaïque, quels critères pourraient en effet être pris en compte dans chacun des domaines définis par les textes définissant la note de vie scolaire ? - en ce qui concerne l’assiduité : faut-il, comme dans une dictée, retirer des points entiers (ou des demi points, voire des quarts de point ?) à chaque absence non justifiée ? Mais n’importe quel CPE sait bien qu’il n’est pas toujours facile d’apprécier si une absence est bien ou non justifiée … par la famille ! Que faire par exemple dans le cas – fréquent – d’une absence la veille de vacances pour un élève dont la famille avoue qu’elle part en vacances 24h avant la date officielle pour … éviter les routes encombrées, et pour son camarade dans le même cas, mais dont la famille préfère indiquer par téléphone que son enfant a une gastro … soudaine ? - en ce qui concerne le respect des dispositions du règlement intérieur : quelle « valeur » chiffrée donner à un crachat, une casquette oubliée sur la tête, une bousculade non excusée, une impolitesse, une insulte, une bagarre, un vol, une cigarette fumée dans les toilettes, une utilisation abusive du téléphone portable, etc. ? Il est à craindre, et c’est le cas dans certains établissements, que la NVS soit, dans ce domaine, attribuée davantage au « feeling » : tel élève « perturbateur » recevra une note basse, tandis que son copain toujours discret aura une note satisfaisante ! - en ce qui concerne la prise en compte de la participation à la vie de l’établissement et aux activités organisées ou reconnues par l’établissement : on est là en pleine ambiguïté, raison qui a sans doute poussé le Ministre, dans sa circulaire du 23 juin 2006, à préciser que l’évaluation dans ce domaine ne pouvait être que « positive » ! Mais cela ne pourra pas forcément éviter quelques dérives : par exemple des participations « intéressées », mais pas forcément « sérieuses », à des activités du Foyer Socio Educatif, des délégués de classe davantage attirés par la perspective d’avoir des points supplémentaires que par leur rôle de délégué, etc. - en ce qui concerne la prise en compte de l’ASSR et de uploads/S4/ la-note-de-vie-scolaire.pdf
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- Publié le Fev 22, 2022
- Catégorie Law / Droit
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