Ann. Kinésithér., 2000, t. 27, n° 1, pp. 28-34 © Masson, Paris, 2000 ÉVALUATION

Ann. Kinésithér., 2000, t. 27, n° 1, pp. 28-34 © Masson, Paris, 2000 ÉVALUATION BASÉE SUR LE NIVEAU DE PREUVE Vérification d’une technique de décoaptation de hanche N. BUCCIALI (1), B. PETITDANT (2), J.P. BOURINEAU (3) (1) Masseur-Kinésithérapeute, (2) Cadre de Santé Masseur-Kinésithérapeute, certifié en biomécanique, Unité de Réadaptation cardio-vasculaire, CHU de Dijon, 23, rue Gaffarel, 21034 Dijon. (3) Cadre de Santé Manipulateur de Radiologie, Clinique de Traumatologie et d’Orthopédie (Pr D. Schmitt, 49, rue Hermite, F-54052 Nancy Cedex. Tirés à part : B. PETITDANT, à l’adresse ci-dessus. Introduction La décoaptation de l’articulation coxo-fémo- rale est définie comme une traction qui se tra- duit par une séparation physique réelle des pièces cartilagineuses. Deux études menées par Hignet [1] d’une part, et par Le Roux [2] d’autre part, conduisent à des résultats opposés. Le premier observe « un déplacement de la tête fémorale et la sépa- ration des deux surfaces articulaires », et le second conclut : « nous n’observons aucun mou- vement dans l’articulation coxo-fémorale, lors- que celle-ci est soumise à une traction ». Il ajoute : « il serait souhaitable qu’une troisième recherche soit menée (...) afin de préciser l’effet mécanique d’une telle manœuvre sur une arti- culation dite emboîtée. » Le but de ce travail est donc de tenter de trancher entre ces deux auteurs. Matériel et méthode POPULATION Nous appliquons la technique sur dix étudiants issus de l’Institut de Formation en Masso-Kinésithérapie ou de l’école de manipulateur-radio. Ce groupe de sujets est composé de cinq filles et de cinq garçons. La moyenne d’âge du groupe est de 22,6 ans pour les filles (de 19 à 28 ans) et de 20,8 ans pour les garçons (de 19 à 22 ans). Ces sujets ne présentent dans leurs antécédents, ni de pathologie de hanche ni de pathologie de genou. Nous sommes attentifs à l’intégrité du ligament croisé antéro- externe, car la technique nous impose de le mettre en contrainte. En plus de l’âge, nous consignons également la taille, le poids, le sexe, l’avis du sujet sur sa laxité, le sports prati- qués et le côté dominant de chaque sujet au cas où ces informations auraient une influence sur les résultats de la technique. Nous pratiquons aussi un test d’hypoextensibi- lité des muscles pelvitrochantériens et du droit fémoral dans la position décubitus bout de table. MATÉRIEL — Table de radiologie horizontale Futuralix® 1500 avec son marchepied utilisé en contre appui par l’opérateur et sa sangle de maintien de bassin pour stabiliser le sujet ; — scopie télévisée de contrôle ; — localisateur rond pour focalisation du faisceau de rayons X ; — tablier de plomb pour la radioprotection du sujet et de l’opérateur ; — tapis antidérapant de rehaussement à un seul sens de friction de type Immedia® 48 × 48 cm placé entre la table et le bassin du sujet ; — Kinédyne® : dynamomètre électronique n° 113 série 1, fabriqué par Smith et Nephew, Kinetec, pour évaluer la force de l’opérateur. La décoaptation de l’articulation coxo-fémo- rale est enseignée dès la première année d’étu- des en masso-kinésithérapie. Les travaux menés sur l’efficacité de cette technique sont contradictoires. Ce travail se propose de véri- fier sous contrôle radiographique l’action d’une traction dans l’axe du segment fémoral, hanche à 45° de flexion associée à une légère abduction et une légère rotation externe. Une mesure comparative de l’interligne articulaire est faite sur les clichés radiographiques réali- sés avant et pendant la manœuvre. Dans neuf cas sur dix la décoaptation est ob- jectivée chez le sujet jeune. © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 18/02/2013 par PETITDANT Bernard Bernard (498360) Ann. Kinésithér., 2000, t. 27, n° 1 29 MÉTHODE Préalable Avant tout, nous évaluons l’intensité de notre traction dans les conditions de la technique à l’aide du Kynédyne®. La traction maximale que nous pouvons exercer est de 30 kg, la traction moyenne que nous pouvons maintenir pendant une assez longue durée est environ 20 kg. Nous nous efforçons de mémoriser nos sensations sensori- motrices lors de la traction et nous nous entraînons à la répéter en la vérifiant sur le dynamomètre électronique. Radiologie Incidences radiologiques fondamentales : face antéro- postérieure. Format des clichés radiologiques : 30 × 40 cm en 2. Constantes de réglage de l’appareil de radiologie : travail en cellule photoélectrique avec 65 KV, noircissement 2. Distance foyer-film : 1 mètre. Localisateur rond pour focalisation du faisceau de rayons X. Expérimentation Le sujet est installé en décubitus sur la table de radio- logie avec un tapis antidérapant placé sous les fesses. Il est sanglé au niveau abdominal. La hanche à tracter est pla- cée en légère abduction, légère rotation externe, avec une flexion de 45°, le genou est fléchi à 90° et le pied est posé à plat sur la table. La hanche controlatérale est tendue, les membres supérieurs sont placés sur le ventre du sujet afin d’obtenir un relâchement correct. Le thérapeute se place au pied du patient, assis-debout en bord de table de radiologie, il se sert du marchepied de la table pour obtenir un contre-appui (figure 1). Une première radiographie dite de référence est prise sans traction dans cette position (figure 2). Technique Nous demandons au sujet de se relâcher avant de débu- ter la technique. La prise se fait avec le tiers proximal de l’avant-bras coude fléchi sur l’extrémité supérieure de la face posté- rieure de la jambe. La contre-prise est obtenue par la paume de l’autre main à la face antérieure du cou de pied. La traction, dans l’axe du fût fémoral, est exécutée par un couple de force entre la prise et la contre-prise (figure 1). Nous l’appliquons progressivement jusqu’à la sensation de tracter à 20 kg environ tout en contrôlant le relâchement du sujet. Nous donnons alors le signal pour prendre une deuxième radio, au maximum de notre traction (figure 3). L’application de la manœuvre dure une vingtaine de secondes environ. La manœuvre est appliquée toujours par le même opérateur et toujours sur le membre inférieur gauche pour les 10 sujets. FIG. 1. — Installation du sujet, du thérapeute et mise en œuvre de la technique. FIG. 2. — Radiographie avant traction en position hanche à 45° de flexion, légère abduction et légère rotation externe. © 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 18/02/2013 par PETITDANT Bernard Bernard (498360) 30 Ann. Kinésithér., 2000, t. 27, n° 1 Paramètres à surveiller Le relâchement du sujet Le relâchement est indispensable. Le patient doit être à l’aise, avoir confiance en la technique, la traction doit être progressive et ne pas être trop importante, sinon, iné- vitablement, des contractions musculaires de défense apparaissent et interdisent toute décoaptation. La stabilisation du bassin La traction entraîne une bascule du bassin, il est donc primordial pour bien transmettre les forces à l’articulation coxo-fémorale de bloquer le bassin. Pour cela nous utili- sons une sangle de maintien de bassin adaptée sur la table de radiologie et le tapis antidérapant à un seul sens de glissement opposé au mouvement. La direction de la traction Le thérapeute se place au pied du sujet et tracte dans l’axe du fémur. La position du fémur et du bassin Pour qu’une mesure comparative soit possible entre les deux radios, il nous faut des positions identiques des seg- ments corporels. Nous repérons donc, lors de la manœu- vre, à la scopie, la rotation et l’abduction du fémur par la position du petit trochanter, et le mouvement du bassin par la forme du cadre obturateur. L’écart de l’interligne articulaire à la scopie Lorsque l’écartement de l’interligne articulaire à la sco- pie est visualisé, la traction est maintenue et l’ordre est donné au manipulateur-radio de faire le cliché en traction. La douleur Cette technique reste infra-douloureuse. MÉTHODOLOGIE DE MESURE La littérature reste muette sur les mesures de décoap- tation de hanche. Le Roux [2] ne trouve pas d’augmentation de l’interli- gne. Il n’indique donc pas le choix de ses repères ni la manière de prendre les mesures. Hignet [1], constate la présence sur ses radiographies d’un liseré noir qui selon lui signe une vacuité. Il mesure l’épaisseur de ce liseré noir. Cette technique est critiquée par certains radiologues, car il peut exister un « effet Mach » sur la radio [3]. Un effet Mach apparaît au bord de structures cylindriques ou sphériques. Une importante dif- férence de densité entre deux structures induit à la radio- graphie un liseré sombre appelé : « bande Mach ». Nous avons choisi pour évaluer l’écartement de l’inter- ligne articulaire, de prendre deux mesures en des points précis et classiquement reconnu pour apprécier les dyspla- sies de hanche. Tout d’abord, nous repérons le centre de la tête fémorale en prenant le milieu du plus grand diamè- tre, c’est le point « C ». Ensuite nous repérons deux autres points sur le cotyle : — le point « E » qui correspond au point le plus externe du cotyle sur une radiographie de face. Ce point est faci- lement repérable par la forte condensation osseuse ; — uploads/Finance/ decoaptation-de-l-x27-articulation-de-hanche.pdf

  • 18
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Jui 05, 2021
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.1634MB