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ESPRIT 212, rue Saint‑Martin, 75003 Paris www.esprit.presse.fr Rédaction : 01 48 04 92 90 - redaction@esprit.presse.fr Ventes et abonnements : 03 80 48 95 45 - abonnement@esprit.presse.fr Fondée en 1932 par Emmanuel Mounier Directeurs de la rédaction Antoine Garapon, Jean-Louis Schlegel Rédactrice en chef Anne-Lorraine Bujon Secrétaire de rédaction Jonathan Chalier Conseil de rédaction Hamit Bozarslan­ , Carole Desbarats, Michaël Fœssel, Emmanuel Laurentin, Camille Riquier Comité de rédaction Olivier Abel, Vincent Amiel, Bruno Aubert, Alice Béja, Françoise Benhamou, Abdennour Bidar, Dominique Bourg, Fabienne Brugère, Ève Charrin, Christian Chavagneux, Guy Coq, François Crémieux, Jacques Darras, Gil Delannoi, Jean‑Philippe Domecq, Élise Domenach, Jacques Donzelot, Jean‑Pierre Dupuy, Alain Ehrenberg, Jean‑Claude Eslin, Thierry Fabre, Jean‑Marc Ferry, Jérôme Giudicelli, Nicole Gnesotto, Pierre Hassner, Dick Howard, Anousheh Karvar, Hugues Lagrange, Guillaume le Blanc, Erwan Lecœur, Daniel Lindenberg, Joseph Maïla, Bernard Manin, Michel Marian, Marie Mendras, Patrick Mignon, Jean‑Claude Monod, Véronique Nahoum‑Grappe, Thierry Paquot, Bernard Perret, Jean-Pierre Peyroulou, Jean‑Luc Pouthier, Richard Robert, Joël Roman, Olivier Roy, Lucile Schmid, Jacques Sédat, Alfred Simon, Jean‑Loup Thébaud, Irène Théry, Justin Vaïsse, Georges Vigarello, Catherine de Wenden, Frédéric Worms Directeur de la publication Olivier Mongin Comprendre le monde qui vient /2 À plusieurs voix L’abattoir de Saidnaya Jonathan Chalier p. 10 L’Iran après Rafsandjani Ramin Jahanbegloo p. 12 Le fondement du fondamentalisme Baudouin Dupret p. 15 L’identité catholique française en tension Yann Raison du Cleuziou p. 19 Parlons d’institutions ! Valérie Charolles p. 23 Le réalisme de transformation Lucile Schmid p. 27 Pour une écologie des relations entre vivants Jacques-Yves Bellay p. 29 Tu ne sais pas lire Rose Réjouis p. 32 Le problème technique Introduction Camille Riquier p. 39 Un nouvel imaginaire Nouveaux fragments d’une mémoire infinie Maël Renouard p. 45 Ce que Gagarine a vu : condition orbitale et transcendance technique Élie During p. 59 Le transhumanisme et Teilhard de Chardin, même combat ? Jean-Louis Schlegel p. 68 Comment dire « non » quand les machines triomphent ? Jean-Michel Besnier p. 76 La part maudite L’émancipation technologique Jean Vioulac p. 89 3/ Varia Le goût du fait vrai dans le roman français contemporain Entretiens avec Yannick Haenel et Laurent Mauvignier p. 177 L’engagement citoyen à Grenoble Collectif p. 194 La Réforme de Luther. Origines et sens d’un héritage Jean-Louis Schlegel p. 209 Élaboration d’une revue Emmanuel Mounier p. 222 Cultures Poésie / Jacques Rebotier. Polyvalence du poète Jacques Darras p. 232 Théâtre / Polyeucte de Brigitte Jaques-Wajeman Cécilia Suzzoni p. 236 Exposition / « Jardin infini » Isabelle Danto p. 240 Cinéma / La La Land de Damien Chazelle Carole Desbarats p. 242 Livres p. 245 Brèves / En écho / Avis p. 259 Auteurs p. 268 Le mythe de la technologie salvatrice Philippe Bihouix p. 98 Promesses robotiques et liquidation du politique François Jarrige p. 107 Critique de la raison impure Entretien avec Bernard Stiegler p. 118 De la technique à la pratique Le cercle de la technique Tristan Garcia p. 133 L’éthique des nanotechnologies Xavier Guchet p. 149 Comprendre la technique, repenser l’éthique avec Simondon Irlande Saurin p. 157 Un retour à la vie simple ? Camille Riquier p. 165 5/ LES PIÈGES DE L’ALTERNATIVE Alors que l’échéance présidentielle en France approche, il faut garder à l’esprit les surprises électorales de ces derniers mois, au Royaume-Uni, aux États-Unis ou encore en Italie. Un vent de révolte populaire souffle dans les urnes, contre l’idée qu’il n’y aurait d’autre alternative que de s’adapter à la mondialisation conduite depuis les années 1990, dans le sillage des politiques de déréglementation et de financiarisation de l’éco- nomie engagées par Margaret Thatcher et Ronald Reagan. ­ Obstinées et tenaces dans leur volonté de ne pas se laisser dicter une pensée unique et d’exprimer leur colère face à un ordre qui les dessert, des majorités diverses ont préféré, pour secouer le système, faire des choix impro- bables et inquiétants, ouvrant une période de trouble et d’incertitude pour les démocraties occidentales et pour le monde. Plutôt que ­ s’attaquer à la source du mal, ces insurrections électorales semblent plutôt l’avoir aggravé, en menaçant l’Europe d’éclatement et en mettant fin aux ­ tentatives de régulation de la mondialisation de l’ère Obama. À présent que Donald Trump est bel et bien le président des États-Unis élu régulièrement, l’« alternative » est revendiquée, haut et fort. L’exis- tence de « faits alternatifs », par exemple, à propos de données pourtant aussi facilement vérifiables que le nombre de personnes venues assister à la cérémonie d’investiture le 20 janvier ou même le temps qu’il faisait ce jour-là ; ou à propos de prétendus attentats terroristes dans le ­ Kentucky ou en Suède, attribués à des réfugiés présumés, prêts à envahir les États-Unis par hordes entières, comme ils auraient déjà envahi l’Europe, à en croire Breitbart News, le site internet conspirationniste et suprématiste créé par Éditorial Esprit /6 Stephen Bannon, l’éminence grise du nouveau président. Car la droite « alternative », cet agrégat de groupes nationalistes, de fondamentalistes religieux, de libertariens attachés à la disparition de l’État, d’archéo- futuristes ou encore de tenants du « réalisme racial », a désormais droit de cité. On se réclame ouvertement de cette mouvance alt-right, et les nouvelles qu’elle divulgue sur les réseaux sociaux seraient aussi légitimes que les informations par trop subjectives et biaisées du New York Times. Dans ce nouveau régime de vérité alternative, la question du changement climatique est un point d’achoppement particulièrement révélateur et préoccupant. Aux États-Unis, dès les premières manifestations du Tea Party, les politiques environnementales du gouvernement ont fait l’objet d’une vindicte particulière. Elles symbolisaient, semble-t-il, les abus de pouvoir d’un État fédéral trop prompt à dépenser l’argent du contribuable, sur la base de conclusions douteuses de groupes ­ d’experts à la solde d’une gauche libérale déconnectée des préoccupations des gens ordinaires. Derrière ces protestations populaires dans les rues et sur les places publiques virtuelles, on découvrait pourtant l’existence d’un réseau de sites internet de désinformation climatique, quasiment tous financés par les frères Koch, deux libertariens à la tête d’un empire pétrolier, qui ont choisi explicitement depuis les années 2000 de faire de la politique… autrement. Leur réseau de think tanks et d’associations à l’influence gran- dissante a depuis fait l’objet d’une série de reportages très documentés, notamment dans le New Yorker. Mais, nous dit le président Trump, New York est tellement élitiste, et la presse conventionnelle est si malhonnête : les journalistes sont parmi les gens les plus malhonnêtes du monde ! Plutôt que de s’y intéresser, le nouveau président a préféré placer un climato-­ sceptique à la tête de l’Agence de protection de ­ l’environnement, et l’on a demandé aux chefs de département de dresser des listes de leurs employés ayant assisté à des manifestations sur le changement climatique. En Allemagne aussi, de nouveaux acteurs dans le champ politique demandent, depuis la crise de 2008, une alternative. D’abord opposée à la chancelière sur la gestion de l’euro, l’AfD (Alternative für ­ Deutschland) s’est ensuite transformée en un mouvement de plus en plus ouvertement hostile à l’accueil des migrants, ­ lesquels menaceraient la cohésion euro- péenne. « Ni de droite ni de gauche », selon son chef de file Frauke Petry, l’AfD remet également en cause la responsabilité humaine dans le changement Les pièges de l’alternative 7/ climatique… Pourquoi cette jonction entre des questions en apparence aussi différentes que l’immigration et le climat ? L’alternative, serait-ce donc le droit de refuser l’argumentation, le raisonnement, la délibération, au nom des affects et des passions, fussent-ils extrêmes et porteurs de catastrophes ? En France, François Fillon maintient sa candidature à la présidence de la République, malgré les accusations du Canard enchaîné sur les sommes importantes versées à son épouse au titre d’emplois (fictifs ?) d’assis- tante parlementaire et de conseillère littéraire pour La Revue des deux mondes. Ses proches et ses soutiens expliquent à l’opinion qu’il est victime d’une ­ opération de déstabilisation médiatique, et surtout qu’il n’y a pas ­ d’alternative, qu’il est le seul candidat possible de la droite, la primaire ayant définitivement réglé la question de la légitimité. Ce faisant, ils ne veulent pas voir que le vainqueur des primaires de la droite – qui avait fait de la lutte contre l’assistanat et les « abus des pauvres » un cheval de bataille – n’est plus le même que l’homme qui se présente aujourd’hui à l’élection présidentielle. Pour se défendre, le candidat des Républicains contre-­ attaque et remet en cause, à son tour, l’indépendance des médias, et celle de la justice. Irait-il jusqu’à douter de l’impartialité de « soi-disant » juges, comme le turbulent Donald Trump, dépité par les recours ­ judiciaires contre son décret interdisant l’entrée du territoire aux ­ ressortissants de sept pays à majorité musulmane ? En démocratie, plusieurs régimes de légitimité s’entrecroisent. À tout miser sur le suffrage, celui des sympathisants dans une primaire, et même celui de l’ensemble de la population lors d’un référendum ou d’une élection nationale, on fait l’économie d’autres modes de contrôle et de validation qui participent pourtant du « bon gouvernement1 », et on joue un jeu très uploads/Finance/ comment-l-animal-nous-rend-humains.pdf

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  • Publié le Mai 29, 2021
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