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JEUDI 4 FÉVRIER 2021 77E ANNÉE – NO 23662 3,00 € – FRANCE MÉTROPOLITAINE WWW.LEMONDE.FR – FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY DIRECTEUR : JÉRÔME FENOGLIO Algérie 220 DA, Allemagne 3,80 €, Andorre 3,80 €, Autriche 3,80 €, Belgique 3,30 €, Canada 5,80 $ Can, Chypre 3,20 €, Danemark 36 KRD, Espagne 3,60 €, Gabon 2 400 F CFA, Grande-Bretagne 3,20 £, Grèce 3,50 €, Guadeloupe-Martinique 3,30 €, Hongrie 1 460 HUF, Italie 3,50 €, Luxembourg 3,30 €, Malte 3,20 €, Maroc 23 DH, Pays-Bas 4,00 €, Portugal cont. 3,50 €, La Réunion 3,30 €, Sénégal 2 400 F CFA, Suisse 4,50 CHF, TOM Avion 500 XPF, Tunisie 4,50 DT, Afrique CFA autres 2 400 F CFA Alexeï Navalny, au tribunal de Moscou, le 2 février. MOSCOW CITY COURT PRESS SERVICE/AFP LE REGARD DE PLANTU Genre L’institution scolaire engage la réflexion sur la transidentité PAGES 12-13 Politique Gérald Darmanin tente d’afficher une image plus apaisée PAGE 9 Climat L’Etat condamné pour « carences fautives » dans « L’affaire du siècle » PAGE 14 BIRMANIE : LE PARI PERDU D’AUNG SAN SUU KYI PAGE 28 1 É D I T O R I A L Télétravailleurs, patrons, précaires, le monde du travail paie un lourd tribut au Covid. Entre septembre et novembre 2020, les dépressions ont plus que doublé, et cette tendance, en modifiant achats et investissements, risque de freiner la reprise PAGES 18-19 Economie Le monde du travail fragilisé par la déprime GameStop Histoire de la révolte des boursicoteurs contre Wall Street c’est david contre goliath. L’histoire de milliers de boursi- coteurs américains qui font monter si haut les actions des magasins de jeux vidéo Game- Stop qu’ils piègent les géants de Wall Street. L’attachement en- vers cette valeur est sentimental pour une partie d’entre eux, qui refusent de laisser des fonds spé- culatifs jouer la valeur à la baisse. Retour sur cette saga qui pas- sionne une partie de l’ Amérique et a ébranlé quelques certitudes au sein du monde de la finance. Même si, mardi 2 février, la petite valeur avait à nouveau plongé à la clôture de Wall Street, le feuilleton interroge. PAGES 16-17 « Le Monde » a enquêté sur les négociations entre la Commission euro- péenne et les groupes pharmaceutiques. Un choix où les arguments économiques ont parfois prévalu sur la maturité scientifique des vaccins PAGES 6-7 Covid Les dessous du choix européen sur les vaccins Le président Mattarella recourt à l’ancien patron de la BCE pour trouver une issue à la crise PAGE 4 Italie Mario Draghi appelé à la rescousse LE MONDE ARGENT – SUPPLÉMENT L’ARGENT, UNE AFFAIRE DE FAMILLE Condamnation d’Alexeï Navalny : Poutine réprime l’opposition et défie l’Occident ▶ Mardi 2 février, le principal opposant au Kremlin a été condamné à trois ans et demi d’emprisonne- ment à Moscou ▶ Une nouvelle étape est franchie dans le durcissement du régime de Vladimir Poutine ▶ Européens et Améri- cains demandent sa libération immé- diate. M. Macron juge cette condamnation « inacceptable » ▶ La suspension du gazoduc Nord Stream 2 en guise de sanction est à nouveau évoquée PAGES 2-3 ET 28 CALENDRIER Emmanuel Macron pro- met que tous les Français adultes qui le souhaitent seront vaccinés d’ici à la fin de l’été PAGE 10 ASTRAZENECA Après les autorisations des produits Pfizer et Moderna, le vaccin d’ AstraZeneca pourra être utilisé en France pour les moins de 65 ans PAGE 8 CHINE-RUSSIE En Europe, seule la Hon- grie a passé commande auprès de Moscou et de Pékin PAGE 7 MUTATION Le variant britannique, qui continue de muter, menace de résister à certains vaccins PAGE 8 Dans une tribune au « Monde », la chancelière allemande, les présidents français et sénégalais, l’ONU et l’Union euro- péenne appellent à un renforcement de la coopé- ration internationale pour lutter contre la pandémie IDÉES – PAGE 25 Bâtir un multilatéralisme plus solidaire p a r ANTONIO GUTERRES, URSULA VON DER LEYEN, EMMANUEL MACRON, ANGELA MERKEL, CHARLES MICHEL, MACKY SALL Enventechezvotremarchanddejournaux 2| INTERNATIONAL JEUDI 4 FÉVRIER 2021 0123 Le Kremlin choisit la manière forte contre l’« ennemi » Navalny Condamné mardi à trois ans et demi de prison, Alexeï Navalny a porté à la barre une charge cinglante contre Vladimir Poutine, qui se montre inflexible face à l’opposant et à ses soutiens, toujours mobilisés dans la rue moscou - correspondant U ne nouvelle étape a été franchie dans le durcisse- ment du régime de Vladi- mir Poutine, mardi 2 fé- vrier, avec l’envoi en prison de son principal opposant. Le sort d’ Alexeï Navalny a été tranché par un tribunal moscovite excentré et transformé en forteresse. Il a été condamné à une peine de trois ans et demi de prison, pour avoir violé une mesure de contrôle judiciaire du- rant la période où il était en convalescence en Allemagne, après avoir été victime d’un empoisonnement. En vertu de la période qu’il a passée sous le régime de l’assignation à résidence dans la même affaire, la peine effective est de deux ans et huit mois. La décision a été rendue dans le même cli- mat survolté qui caractérise les actions des autorités russes depuis le retour au pays de l’opposant. Le lieu de l’audience a été modifié au dernier moment, tout comme l’avait été l’aéroport de son arrivée, le 17 janvier, et le tri- bunal finalement retenu a fait l’objet d’un dé- ploiement de force conséquent pour tenir à distance journalistes et soutiens de M. Na- valny. La présence de diplomates étrangers à l’audience a été relayée par les médias fédé- raux, comme un signe de la « soumission » de l’opposant à des donneurs d’ordre étrangers. Plus de 300 soutiens de M. Navalny, parfai- tement pacifiques, ont été détenus avant même le prononcé du verdict, et de nom- breux journalistes ont été arrêtés. Les grandes villes russes ont elles aussi été bou- clées dans la soirée, alors que des appels à manifester avaient été lancés. Environ 1 000 arrestations supplémentaires ont été enregistrées dans la soirée, dans une dizaine de villes. A Moscou, la police a immédiate- ment fait usage de la violence à l’encontre des petits groupes d’individus qui tentaient de se rejoindre dans le centre-ville. Ces groupes étaient peu nombreux et constitués de manifestants pour l’essentiel jeunes. L’abattement semblait dominer dans leurs rangs face à un verdict attendu mais aussi au durcissement généralisé qui est désormais anticipé. Les coups de klaxon continus des automobiles passant à proxi- mité du Kremlin montraient toutefois une exaspération plus profonde. « SIGNES DE FAIBLESSE » Jusqu’à la lecture du verdict, M. Navalny n’a été montré que quelques secondes dans sa cage en verre, les caméras étant, de manière inhabituelle, interdites. Ses échanges avec la cour ont toutefois été retranscrits, comme ses « derniers mots » prononcés avant l’énoncé du verdict. Comme il l’a tou- jours fait, l’opposant a utilisé cette rare tribune pour lancer une charge cinglante contre Vladimir Poutine. « Quelqu’un a décidé que je ne devais pas faire un pas en homme libre sur le sol de no- tre pays, a-t-il dénoncé. Et nous savons qui, nous en savons la raison : la haine et la peur d’un homme. (…) Le petit voleur dans son bu- nker (…) voudrait apparaître comme un grand géopoliticien et son ressentiment envers moi vient du fait qu’il restera dans l’histoire comme un empoisonneur. Il y eut Alexandre le Libérateur ou Iaroslav le Sage. Nous aurons Vladimir l’Empoisonneur de slips. » Il a terminé ce discours en préve- nant : « La garde nationale, cette cage, ce sont des signes de faiblesse. Vous ne pourrez pas emprisonner tout le pays. » Alexeï Navalny a ensuite été emmené. Dé- tenu à la prison moscovite de Matrosskaïa Tichina depuis deux semaines, il devrait être en théorie transféré vers une colonie à régime général. Mais le pouvoir pourrait aussi chercher à éviter de le placer parmi d’autres prisonniers. Plusieurs défenseurs des droits de l’homme disent par ailleurs craindre pour sa sécurité. Ce verdict était anticipé, au vu de la hargne dont a fait preuve le pouvoir russe dans le traitement du cas Navalny. Elle marque tout de même un nouveau tournant, après la ten- tative de meurtre qui a visé l’opposant à l’été 2020. Après des années de harcèlement de moyenne intensité, fait d’arrestations brè- ves et de poursuites judiciaires à répétition, le Kremlin a l’espoir de se débarrasser de ma- nière durable de son ennemi le plus acharné, le « blogueur » Navalny. Quitte à en faire un prisonnier politique. L’homme ne découvre pas la détention : depuis 2013, date de la dernière élection à la- quelle il a pu participer, il y a passé 252 jours, fruits de multiples condamnations admi- nistratives. Il est même probable que M. Na- valny voie la prison comme une nouvelle Lors d’une manifestation dénonçant la condamnation d’Alexeï Navalny, à Saint-Pétersbourg (Russie), le 2 février. DMITRI LOVETSKY/AP CONDAMNATION D’ALEXEÏ NAVALNY Yves Rocher empêtré dans l’affaire Navalny Des appels au boycottage du groupe français de cosmétiques, dont la filiale russe est uploads/S4/ journal-le-monde-du-jeudi-4-fevrier-2021.pdf
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- Publié le Nov 30, 2022
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