COURS ÉCONOMIE INTERNATIONALE Par : Pr. Amine DAFIR FSJES AIN SEBAA Année Unive
COURS ÉCONOMIE INTERNATIONALE Par : Pr. Amine DAFIR FSJES AIN SEBAA Année Universitaire : 2020/2021 Amine DAFIR. ECONOMIE INTERNATIONALE 2020/2021 2 Chapitre I : Commerce International L’analyse des relations internationales est considérée comme un point de départ de la science économique. En effet, l’évolution de l’économie internationale soulève toujours des nouvelles questions qui continuent à préoccuper les économistes. Le commerce international fait l’objet de vifs débats. Moyen de développement économique pour le uns, responsable de la désindustrialisation pour les autres, le sujet ne laisse personne indifférent. Pour mieux comprendre les raisons de cette polémique, nous allons essayer de répondre aux questions suivantes : • Pourquoi les pays échangent entre eux ? • Qui profite du libre-échange ? • Qui régule le commerce entre les pays ? • Quel est le positionnement des PVD, de l’Afrique et du Maroc dans les échanges internationaux ? I. Théories classiques du commerce international Les économistes classiques ont été les premiers à étudier les échanges internationaux. Le but des théories classiques est de montrer que le libre-échange est un facteur de croissance pour les pays qui y participent. La doctrine libérale des auteurs classiques se résume dans l’expression « laisser-faire, laisser-passer ». Chaque économie doit produire les marchandises dont elle a besoin, exporter les marchandises pour lesquelles elle a un avantage en termes de coûts de production et importer les marchandises pour lesquelles elle ne dispose d’aucun avantage. Les théories traditionnelles du commerce international (modèle des avantages absolus, modèle des avantages comparatifs et modèle HOS) perçoivent dans la mondialisation une opportunité́ pour les pays de se spécialiser et de tirer ainsi les bénéfices d’une allocation plus efficace des facteurs de production. Ces théories traditionnelles du commerce international ont dominé l'analyse économique jusqu'à la fin des années 1970. Au-delà de leurs différences, elles reposent sur deux points communs essentiels : une hypothèse de concurrence parfaite et une explication des échanges internationaux à partir des caractéristiques des nations (les différences des techniques de production chez Ricardo, les différences dans les dotations factorielles chez HOS). A. L’avantage absolu Adam Smith a vécu à l’ère des mercantilistes. Les mercantilistes sont un courant de pensée qui considère que l’accumulation de métaux précieux est le but ultime de l’activité économique. Pour eux, le commerce international est un jeu à somme nulle (il y’a toujours un gagnant et un perdant avec la même somme) dans le sens où le gain réalisé par l’exportateur (entrées de métaux précieux) implique une perte avec le même montant pour l’importateur (sortie de métaux précieux). Ils recommandent donc au prince de prendre des mesures protectionnistes Amine DAFIR. ECONOMIE INTERNATIONALE 2020/2021 3 pour limiter les importations et à promouvoir les exportations afin que la balance commerciale du pays soit excédentaire de telle sorte que le stock de métaux précieux du royaume augmente. Adam Smith (1723-1790), dans Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), s’attache à̀ répondre aux mercantilistes. Pour Adam Smith, la richesse n’est rien d’autre que l’ensemble des biens et des services à la disposition de la nation. Il met en évidence que le commerce international est un jeu à somme positive (un jeu où tout le monde gagne), c’est à̀ dire une interaction à l’issue de laquelle les deux parties ont toutes deux amélioré leur situation. Son modèle, qualifié par la suite de théorie des avantages absolus, met en jeu deux pays et deux types de bien. Chaque pays possède un avantage en termes de productivité, et donc de coût, dans la production d’un des deux biens. Le commerce international permet donc à̀ chaque pays de se spécialiser dans la production où il est le plus efficace et de se procurer par l’échange le bien qu’il a renoncé à̀ produire. Cette spécialisation améliore l’allocation des facteurs de production et génère des gains de productivité : la production mondiale des deux biens est ainsi plus importante qu’en situation d’autarcie (une économie fermée) et chaque nation dispose après échange d’une quantité plus importante des deux biens. La “Théorie de l’avantage absolu” d’Adam Smith d’après qui il est prudent “de ne jamais essayer de faire chez soi la chose qui coûtera moins à acheter qu’à faire” (La richesse des nations, IV.3). Selon Adam Smith, l’échange est mutuellement avantageux dès lors qu’un pays est plus productif dans la production d’un bien tandis qu’un autre pays est meilleur dans la production d’un autre bien. Si la théorie de Adam Smith défend le commerce international mais n’arrive toutefois pas à répondre à une question très importante : Est-ce que le libre échange serait encore efficace si un pays concentre tous les avantages absolus ? David Ricardo approfondit le raisonnement d’Adam Smith et démontre à travers le modèle des avantages comparatifs que l’échange international génère des gains pour tous les participants même si l’un d’entre eux détient tous les avantages absolus. B. L’avantage comparatif La notion d’avantage comparatif est attribuable à David Ricardo (1772- 1823), économiste et membre du parlement anglais, qui a travaillé sur de nombreuses questions d’économie politique. Dans son essai On the Principles of Political Economy and Taxation (1817, 1819, 1821), Ricardo élabore une théorie justifiant le libre-échange. Dans cet essai, il détaille notamment sa “théorie de l’avantage comparatif” selon laquelle tous les pays, même les moins compétitifs, ont un intérêt à participer à l’échange international. En s’ouvrant au commerce, ils peuvent se spécialiser dans la production des biens pour lesquels ils détiennent un avantage productif relatif, et acheter les biens qu’ils produisent avec un désavantage relatif. Pour Ricardo, il n’est pas nécessaire que les pays disposent de tels avantages absolus. Même si un pays domine strictement l’autre dans la production des deux types de biens, il reste mutuellement avantageux pour lui de se spécialiser dans la production du bien pour lequel son avantage est le plus prononcé et d’importer le bien qu’il produit avec une productivité relativement plus faible. Amine DAFIR. ECONOMIE INTERNATIONALE 2020/2021 4 Pour illustrer son propos, Ricardo développe un exemple basé sur l’échange de vin et de draps entre l’Angleterre et le Portugal. Supposons qu’avec une quantité de travail donnée, le Portugal produise 20 mètres de drap ou 300 litres de vin. Avec la même quantité de travail, l’Angleterre peut quant à elle produire 10 mètres de drap et 100 litres de vin. Par rapport au Portugal, l’Angleterre a donc un désavantage absolu dans la production de drap comme dans celle de vin (puisqu’elle produit ces biens avec une productivité moindre). Ricardo montre cependant qu’il existe un échange mutuellement avantageux pour les deux pays, même dans cette configuration défavorable à l’Angleterre. Plus spécifiquement, il montre que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production du bien pour lequel il a un avantage comparatif. Si l’Angleterre est moins productive à produire et le drap et le vin, son désavantage comparatif est moindre dans le secteur du drap : le pays est deux fois moins productif que le Portugal pour produire le drap et trois fois moins productif pour produire le vin. En se spécialisant dans son avantage comparatif, l’Angleterre va pouvoir allouer l’intégralité de sa force de travail à la production de drap. En échangeant 10 mètres de drap avec le Portugal, le pays pourra obtenir jusqu’à 150 litres de vin (10×300/20). L’échange est donc avantageux pour l’Angleterre. Les deux pays ont donc un intérêt commun à échanger. La théorie des avantages comparatifs nous enseigne donc que l’échange est mutuellement avantageux même dans le cas où l’un des deux pays est plus productif que l’autre dans toutes les branches. Ces gains mutuels sont le produit de la spécialisation, rendue possible par l’échange, qui permet à̀ chaque pays d’allouer plus efficacement ses facteurs de production. C. Le modèle HOS Les économistes suédois Eli Heckscher (1879-1952) et Bertil Ohlin (1899-1979) reformulent la théorie des avantages comparatifs dans un cadre mettant en jeu deux pays, deux types de biens et deux facteurs de production (le capital et le travail). Ils vont proposer une explication alternative du commerce international et de la spécialisation fondée sur les différences de dotations relatives en facteurs de production (stock de facteur capital/stock de facteur travail). Dans cette optique, les pays possèdent un avantage comparatif dans les productions utilisant de manière intensive le facteur qui est relativement abondant sur son territoire parce que l’abondance ou la rareté relative des facteurs impacte leurs prix relatifs, les coûts relatifs de production et donc le type de spécialisation. Le modèle Heckscher-Ohlin-Samuelson permet de mettre en évidence le rôle des dotations factorielles comme source d’avantages comparatifs. Lorsque la production nécessite plusieurs facteurs productifs, en proportions différentes selon les secteurs, les pays se spécialisent dans la production des biens qui nécessitent des facteurs dont ils disposent en abondance. Par exemple, les biens produits en Chine, pays qui possède une importante force de travail avec plus d’un milliard de personnes, sont le reflet de l'intensité du facteur travail tandis que les machines produites en Allemagne reflètent l'intensité du capital en terme d'utilisation de facteurs. Le modèle HOS propose donc une vision bien spécifique des uploads/Finance/ chapitre-1-economie-internationale.pdf
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- Publié le Oct 07, 2022
- Catégorie Business / Finance
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