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Qu’est-ce que la concurrence parfaite ? Résumé La concurrence parfaite est le modèle de base de la théorie économique dominante. Pour savoir à quoi s’en tenir exactement à son propos le mieux est de décrypter sa formulation mathématique. On constate alors qu’il a très peu à voir avec la présentation « littéraire » qui en est faite dans les manuels et dans les textes de vulgarisation, dont Wikipédia. On se demande comment une telle confusion a pu subsister pendant plus d’un siècle – et continue à subsister – dans une discipline qui se présente comme la plus rigoureuse des sciences humaines. Le modèle dit de « concurrence parfaite » est le modèle de base, incontournable, de la théorie dominante (néoclassique). Il occupe une place privilégiée dans l’enseignement en économie – à tous les niveaux. Ses équilibres servent de référence ou d’élément de comparaison pour tous les autres types d’affectations des ressources. L’importance accordée par la théorie néoclassique à la concurrence parfaite tient au fait qu’elle donne une version idéalisée de la « loi de l’offre et de la demande », dans un cadre qui lui permet d’établir le résultat dont elle s’enorgueillit le plus : le théorème d’existence d’au moins d’un équilibre général (dit « théorème de Arrow-Debreu »). On pourrait penser, dans ces conditions, que les principales hypothèses de ce modèle – dont le caractère mathématique nécessite des formulations précises – sont l’objet d’une présentation unanime et sans ambiguïté de la part de ceux qui l’utilisent ou s’y réfèrent. Il n’en est rien. Il suffit, pour s’en rendre compte, de jeter un coup d’œil à ce qu’en dit Wikipédia – qui est censée donner la position de la profession dans son ensemble. Alors que l’entrée en français, « concurrence pure et parfaite » (un nom à rallonge, « originalité » française, hélas !), comporte 5 conditions – « atomicité », « homogénéité », « fluidité » (la composante « pure »), « libre circulation des facteurs », « transparence de l’information » (la composante « parfaite ») –, la version anglaise, « perfect competition », en comporte le double, dont 5 qui ressemblent aux précédentes (sans y être identiques), les 5 autres – « coûts de transactions nuls », « pas de rendements croissants », « droits de propriété », « pas d’externalités », « rationalité des agents » –, n’ayant strictement rien à voir avec elles. Aucun lien n’est établi entre ces « conditions » et la formulation mathématique du modèle. A chacun de faire jouer son imagination et de leur donner le contenu qu’il veut. Les « exemples » présentés comme des « approximations » relèvent plus du folklore que d’autre chose. Il n’y a qu’un seul moyen pour savoir à quoi s’en tenir exactement à propos de la concurrence parfaite : se reporter au modèle mathématique qui est affublé de cette étiquette – ou, parfois, de celle de « concurrence pure » (pure competition) – et donner une interprétation économique plausible à ses hypothèses. Ce qui, en l’occurrence, peut être fait sans trop de problèmes : idéalisation de la « loi de l’offre et de la demande », le modèle de concurrence parfaite est construit à partir de deux objets mathématiques simples, la fonction de demande, notée d(p), et la fonction d’offre, notée s(p) – les symboles d, s et p pouvant être relatifs aux quantités et au prix d’un ou de plusieurs biens. Le seul examen de ces notations permet de donner un contenu sans ambiguïté aux principales hypothèses de la concurrence parfaite. Notations s(p) et d(p) et hypothèses de la concurrence parfaite Quelques exemples dans d’autres langues : competencia perfecta, perfect competition, konkurencja doskonala, perfekt konkurrenz, Vollkommener_Markt, concorrenza perfetta, etc. Dans les versions espagnole et italienne, la concurrence parfaite n’est définie que par rapport aux entreprises, qui « n’ont pas le pouvoir de modifier les prix (qu’elles acceptent) ». Dans le langage courant, la « loi de l’offre et de la demande » évoque un processus dans lequel le prix d’un bien augmente quand sa demande est supérieure à son offre, et diminue dans le cas contraire. Il y a « équilibre » – le processus s’arrête – quand l’offre est égale à la demande (toutes deux sont « satisfaites »). Le prix d’équilibre est donc solution de l’équation : s(p) = d(p). Si on s’intéresse à l’ensemble de l’économie, l’offre et la demande d’un bien dépend de son prix mais aussi de ceux des autres biens. Supposons, pour simplifier les notations, que l’économie ne comporte que deux biens. La demande du bien 1 dépend alors du prix p1 de ce bien mais aussi de celui du bien 2, p2. On peut donc la noter d1(p1, p2). Pour les mêmes raisons, on note s1(p1, p2) l’offre du bien 1, puis d2(p1, p2) et s2(p1, p2) la demande et l’offre du bien 2, respectivement. Dans ces conditions, les prix d’équilibre pour cette économie sont solution du système d’équations : s1(p1, p2) = d1(p1, p2) s2(p1, p2) = d2(p1, p2). Ce qui peut s’écrire, de façon synthétique : S(P) = D(P), les majuscules désignant des vecteurs – par exemple : P = (p1, p2) ou, dans le cas où il y a n biens, P = (p1, …, pn). Les fonctions d’offre et de demande n’ont donc que les prix pour variables. Comment interpréter cette notation d’un point de vue économique ? Des agents preneurs de prix Le fait d’écrire d(p), s(p), d(p) = s(p), S(P), D(P), etc. suppose que les demandeurs et les offreurs font leurs calculs sur la base des même prix – notés p où P, selon le cas. La question qui se pose alors est de savoir d’où viennent – ou comment se forment – ces prix. On pense a priori qu’ils sont le résultat de marchandages, mais on ne voit pas alors pourquoi ils seraient uniques – chacun marchandant dans son coin, puis le faisant ailleurs, et ainsi de suite. On peut supposer que les prix sont proposés par les vendeurs – les producteurs, par exemple –, mais cela demande d’introduire une distinction (une « asymétrie ») entre vendeurs d’un côté et acheteurs de l’autre – les uns étant « faiseurs » de prix, les autres en étant « preneurs ». Les notations devraient alors refléter cette distinction – par exemple, en appelant pi s le prix proposé par le vendeur i. En notant p « tout court » le prix dans les fonctions d’offre et de demande, il est donc supposé que ce prix n’est le fait ni des vendeurs, ni des acheteurs. Il est « donné ». C’est la première hypothèse de la concurrence parfaite : les prix sont donnés, les agents – ménages et entreprises – se contentant de les « prendre ». Cette hypothèse ne suffit pas toutefois à justifier à elle seule la notation d(p), s(p),… qui suppose un certain type de réaction des agents devant des prix « donnés ». S’ils pensent qu’à ces prix ils auront des problèmes de débouchés ou qu’ils ne pourront obtenir tout ce qu’ils veulent, leurs offres ou leurs demandes ne pourront plus être représentées par des formules simples comme d(p), s(p), etc. Tel sera aussi le cas si des agents pensent que leurs offres ou leurs demandes peuvent influencer les prix « donnés ». Ils pourraient alors adopter des « comportements stratégiques » consistant, par exemple, à demander moins que ce qu’ils veulent en réalité pour exercer une pression à la baisse sur le prix « donné ». Les notations d(p), s(p), etc., du modèle de concurrence parfaite ne sont valables que si les agents pensent – ou croient – qu’ils pourront vendre ou acheter tout ce qu’ils veulent aux prix « donnés » et que leurs actions n’ont pas d’influence sur eux. C’est la deuxième hypothèse de la concurrence parfaite. La première hypothèse est d’ordre institutionnel, puisqu’elle suppose une forme d’organisation sociale dans laquelle les prix sont proposés (par on ne sait trop qui) et acceptés sans rechigner par tout le monde. La deuxième hypothèse relève de la psychologie, puisqu’elle porte sur les croyances des agents – qui sont très rudimentaires, pour ne pas dire naïves, mais qui permettent d’utiliser les notations simples d(p), s(p), etc. Ces deux hypothèses sont souvent résumées en disant que, en concurrence parfaite, les agents sont « preneurs de prix » (price takers). Avec ces hypothèses, la détermination par un agent de ses offres et de ses demandes est, dans son principe, très simple. Le consommateur choisit le panier de biens qui égalise son « taux d’échange subjectif » (taux marginal de substitution, TMS) entre deux biens quelconques au rapport de leurs prix (« donnés »), tandis que l’entreprise achète des quantités d’inputs telles que le produit marginal de chaque input soit égal à son prix. On obtient ainsi un système d’équations de la forme TMS(qi,qj) = pj/pi et pif(q1,…qn) = pj, auquel s’ajoute la contrainte budgétaire du consommateur, d’où on peut « extraire », du moins en théorie, les uploads/Finance/ concurrence-parfaite-pdf.pdf
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- Publié le Dec 25, 2022
- Catégorie Business / Finance
- Langue French
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