Vendredi 26 - Samedi 27 décembre 2014 2 LIBERTE L’actualité en question FINANCE
Vendredi 26 - Samedi 27 décembre 2014 2 LIBERTE L’actualité en question FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE Le FCE plaide pour le recours au marché financier L’Abef, de son côté, estime que “l'État ne peut plus faire supporter à son budget les grands investissements”. “S ur la base d’hypo- thèses optimistes, nous estimons qu’au plus tard en 2020, c’est-à-dire dans un peu plus de 5 ans, les finances publiques pourraient ne plus pouvoir soutenir le rythme actuel des in- vestissements publics (aujourd’hui prin- cipal moteur de croissance), ni celui des transferts sociaux, face à une deman- de de plus en plus pressante de la socié- té. Si nous n’entamons pas ce virage au- jourd’hui, la fenêtre d’opportunité qui s’offre à nous pourra se refermer, et nous serons forcés un jour, sous la contrain- te, de revoir à la baisse nos ambitions de construction du pays, de développe- ment social et d’investissements en in- frastructures. Entamer ce long virage de plusieurs années exige de revoir en profondeur l’action de l’État et les at- tentes de la société pour inventer un nouveau modèle de croissance qui ne dépende plus des hydrocarbures.” Cet avertissement du collectif Nabni, invi- té le 10 octobre 2013 par le gouverne- ment à assister à la tripartite ouverte pour la première fois à la société civi- le et aux experts, n’a pas été entendu. Comme le capitaine du “Titanic”, le gouvernement a ignoré toutes les alertes des experts, du FMI, du Forum des chefs d’entreprise mais également du gouverneur de la Banque d’Algérie, soulignant la vulnérabilité croissante de l’économie algérienne dans un contexte de baisse des prix du pétro- le. Mercredi dernier, le Forum des chefs d’entreprise, réagissant aux me- sures décidées par le Conseil restreint présidé par le président de la Répu- blique consacré à l'évolution du mar- ché financier et à ses retombées sur la démarche économique et sociale du pays, dira que le budget de l'État doit être “destiné exclusivement au finance- ment des grandes infrastructures pu- bliques qui sont au service de l'en- semble de la population : écoles, hôpi- taux”. “L'État ne peut pas tout faire seul, il faut laisser place au marché finan- cier”, souligne le vice-président du FCE, Brahim Benabdeslem, cité par l’APS. Mais pour assurer la dynamique du marché financier, M. Benabdeslem appelle le gouvernement à l'octroi de plus de facilités afin d'encourager les entreprises à entrer en Bourse. “Le dé- veloppement du marché financier re- quiert, au préalable, un certain nombre de mesures qui ne sont pas toutes ré- unies aujourd'hui”, a-t-il estimé. Le FCE avait eu à attirer l'attention des pouvoirs publics sur l'urgence de jeter les bases d'une économie moins dépen- dante des hydrocarbures, lors d’un symposium organisé les 14 et 15 mars 2012, au cours duquel l’organisation patronale avait proposé 50 proposi- tions pour un nouveau pacte de crois- sance économique. “L'objet des propo- sitions est lié fondamentalement à la né- cessité qui apparaît de plus en plus ur- gente, au regard des entrepreneurs, des experts et des acteurs économiques nationaux au sens large, de s'engager dans la mise en place d'une nouvelle économie moins dépendante de la ren- te — hydrocarbures — et porteuse d'un nouveau pacte de croissance, seul moyen à même de permettre à notre pays de faire face aux enjeux du mon- de moderne.” Le délégué général de l’Abef n’en pen- se pas moins. “L'État ne peut plus fai- re supporter à son budget les grands in- vestissements”, soutient M. Trabelsi, cité également par l’APS, qui avance, toutefois, que le dévelop- pement d'un marché financier n'est pas un projet qui peut être réalisé dans une courte période, mais que cela se pré- pare, plutôt, à moyen et long terme. La Bourse d’Alger tarde à prendre son es- sor. Le bilan est squelettique : quatre titres cotés, un nombre d’obligations en chute libre avec un niveau de transac- tions annuel jugé très maigre. Concer- nant le secteur bancaire, le rapport an- nuel de la Banque d’Algérie relève que le niveau de l’intermédiation ban- caire s’améliore progressivement sous l’angle du développement du réseau, du nombre des comptes et du niveau des dépôts collectés, quoique en deçà de ceux atteints par certains pays mé- diterranéens voisins de l’Algérie. Cette relative faible performance concerne notamment les volets des ser- vices bancaires de base à la clientèle de ménages et de distribution de crédits aux petites et moyennes entreprises. Mais plus fondamentalement, comme l’a suggéré le collectif Nabni, “couper le cordon de la rente, diversifier les re- cettes fiscales, adopter une vision éco- nomique cohérente, élever l’emploi au rang de priorité nationale et réformer en profondeur la gouvernance écono- mique sont les 4 leviers de la vision éco- nomique de l’Algérie 2020”. MEZIANE RABHI “U ne délégation du Forum des chefs d’entreprise (FCE), conduite par son nouveau président, Ali Haddad, s’est entretenue, le 21 décembre dernier, avec le Premier ministre”, annonce l’organisation patronale dans un communiqué. Lors de cette audience qui a duré plus de deux heures, le président du FCE, après avoir rappe- lé le contexte et les enjeux liés aux récentes évo- lutions du marché pétrolier et leurs impacts sur l’économie algérienne, a relevé “la nécessité de mo- biliser l’ensemble des entreprises privées et pu- bliques pour faire face aux grands défis de l’heu- re”. Ali Haddad n’a pas manqué de souligner, égale- ment, l’importance de la convergence des objec- tifs de développement économique prônés par les pouvoirs publics et les exigences de rentabilité des investissements engagés par les entreprises. Le président du FCE a évoqué “les attentes des chefs d’entreprise des différentes régions du pays rencon- trés lors de sa campagne et les engagements qu’il a pris pour répondre à ces attentes par des mesures pragmatiques en concertation avec les autorités, aussi bien au niveau national qu’au niveau local, et ce, pour vaincre l'inertie économique, relancer l'industrie nationale et aller vers une croissance à deux chiffres”. Les autres membres de la déléga- tion ont abordé certaines questions liées, entre autres, à la rationalisation des transferts so- ciaux, à la fiscalité, notamment le nouveau taux de l’IBS, à la lutte contre l’informel, à la relance de l’industrie nationale et à la simplification de l’environnement de l’entreprise. M. R. UNE DÉLÉGATION DU FCE CHEZ LE PREMIER MINISTRE “Il faut mobiliser les entreprises privées et publiques” A li Benflis est formel : le gouver- nement algérien ne dit pas la vérité sur l’ampleur de la crise qui touche le pays, notamment sur les répercussions de la chute des prix de l’or noir sur l’économie. “J’observe (…) avec nos concitoyennes et nos concitoyens que ceux qui sont en char- ge des affaires publiques ne partagent pas un même diagnostic de cette crise. Il y a, à ce sujet, une véritable cacopho- nie au sommet de l’État. Certains ont cru devoir tirer la sonnet- te d’alarme. D’autres nous rassurent que l’Algérie est totalement à l’abri de cette crise. Et d’autres encore reconnais- sent que notre pays est affecté par cet- te crise mais qu’il dispose des moyens pour en amortir le choc. Le populisme règne encore en maître sur l’action du gouvernement. Et la vérité sur l’ampleur de cette crise reste soigneusement cachée au peuple algérien”, écrit Ali Benflis dans un communiqué rendu public au lendemain de la tenue du Conseil des ministres consacré essentiellement à cette crise. Mais parce qu’un diagnostic sérieux n’a pas été fait, que les effets inévitables n’ont pas été identifiés et que les me- sures annoncées pèchent par une cer- taine approximation, l’ex-candidat à la présidentielle suggère que les solutions préconisées se déclinent comme un cautère sur une jambe de bois. “J’ob- serve, aussi, qu’en l’absence d’un dia- gnostic sincère et rigoureux, la prise en charge des effets de cette crise ne peut être que douteuse. À un diagnostic er- roné ne peut correspondre qu’un remè- de tout aussi erroné. Comme toujours, la gouvernance imprévoyante, approxi- mative et souvent improvisée conduit nos gouvernants à privilégier les solu- tions de facilité et à céder à leur confort.” Selon lui, le régime ne se soucie que de sa survie et cherche à parer au plus pressé, en l’absence d’une vision et d’une démarche stratégique. “J’obser- ve, en outre, que le régime politique en place n’a plus pour souci obsessionnel que sa seule quiétude. Ses intérêts de durée et de survie préva- lent sur tout le reste. La paix sociale n’a plus de prix pour lui. Il est, et comme il l’a toujours été, prêt à lui sacrifier la santé et les équilibres de l’économie na- tionale. Ce régime politique en fin de parcours ne répond plus qu’aux exigences de son présent et n’a que peu d’intérêt pour l’avenir du pays tout entier”, dit-il. “J’observe, enfin, que face à cette crise d’une extrême gravité, nos gouver- nants se contentent de nous annoncer ce qu’ils ne feront pas mais jamais ce qu’ils sont résolus à faire. Là aussi, ils maintiennent une opacité totale sur leurs intentions alors même que la première de leurs responsabilités est d’informer notre peuple qui payera, uploads/Finance/ 6-6803-ada4e47f-pdf.pdf
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- Publié le Apv 15, 2021
- Catégorie Business / Finance
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