I RÉTROSPECTIVE ET SITUATION ACTUELLE Le revenu des ménages n’a cessé d’augment
I RÉTROSPECTIVE ET SITUATION ACTUELLE Le revenu des ménages n’a cessé d’augmenter depuis la Seconde Guerre mondiale. Cette augmentation a connu des rythmes variables, reflétant en cela l’évolution de la production nationale : forte croissance pendant les Trente Glorieuses puis ralentissement depuis le début des années 1980. Revenus du travail Le salaire net moyen a progressé de manière quasi continue en France, mais à des rythmes différents selon les périodes : • l’accroissement a été rapide durant la période faste des Trente Glorieuses, avec un rythme de progres- sion de 4,3 % par an en moyenne ; • en revanche, depuis la fin des années 1970, le ralentissement de la croissance et la dégradation de l’emploi s’accompagnent d’un infléchissement significatif de la tendance puisque le taux d’aug- mentation annuel tombe aux alentours de 0,4 % (0,3 % sur la période 2001-2006). Sur les vingt-cinq dernières années, les évolutions des salaires annuels nets moyens dans le secteur privé et la fonction publique d’État sont assez voisines (gra- phique 1), mais elles résultent néanmoins de logiques dif- férentes : • dans le secteur privé, elles apparaissent très liées aux cycles conjoncturels. Elles sont ainsi particu- lièrement faibles pendant les années 1986-1989 et 1992-1996 aux creux des cycles macroécono- miques. Après un ralentissement en 2002-2003, les salaires repartent quelque peu à la hausse sous l’effet d’une croissance plus favorable depuis 2004 ; • dans la fonction publique d’État, elles sont plus directement liées à des règles centralisées. Ainsi, la 67 Revenus des ménages CONTEXTE NATIONAL Définition Le revenu des ménages des Fran- çais se compose de trois parts : les revenus du travail, ceux du capital etlesrevenusmixtes.Larépartition entrelesFrançaisaétéaffectéepar le développement de revenus de transferts qui ont permis, avec des limites,deréduirelesinégalitésde revenu primaire. Plusieurs indicateurs permettent d’analyser ces revenus. Indicateurs • Salaire net : salaire net de prélè- vements sociaux, reçu effective- ment par le travailleur. • Revenuprimaire :cequiestperçu par un agent économique et qui résulte de son travail et de son patrimoine (salaire, intérêts d’un compte d’épargne). • Revenu disponible brut : revenu primaire – impôts + transferts sociaux. • Niveaudevie :revenudisponible brut du ménage divisé par le nombred’unitésdeconsommation (UC). Les UC sont généralement cal- culéesselonl’échelled’équivalence dite« del’OCDEmodifiée »quiattri- bue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres per- sonnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans. • Patrimoine : ensemble des biens possédés par les ménages produc- teurs de revenus. Exemples : biens immobiliers, actions, comptes d’épargne… fiche 6 ••• 06-Fiches-culture 2030-6-ok:Mise en page 1 23/03/11 9:10 Page 67 période 1982-1988 est marquée par une progression limitée des salaires, même si quelques mesures générales ont pu être prises au cours de ces années. La hausse plus rapide sur 1989-1995 est à relier aux revalorisations d’in- dice mises en œuvre dans le cadre des plans Jospin-Lang et Durafour. Entre 2002 et 2005, les salaires nets annuels moyens ont diminué en termes réels, avant de rebondir en 2006. Culture & Médias 2030 68 fiche 6 • Seuil de pauvreté : un individu (ou un ménage) est considéré commepauvrelorsqu’ilvitdansun ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. L’Insee le fixe habituellement à 50 %duniveaudeviemédiantan- disqu’Eurostatprivilégieleseuilde 60 % du niveau de vie médian. ••• Graphique 1 – Évolution des salaires de 1982 à 2006 Source : Insee, déclarations annuelles de données sociales (DADS) et fichiers de paie des agents de l’État (semi-définitif pour 2006). 114 116 Indice base 100 en 1982, en euros constants 112 110 108 106 104 102 100 98 1982 1984 1986 1988 Salaires du secteur privé et semi-public Salaires de la foction publlique d'État 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 Graphique 2 – Évolution du revenu net moyen (1978-2005) et du salaire mensuel de base (2003-2006) Source : Dares, enquête Acemo ; Insee, indice des prix. En milliers d'euros constants (2005) Évolution du salaire mensuel de base Revenu salarial net moyen En % 35 30 25 20 15 10 5 1,2 1,0 0,8 0,6 0,4 0,2 0 1978 1981 1984 1987 Salaire moyen par tête Revenu salarial net Smic annuel 0,2 0,4 0,9 1,2 1990 1993 1996 1999 2002 2005 2003 2004 2005 2006 Champ : France, salariés à temps complet du secteur privé et semi-public ; France métropolitaine, agents civils de l’État. 1. Hors France Télécom et la Poste. 06-Fiches-culture 2030-6-ok:Mise en page 1 23/03/11 9:10 Page 68 Un nouvel indicateur : le revenu salarial moyen Jusqu’à maintenant, l’indicateur de référence était le salaire net moyen des salariés à temps complet (supra). Mais, le temps partiel s’étant beaucoup développé en France depuis 25 ans, l’Insee a construit un nouvel indicateur, le « revenu salarial moyen » qui prend en compte la durée hebdomadaire de travail et le nombre de semaines travaillées dans l’année. En 2006, le revenu salarial moyen pour l’ensemble des salariés du public et du privé s’éle- vait à 17 700 euros par an, et à près de 17 160 euros si l’on ne prend en compte que le seul secteur privé. Son évolution est plus faible que celle du salaire moyen. Cet indicateur permet également de mesurer les inégalités de salaire : alors que, après une période de décroissance, ces inégalités étaient stabilisées depuis 1984 si l’on ne considérait que les salariés à temps complet, les analyses en termes de revenu salarial montrent en revanche une augmentation des inégalités qui s’est poursuivie jusque dans les années 1990 (pour se stabiliser ensuite). Ces inégalités ont touché particulièrement les jeunes et les ouvrières, et s’expliquent pour l’essentiel par la baisse du nombre de jours rémunérés1. Revenus de transferts Les prestations sociales (allocations familiales, aides au logement, minima sociaux) ont progressé très rapidement et représentent aujourd’hui plus du tiers du revenu des ménages. Pour les ménages de type « famille monoparentale dont la mère est inactive », les revenus de transferts représentent plus de 50 % du revenu. Le système de redistribution réduit le niveau de vie des 20 % les plus aisés de 19 % en moyenne : il passe ainsi de 48 540 euros avant redistribution à 39 280 euros après redistri- bution. À l’inverse, le niveau de vie des 20 % les moins aisés est augmenté de 47 %, passant de 7 080 euros avant redistribution à 10 380 euros après prélèvements et prestations. Au milieu de l’échelle des niveaux de vie, l’impact des transferts sociaux et fiscaux est plus faible2. La redistribution horizontale – transfert monétaire des ménages sans enfant vers les ménages avec enfants – est importante. Ainsi, le niveau de vie d’un parent isolé augmente de 18 % du fait, entre autres, des dispositifs qui lui sont spécifiquement accordés. De même, le niveau de vie des familles nombreuses augmente en moyenne de 7 % après redistribution. 1. Romain AEBERHARDT, Julien POUGET, Anne SKALITZ, « Le revenu salarial et ses composantes, évolution et inégalités de 1978 à 2005 », dans les Salaires en France 2007, Paris, Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), 2007, p. 27-49, http://www.insee.fr/fr/ffc/ficdoc_frame.asp?ref_id=SALFRA07ac&doc_id=2126 2. Insee, Portrait social, 2008. Revenus des ménages 69 fiche 6 CONTEXTE NATIONAL Graphique 3 – Part des prestations sociales dans le revenu disponible des ménages Source : Insee, comptes nationaux. % 40 35 30 25 20 1978 1981 1984 1987 1990 1993 1996 1999 2002 2005 06-Fiches-culture 2030-6-ok:Mise en page 1 23/03/11 9:10 Page 69 Culture & Médias 2030 70 fiche 6 Revenus du patrimoine La composition des revenus du patrimoine est constituée de deux éléments : les revenus immobiliers d’une part, et les revenus du patrimoine financier d’autre part. Sur longue période, on observe une hausse du patrimoine des ménages par rapport à leur revenu, et cette hausse s’est accélérée entre 2000 et 2006 pour, semble-t-il, atteindre un pla- teau (graphique 4). Sur la période 1993-2005, les revenus du patrimoine immobilier ont connu une crois- sance soutenue : + 3,5 % par an en euros constants, ceci étant essentiellement dû à une crois- sance des loyers plus rapide que l’inflation (l’immobilier représentait 0,5 % du patrimoine net fin 2007). En revanche, les revenus du patrimoine financier connaissent une croissance plus faible sur la période (0,8 % par an). Ils représentaient 12,4 % du revenu primaire en 1993 et 10,6 % en 2005. Ce résultat global recouvre des évolutions très différenciées, les intérêts perçus ayant baissé mais la distribution des dividendes étant particulièrement forte. Enfin, il faut souli- gner la part croissante des revenus capitalisés sur produits d’assurance-vie : elle passe de 2,2 % du revenu primaire en 1993 à 3 % en 2000 puis se stabilise. Le patrimoine est beaucoup plus fortement concentré que les revenus : le rapport inter- décile – entre les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres – est de 1 à 64 en termes de patrimoine ; les 10 % les plus riches possèdent au total entre 45 % et 50 % de l’ensemble du patrimoine. Ces chiffres ne doivent pas masquer le fait que le uploads/Finance/ 06-fiches-culture-2030-6-ok.pdf
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- Publié le Jui 17, 2021
- Catégorie Business / Finance
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