Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen. Série épigraphique 11. Une s

Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen. Série épigraphique 11. Une souscription de femmes à Rhodes, Bulletin de correspondance hellénique 117 (1993), p. 349-358. Léopold Migeotte Citer ce document / Cite this document : Migeotte Léopold. Migeotte Léopold. 11. Une souscription de femmes à Rhodes, Bulletin de correspondance hellénique 117 (1993), p. 349-358.. In: Économie et finances publiques des cités grecques, volume I. Choix d'articles publiés de 1976 à 2001. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 2011. pp. 133-142. (Collection de la Maison de l'Orient méditerranéen. Série épigraphique, 44); http://www.persee.fr/doc/mom_0985-6471_2011_ant_44_1_3043 Document généré le 19/01/2018 11 Une souscription de femmes à Rhodes * Il y a maintenant plus de trois quarts de siècle qu’A. Maiuri a fait connaître une inscription trouvée dans la ville de Rhodes et dont il a donné, dans l’ensemble, une transcription fidèle. En revanche, il en a réduit le commentaire au strict minimum et n’a pas compris la signification d’une formule abrégée qui revient à plus de quinze reprises et dont l’interprétation est indispensable à la bonne compréhension de l’ensemble 1. En 1922, N. D. Chaviaras a brièvement commenté certains passages du document et en a amélioré l’interprétation 2. E. Ziebarth enfin, signalant en 1927 les deux publications, a donné la bonne explication de la formule abrégée, qu’il devait à R. Herzog 3. Depuis lors, à ma connaissance, le document n’a jamais été repris ni commenté. Or il ne manque pas d’intérêt. Comme le montre la photographie de la pierre (fig. 5), il ne s’agit pas d’une stèle, mais, comme l’a noté l’éditeur, d’un bloc de marbre local qui a dû, à l’origine, faire partie d’un mur. Sa hauteur est de 1,46 m, sa largeur de 0,98 m et son épaisseur de 0,30 m 4. En réalité il serait plus exact d’attribuer cette dernière dimension à la largeur de la pierre et la deuxième à son épaisseur, puisque le texte est gravé sur le côté le plus étroit, qui était autrefois exposé à la vue des passants. Mais ces mesures ne correspondent pas aux dimensions originelles, car le bloc a manifestement été retaillé à une époque ultérieure, sans doute pour un remploi : son côté droit (par rap- port à la face inscrite), bien visible sur la première photographie, est grossièrement aplani, de même que les faces supérieure et inférieure, et présente une feuillure tout * Bulletin de correspondance hellénique 117 (1993), p. 349-358 (SEG 43, 526). Cet article doit beaucoup, d’abord, aux remarques des auditeurs du séminaire d’épigraphie de l’Institut Fernand-Courby, à Lyon, puis aux critiques de V. Kontorini, qui a bien voulu le relire. Auparavant, V. Kontorini avait revu pour moi l’inscription au Musée de Rhodes et m’avait fourni les indications qui vont suivre sur l’état de la pierre et l’aspect des lettres, de même que sur leur hauteur (en moyenne 1 cm). Quant aux photographies de la pierre et aux estampages, je les dois à l’Éphorie de Rhodes. Je remercie vivement les uns et les autres. Comme le montre la photographie (fig. 5), la pierre se trouve dans la cour du Musée : sa position n’a pas permis un examen de son côté gauche. 1. AnnScAtene 2 1916, p. 134-135, no 1, avec un fac-similé. 2. ArchEph 1922, p. 49-50. 3. Bursian’s Jahresbericht 213 (1927), p. 5-6. Sur ces diverses publications, voir le SEG III, 676. 4. Ces dimensions diffèrent légèrement de celles qu’a données A. Maiuri (1,40 m x 1 m x 0,30 m) : voir la note liminaire. UNE SOUSCRIPTION DE FEMMES À RHODES 134 au long de son arête droite 5. Cet imposant bloc d’architecture était donc plus large, et sans doute plus haut, dans son état premier. D’autre part, si deux éclats d’inégale gravité ont emporté, à gauche, le début des vingt premières lignes et, en haut, tout le début de la face inscrite sur une quinzaine de lignes, le texte apparaît complet non seulement en bas, où un long vacat en indique la fin, mais aussi à gauche, du moins à partir de la ligne 22, et à droite. Par un heureux hasard, en effet, la réduction du bloc n’a pas affecté la largeur des lignes. Celles-ci, on le voit, sont assez courtes, car le graveur a disposé son texte en une colonne étroite. Puisqu’il avait affaire à une liste de contributions, il a tout naturelle- ment ordonné celles-ci les unes sous les autres en allant à la ligne pour chacune. Mais, ne pouvant ou ne voulant pas disposer d’un large espace et obligé par consé- quent d’utiliser plus d’une ligne par contribution, il a marqué le début de chacune en le gravant en retrait à gauche, en décalant la suite vers la droite et en rejetant à l’extrême droite la plupart des chiffres indiquant les sommes versées. En outre, pour les contributions dépassant deux lignes, il a de nouveau décalé la dernière ligne vers la droite de manière à la placer à peu près au centre. Or, puisqu’une telle disposition découlait manifestement d’un choix délibéré, c’est que l’ensemble comptait à l’origine plus d’une colonne. Peut-être celle que nous avons était-elle la première : l’intitulé introductif aurait alors disparu avec l’éclat supérieur et, après un vacat marquant simplement la fin de la colonne, le texte continuait à droite, sur la partie disparue, en une colonne ou en plusieurs. Mais il est vain de spéculer, dans un cas comme celui-ci, sur l’importance de la partie per- due. Par exemple, rien n’interdit d’imaginer qu’un bloc voisin, à gauche, portait le début du texte. Bref, nous ne pouvons mieux faire que d’analyser le document tel qu’il nous est parvenu. La clé de son interprétation réside dans la compréhension des lettres ASǨ, qui apparaissent dès la troisième ligne et se répètent à chaque contribution. A. Maiuri y a vu l’abréviation d’ajs(savria), suivie d’un chiffre, et en a conclu que les contribu- tions avaient été consenties tantôt en monnaie romaine (as) tantôt en drachmes rho- diennes, auxquelles il a correctement rapporté les chiffres, notés d’après le système acrophonique, qui clôturent chaque contribution. N. D. Chaviaras n’a pas réagi contre l’absurdité d’une telle explication, mais a justement noté que les noms dis- parus au début des lignes 3, 6 et 9 devaient être féminins, et non masculins comme l’avait cru l’éditeur italien. Il en a conclu que les contributions alternaient de façon régulière, celles des femmes étant en as, celles des hommes en drachmes ! En réalité, comme R. Herzog l’a compris, il s’agit tout simplement de l’expression a|~ kuvrio~ (« dont le tuteur est… »), qu’on rencontre dans d’autres inscriptions rhodiennes et notamment, pour citer un texte analogue au nôtre, dans la souscription 5. C’est probablement à cause de ce dernier détail qu’A. Maiuri a conclu : « adibito forse fin dall’epoca dei Cavalieri a soglia di porta ». Mais, si la pierre a effectivement servi de seuil, sa face droite devrait présenter des traces d’usure. 351 350 BCH 117 (1993), p. 349-358 135 ouverte par Lindos, à la fin du IVe siècle, pour reconstituer la parure d’Athéna Lindia et sa collection de vases sacrés détruits par un incendie 6. Tel que j’ai pu l’établir grâce aux photographies et à l’estampage (fig. 6), tout en tenant compte des lectures d’A. Maiuri, le texte se présente ainsi. - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ªnom fém. patron. démot. a|~ kuv(rio~)º ªnom masc. patr. Tºhvlio~ H ªnom fém. Laodiki;~ ajpo; Fºoinivka~ a|~ kuv(rio~) 4 ªnom masc. Laoºdikeu;~ ªajpo; Foinivka~ mºevtoiko~ D ªnom fém. Laodiki;~ ajºpo; Foinivka~ a|~ kuv(rio~) nom masc. Laodikeu;~ 8 ªajpo; Foinivkºa~ mevtoiko~ D ªnom fém. Dºravkonto~ Damatria;~ ªa|~ kuv(rio~) Mnaºsagovra~ ÔUyikleu`~ ªLindºopolivta~ 2 12 ªnom fém. Mnºasagovra Lindopoli`ti~ ªa|~ kuv(rio~) Mnasºagovra~ ÔUyikleu`~ ªLindºopolivta~ 2 nom fém. Turiva a|~ kuv(rio~) 16 nom masc. Sidwvnio~ 1 nom fém. - - olavou Fagaiva a|~ kuv(rio~) ªnom masc. - -ºiva Polivta~ D ªnom fém. ∆Aºrivstwno~ Kasari;~ 20 ªa|~ kuv(rio~) - - ºo~ Timavrcou Thvlio~ D nom fém. Seleuki;~ a|~ kuv(rio~) Eu[odo~ Seleukeu;~ w|i aJ ejpidamiva devdotai D 24 Lewnakevti~ mevtoiko~ a|~ kuv(rio~) Nuvªsºio~ Neapolivta~ D ª∆Agºaqanovrh Patari;~ mevtoiko~ a|~ kuv(rio~) Trivtullo~ ÔAghmonivda kaq∆ uJ(oqesivan) 28 Trituvllou Levlio~ D ªPºtolemai÷~ ∆Iavswno~ ∆Argeiva a|~ kuv(rio~) ∆Aristovmaco~ ∆Alexavndrou Kamuvndio~ 2 32 ªCºrusw; ∆Aristomavcou Kamundiva a|~ kuv(rio~) ∆Aristovmaco~ ∆Alexavndrou Kamuvndio~ DD1 6. J’ai repris l’intitulé de cette liste et commenté la souscription dans mes Souscriptions publiques dans les cités grecques (1992), no 39. Sur l’expression en cause, voir p. 115. 352 UNE SOUSCRIPTION DE FEMMES À RHODES 136 ªKºl≥eupavtra ∆Aristomavcou Kamundiva 36 a|~ kuv(rio~) ∆Aristovmaco~ ∆Alexavndrou Kamuvndio~ DD1 ªKºl≥eupavtra Milhsiva a|~ kuv(rio~) Dexivla~ Patareu;~ 40 mevtoiko~ D ªPºasikravteia Patari;~ a|~ kuv(rio~) Dexivla~ Patareu;~ mevtoiko~ D 44 P≥antavkleia Polivtou kata; q(ugatropoivan) Pausaniva ∆Amiva a|~ kuv(rio~) ÔAghsivpoli~ ÔAghsipovlio~ Bravsio~ 1 48 ÔO≥movnoia ejggenh;~ a|~ kuv(rio~) Farnavkh~ ejggenh;~ mevtoiko~ 1 ªÔOºmovnoia ÔAlikarnassi;~ a|~ kuv(rio~) 52 Farnavkh~ ejggenh;~ mevtoiko~ 1 ªQºeudwvra Bhrutiva a|~ kuv(rio~) Qeuvdwro~ Bhruvtio~ 56 mevtoiko~ D ªEijrºhvna ∆Antioci;~ a|~ kuv(rio~) ªTºruvfwn ∆Antioceu;~ D vacat N. C. — Rest. M. — L. 1 : rien uploads/S4/ migeotte-1993-une-souscription-de-femmes-a-rhodes.pdf

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  • Publié le Jan 02, 2023
  • Catégorie Law / Droit
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