Bien plus qu’un simple constat, la rétroaction poursuit deux buts, soit celui d

Bien plus qu’un simple constat, la rétroaction poursuit deux buts, soit celui de dresser un état de la performance lors d’une évaluation et ensuite d’améliorer cette performance. Elle permet donc à l’étudiant d’identifier les lacunes de sa démarche et l’oriente vers des pistes de progrès. La lit­ térature scientifique souligne que la rétroaction est d’ailleurs l’une des pratiques d’enseignement ayant le plus d’impacts sur la réussite des étudiants (Orsmond, 2013, p.240). Celle-ci demande cependant un effort aux deux parties : elle exige du temps et de la préparation chez l’enseignant et ne peut être efficace que si l’étudiant en tient effectivement compte dans son cheminement. Bien qu’il n’existe aucune pratique miracle dont les résultats sont immédiats et garantis, la DAIP vous offre ici un condensé de bonnes pratiques en matière de rétroaction. Cette recension est en­ richie par des entretiens menés auprès de Denis Grégoire, professeur agrégé au Département de management et Brian King, professeur agrégé au Département d’entrepreneuriat et innovation. L’ÉVALUATION FORMATIVE L’évaluation formative est une occasion privilégiée d’offrir de la rétroaction aux étudiants. Qu’il s’agisse de la correction d’un exercice, d’un cas dont la démarche sera reprise à l’examen ou encore d’une version préliminaire d’un travail long, une rétroaction élaborée permettra aux étudiants d’identifier leurs points faibles et d’améliorer leur performance en vue de l’évaluation finale. De l’avis du professeur Denis Grégoire, les travaux formatifs réalisés en équipe (et en cours de session) se prêtent bien à une rétroaction généreuse puisqu’ils permettent aux étudiants de discuter entre eux de leur performance et des points à améliorer. LA GRILLE D’ÉVALUATION Une grille d’évaluation qui comprend des tâches et des critères est en soi un outil de rétroaction qui permet aux étudiants d’analyser leur performance en détail. L’ajout de commentaires des­ LA RÉTROACTION LA RÉTROACTION, ÉGALEMENT APPELÉE FEEDBACK, EST UNE COMMUNICATION AUX FORMES VARIÉES QUI, DANS UN CONTEXTE D’ENSEIGNEMENT, PREND GÉNÉRALEMENT PLACE ENTRE L’ENSEIGNANT ET L’ÉTUDIANT. UNE ENTREVUE RÉALISÉE PAR GABRIEL D’AMOURS, CONSEILLER PÉDAGOGIQUE criptifs au sein même de la grille est une pratique qui contribue à la clarté de cette analyse. Nos contributeurs mentionnent que le fait de distribuer la grille ou les critères d’évaluation aux étu­ diants tend à diminuer, voire à éliminer les contestations de notes. Au cours de la session, Denis Grégoire remet à l’avance la grille de correction ainsi que des suggestions de démarche, fournis­ sant ainsi aux étudiants une référence qui guide leur performance et situe leur résultat. LA FORME DES COMMENTAIRES Les commentaires écrits sont la forme la plus fréquente de rétroaction dans une évaluation. La rétroaction écrite peut être bonifiée à l’aide de commentaires fréquents et détaillés, de l’emploi d’un ton neutre, de références à des évaluations passées ainsi qu’à l’aide d’exemples (Evans, 2013, p.79). D’autres formes de commentaires peuvent être utilisées. Depuis quelques années, M. Grégoire utilise le commen­ taire audio pour réagir aux productions de ses étudiants. Isolé dans son bureau, muni d’une enregistreuse numé­ rique et d’une grille d’évaluation, M. Grégoire scrute et commente chacun des travaux d’équipe. Son ton est naturel, spontané. Pour lui, aucun texte à rédiger ou à ajuster, pas de copier-coller : le fichier audio de la rétroac­ tion est remis avec la grille d’évaluation par courriel aux étudiants. Résultat ? La rétroaction est abondante et personnalisée, la majorité des étudiants écoutent les commentaires et le professeur estime même sauver du temps par rapport aux com­ mentaires écrits. LE FEEDBACK DES PAIRS Crowd-sourced evaluation. C’est par cette expression très actuelle que le professeur Brian King désigne une activité dans laquelle les présentations d’équipe sont évaluées par lui et par le reste du groupe selon des critères prédéterminés. Lors de cette activité, l’équipe évaluée reçoit les commentaires des pairs sous forme écrite. Dans certains cas, l’activité devient même une com­ pétition amicale pour désigner l’équipe qui donne la meilleure présentation. Toute désignée pour évaluer des compétences transversales comme les habiletés de communication, l’évaluation par les pairs fournit une rétroaction abondante. M. King explique que les résultats de ces crowd- sourced evaluations complètent et nuancent même parfois sa propre évaluation; celui-ci trouve qu’en général, le groupe fait un très bon travail de rétroaction. LA RÉTROACTION COMME DIALOGUE PROF-ÉTUDIANTS De l’avis de nos contributeurs, la rétroaction est particulièrement intéressante lorsqu’elle prend la forme d’un échange pédagogique entre eux et les étudiants qu’ils évaluent. Ce contexte est rendu possible lorsque l’étudiant ou l’équipe tient compte de la rétroaction reçue et en discute avec l’enseignant. Lorsqu’il a lieu, cet échange est une occasion pour l’enseignant de répéter ses attentes et d’orienter les étudiants. Ces derniers sont ensuite en mesure de mieux situer leur per­ formance vis-à-vis les attentes et d’améliorer celle-ci. Ce dialogue nourrit également la pratique de l’enseignant. Les données tirées d’un exercice d’autoévaluation des étudiants, mené à l’aide d’un outil d’enquête, permettent par exemple à M. King d’ajuster des éléments de son cours pour maximiser les apprentissages. QU’EN FONT LES ÉTUDIANTS ? Bien que la littérature et l’expérience de nos professeurs démontrent que les étudiants ne tiennent pas systématiquement compte de la rétroaction, l’impact de celle-ci sur l’autorégulation, l’en­ gagement et la performance des étudiants est réel et positif dans l’ensemble (Evans, 2013, p.86, p.94). Moins de surprises, un suivi personnalisé et approfondi ainsi qu’une meilleure progression résument l’expérience de l’étudiant qui prend acte et participe à un dialogue de rétroaction avec son enseignant. LE JEU EN VAUT-IL LA CHANDELLE ? Une rétroaction abondante et précise demande un investissement considérable à l’enseignant. Idem pour la préparation de grilles d’évaluation et la planification d’activités. M. Grégoire et M. King sont certes généreux de leur temps mais communiquent en retour des attentes élevées. Pour tous les week-ends de travail investis, le retour est souvent significatif : il se mesure à la fois dans la progression, l’engagement et l’appréciation des étudiants. Nos remerciements spéciaux aux professeurs Denis Grégoire et Brian King pour leur contribution à cet article. Ce sujet vous intéresse ? Venez nous voir ou contactez-nous à daip@hec.ca pour en discuter. BIBLIOGRAPHIE Evans, C. (2013). Making Sense of Higher Feedback in Higher Education. Review of Educational Research, 83(1), 70-120 Orsmond, P., Maw, S.J., Park, J.R., Gomez, S. & Crook, A.C. (2013). Moving feedback forward : from theory to practice. Assessment & Evaluation in Higher Education, 38(2), 240-252 Scallon, G. (2004). L’évaluation des apprentissages dans une approche par compétences. Montréal : Erpis l’élaboration uploads/Finance/ article-retroaction.pdf

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  • Publié le Nov 04, 2021
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