Université de Marne-La-Vallée Cité Descartes 77420 Champs-sur-Marne L3 STPI Gén
Université de Marne-La-Vallée Cité Descartes 77420 Champs-sur-Marne L3 STPI Génie Urbain CADOUX Damien GOHIER Malo POINT Benoît Le lundi 5 mars 2007 Réflexion sur la réalité de la prison dans le tissu urbain mitoyen Anthropologie Urbaine Pour introduire cette réflexion sur la place de la prison dans la société et plus particulièrement dans la ville, on pourrait citer une phrase que Winston Churchill a dit un jour « montrez-moi vos prisons et je vous dirai quel genre de gouvernement vous avez ». Cette citation très célèbre invite les sociétés démocratiques à réfléchir sur une meilleure intégration du système carcéral dans la société mais aussi de la prison dans son environnement spatial, les deux étant fortement liés. Pour notre étude, un regard extérieur sur la prison nous a semblé être plus approprié qu’une analyse de la vie carcérale puisque l’anthropologie urbaine est une discipline avant tout fondée sur l’importance accordée aux relations de la société avec la ville. 1 REMERCIEMENTS Nous remercions les commerçants qui ont acceptés de servir de relais pour récupérer les questionnaires, les services de la mairie de Fresnes qui nous ont généreusement donnés les cartes que nous recherchions, ainsi que le livre des associations de la commune. Nous tenons à remercier tout particulièrement les personnes qui ont accepté de répondre à nos questionnaires et celles qui se sont soumises avec générosité au jeu des entretiens. 2 TABLE DES MATIERES I. Problématique et méthode ____________________________________________ 4 A. Contexte d’étude : la place de la prison dans la société française _________________4 1. La situation française __________________________________________________________ 4 2. L’histoire de l’enfermement et du système carcéral français ___________________________ 5 3. Les objectifs du système et les questions essentielles ________________________________ 6 B. Questionnement personnel _______________________________________________9 1. Objectifs de l’étude ____________________________________________________________ 9 2. Prénotions __________________________________________________________________ 10 3. Problématique _______________________________________________________________ 11 C. Conception de l'enquête ________________________________________________ 11 1. Schéma d'intelligibilité ________________________________________________________ 11 2. Champs d'étude _____________________________________________________________ 11 3. Méthodologie _______________________________________________________________ 12 II. Présentation, enquête et résultats _____________________________________ 13 A. Présentation du lieu d'étude _____________________________________________ 13 1. Histoire de la prison __________________________________________________________ 13 2. Caractéristiques du bâti _______________________________________________________ 14 3. Caractéristiques sociales _______________________________________________________ 16 B. Commentaires sur la mise en oeuvre ______________________________________ 16 1. Recueil de données ___________________________________________________________ 16 2. Questionnaire _______________________________________________________________ 16 3. Entretiens __________________________________________________________________ 18 C. Présentation des résultats et interprétation ________________________________ 19 1. Questionnaires ______________________________________________________________ 19 2. Entretiens __________________________________________________________________ 20 3. Interprétation _______________________________________________________________ 23 III. CONCLUSION GENERALE _____________________________________________ 24 A. En quoi les données recueillies ont-elles modifiées la perception initiale et nos prénotions ? _______________________________________________________________ 24 1. La vision du tissu urbain autour de la prison _______________________________________ 24 2. Les gênes ___________________________________________________________________ 25 3. La qualité de vie______________________________________________________________ 25 B. Limites techniques de la mise en œuvre ____________________________________ 27 1. Le questionnaire, les entretiens et les recherches __________________________________ 27 2. Une démarche couplée questionnaire / porte-à-porte / entretien _____________________ 28 3. Une approche comparative ____________________________________________________ 28 C. Elargissement du sujet __________________________________________________ 28 1. Architecture de la prison _______________________________________________________ 28 2. Repenser l’urbanisme _________________________________________________________ 29 3. Accepter la prison et intégrer le personnel pénitentiaire à la vie communale _____________ 29 3 INTRODUCTION A l’heure où la France est fortement critiquée par l’Union Européenne pour ce qui est de l’état de ses prisons et du niveau de confort qu’elles offrent à ses détenus, le propos de l’ex chef du gouvernement britannique lors de la seconde guerre mondiale ressurgit avec vigueur. L’important balayage médiatique autour des centres pénitentiaires a attiré notre attention, et ainsi nous avons choisi de nous intéresser aux relations entretenues entre les prisons et leur environnement urbain proche. Dans cette étude, inscrite dans notre cours d’anthropologie urbaine, il ne s’agira pas d’étudier la place de la prison et de l’incarcération dans la société, ni même l’état actuel du système carcéral français mais il est évident que nous serons obligés, ne serait-ce que brièvement, d’y faire référence, sans quoi nous ne pourrions totalement cerner tous les aspects qui gravitent autour de notre recherche. Dans la mesure où l’on se place dans une enquête de sociologie urbaine, il s’agira pour nous, non pas de regarder la prison de l’intérieur mais plutôt de l’extérieur et à partir de là, d’essayer d’évaluer l’impact que peut avoir un centre pénitentiaire sur le tissu social et urbain mitoyen. Dans une première partie nous présenterons la problématique et la méthode de notre enquête. Nous aborderons d’abord des notions plutôt théoriques sur la place de la prison dans une société démocratique comme la France, puis nous introduirons les questions fondamentales qui se posent sur les relations qui existent entre la ville et la prison. Dans un deuxième temps, nous parlerons de l’étude que nous avons menée sur le centre pénitentiaire de Fresnes, une des plus grandes prisons françaises. L’objet est d’établir les relations qui lient la prison à la ville. Finalement nous ferons une synthèse des résultats de l’enquête et nous nous interrogerons sur la cohérence de la méthode que nous avons employée et sur les aspects à approfondir pour une meilleure compréhension du sujet. 4 I. Problématique et méthode A. Contexte d’étude : la place de la prison dans la société française 1. La situation française LE PORTRAIT Même si l’objectif de cette étude ne se trouve pas dans l’analyse du système carcéral français, on ne peut prétendre s’intéresser à des questions qui lui sont rattachées si on ne dresse pas un minimum le tableau de ce dernier. On ne peut pas comprendre comment la ville va interagir avec l’établissement pénitentiaire si on n’a aucune idée de son fonctionnement et de sa réalité. Quelques chiffres, tout d’abord, pour dresser un panorama très général du système carcéral actuel : - la part des femmes dans la population carcérale est de l’ordre de 3.7 %, soit environ 96.3 % d’hommes, - un taux de détention en France de l’ordre de 85 pour 100 000 habitants contre 702 aux Etats-Unis (la population carcérale américaine étant un cas à part car ayant quadruplée en 30 ans), - un tiers des personnes incarcérées sont des prévenus (personnes en attente d’un jugement), les deux autres tiers sont des condamnés (particularité française), - 31 % des condamnés purgent une peine inférieure à un an, 32 % une peine comprise entre un et cinq ans et 37 % une peine supérieure à cinq ans, - les principaux chefs d’accusation sont les agressions sexuelles et les viols (22.2 %), les vols simples ou aggravés (20.3 %), les infractions à la législation sur les produits stupéfiants (12.7 %) et les homicides volontaires (9 %)1. Au 1er décembre 1999, le taux moyen d’occupation des prisons françaises était de 119 %. Plus de la moitié (51%) des établissements pénitentiaires avaient une densité de population supérieure à 100 %, soit plus de prisonniers que de places disponibles, répartis de la manière suivante : - 31 % des prisons se situaient entre un taux d’occupation de 100 et 150 % - 13 % entre 150 et 200 % - 7 % supérieur à 200 % L’ACTUALITE La France est un très mauvais élève en Europe. Afin de retrouver son rang, d’éviter des sanctions plus importantes de la part de la communauté internationale et par voie de conséquence dans le but de redorer quelque peu son blason, le gouvernement, via son ex- ministre de la justice, Dominique Perben, a proposé une loi, adoptée en 2002, qui prévoit la construction de 7 000 places supplémentaires ainsi que la rénovation de 4 000 places existantes qui ne répondent pas aux objectifs de confort demandés par l’Union Européenne. Cette politique est en cours de réalisation avec la construction de plusieurs établissements en France comme à Bourg-en-Bresse (01), Mont-de-Marsan (40), Rennes et Vezin-le-coquet (35),… 1 Données recueillies sur Encarta 2005. 5 Maintenant que nous situons mieux ce qu’il en est de la position du système carcéral français, ses difficultés aussi bien quantitatives que qualitatives d’accueil, nous allons tenter de comprendre comment, à travers le temps, l’idée de l’enfermement s’est imposée à notre société. Le but, ici, est de comprendre pourquoi ces prisons existent, cet éclairage est essentiel à une bonne compréhension de l’étude menée par la suite puisque la prison, en tant qu’institution et matérialité de l’espace urbain, constitue l’objet vers lequel tous les projecteurs seront tournés. 2. L’histoire de l’enfermement et du système carcéral français DURANT L’ANTIQUITE Avant de parler du système français, intéressons-nous à la manière dont les romains et les grecs à l’antiquité s’occupaient des indésirables, de ceux qui avaient une certaine déviance par rapport à la norme. A cette époque on préférait la privation des droits civiques ou bien l’exil à l’enfermement pour punir un citoyen qui avait été considéré dangereux pour l’ordre public ou les bonnes mœurs. Les prisons existaient tout de même mais étaient principalement destinées aux prisonniers politiques et aux grands criminels. A L’EPOQUE MOYENAGEUSE À l’époque féodale, les puissances royales et seigneuriales disposaient également de lieux d’isolement. Les premiers ont pour objectif l’oubli social du détenu, comme c’est le cas des donjons et des oubliettes. Les cachots quant à eux, bas et étroits, sont l’antichambre de la torture. La uploads/S4/ projet-d-x27-anthropologie-prisons-licence3-2007.pdf
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- Publié le Apv 03, 2022
- Catégorie Law / Droit
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