Chapitre 3. Risque de Taux d’Intérêt Introduction Pour assurer son activité, le
Chapitre 3. Risque de Taux d’Intérêt Introduction Pour assurer son activité, les entreprises sont amenées à lever des capitaux, effectuer des placements, demander des emprunts et opérer avec des partenaires étrangers, ce qui les expose à un risque de taux d’intérêt. La notion du risque de taux d’intérêt s’est développée, suite à la forte volatilité des taux d’intérêt qui n’est autre qu’une caractéristique de l’environnement financier ces dernières années. Le risque de taux d’intérêt se traduit généralement par une dévalorisation du patrimoine de l’entreprise ou une diminution de ses revenus suite aux variations des taux d’intérêt. Il est défini comme le risque que fait courir au porteur d'une créance ou d'une dette à taux fixe ou variable l'évolution des taux entre la date de l'engagement et la date du règlement. Selon Fontaine et Gresse (2003), la variation des taux implique ainsi des risques de pertes ou de baisse de rentabilité pour les établissements financiers et les sociétés. Ce risque concerne tous les agents économiques tels que les entreprises industrielles ou commerciales, les institutions financières, les investisseurs, etc. Par conséquent, chaque agent doit évaluer le risque de taux afin de minimiser son impact sur sa rentabilité. Le présent chapitre tente de définir le risque de taux, les différents types de taux d’intérêt, la structure des taux et de présenter les outils de mesure de ce risque. Section1. Définition, types & calcul de l’intérêt 1.1. Définition du taux d’intérêt Dans une situation donnée, un taux d’intérêt définit le montant qu’un emprunteur promet à un prêteur. Il fixe en pourcentage du montant total, la rémunération versée par l'emprunteur au prêteur. C’est aussi le coût à payer pour rembourser, à la date T, une somme reçue immédiatement. Cette rémunération est exprimée en pourcentage annuel du montant prêté ou emprunté. Selon Keynes, il s’agit du prix de « la renonciation à la liquidité ». 1.2. Types de taux d’intérêt Plusieurs critères peuvent être utilisés pour classer les taux d’intérêt (échéance de prêt ou d’emprunt, nature de l’opération, etc). Ainsi, on peut trouver les classifications ci-après. 1.2.1. Taux courts et taux longs Les taux courts sont les taux associés aux opérations financières d’une durée comprise entre un jour et un an (marché monétaire). Les taux longs sont des taux qui désignent les échéances de long terme et concernent les marchés de crédit et les marchés financiers. 1.2.2. Taux fixe et taux variable Le taux fixe reste inchangé pendant la période du contrat et donc le montant des intérêts à verser ou à recevoir ne change pas. Le taux variable est un taux qui fluctue en fonction de l’évolution ultérieure de certains indicateurs (l’indice de référence). 1 1.2.3. Taux d’intérêt nominal et taux d’intérêt réel C’est une distinction qui permet de prendre en considération l’effet de l’inflation anticipée sur le niveau du taux d’intérêt : Taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal- taux d’inflation. 1.2.4. Taux prêteur et taux emprunteur Sur le marché du crédit bancaire, les taux sont négociés généralement auprès des banques qui jouent le rôle d’intermédiaire entre les prêteurs et les emprunteurs. Ainsi, la banque propose deux taux : - Taux prêteur ou taux offert (offert rate) auquel elle accepte de prêter une somme à un agent économique (taux proposé pour accorder un crédit à un emprunteur). - Taux emprunteur ou taux demandé (BID rate) auquel elle accepte de rémunérer un placement (taux de rémunération des placements empruntés par la banque auprès des déposants). Le taux emprunteur est toujours inférieur au taux prêteur et l’écart entre les deux taux représente la rémunération de la banque. 1.2.5. Taux actuariel et taux facial Le taux facial (ou le taux nominal ou le taux de coupon) est utilisé pour calculer le montant des intérêts ou coupons d’une obligation sur chaque période d’intérêt. Le taux de rendement actuariel ou taux de rendement exigé d’un placement est le taux d’actualisation, exprimé en pourcentage annuel, qui égalise la valeur actuelle des flux reçus par le prêteur (les coupons reçus par l’investisseur) à sa mise de fonds initiale (prix d’acquisition du titre). C’est donc le taux de rendement réalisé par l’investisseur. Il représente aussi le coût effectif de la dette pour l’emprunteur qui est l’émetteur du titre de créance. Soit P le prix d’achat d’un titre de créance versant des flux annuels fixes Ft de l’année t =1 à l’année t =T. Le taux de rendement actuariel de ce titre est le taux « r » tel que : Le taux r représente le coût du financement supporté par l’émetteur du titre et le rendement obtenu par son porteur sous hypothèse que les flux successifs sont immédiatement réinvestis au taux r jusqu’à l’échéance T. 1.3. Calcul des Intérêts : Conventions de taux & Conventions de base Pour des périodes d’intérêt inférieures à l’année, il existe différentes méthodes de calcul du nombre de jours sur une période et du nombre de jours dans une année pleine. Ces règles sont appelées conventions de base. Au choix de la convention de base, s’ajoute celui du choix de la convention de taux, c’est-à-dire le choix entre le taux proportionnel et le taux équivalent. 1.3.1. Conventions de base Une base précise la convention de calcul du nombre de jours sur une période d’intérêt et du nombre de jours de l’année. En général, les trois conventions de base sont : Base Exact/Exact : Le nombre de jours considérés pour chaque période d’intérêt est le nombre de jours réel. Il est rapporté au nombre de jours réel dans l’année, soit 365 jours pour les années normales, soit 366 pour les années bissextiles. Cette base est utilisée sur les marchés obligataires. 2 Exemple 1 : Calculer les intérêts dus sur un emprunt de 1000000 u.m, à 10%, du 01/02/2000 au 01/03/2000, selon la méthode du taux proportionnel, en base Exact/Exact. Base Exact/360 : Le nombre de jours considérés pour chaque période d’intérêt est le nombre de jours réel mais l’année est considérée comprendre 360 jours. Cette base est utilisée sur les marchés monétaires. Exemple 2 : Calculer les intérêts dus sur un emprunt de 1000000 u.m, à 10%, du 01/02/2000 au 01/03/2000, selon la méthode du taux proportionnel, en base Exact/360. Base 30/360 : Cette base considère qu’un mois compte 30 jours et qu’une année entière est supposée se composer de 360 jours. Elle est utilisée sur le marché du crédit bancaire. Exemple 3: Calculer les intérêts dus sur un emprunt de 1000000 u.m, à 10%, du 01/02/2000 au 01/03/2000, selon la base 30/360. 1.3.2. Conventions de taux Mise à part la convention de base, il faut choisir la méthode du calcul des intérêts pour les périodes d’intérêts inférieures à l’année (semestres, trimestres, mois). Le calcul des intérêts sur chaque période requiert la détermination d’un taux correspondant à la période d’intérêt, et ce à partir du taux nominal annuel. A cet effet, deux méthodes sont possibles : Méthode du taux proportionnel : Deux taux correspondant à des périodes différentes sont dits proportionnels si leur rapport est égal au rapport de leurs périodes d’intérêt. Les intérêts calculés selon la méthode du taux proportionnel sont considérés des intérêts simples. ik est un taux proportionnel au taux i si : ik = i/k Exemple 1 : Calculer les taux semestriel, trimestriel et mensuel proportionnels au taux annuel de 12%. Méthode du taux équivalent : Deux taux correspondant à des périodes différentes sont dits équivalents si, pour une somme placée sur une même durée, ils conduisent à la même valeur acquise. Les intérêts calculés selon la méthode équivalente, sont considérés des intérêts composés. ik est un taux équivalent au taux i si : (1+ ik)k = (1+i) Exemple 2 : Calculer le taux trimestriel équivalent au taux annuel de 12%. Section 2. Taux de référence à l’échelle nationale et internationale et la courbe des taux Il existe une multitude de taux d’intérêt sur les marchés de capitaux, du court terme au long terme. Il s’agit des taux pratiqués par les banques ou des taux négociés sur les marchés des titres. Les taux de référence dépendent de la politique monétaire de la banque centrale. Celle- ci est définie comme étant l’action par laquelle l’autorité monétaire (la banque centrale) agit sur l’offre de monnaie dans le but d’assurer la stabilité des taux d’intérêt, des taux de change et des prix. En fixant les taux d’intérêt auxquels la banque centrale accepte de prêter les banques des liquidités en monnaie, celle-ci détermine le niveau des taux d’intérêt à CT qui influencent indirectement les taux d’intérêts à long terme. 2.1. Taux directeurs des banques centrales Les taux directeurs fixés par les banques centrales au jour le jour constituent des instruments de régulation visant à limiter l’inflation et à favoriser la croissance économique. 3 Ils influencent directement les taux d’intérêt auxquels les banques, entreprises et particuliers peuvent emprunter et placer de l’argent. Il existe classiquement trois types de taux directeurs dont l’utilisation varie d’un pays à un autre. 2.1.1. Taux de refinancement Il est utilisé lors des opérations de refinancement, généralement hebdomadaires, au cours desquelles les banques centrales proposent uploads/Finance/ 4-chapitre-3-risque-de-taux.pdf
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- Publié le Oct 19, 2022
- Catégorie Business / Finance
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