20/05/2008 VIII. Échange international et croissance David Ricardo (1772-1823)
20/05/2008 VIII. Échange international et croissance David Ricardo (1772-1823) Indications complémentaires On retiendra de Ricardo le rôle de l’échange international dans le développement économique à partir de la théorie de l’avantage comparatif que l’on distinguera de la théorie des avantages absolus d’Adam Smith. On présentera ainsi le principe des gains mutuellement avantageux dans l’échange international et le rôle que joue le commerce international pour repousser les limites de la croissance et empêcher la convergence vers un état stationnaire. On montrera comment cette théorie est élaborée en retenant le cadre des nations, la structure inter-branche de leur commerce extérieur et l’absence de mobilité des facteurs entre elles. L’actualité des analyses de Ricardo et ses prolongements contemporains seront étudiés en s’interrogeant sur les conséquences de l’importance croissante des firmes transnationales, le développement d’un commerce international intra-branche et la forte mobilité des capitaux à l’échelle planétaire. Ces interrogations permettront de montrer comment les avantages comparatifs peuvent être “construits” et de souligner ainsi la portée générale de la théorie de Ricardo. David Ricardo est considéré comme l'un des économistes classiques les plus influents. Il a été agent de change (ce qui lui a permis de s'enrichir) et député (chambre des communes anglaise). Héritié de la pensée d'Adam Smith, dont il a lu avec passion l'œuvre Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), il défend le libéralisme et promeut le libre-échange en affirmant sa nécessité contre le protectionnisme. Dans son ouvrage majeur Des principes d'économie politique et de l'impôt (1817), il développe une théorie de la valeur travail en montrant comment elle détermine le niveau de salaire, puisqu'elle détermine la valeur des produits (ce n'est donc pas leur rareté ou leur utilité qui en détermine la valeur). La théorie marxienne de la valeur (dont il déduit le salaire) est issu de la théorie ricardienne, même si Marx la critique. Mais c'est bien entendu pour sa théorie des avantages comparatifs que D. Ricardo est entré au Panthéon de l'histoire des théories économiques. Il s'agit de la théorie qui demeure encore aujourd'hui le fondement des échanges internationaux, l'explication dominante du commerce mondial. Nous verrons comment D. Ricardo prend une part déterminante dans le débat anglais de la première moitié du XIXè siècle qui aboutira à l'ouverture de l'Angleterre aux échanges internationaux avec l'abolition des Corn Laws (loi sur les céréales visant à protéger les rentes foncières) en 1846. A. L’analyse de David Ricardo. 1. La théorie des avantages comparatifs. ● Rappel de la théorie des avantages absolu d'Adam Smith. Enseignement de spécialité Selon Adam Smith (1723-1790), chaque pays a intérêt à se spécialiser dans les productions pour lesquelles il dispose d’un avantage absolu (là où il est meilleur que les autres, avec des coûts de production inférieurs) pour participer aux échanges internationaux, et à importer les produits pour lesquels ses coûts de production sont supérieurs à ceux des autres pays. Les échanges internationaux doivent conduire à une spécialisation de chaque pays, ce que Adam Smith appelle la "division internationale du travail". Cette division du travail contribue à accroître la productivité et la richesse de toutes les nations qui participent aux échanges. Alors que pour Adam Smith, l’échange international apparaît comme un jeu à somme nulle, pour lequel certains pays ont intérêt à participer (ceux qui disposent d'avantages absolus), et d'autres pas (ceux qui n'en ont pas...), pour David Ricardo, l’échange international est un jeu à somme positive, où tous les partenaires de l’échange sont gagnants. ● La théorie des avantages comparatifs : l'exemple de l'Angleterre et du Portugal. Portugal Angleterre Production de vin (nbre d'hommes/an) 80 120 Production de drap (nombre d'hommes/an) 90 100 Coût comparatif drap/vin 1,125 0,833 Coût comparatif vin/drap 0,888 1,2 Dans l'exemple proposé par David Ricardo pour illustrer sa théorie, l'Angleterre possède un avantage comparatif car il est relativement moins cher pour ce pays de produire du drap que du vin (puisque la production d’une unité de drap utilise moins d’hommes qu’une unité de vin). C’est l’inverse pour le Portugal qui dispose en réalité d'un avantage absolu pour les deux biens. Le Portugal possède un avantage absolu sur l’Angleterre pour la production des deux biens. Cependant, il reste intéressant pour le Portugal de se spécialiser dans la production du bien pour lequel il possède le plus grand avantage : le vin. En effet, il lui en coûte le travail de 80 hommes pour produire une unité de vin ; si le Portugal peut ensuite échanger avec l’Angleterre cette unité de vin contre une unité de drap, l’unité de drap obtenue aura coûté au Portugal le travail de 80 hommes. Or, si le Portugal avait produit lui-même le drap, il lui en aurait coûté le travail de 90 hommes : le Portugal y gagne à se spécialiser et à échanger avec l’Angleterre, même s’il est plus compétitif que l’Angleterre pour la production des deux biens. Le Portugal obtiendra plus de biens en se spécialisant et en échangeant du vin contre des draps venus d'Angleterre (qu'en essayant de tout fabriquer au Portugal). La spécialisation permet de consacrer les facteurs de production (travail) aux activités où ils sont les plus efficaces. Pour David Ricardo, il est avantageux pour toutes les nations de participer aux échanges internationaux. Pour cela, chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle il dispose d'un avantage comparatif, c'est-à-dire où ses coûts de production sont comparativement les plus compétitifs par rapport aux autres pays. Ainsi, il convient pour un pays de renoncer à ses avantages les plus faibles pour tirer parti de ses avantages les plus importants. Pour les pays qui ne disposent d'aucun avantage absolu, ils doivent alors se spécialiser dans la production pour laquelle ils connaissent comparativement le moins de désavantages. Un avantage comparatif correspond donc soit au plus grand avantage, soit au plus petit désavantage dont dispose un pays relativement ou comparativement aux autres pays. ● Les hypothèse retenues par David Ricardo pour valider sa théorie. Les hypothèses ricardiennes : - La libre circulation des produits (libre-échange, sans doit de douane) doit être garantie, sans quoi le principe même des avantages comparatifs disparaît. - L'absence de mobilité des facteurs (notamment du capital) au niveau international, et leur mobilité au niveau national. - La structure du commerce international est interbranche. Il n'y a pas, au XIXème siècle, de raison qu'il en soit autrement. - Les échanges se font dans le cadre des nations (entre nations et non intrafirme). - Les avantages comparatifs sont durables dans le temps. Un pays qui se spécialise et accroît sa production dans un domaine, ne connaît ni rendements croissants, ni rendements décroissants. Ricardo raisonne à « rendements d'échelle constants ». S'ils devaient être croissants, la spécialisation pourrait créer un avantage comparatif au lieu d'en être la conséquence comme le pense Ricardo. 2. Le rôle de l'échange international dans le développement économique. ● Le libre-échange est profitable à tous les pays qui participent au commerce mondial. Pour Ricardo, il ne fait aucun doute que l’échange international est mutuellement profitable aux pays qui le pratiquent. Le libre-échange est pour lui la meilleure stratégie commerciale à adopter. Le commerce international favorise la croissance économique des pays qui le pratiquent, en permettant une allocation des ressources plus efficace au sein de chaque pays. Il permet ainsi d'empêcher la convergence vers un état stationnaire. David Ricardo suggère aussi que les échanges internationaux pacifient les relations entre les pays, en créant des intérêts mutuels à la poursuite de l’échange. ● L'ouverture internationale permet d'éviter la baisse du taux de profit. Le commerce international permet d'éviter la baisse tendancielle du taux de profit et la stagnation économique, puisqu'il rend possible la baisse des salaires versés aux travailleurs qui sont fonction du prix des biens de première nécessité, désormais disponibles à moindre coût grâce à l'ouverture internationale. Importer blé meilleur marché limite le prix des produits de subsistance et les salaires, ce qui accroît les profits, l'accumulation du capital et la croissance économique. Le commerce avec l'étranger (« commerce étranger » pour Ricardo) est très avantageux, car il augmente le nombre et la variété d'objets disponibles sur les marchés (plus grande diversité). Enfin, les échanges internationaux ne peuvent pas être source de déséquilibres extérieurs durables. Un déficit de la balance commerciale provoque une sortie d'or qui fait baisser les prix intérieurs et rend donc le pays plus compétitif, d'où une augmentation des exportations et une diminution des importations. Au contraire, un excédent provoque une entrée d'or qui fait augmenter les prix intérieurs et qui nuit à la compétitivité et se traduit donc par une baisse des exportations et une hausse des importations. C'est ce que l'on pourrait appeler « l'équilibrage automatiques des comptes extérieurs ». B. Les prolongements contemporains. 1. Les prolongements de la théorie ricardienne. ● Le théorème HOS (Heckscher-Ohlin-Samuelson). Le théorème HOS est aujourd'hui le « modèle standard » de la théorie du commerce international. Il prolonge l'analyse de David Ricardo pour justifier le libre-échange et la spécialisation, en proposant une explication aux avantages comparatifs. L'économiste suédois Bertil Ohlin (Nobel 1977), qui uploads/Finance/ commerce-internationnal.pdf
Documents similaires








-
23
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 25, 2021
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
- Taille du fichier 0.1861MB