Le bossu / par M. Paul Féval Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de
Le bossu / par M. Paul Féval Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Féval, Paul (1816-1887). Le bossu / par M. Paul Féval. 1858. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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La haute chaîne des Pyrénées -déchire juste en face de vous ses neigeux horizons, et montre le ciel bleu du pays espagnol à travers la coupure profonde qui sert de chemin aux contrebandiers de Ve- nasque. ,; - A quelques lieues de là, Paris tousse, danse, ricane, et rêve qu'il guérit son incurable bronchite aux sources de Bagnèfes-de-Luchon ; un peu plus loin, de l'autre côté, un autre Paris, Paris rhumatisant,; croit laisser ses scia- tiques au fond des sulfureuses piscines de Barèges-les- Bains. •:•"-. . Eternellement, la foi sauvera Paris, malgré le fer. la magnésie ou le soufre ! LE SIECLE. — XXII. C'est la vallée de Lôuron, entre la vallée d'Aure et la vallée de Barousse, la moins connue peut-être des tou- ristes effrénés qui viennent chaque année découvrir ces sauvages contrées ; c'est la vallée de Louron avec ses oasis fleuries, ses tofrens prodigieux, ses roches fantas- tiques et sa rivière^ la brune Clarabide, sombre cristal qui se moût entre deux rivés escarpées, avec ses forêts étranges et son vieux château vaniteux, fanfaron, invraisemblable comme un'poëme de chevalerie. En descendant la montagne, à gauche de la coupure, sur le versant du petit pic Véjan, vous apercevez d'un coup d'oeil tout le paysage. La vallée de Louron forme l'ex- trême pointe de la Gascogne. Elle s'étend en éventail entre la forêt d'Ens et ces beaux bois du Fréchet qui re- joignent, à travers le val de Barousse, les paradis de Mau- léon, de Nestes et de Gampan. La terre est pauvre, mais l'aspect est riche. Le sol se fend presque partout violem- ment. Ce sont des gaves qui déchirent la pelouse, qui dé- chaussent profondément le pied des hêtres géans, qui mettent à nu la base du roc; ce sont des rampes verti- cales, fendues de haut en bas par la racine envahissante des pins. Quelque troglodyte a creusé sa demeure au pied, tandis qu'un guide ou un berger suspend la sienne au sommet de la falaise. Vous diriez l'aire isolée et haute del'aigle. La forêt d'Ens suit le prolongement d'une colline qui s'arrête tout à coup au beau milieu de la vallée pour don- ner passage à la Clarabide. L'extrémité orientale de cette colline présente un escarpement abrupte où nul sentier ne fut jamais tracé. Le sens de sa formation est à l'inverse des chaînes environnantes. Elle tendrait à fermer la vallée comme une énorme barricade jetée d'une montagne à l'autre, si la rivière ne l'arrêtait court. 27 2!0 PAULFÉVAL. On appelle dans le pays celte section miraculeuse le Hachaz (le coup de hache). 11y a naturellement une lé- gende, mais nous vous l'épargnerons. C'était là que s'élevait le capitole de la ville de Lorre, qui sans doute a donné son nom au val de Louron. C'est là que se voient encore les ruines du château de Caylus-Tarrides. De loin, ces ruines ont un grand aspect. Elles occu- pent un espace considérable, et à plus de cent pas du Ha- chaz on voit encore poindre parmi les arbres le sommet déchiqueté des vieilles tours. De près, c'est comme un village fortifié. Les arbres ont poussé partout dans les décombres, et tel sapin a dû per- cer pour croître une voûte en pierres de taille. Mais la plupart de ces ruines appartiennent à d'humbles cons- tructions, où le bois et la terre battue- remplacent bien souvent le granit. •' La tradition rapporte qu'un Çayhis-Tarrides (c'était le nom de cette branche, importante surtout' par ses;iranien^ ses richesses) fît élever un rempart autour du "petit hameau de Tarrides, pour protéger ses vassaux huguenots après l'abjuration d'Henri IV. Il se nommait Gaston de Tarrides, et portait titre de ba- ron. Si vous allez aux'ruines de Caylus, on vous montrera l'arbre du Baron. C'est un chêne. Sa-racine entre-en-terre, au bord: de l'ancienne douve qui défendait le château vers l'occi- dent. Une nuit, la foudre le frappa."C'était déjà un grand arbre; il tomba au choc et se coucha en travers delà douve. Depuis lors, il est resté là, végétant par l'écorce, qui seule est restée vive à l'endroit de la rupture. Mais le point curieux, c'est qu'une pousse s'est dégagée du tronc, à trente ou quarante pieds des bords de la douve. Cette pousse a grandi; elle est devenue un chêne superbe, un chêne suspendu, un chêne miracle, sur lequel deux mille cinq cents touristes ont déjà gravé leur nom. Ces Caylus-Tarrides se sont éteints vers le commence- ment du dix-l.uitième siècle en la personne de François de Tarrides, marquis de Caylus, l'un des personnages ° de notre histoire. En 1699,monsieur le r^arquis de Caylus était un. hpmme de soixante ans. Il avait suivi la cour au commencement du règne de Louis XIV, mais sans beaucoup de succès,,et s'était retiré .mécontent, Il vivait seul maintenant dans ses texres, a.yec la belle Aurore de Caylus, sa fille unique* On l'avait surnommé dans le pays Çaylus-Vei'rou..Voici pourquoi. Aux abords de sa quarantième année, monsieur le'mar- quis, veuf d'une, première femme qui ne lui avait point donné d'enfans, était devenu, amoureux de la fille du comte.de. Sotp-Mayor,,. gouverneur, de Pampelune. Inès de Soto-Mayor avait alors dix-sept ans..^ C'était.une. fille, de Madrid, aux yeux de; feu, au coeur plus ardent que ses yeux.. Le marquis, passait pour- n'avoir, point donné beaucoup de bonheur à sa première femme, toujours renfermée dans le vieux château dé Caylus, où elle était morte, à yingt-cinq ans. Inès.déelara à son.père..qu'elle ne serait jamais la com- pagne de cet homme. , • Mais, c'élait bien une affaire, vraiment, dans cette Es- pagne: des drames, et des. comédies; que de forcer la vo- lonté d'une jeune fille! Les alcades, les duègnes, les valets coquins et.la sainte inquisition n'étaient, au. dire de tous les vaudevillistes, institués que pour cela! Un beau soir, la triste Inès,.cachée derrière sa jalousie, dut écouter pour la dernière fois la sérénade du fils cadet du corrégidor, lequel jouait, fort bien de la guitare. Elle partait le lendemain pour la France avec monsieur le marquis, Celui-ci prenait Inès sans dot, et offrait en outre à mon- sieur de Soto-Mayor je ne sais combien de milliers de uploads/S4/ le-bossu-paul-feval.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 03, 2022
- Catégorie Law / Droit
- Langue French
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