Les Cahiers du MECAS, N° 2, Mars 2006 167 Gestion de la trésorerie : Aspects th

Les Cahiers du MECAS, N° 2, Mars 2006 167 Gestion de la trésorerie : Aspects théoriques et pratiques Mohamed Brahim Abdellaoui Doctorant, Université de Tlemcen Laboratoire MECAS Abdlaoui_br@yahoo.fr RESUME : Tous les auteurs s’accordent actuellement sur l’importance de la trésorerie dans la gestion financière d’un organisme qu’il soit public ou privé. Si par définition la trésorerie rassemble l’ensemble des moyens de financement liquides dont dispose une organisation, elle englobe actuellement aussi les autres monnaies internationales en plus de la monnaie nationale. Le but de cet article est de présenter les fondements de la gestion de la trésorerie avec une application sur une entreprise publique algérienne, vue les mutations économiques que connaissent notre pays dans ce nouveau millénaire. 1- ÉVOLUTION HISTORIQUE DU MÉTIER DE TRÉSORIER Le rappel des principales étapes de l’évolution du métier de trésorier est le moyen le plus simple pour appréhender la mutation rapide de la fonction trésorerie dans l’entreprise.  LES ANNÉES SOIXANTE OU LE TRÉSORIE-COMPTABLE Il s'agit, en fait, d'une fonction classique de caissier adaptée à l'utilisation généralisée de moyens de paiement bancaires. Le Trésorier est donc d'abord un comptable qui suit au jour le jour et en date de valeur la position des comptes bancaires de l'entreprise. Il confronte l'information comptable interne avec l'information externe transmise par les banques. Son rôle d'interface lui permet de compenser les limites de l'information comptable traditionnelle qui privilégie la notion de date de comptabilisation ou celle de date d'opération, alors que le solde bancaire à surveiller est le solde en valeur dans les livres de la banque. Au sein de l'entreprise, le trésorier est dépendant des services comptables d'où il tire toute l'information dont il a besoin. La philosophie générale qui guide son action est simple : il est le « gardien de la liquidité de l'entreprise»1.  LES ANNÉES SOIXANTE .DIX ET LA TRÉSORERIE ZÉRO Contrôleur des comptes bancaires, gardien de la liquidité, le rôle. Du trésorier était jusque-là un peu statique. Il ne participait pas aux décisions de gestion car il n'avait pas de stratégie d'action claire. Cette 1 Cf. J.P. JOBARD, « La gestion de trésorerie: Evolution et aspects nouveaux » doc. CREFIB, Univ. Paris l, 1990, p. 4 Les Cahiers du MECAS, N° 2, Mars 2006 168 situation va changer au début des années 1970 avec la reconnaissance du principe de « trésorerie zéro ». Désormais, le trésorier a un objectif opérationnel clair : maintenir le solde bancaire global aussi proche que possible de zéro afin de minimiser les frais financiers et les coûts d'opportunité liés à des soldes respectivement débiteurs et créditeurs. C'est de cette époque que date le terme de gestion de trésorerie car il s'agit de procéder à des placements ou de négocier des emprunts adaptés au profit des soldes prévisionnels en valeur de l'entreprise. Le trésorier, en charge de la gestion des flux et des relations bancaires, devient le « garant de la solvabilité de l'entreprise»2  LES ANNÉES QUATRE-VINGT ET LA GESTION DES RISQUES Les années QUATRE-VINGT furent celles de la mutation accélérée de l'environnement du trésorier d'entreprise. Mutation de la conjoncture conscience des dangers d'une telle situation pour l’entreprise : des pertes de change malencontreuses peuvent venir annuler la marge industrielle ou commerciale. Le trésorier a été amené à prendre à sa charge la gestion des nouveaux risques qui sont apparus avec la mutation de l'environnement financier et monétaire de l’entreprise : il doit maintenant anticiper, mesurer et maîtriser les risques de change et les risques de taux d'intérêt. Cet élargissement des responsabilités de la fonction de trésorerie s'est Lui-même accompagné d'une mutation technologique importante. Le trésorier a dû intégrer dans l'exercice de son métier tous les nouveaux produits financiers et toutes les innovations financières qui furent nombreuses dans les années 1980 et 1990 : marchés de contrats à terme, d'options, swaps, FRA, caps, floors... 2- LES MISSIONS DU TRÉSORIER3 L'énoncé des deux fonctions essentielles de la trésorerie souligne l'étendue et le caractère multiple des missions du trésorier d'entreprise. On peut dresser une liste plus concrète des missions du département trésorerie d'une grande entreprise :  Prévoir les soldes de trésorerie jour par jour en date de valeur, rechercher et sélectionner les moyens de financement et les garanties bancaires adéquats,  Définir une politique de relation bancaire et négocier avec les partenaires bancaires,  Gérer les flux monétaires d'exploitation et hors exploitation,  Appréhender, évaluer et gérer le risque de change,  Appréhender, évaluer et gérer le risque de taux d'intérêt,  Suivre et contrôler la trésorerie des filiales,  Contrôler les comptes bancaires,  Concevoir et mettre en place"un système d'information,  Définir une organisation du ou des départements. Trésorerie" et instaurer des procédures,  Négocier avec d'autres départements de l'entreprise (notamment de la compatibilité),  Assurer une assistance technique et organisationnelle aux filiales ou aux autres départements de l'entreprise en matière financière,  Éviter le risque technique ou le risque de non-maîtrise de la technicité d'un instrument ou d'une position financière,  Évaluer le risque de contreparties financières,  Analyser les résultats de la Trésorerie,  Participer à la définition de politiques de risque de change et de taux d'intérêt, 2 Cf. Ch. De LA BAUME, « l’évolution de la fonction trésorerie, Cahiers spéciaux de la Synthèse Financière » n° 163 suppl., 3-12-90. 3 Hubert de la Bruslerie. Catherine Eliez, « TRÉSORERIE D’ENTREPRISE –Gestion des liquidités et des risques ».1997 p : 7 et 8 Les Cahiers du MECAS, N° 2, Mars 2006 169  Rendre compte à la Direction Générale de l'évolution des positions financières de l'entreprise. 3- LES DEUX SYSTÈME DE LA GESTION DE LA TRÉSORERIE Existent aujourd’hui deux systèmes principaux pratiquement appliqués par les gouvernements : l’un, dit de la trésorerie unique (gestion centralisée) lorsque l’État gère lui même les liquidités, l’autre, dit de la trésorerie autonome (gestion décentralisée) quand les collectivités locales et les organismes publics gèrent eux-mêmes leurs disponibilités.  3-1- Le système de trésorerie centralisé Dans ce système, toutes les collectivités et les organismes publics sont mises sur un même pied de traitement, le Trésor Public gérant leur trésorerie selon des procédures uniformes. L’État encaisse tous les impôts locaux, mais c’est aussi lui qui fait des avances aux dates fixées, quelle que soit la situation des versements des contribuables, aux collectivités locales. La totalité des liquidités sont déposés auprès d’une seule banque, ou dans des comptes bancaires contrôlés par un seul organisme central, et toutes les rentrées et tous les paiements des organismes relevant du gouvernement central sont portés au crédit ou au débit de ces comptes et effectués par un organisme central. Par contre, chaque organisme ou chaque collectivité, dans un système décentralisé, peut gérer son (ses) propre(s) compte(s) auprès d’une banque de son choix. Entre ces deux extrêmes, on peut trouver de différentes formes de la délégation de fonction de gestion de trésorerie donc le contenu et le degré varient selon les pays et organismes. Apparemment, le premier avantage de ce système est qu’en général, ces opérations sont effectuées sans débiter ou créditer des intérêts, donc à titre gratuit, car les partenaires partent du p oint de vue que les soldes négatifs et positifs se compensent en cours d’année. Une telle relation pourrait permettre d’éviter des frais financiers susceptibles d’être générés entre les acteurs publics. Un autre avantage est la sécurité dans le maniement des espèces, toutes les transactions étant effectuées par un personnel spécialisé dépendant d’une administration centrale. Les autorités locales compétentes prennent les décisions d’exécution du budget, les fonctionnaires de l’État effectuant les opérations de trésorerie. Le principe de la séparation des ordonnateurs et des comptables est ainsi respecté de telle manière que deux entités traitent chacune une partie d’une opération financière. De plus, comme les collectivités locales ne disposent que de « petites caisses » pour les dépenses à faible montant, les procédures de contrôle pourraient être simplifiées. Les risques de placement hasardeux, voire spéculatifs sont évités car l’État procède à des transactions par des moyens d’instruments financiers éprouvés pour leur sûreté ou à l’encadrement des possibilités dérogatoires de placement. En revanche, les collectivités locales peuvent en principe s’appuyer sur l’État en cas d’impasses passagères de liquidités, ou encore, au cas où elles ont besoin de financements à moyen ou long terme, elles peuvent prétendre des prêts à des conditions d’intérêts et de remboursement supportables pour les finances des collectivités locales. D’ailleurs, ce type de relation est particulièrement favorable à des collectivités locales de petite taille qui ne peuvent souvent pas faire face eux-mêmes à des dépenses fatales. Enfin, l’utilisation d’un seul ou de deux principaux comptes bancaires peut permettre une compensation automatique des besoins et des ressources en trésorerie des différents organismes publics et facilite le regroupement électronique des soldes entre les comptes subsidiaires. La trésorerie de l’État s’améliore donc grâce au phénomène du circuit monétaire4, ce qui permet soit d’atténuer la pression de la dette, soit de favoriser des placements des fonds excédentaires dans de meilleures conditions. 4 Un phénomène assez connu dans la gestion de trésorerie dans les organismes financiers organisés en réseau uploads/Finance/ 15-abdellaoui.pdf

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  • Publié le Oct 16, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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