1 LES OPPORTUNITES ET DEFIS DES INVESTISSEMENTS CHINOIS Les entreprises d’origi
1 LES OPPORTUNITES ET DEFIS DES INVESTISSEMENTS CHINOIS Les entreprises d’origine Chinoise constituent plus de deux tiers d’investissements directs étrangers dans le secteur minier, d’infrastructure et de télécommunication en RDC. Elles contribuent donc substantiellement à la hausse de la croissance économique d’après le marasme des années quatrevingt-dix. L’apport des investissements chinois dans le secteur minier est chaque jour plus perceptible, notamment avec la création de nombreux emplois. C’est aussi les investissements miniers chinois qui ont permis la réalisation d’importantes infrastructures dans la capitale (Kinshasa), à la suite de la convention entre le Gouvernement de la RDC et un consortium de Banques Chinoises. Le secteur minier en RD Congo concentre les intérêts économiques chinois : 80 % des exportations congolaises du secteur minier sont à destination de la Chine alors que, côté offre, les entreprises minières chinoises sont aujourd’hui fortement dominantes (70 à 80 % du marché du cuivre et du cobalt). Ainsi, 90 % du cobalt et du cuivre congolais (premier producteur d’Afrique subsaharienne) est exporté vers la Chine. Le cobalt, minerai stratégique dont la RDC détient 60 % des réserves mondiales, est utilisé dans le processus de fabrication des batteries automobiles et des smartphones. S’agissant d’un produit dérivé résultant de la première transformation d’autres minerais (cuivre, etc.), elle est généralement effectuée depuis des concessions minières détenues par des entreprises chinoises. La RD Congo est « le » pays producteur de ce minerai avec une position de quasi-monopole au niveau mondial. Des études prévoient qu’il n’offrira, aux pays producteurs, « qu’une fenêtre d’opportunité limitée dans le temps » en raison des progrès rapides de la recherche scientifique. Le cobalt est un élément clé de la transition énergétique. Ses cours sont volatiles : après avoir fortement augmenté au premier semestre, ils sont en baisse depuis la fin de l’été [1]. Cette volatilité est la conséquence de son caractère stratégique pour l’industrie automobile, qui lui donne un caractère spéculatif. L’industrie chinoise de transformation, qui concentre l’immense majorité des fabrications de batteries à l’échelle mondiale, est sa « cliente captive » mais elle s’emploie à sécuriser ses approvisionnements [2]. Outre la Sicomines, une importante entreprise commune « d’État » sino-congolaise créée en 2008, plusieurs acteurs chinois de taille internationale exploitent les plus grandes mines katangaises aux côtés d’acteurs de taille moyenne. Ces dernières années, deux nouvelles importantes mines sont tombées dans l’escarcelle chinoise à la faveur de rachats de concessions minières américaines et canadiennes [3]. Sur le terrain, les intérêts chinois sont 2 également présents jusque dans l’artisanat minier, qui reste très important en RDC (20 % de la production de cobalt), au travers de coopératives de ramassages, dont les pratiques contreviennent parfois aux principes d’une chaîne d’approvisionnement responsable. La présence chinoise s’affirme également dans d’autres secteurs clés des infrastructures, et notamment dans les travaux publics et le génie civil (CREC, SinoHydro principalement). Les chemins de fer comme les routes sont des secteurs d’intérêts pour les entreprises chinoises. Ces dernières ont été adjudicataires dans le cadre du programme « ProRoute » de la Banque Mondiale pour la réfection de 1 000 kms du réseau routier dans l’est de la RD Congo [4]. La nouvelle aérogare de l’aéroport de Kinshasa est revenue à la société WIETEC. D’un coût de 364 M USD, il sera cofinancé par l’Eximbank chinoise et l’Etat congolais. Pour le projet de barrage d’Inga 3, d’un coût de 14 Mds USD, un consortium sino-espagnol [5] a été constitué, charge à lui de trouver les financements, de construire, d’exploiter et de commercialiser l’électricité produite. Ces dix dernières années, la coopération sino-congolaise a profondément changé de nature, passant d’une logique de troc à une logique commerciale, celle des « routes de la soie ». En 2008, en échange d’un accès préférentiel aux ressources minières congolaises, la Chine s’était engagée en faveur d’un très ambitieux programme de construction d’infrastructures pour la RD Congo. A l’origine, ce programme prévoyait deux enveloppes. La première, d’un montant de 3,2 Mds USD d’investissements proprement miniers et la seconde, d’un montant de 3 Mds USD, dédiée aux grands projets d’infrastructures. Ce contrat de « troc » se serait traduit par la fourniture d’infrastructures en contrepartie directe des minerais congolais. Ce programme, pierre angulaire du projet des « 5 chantiers » porté à l’époque par le Président Kabila n’a, cependant, jamais pu voir le jour. Tout d’abord, en raison des pressions exercées par le FMI pour que ces montants soient revus à la baisse afin de limiter les graves risques de surendettement que n’aurait pas manqué de générer un tel package. La RD Congo était précisément encore en discussion dans le cadre de l’initiative PPTE. Ensuite, et surtout, des difficultés étaient apparues dans le cours des discussions avec la partie chinoise. L’Exim-Bank, afin de compenser l’absence de prise en garantie de l’État congolais, exigeait une prise de contrôle totale de la Sicomines au lieu des 66 % initialement prévus. La partie congolaise n’a jamais voulu céder sur ce point en rétrocédant toutes ses parts aux chinois. Il en est résulté un rythme d’engagements moindre de la part de la banque chinoise. 3 Jusqu’en 2013, seuls 468 M USD avaient été décaissés [6] dont 175 M USD en « pas de portes » à la Gécamines. Si on est loin des ambitions initiales, plusieurs importants projets sont à mettre à l’actif de la coopération chinoise. Le barrage de « Zongo II », inauguré en juin dernier, et dont les travaux avaient débuté en 2012, financés par l’Exim-Bank de Chine à des taux préférentiels (360 M USD). Une autre centrale hydroélectrique, située à Bussanga permettra, d’ici 2021, de combler le déficit énergétique du secteur minier en alimentant en priorité le site de la Sicomines. La RDC a atteint le point d’achèvement de l’initiative PPTE en juillet 2010[7]. Depuis lors, sa trajectoire de réendettement reste maîtrisée. Fin 2017, la dette publique du pays était de 6,4 Mds USD soit 18 % du PIB[8]. Ses principaux créanciers sont la Banque mondiale et la BAD (41 %), les banques commerciales (28 %) et les partenaires bilatéraux au premier rang desquels figure la Chine (15 %). Ces dernières années, c’est la dette intérieure, constituée par des arriérés de paiement, des avances de la BCC et sur la TVA, qui a eu tendance à se creuser davantage que la dette extérieure. Alors que le pays reste faiblement endetté comparativement au niveau atteint par la plupart de ses voisins, les décaissements pour les financements tant bilatéraux que multilatéraux ont sensiblement marqué le pas depuis 2013 (90 M USD en 2017). Dans ce bilan a priori plutôt favorable du point de vue de « l’orthodoxie financière », la part relative de la Chine dans le « mix d’endettement » de la RD Congo reste raisonnable (655 M USD sur 4,6 Mds USD), ce qui ne dénote une dépendance excessive de la RD Congo aux emprunts chinois. En 2015, le risque de surendettement était encore considéré comme modéré par le FMI. Mais cette appréciation pourrait cependant bien être remise en question même si le coût du service de la dette reste faible en raison de la forte confessionnalité du portefeuille [9]. Ce dernier, entièrement libellé en devise étrangère, présente un risque élevé en termes de taux de change. Des variations de changes de faible amplitude ont d’évidentes implications budgétaires et exposent l’économie congolaise. Aussi, le service de la dette congolaise demeure vulnérable à un fléchissement des exportations de matière premières (libellées en dollars). En 2015-2016, la baisse des cours internationaux des matières premières s’est, en quelques mois traduit par une dévaluation du CDF de 50 % par rapport au dollar, alourdissant d’autant le service de la dette. 4 L’accord de prêt concessionnel chinois de 8,5 milliards de dollars à la RDC a été conclu en 2007 conformément au « modèle angolais » : contrats miniers contre infrastructures et coentreprises. A été constituée une co-entreprise minière, Socomines, entre l’entreprise publique locale Gecamines (32 %), et un consortium de cinq entreprises chinoises (68 %) : China Railway Group Ltd, Sinohydro Corporation, China Railway Sino-Congo Mining Ltd, Sinohydro Harbour Co Ltd, China Railway Resources Development Ltd. En contrepartie du prêt de l’Exim Bank, un contrat d’exploitation des ressources minières – réservent de 10 616 070 tonnes de cuivre, de 626 619 tonnes de cobalt et, pour un tonnage restant à déterminer, toutes substances minérales valorisables – à été accordé à la Chine (10). Sur 25 ans la Socomines devra produire près de 10 millions de tonnes de cuivre et 600 000 tonnes de cobalt pour une valeur de 12 milliards de dollars et ainsi rembourser des investissements dont le coût serait de 6 milliards de dollars : entre autres le transport ferroviaire (3 milliards de dollars) et routier (2 milliards de dollars), des projets sociaux dont deux universités, 32 hôpitaux, 5 000 logements sociaux (758 millions de dollars). La réalisation de ces projets a été réservée aux firmes chinoises de construction qui devraient sous-traiter 10 à 12 % des travaux aux entreprises nationales de la RDC. En 2009, ce contrat a été modifié uploads/Finance/ angel-these.pdf
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- Publié le Aoû 30, 2022
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