Comprendre le monde qui vient ESPRIT Les mondes de l’écologie ET AUSSI… Simone

Comprendre le monde qui vient ESPRIT Les mondes de l’écologie ET AUSSI… Simone Weil aujourd’hui – La nation catalane 12 jours de Raymond Depardon – Jeune femme de Léonor Serraille Degas et Valéry – Vent glacial sur Sarajevo Janvier-février 2018 N° 441 Gouverner le climat Delphine Batho Amy Dahan Lucile Schmid La société verte Laurent Neyret Bernard Perret Guillaume Sainteny La critique écologique Dominique Bourg Catherine Larrère Bruno Latour Notre horizon Jean-Claude Eslin Marie-Hélène Parizeau Véronique Tadjo ESPRIT 212, rue Saint‑Martin, 75003 Paris www.esprit.presse.fr Rédaction : 01 48 04 92 90 - redaction@esprit.presse.fr Ventes et abonnements : 03 80 48 95 45 - abonnement@esprit.presse.fr Fondée en 1932 par Emmanuel Mounier Directeurs de la rédaction Antoine Garapon, Jean-Louis Schlegel Rédactrice en chef Anne-Lorraine Bujon Secrétaire de rédaction Jonathan Chalier Responsable de la communication Edouard Chignardet Conseil de rédaction Hamit Bozarslan­ , Carole Desbarats, Anne Dujin Michaël Fœssel, Emmanuel Laurentin, Camille Riquier, Lucile Schmid Comité de rédaction Olivier Abel, Vincent Amiel, Bruno Aubert, Alice Béja, Françoise Benhamou, Abdennour Bidar, Dominique Bourg, Fabienne Brugère, Ève Charrin, Christian Chavagneux, Guy Coq, François Crémieux, Jacques Darras, Gil Delannoi, Jean‑Philippe Domecq, Élise Domenach, Jacques Donzelot, Jean‑Pierre Dupuy, Alain Ehrenberg, Jean‑Claude Eslin, Thierry Fabre, Jean‑Marc Ferry, Jérôme Giudicelli, Nicole Gnesotto, Pierre Hassner, Dick Howard, Anousheh Karvar, Hugues Lagrange, Guillaume le Blanc, Erwan Lecœur, Daniel Lindenberg, Joseph Maïla, Bernard Manin, Michel Marian, Marie Mendras, Patrick Mignon, Jean‑Claude Monod, Véronique Nahoum‑Grappe, Thierry Paquot, Bernard Perret, Jean-Pierre Peyroulou, Jean‑Luc Pouthier, Richard Robert, Joël Roman, Olivier Roy, Jacques Sédat, Jean‑Loup Thébaud, Irène Théry, Justin Vaïsse, Georges Vigarello, Catherine de Wenden, Frédéric Worms Directeur de la publication Olivier Mongin Comprendre le monde qui vient /2 Les mondes de l’écologie Introduction Jonathan Chalier et Lucile Schmid p. 32 Le gouvernement du climat Le contre-pouvoir écologique Lucile Schmid p. 36 Sur le front de l’écologie Entretien avec Delphine Batho p. 46 Petite chronique de l’écologie en politique Erwan Lecœur p. 56 Totems et trophées Marie-Hélène Aubert p. 63 La Pologne sauvage Ewa Sufin-Jacquemart p. 66 La solution chinoise ? Jean-Paul Maréchal p. 71 La climatisation du monde Amy Dahan p. 75 La société verte De la croissance marchande au développement durable Bernard Perret p. 88 À plusieurs voix Jack l’antifataliste. Hommage à Jack Ralite (1928-2017) Emmanuel Wallon p. 10 Pour Simone Weil Robert Chenavier p. 14 Tensions dans le Paf Jean-Maxence Granier p. 18 À propos de la nation catalane Jacques Barthélémy p. 22 Le Kurdistan dans la tourmente Jordi Tejel p. 26 3/ Au-delà de la finance verte Wojtek Kalinowski p. 99 Quelle justice climatique ? Guillaume Sainteny p. 104 La régulation climatique des échanges Géraud Guibert p. 110 Trois défis pour une responsabilité écologique Laurent Neyret p. 113 La critique écologique L’écologie politique existe-t-elle ? Catherine Larrère p. 120 Les formes de l’affect écologiste. Des attachements à la critique Pierre Charbonnier p. 130 Une Terre sans peuple, des peuples sans Terre Entretien avec Bruno Latour p. 145 Changement climatique et capitalisme Dipesh Chakrabarty p. 153 Les limites de la planète Entretien avec Dominique Bourg p. 169 Notre horizon Agir par l’imagination Entretien avec Véronique Tadjo p. 180 L’écrivain et notre horizon écologique Nicolas Léger p. 184 Qu’elle était verte ma vallée Ghislain Benhessa et Nathalie Bittinger p. 192 La nature fantasmatique du cinéma coréen Antoine Coppola p. 200 L’éthique du climat Entretien avec Marie-Hélène Parizeau p. 204 Les limites de Limite Jean-Louis Schlegel p. 207 Notre maison commune Jean-Claude Eslin p. 213 Changer le monde en marchant Benjamin Joyeux p. 217 Varia La (re)création d’une femme. Jeune Femme de Léonor Serraille Élise Domenach p. 222 La beauté et les humiliés Entretien avec Raymond Depardon et Claudine Nougaret p. 228 Cultures Poésie / Charles Dobzynski. Je est un Juif Jacques Darras p. 238 Exposition / Degas Danse Dessin. Hommage à Degas avec Paul Valéry Hélène Mugnier p. 242 Exposition / Nostalgie et création. Étranger résident. La collection de Marin Karmitz Paul Thibaud p. 245 Livres Vent glacial sur Sarajevo, de Guillaume Ancel p. 248 De la tyrannie. Vingt leçons du xxe siècle, de Timothy Snyder p. 249 Ascension, de Vincent Delecroix p. 251 Retour à Lemberg, de Philippe Sands p. 254 Qu’est-ce qu’un gouvernement socialiste ?, de Franck Fischbach L’idée du socialisme, d’Axel Honneth p. 257 Brèves / En écho p. 261 Auteurs p. 267 5/ DE L’ANCIEN AU NOUVEAU MONDE Alors que la mémoire historique des révolutions s’estompe, la croyance selon laquelle nous vivons une époque d’accélérations et de boule­ versements inédits se répand. De ce point de vue, l’année 2017 a été exemplaire. L’anniversaire de la révolution de 1917 a été marqué par la publication d’ouvrages académiques, mais ils ont été accueillis dans une relative indifférence. Tout se passe comme si un événement révo­ lutionnaire de cette nature, avec sa charge d’idéologie, de volonté et de violence, était devenu un objet étranger et lointain sur lequel on peut tout au plus porter un regard curieux. Bien des raisons expliquent cette indifférence : rupture avec le volonta­ risme révolutionnaire, méfiance à l’égard du culte progressiste de l’avenir, sentiment de vivre dans un autre monde que celui qui annonçait l’aube nouvelle de l’émancipation humaine. Et pourtant, rarement une année aura été aussi marquée par la rhétorique du changement et de la rupture que celle qui s’achève. Ce qui a terni l’anniversaire de 1917, c’est peut-être d’abord le sentiment que 2017 était émaillée de bouleversements qui, pour être incommensurables avec les schémas révolutionnaires hérités du xviiie siècle, marqueraient l’entrée du monde dans une ère de ruptures inédites. L’intronisation, en janvier, de Donald Trump à la présidence des États-Unis avait en apparence l’allure d’un retour en arrière (Make America great again). Mais il n’a pas fallu longtemps pour se rendre compte que Trump n’a cure des traditions. Ni ses techniques de communication à l’emporte-pièce, ni ses annonces diplomatiques provocatrices (la dernière en date étant la reconnaissance unilatérale de Jérusalem comme capitale Éditorial Esprit /6 d’Israël) ne vont dans le sens d’un retour à « l’Amérique d’avant ». Trump gouverne par les mêmes moyens que ceux qui lui ont permis d’accéder au pouvoir : sa démagogie de la rupture est entrée dans les faits durant une année où il n’a pas permis au monde de reprendre son souffle. On s’attendrait à ce que, par comparaison, la vieille Europe s’impose comme un îlot de stabilité. Ce serait oublier que la globalisation se carac­ térise par une sorte de synchronisation du monde : il n’est pas une rupture à un bout de la planète qui ne soit immédiatement enregistrée à l’autre bout, produisant des effets en cascade. Alors que 2017 a vu le modèle politique de la stabilité européenne (le système fédéral allemand) mis à mal par l’afflux des réfugiés et une série d’élections aux Pays-Bas, en Autriche ou encore en République tchèque produire des résultats sur­ prenants, il n’était question en France que du passage de l’« ancien » au « nouveau monde ». L’élection d’Emmanuel Macron ne ressemble ni dans ses ­ ressorts ni dans ses effets à celle de Donald Trump. Mais ici et là, comme partout ailleurs dans le monde démocratique contemporain, il semble impossible à quiconque d’être élu qui ne porterait pas avec lui la promesse d’un changement radical. Derrière les proclamations sur les mutations d’époque, il y a la cohorte des vies qui désespèrent de rester immobiles. Certes, le « nouveau monde » de 2017 n’a rien à voir avec celui annoncé en 1917. Dans les discours de l’innovation, la révolution a migré de la volonté des hommes ou de leurs pratiques sociales vers la technique, la globali­ sation des échanges et la profusion des styles de vie engendrés par elles. La révolution n’est plus à faire, elle est en train de s’accomplir et tous ceux qui ne se tiennent pas prêts à en épouser le pas sont menacés d’une résidence forcée, et peu enviable, dans le monde d’avant. C’est ainsi qu’il n’est pas un fait marquant de l’année qui ne se soit accompagné du commentaire selon lequel « rien ne sera plus comme avant ». L’effondrement des partis tradi­ tionnels au profit des mouvements, la publication d’un chiffre attestant des effets de la pollution sur le climat ou la prise de parole des femmes sur les harcèlements qu’elles subissent : ces événements n’ont en commun que De l’ancien au nouveau monde 7/ le contexte de leur réception. À propos de chacun d’entre eux, on a parlé d’un phénomène irréversible annonciateur d’un changement d’époque. La conscience « disruptive » qu’une société a d’elle-même renforce à la fois son narcissisme et ses angoisses. Personne ne sait exactement ce qu’est le « nouveau monde » engendré en 2017, mais tous ont la cer­ titude imprécise que quelque chose d’irrévocable se passe sous leurs yeux. Il faut bien sûr faire la part de la rhétorique présentiste et de la prime à la nouveauté inhérente aux sociétés de l’innovation. Derrière les proclamations sur les mutations d’époque, il y a la cohorte des vies qui désespèrent de rester immobiles. Le goût pour la rupture ne doit pas uploads/Finance/ comment-l-animal-nous-rend-humains 1 .pdf

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  • Publié le Oct 20, 2022
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