20/4/2021 1 CONJONCTURE ECONOMIQUE MARS 2021 La situation économique continue à
20/4/2021 1 CONJONCTURE ECONOMIQUE MARS 2021 La situation économique continue à porter la marque de la quadruple crise que continue à vivre le pays : crise sanitaire pour le douzième mois consécutif ; crise politique exacerbée par les conflits d’attribution au niveau de la gouvernance politique du pays ; crise économique qui s’aggrave, de mois en mois, en raison des importants retards pris dans la mise en œuvre des grandes réformes prioritaires qu’imposent la résorption des distorsions et la libération des énergies latentes ; crise sociale alimentée par la baisse du pouvoir d’achat et la montée du chômage. Les données quantitatives et qualitatives disponibles pour les trois premiers mois de 2021, révèlent, certes, un mieux au niveau de l’exportation de biens avec une relance encourageante, sous l’effet de la reprise de la demande extérieure, une augmentation des avoirs nets en devises de la BCT ainsi qu’une légère détente de l’inflation. Il n’en demeure pas moins que l’état des lieux est préoccupant, marqué par une contraction du PIB et de l’investissement, un maintien des pressions sur le marché de l’emploi et sur les finances publiques ainsi que par une nouvelle dégradation de la cotation de la Tunisie par les agences internationales de rating hypothéquant toute possibilité de mobilisation de capitaux sur les marchés financiers internationaux à des conditions soutenables. Les développements qui suivent explicitent au niveau des principaux indicateurs macroéconomiques ces appréciations. 1. La production, continue à être affectée par les contraintes sanitaires et par la chute de la demande finale. Les données disponibles, à ce stade, quoiqu’encore peu significatives pour évaluer de façon précise la production du premier trimestre 2021, ne laissent pas encore entrevoir une reprise de la croissance comme prévu dans le cadre du Budget économique. Ce serait plutôt une nouvelle contraction aux alentours de 2% contre 6.1% durant le trimestre précédent. Périodes 2020 1e Trimestre 2e trimestre 3e trimestre 4e trimestre Année croissance en % -2.1 -21.3 -5.7 -6.1 -8.8 Une telle prévision prend en compte les données de l’enquête de l’INS, telle que menée auprès d’un panel de 2500 entreprises représentatives du secteur formel à la fin de 2020. Celle-ci fait ressortir que 85.9% des entreprises ont subi une baisse de leur chiffre d’affaires en novembre 2020 (contre 82.3% quatre mois auparavant), et que 10.4% des entreprises ont fermé définitivement leur unité de production et 11.2% qui l’ont fermé temporairement, ce qui ne manquera pas d’avoir des retombées sur la croissance de l’année 2021 Elle prend également en compte l’importante baisse de la production d’huile d’olive ( -65%) en relation avec le caractère cyclique de cette spéculation, la forte chute de l’activité touristique de l’ordre de 60% provoquée par la nouvelle vague de la pandémie ainsi que la baisse de la demande de l’énergie primaire ( - 4% durant les 2 premiers mois) et des ventes d’électricité ( -5% pour les ventes d’électricité durant les 2 premiers mois). 20/4/2021 2 Les appréciations résultant de ces indicateurs sont à nuancer, cependant, compte tenu de l’amorce de la reprise de l’industrie manufacturière se reflétant notamment à travers : L’augmentation des importations des produits intermédiaires destinées à être transformés de 6.9% en dinars courants soit de l’ordre de 2% en dinars constants (par rapport à l’euro) La relance des exportations de biens, de 6.2% en dinars courants (soit 1.4% en dinars constants) prenant appui sur la reprise des exportations des produits textiles et habillements ( +4.1% en dinars constants) ainsi que sur celle des industries mécaniques et électriques ( +7% en dinars constants), Un autre résultat positif mérite d’être signalé même si son impact sur le PIB est relativement limité. Il concerne la production des hydrocarbures. L’entrée en production du gisement gazier Nawara et du gisement pétrolier Halek El Menzel permet, malgré la baisse du débit des autres gisements, un accroissement de la production de 29% durant les deux premiers mois de 2021 par rapport à la même période de l’année précédente. En 1000 tep Fin février 2020 Fin février 2021 variation Pétrole et GPL 306 361 +18% Gaz 283 398 +37% Total hydrocarbures 589 759 +29% La révision à la baisse des prévisions de croissance ne concerne pas seulement la Tunisie. Elle concerne aussi l’Union Européenne qui a dû, sous l’effet de la recrudescence de la pandémie, maintenir les mesures de confinement et donc réviser les prévisions de croissance pour le premier trimestre en les ramenant d’une croissance initialement prévue de 0.6% à un recul de 0.4%1 Cela dit, l’aggravation de la situation sanitaire durant les prochains mois risque de contrarier la reprise, à moins d’une forte accélération de la vaccination en Tunisie et surtout d’un regain de confiance pouvant résulter de l’engagement, sur une base consensuelle, de vastes programmes de réformes politiques et économiques mettant fin aux tiraillements et aux tensions et remettant le pays au travail. 2. Le marché de l’emploi, éprouvé par le ralentissement de l’activité depuis 2011, enregistrerait de fortes tensions. Le marché de l’emploi continue à être tendu. Les dernières données qui remontent au quatrième trimestre de l’année 2020, quoique partielles du fait que l’enquête a été perturbée par les contraintes sanitaires, font ressortir une poussée du chômage touchant particulièrement les femmes 4e trimestre 2018 2019 2020 Taux de Chômage global 15.5% 14.9% 17.4% Taux de chômage des femmes 22.9% 21.7% 24.9% Cela dit, la situation du marché de l’emploi risque d’être encore plus tendue durant le premier trimestre compte tenu : De la contraction escomptée de la production de biens et services, comme cela est développé dans le paragraphe précédent. 1 Source : projections macroéconomiques de la BCE du 11 mars 2021 20/4/2021 3 De la forte poussée du malaise social avec une augmentation des mouvements de contestation de 48% pour les deux premiers mois de l’année 2021, majoritairement spontanées2 De l’augmentation de l’émigration clandestine, malgré l’augmentation des opérations d’interception : le nombre d’arrivants tunisiens sur les côtes italiennes a été multiplié par près de 8 entre les deux premiers mois de 2020 et la même période de 20213 A cet égard, les tensions continuent à être particulièrement vives pour les jeunes et les diplômés du supérieur avec des taux de chômage respectivement de 32% et 30% en se référant aux dernières données disponibles. La nouvelle loi, adoptée sous la pression sociale en faveur des chômeurs diplômés de longue durée, n’est qu’un expédient couteux sur le plan budgétaire difficilement soutenable. Encore une fois, la solution du problème de chômage en Tunisie ne peut être que le résultat d’une forte relance de l’investissement Public et Privé, elle-même tributaire du rétablissement de la confiance et de la mise en place d’un environnement humain, réglementaire et infrastructurel permettant de produire, de commercialiser sur le marché intérieur et d’exporter sur des bases compétitives et durables. 3. L’investissement, continue à se situer suivant un faible palier, risquant de compromettre les opportunités de l’après crise. La reprise de l’investissement, escomptée dans le cadre du Budget Economique (+ 5% aux prix constants), ne parait pas se confirmer à la lumière des indicateurs à ce stade disponibles. Ainsi, les importations de biens d’équipement, importante composante de l’investissement, baissent de 4.3% en dinars constants Les intentions d’investissement dans l’industrie et les services, qui donnent une indication significative sur la dynamique d’investissement, baissent durant les deux premiers mois de 22.5%. Intentions en MDT Fin février 2020 Fin février 2021 variations Industrie 309 241 -22% Services 154 117 -24% Total 463 358 -22.5% Les investissements directs étrangers, un autre indicateur important sur la perception du climat d’investissement, enregistrent de leur côté une importante baisse, de l’ordre de 19% durant les deux premiers mois en se ramenant de 449 MDT à 364 MDT. La baisse est encore plus accentuée pour les flux en euros, de l’ordre de - 22.6%. Par ailleurs et par référence aux deux premiers mois de 2021 aucun forage exploratoire et ou de développement n’a été réalisé contre 2 forages durant la même période de l’année précédente 2 Source : rapport de janvier et février 2021 du Forum Tunisien des Droits Economique et Social (FTDES) 3 Selon le FTDES, le nombre de migrants tunisiens est passé de 94 durant les 2 premiers mois de 2020 à 722 durant la même période de 2021 20/4/2021 4 Certes, et contrairement à la plupart des pays partenaires, l’Etat Tunisien n’est pas en mesure, aujourd’hui, compte tenu de la situation budgétaire, de lancer d’importants projets infrastructurels et d’équipements collectifs de manière à fouetter la demande et susciter des investissements de la part du secteur privé. C’est pourquoi, l’on doit envisager la relance de l’investissement moyennant : Un important renforcement des programmes de soutien à la mise à niveau et à la restructuration financière des entreprises et des secteurs ayant un important potentiel de développement. Une activation des nombreux grands projets d’infrastructure déjà identifiés et étudiés dans le cadre du partenariat public-privé en l’occurrence notamment le port en eau profonde, les zones logistiques et les parcs technologiques. Une telle démarche donnerait un important signal à la redynamisation de l’investissement uploads/Finance/ conjoncture-t1-2021.pdf
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- Publié le Mar 27, 2022
- Catégorie Business / Finance
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