JEUDI 06 OCTOBRE 2016 Institutionnalisme contemporain R. Boyer, M. Aglietta et
JEUDI 06 OCTOBRE 2016 Institutionnalisme contemporain R. Boyer, M. Aglietta et A. Orléan sont les grands fondateurs de la théorie de régulation. Ce sont pour la plupart des polytechniciens qui sont des ingénieurs économiques. Ils faisaient des prévisions économiques. Ils avaient ces modèles économétriques mais ces prévisions ne marchent plus donc ils réalisent que les modèles qu’ils avaient construits ne permettent plus de bien comprendre l’avenir donc ils cherchent à savoir pourquoi. Ils vont commencer dans ce contexte-là mais ils ont aussi un très fort bagage intellectuel. Ils vont avoir 3 grandes sources d’inspirations théoriques comme Keynes. Ils partagent l’idée que la demande joue un rôle fondamental dans le capitalisme. Ils vont bcp plus développer une approche structurelle et institutionnelle de l’économie par rapport à Keynes. La 2ème source d’inspiration est Marx. Ils vont reprendre de Marx l’idée de l’évolution économique qui passe par des conflits économiques et des crises. Mais ils ne conservent pas sa vision du déterminisme du capitalisme. Contrairement à Marx, ils pensent que l’Etat n’est pas toujours au service des classes dominantes et ils vont expliquer qu’il y a une multitude de capitalisme et ils insistent sur la variété du capitalisme. 3ème source d’inspiration : approche historique de l’école FR des Annales (F. Brandel, E. Labrousse, M. Bloch). Ils vont être très influencés par cette école. En pratique, ils vont développer un certain nombre de choses très proches de l’institutionnalisme allemand et américain. A l’origine, leur approche était une approche holiste où ils résonnaient en termes de grandes classes sociales mais ils ont évolué vers une approche hol-individualiste en regardant les interactions entre les individus et institutions. Au début l’approche était exclusivement macroéconomique mais elle est devenue méso et micro-économique. Ils analysent les stratégies d’entreprise. C’est un programme de recherches qui s’est étendu. Au début ils se basaient sur la FR et les USA et ensuite ils ont introduit d’autres zones en Europe (All etc.) mais aussi les pays asiatiques et l’Amérique latine. I – Etude du fordisme et de sa crise A) La crise des années 1970 = une énigme Pour la comprendre, ils ont dû comprendre ce qui s’était passé auparavant notamment avec la crise des 30 glorieuses. Dès la fin des années 60, toute une série de problèmes émergent et hausse du chômage. Il y a un retournement à la baisse du taux de profit et la croissance devient plus instable. Il y a toute une série de signes qui pointent que les choses sont en train de changer. Cela devient manifeste dans les années 70 avec la dépression de 74-75 et à ce moment-là s’installe une forme de crise nouvelle que l’on appelle la stagflation. En effet, la particularité de cette crise est de combiner des taux 1 d’inflation élevés et des taux de chômage élevés (pour l’époque). Autre particularité car on entre dans une période de croissance molle. Ce qui caractérise cette crise est la croissance faible (→ différence avec la crise de 29 où il y a une baisse des prix et de la production). Face à cette crise, les économistes sont assez mal à l’aise et donnent des explications peu satisfaisantes. B) Des explications peu satisfaisantes Cette crise va mettre mal à l’aise les keynésiens car selon eux, si la croissance est instable, il est possible de la stabiliser en régulant la demande effective de manière adéquate par exemple. On a à la fois un fort niveau d’inflation et de chômage et l’interprétation simpliste des keynésiens ne fonctionne pas. Les politiques de relance mises en place dans les années 70 ne marchent plus par rapport aux années précédentes et on ne parvient pas à retrouver un bon niveau de croissance. Les néoclassiques eux-mêmes n’ont pas d’explications satisfaisantes mais pensent qu’ils ont raison car les keynésiens ne parviennent pas à expliquer cette situation. La théorie néoclassique pense qu’il y a des régulations mais les crises ne sont pas au cœur de leurs pensées. Ils pensent que les crises viennent d’ailleurs que les marchés. Ils se tournent vers des explications exogènes comme le choc externe pétrolier qui va perturber les mécanismes naturels de l’équilibre. Il y a une augmentation du prix du pétrole donc choc sur les prix relatifs. Mais cette explication ne tient pas car on observe cela à la fin des années 60 et ce n’est pas la cause réelle pour les néoclassiques. Pour eux, l’Etat perturbe le libre-fonctionnement des marchés à travers des régulations, du salaire minimum et contrôle des prix. L’Etat est le principal fautif mais aussi les syndicats qui empêchent la flexibilité à la baisse des marchés. Mais la question se pose de savoir pourquoi il n’y avait pas ce problème dans les années 50 alors que l’Etat jouait le même rôle donc cela ne tient pas. Il y a une interprétation de la crise endogène et ils vont expliquer pourquoi il y a eu une croissance très forte pendant les 30 glorieuses et pourquoi cette croissance s’est enrayée. C) L’explication de la théorie de régulation = le mode de régulation fordiste et son entrée en crise Fordisme : organisation du travail particulière caractérisée par la ligne de comptage et le travail à la chaîne et aussi la division scientifique du travail. Simplification des tâches et ouvriers spécialisés. Production de masse et en grande série de produits homogènes qui repose sur des économies d’échelle. On dégage des économies de gain grâce à la division du travail. Le fordisme ce n’est pas que la division du travail. Le deuxième aspect du fordisme est qu’il y a des règles de partage de gains de productivité qui permettent une progression régulière des salaires et une demande de masse. Ça ne se fait pas qu’à l’échelle de l’entreprise mais aussi dans des institutions particulières. Toute une protection sociale se développe. Cela est un accompagné par une politique économique keynésienne et l’Etat providence. Le système de protection sociale n’a pas que des fonctions sociales (pour protéger des risques de la vie) mais aussi une fonction économique importante. Quand on entre dans une phase où la croissance se réduit, ce système va assurer une poursuite des revenus pour la population. Grâce à ce système, on ne peut plus avoir de récession si forte qu’en 1929. La demande évite d’avoir des effondrements de la demande tels 2 qu’en 1929. On parle de stabilisateur automatique des dépenses de l’Etat et en particulier le système de protection sociale. Automatiquement, s’il y a une augmentation du chômage, cela se traduit par plus de dépenses publiques qui servent d’amortissement. C’est tout un ensemble que ce système fordisme va se mettre en place (après la seconde GM) dans l’entre-deux guerre. Le fordisme correspond à ces deux composantes qui permettent de passer de production de masse à demande de masse. Ce système fonction bien : croissance régulière, partenariat entre salariés et entrepreneurs etc. donc comment se fait-il que ce système soit entré en crise ? Les économistes expliquent que ces succès ont une l’effet inverse et se sont retournés contre lui. Cela permet des gains de prod très importants au début mais le système atteint ses limites (organisation du travail, motivation des travailleurs, séparation entre la conception du travail et l’exécution etc.) donc on perd d’autres sources de gains de prod. Il y a d’autres éléments à l’épuisement : Une fois que la population a acheté ce dont elle a besoin (télévision, frigidaire etc.) les marchés arrivent à saturation. Et la seule façon de renouveler cette demande est de produire des produits plus différenciés, et cela implique des séries de plus petites tailles.→ moins d’économie d’échelle, plus forte réactivité à la demande etc. donc il y a un épuisement du côté de cette organisation de la prod. Autre source de déstabilisation très importante du système fordiste : l’internationalisation des économies. Ce système fordisme qui se généralise après la 2nd GM dans un contexte où les économies sont très extraverties. Il y a eu un processus d’extraversion de ces économies. L’internationalisation a été une façon pour les entreprises de prolonger leurs économies d’échelle et rendements croissants (avec produits différenciés). L’exportation a permis de maintenir les économies d’échelle. Les importations et exportations vont jouer un rôle croissant et cela va devenir déstabilisant car il y a un cercle vertueux du fordisme. Quand le salaire augmentait, cela était tout bénéfique car cela augmentait la demande, mais maintenant, ça a profité à la demande à l’étranger. La dimension coûts des salaires va devenir plus importante. Cela va finir par poser problème et déstabiliser les politiques de relance keynésienne car si un pays comme la FR pratique une politique de relance et que les autres pays ne la pratiquent pas, cela va stimuler la demande des consommateurs mais cela va profiter à l’étranger. Donc problème de la balance commerciale. Il y a toute une série d’éléments structurels qui expliquent la crise. Il y a des facteurs exogènes comme le choc pétrolier mais bcp sont des facteurs endogènes. Ces facteurs endogènes expliquent sa réussite mais aussi sa crise. II – une théorie institutionnaliste : les uploads/Finance/ chap-1-4-institu-contemporain.pdf
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- Publié le Mar 03, 2022
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