1 AVP n° 76/ 1e trimestre 2019 2 dossier dettes coloniales & réparations Le CAD
1 AVP n° 76/ 1e trimestre 2019 2 dossier dettes coloniales & réparations Le CADTM édite le magazine thématique semes- triel que vous tenez entre les mains, Les Autres Voix de la Planète (AVP) ainsi que de nombreux livres et films en DVD. Parmi les derniers livres : Il faut tuer TINA, 200 propositions pour rompre avec le fatalisme et changer le monde d’Olivier Bonfond et Système Dette de Éric Toussaint. Vous pouvez vous abon- ner aux publications du CADTM et recevoir ainsi 2 AVP et 2 autres publications par an. 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Plus d’infos commandes@cadtm.org ou +32 4 226 62 85 abonnement Dettes coloniales et migrations Dette éducative Amérique centrale et Antilles Haïti : de la traite à la dette Sur les ruines de Porto Rico, la bataille des utopies Afrique Le poids de la dette en République démocratique du Congo Le Maroc face aux empires coloniaux Après l’indépendance, la Tunisie a dû s’endetter pour racheter ses propres terres aux colons ! Amérique du Sud Banques et dettes du Venezuela à l’aube du XXe siècle Réflexions sur les dettes coloniales en Amérique latine Asie L’Inde et l’Empire britannique des dettes coloniales & illégitimes Reconnaissances Le rôle positif des excuses officielles : de la repentance aux réparations Belgique. Reconnaître ses responsabilités historiques Lecture essentielle : Promenade au Congo Actions judiciaires concernant le génocide des Tutsi au Rwanda Mobilisations “Il faut changer les mentalités et décoloniser l’espace pulic” La question de la restitution des biens culturels africains Politique de la restitution Faidherbe doit tomber ! Entretiens avec des collectifs bruxellois Fausses réparations ? Fausses réparations et nouvelle colonisation italienne en Libye Développement, un mot trompeur Lectures essentielles Interview de Said Bouamama Le ventre des femmes, de Françoise Verges Guide du Paris colonial et des banlieues perspectives et mobilisations pour les réparations LES AUTRES VOIX DE LA PLANÈTE p. 10 p. 16 p. 18 p. 21 p. 23 p. 29 p. 32 p. 36 p. 41 p. 46 p. 54 p. 56 p. 60 p. 62 p. 64 p. 68 p. 70 p. 72 p. 76 p. 81 p. 85 p. 87 p. 94 p. 100 Un front uni contre la dette Introduction : Détricoter un système tentaculaire d’injustice et d’oppression p. 2 p. 6 avec la participation de 4 dossier dettes coloniales & réparations Un front uni contre la dette 29 juillet 1987. Le président du Burkina Faso, Thomas Sankara, assiste aux travaux de la vingt-cinquième Conférence au sommet des pays membres de l’OUA à Addis- Abeba. Il y délivre un discours dont l’onde de choc marquera à jamais l’histoire panafricaine anticolonialiste, un discours qui résonne encore de nos jours tant il reste d’actualité. Tiré du livre Thomas Sankara, Oser inventer l’avenir, ce discours historique, dont nous reproduisons quelques extraits, est emblématique de la lutte du CADTM contre un système néocolonial emprunt de dettes illégitimes. Monsieur le président, Messieurs les chefs des délégations, Je voudrais qu’à cet instant nous puissions parler de cette autre question qui nous tiraille : la question de la dette, la question de la situation économique de l’Afrique. Autant que la paix, elle est une condition importante de notre survie. Et c’est pourquoi j’ai cru devoir vous imposer quelques minutes supplémen- taires pour que nous en parlions. (...) Je voudrais vous dire, Monsieur le président, que la question de la dette est une question que nous ne sau- rions occulter. (…) Nous estimons que la dette s’ana- lyse d’abord de par son origine. Les origines de la dette remontent aux origines du colonialisme. Ceux qui se sont transformés en « assistants techniques ». En fait, nous devrions dire en assassins techniques. Et ce sont eux qui nous ont proposé des sources de financement, des « bailleurs de fonds ». Un terme que l’on emploie chaque jour comme s’il y avait des hommes dont le « bâillement » suffirait à créer le développement chez d’autres. Ces bailleurs de fonds nous ont été conseillés, recommandés. On nous a présenté des dossiers et des montages financiers alléchants. Nous nous sommes en- dettés pour cinquante ans, soixante ans et même plus. C’est-à-dire que l’on nous a amenés à compromettre nos peuples pendant cinquante ans et plus. La dette sous sa forme actuelle, est une reconquête sa- vamment organisée de l’Afrique, pour que sa croissance et son développement obéissent à des paliers, à des normes qui nous sont totalement étrangers. Faisant en sorte que chacun de nous devienne l’esclave financier, c’est-à-dire l’esclave tout court, de ceux qui ont eu l’op- portunité, la ruse, la fourberie de placer des fonds chez nous avec l’obligation de rembourser. On nous dit de rembourser la dette. Ce n’est pas une question morale. Ce n’est point une question de ce prétendu honneur que de rembourser ou de ne pas rembourser. Monsieur le président, (…) La dette ne peut pas être remboursée parce que d’abord, si nous ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en sûrs. Par contre, si nous payons, c’est nous qui allons mourir. Soyons-en sûrs également. Ceux qui nous ont conduits à l’endette- ment ont joué comme au casino. Tant qu’ils gagnaient, 5 AVP n° 76/ 1e trimestre 2019 il n’y avait point de débat. Maintenant qu’ils perdent au jeu, ils nous exigent le remboursement. Et on parle de crise. Non, Monsieur le président, ils ont joué, ils ont perdu, c’est la règle du jeu. Et la vie continue. [Ap- plaudissements] Nous ne pou- vons pas rembourser la dette parce que nous n’avons pas de quoi payer. Nous ne pou- vons pas rembourser la dette parce que nous ne sommes pas responsables de la dette. Nous ne pouvons pas payer la dette parce qu’au contraire les autres nous doivent ce que les plus grandes richesses ne pourront jamais payer, c’est- à-dire la dette de sang. C’est notre sang qui a été versé. On parle du Plan Marshall qui a refait l’Europe économique. Mais l’on ne parle pas du Plan africain qui a permis à l’Europe de faire face aux hordes hitlériennes lorsque leurs écono- mies étaient menacées, leurs stabilités étaient mena- cées. (…) Lorsqu’on nous parle de crise économique, on oublie de nous dire que la crise n’est pas venue de façon subite. La crise existe de tout temps et elle ira en s’aggravant chaque fois que les masses populaires seront de plus en plus conscientes de leurs droits face aux exploiteurs. Il y a crise aujourd’hui parce que les masses refusent que les richesses soient concentrées entre les mains de quelques individus. Il y a crise parce que quelques individus déposent dans des banques à l’étranger des sommes colossales qui suffiraient à dé- velopper l’Afrique. (…) Il y a donc lutte et l’exacerba- tion de cette lutte amène les tenants du pouvoir financier à s’inquiéter. On nous demande aujourd’hui d’être complices de la recherche d’un équilibre. Équilibre en faveur des tenants du pouvoir financier. Équilibre au détriment de nos masses populaires. Non ! Nous ne pou- vons pas être complices. Non ; nous ne pouvons pas accompa- gner ceux qui sucent le sang de nos peuples et qui vivent de la sueur de nos peuples. Nous ne pouvons pas les accompagner dans leurs dé- marches assassines. Monsieur le président, Nous entendons parler de clubs - Club de Rome, Club de Paris, Club de Partout. Nous entendons par- ler du Groupe des Cinq, des Sept, du Groupe des Dix, peut-être du Groupe des Cent. Que sais-je encore ? Il est normal que nous ayons aussi notre club et notre groupe. Faisons en sorte que dès aujourd’hui Addis- « Si nous ne payons pas, nos bailleurs de fonds ne mourront pas. Soyons-en sûrs. Par contre, si nous payons, c’est nous qui allons mourir » 6 dossier dettes coloniales & réparations Abeba devienne également le siège, le centre d’où par- tira le souffle nouveau du Club d’Addis-Abeba contre la dette. Ce n’est que de cette façon que nous pour- rons dire aujourd’hui, qu’en refusant de payer, nous ne venons pas dans une démarche belliqueuse mais au contraire dans une démarche fraternelle pour dire ce qui est. Du reste les masses populaires en Europe ne sont pas opposées aux masses populaires en Afrique. Ceux qui veulent exploiter l’Afrique sont les mêmes qui exploitent l’Europe. Nous avons un ennemi com- mun. uploads/Finance/ avp-colonialisme-web 2 .pdf
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- Publié le Mai 09, 2022
- Catégorie Business / Finance
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