Correction de la dissertation : Un salaire minimum contribue-t-il à augmenter l

Correction de la dissertation : Un salaire minimum contribue-t-il à augmenter le chômage ? Lors de son allocution télévisée, le Président de la République N.Sarkozy a constamment comparé la France à l’Allemagne. En effet, l'Allemagne est devenue un modèle économique à cause des performances de son commerce extérieur, de la bonne santé de ses entreprises, de ses bonnes finances publiques et de son marché du travail vigoureux. Or, une explication possible du faible taux de chômage allemand réside dans l’absence de salaire minimum .Il n’existe ainsi pas en Allemagne de salaire plancher en- dessous duquel il est interdit de rémunérer un salarié. En revanche, en France existe le SMIC qui est revalorisé en fonction de l’inflation et de la croissance économique. Cette absence de salaire minimum permet donc de créer des emplois et d’empêcher l’installation d’un chômage durable et involontaire, c’est-à-dire des personnes souhaitant travailler au taux de salaire en vigueur et qui ne trouvent pas d’emploi rémunéré. Cette conception libérale correspond à la vision du salaire comme un coût. Cependant, il ne faut pas oublier que le salaire a une double nature : c’est aussi un revenu. La suppression du salaire minimum pourrait alors générer des effets pervers tant au niveau macro-économiques qu’au niveau micro-économiques. I. Le salaire minimum est un coût du travail ; il est donc responsable du chômage, en particulier chez les non qualifiés selon les libéraux A. Constat (docs 1 et 6) Corrélation entre taux de chômage et existence et/ou niveau du salaire minimum 1. Pas de salaire minimum , taux de chômage - Pays sans salaire minimum ont des taux de chômage très faible : Allemagne (taux de chômage passe de 7.5 à 6.1%) 2. Salaire minimum bas/ taux de chômage faible et en baisse - Irlande a un salaire minimum supérieur de 50% à celui du Royaume-Uni (1462 contre 1086 euros) et le taux de chômage y est le double 3. Salaire minimum élevé/ taux de chômage fort et en hausse - La Belgique et la France ont un salaire minimum très élevé (autour de 1300 euros). Taux de chômage élevé et en hausse : de 7,8% à 9.8% pour la France, 7 à 7.6 pour la Belgique « Selon Eurostat, le coût salarial en Espagne, au Portugal, en Grèce ou en Italie a crû en moyenne de 30 % à 35 %. Sur la même période, les salaires français progressaient de 25,7 % contre + 5,9 % en Allemagne. » Ainsi les pays qui ont vu leur salaire augmenter rapidement ont vu aussi leur chômage augmenter (doc5) B. Explications Le salaire minimum est donc une entrave à la création d’emploi et à la baisse du chômage 1. Il crée du chômage Car il s’applique de manière uniforme (doc 3) - Le salaire minimum est identique quel que soit l’âge, l’expérience - Est le même quelle que soit la productivité du travailleur - Or, selon les libéraux, une entreprise n’embauche un salarié que s’il est rentable : il faut que le coût du travail soit inférieur à sa productivité - Or cette condition est difficile à remplir pour : o Tous les individus dont la productivité est faible (jeunes, peu qualifiés, seniors) ne sont pas embauchés et se retrouvent au chômage o Les petites entreprises dont la création de richesses est faible et qui ne pourront pas supporter cette hausse des coûts (doc 4) : il y a alors un risque important de faillites, et donc de destruction d’emplois 2. Un chômage durable - Le chômage créé par le salaire minimum a de fortes chances d’être durable car c’est salaire plancher : il ne peut baisser au-dessous de cette valeur - En cas de chômage, la flexibilité du salaire ne peut plus jouer : l’offre de travail reste durablement supérieure à la demande de travail. - L’intervention de l’Etat est alors contre-productive : son objectif est d’améliorer le sort des plus pauvres. Or, l’effet est inverse : elle crée un chômage involontaire et durable. 3. Il écrase l’éventail des salaires Le salaire minimum pénalise donc les plus fragiles car ils ont du mal à trouver un emploi. Le salaire minimum freine aussi la création de richesses. - Dans les pays où le salaire minimum est introduit, les écarts de salaires sont faibles :« un rapport de 62,7% entre salaire minimum et salaire médian, en réalité davantage si l’on tient compte de la prime pour l’emploi, complément automatique qui augmente le Smic d’un douzième environ » en France (doc 3) - Or ces écarts sont indispensables pour motiver les salariés : « Si les gens sont automatiquement payés plus chers, ils ne travailleront pas aussi fort, non? » (doc 4 . Un individu qui pense que ses efforts seront récompensés par un salaire nettement plus élevé sera incité à travailler davantage, plus efficacement - On retrouve la main invisible : « l’intérêt individuel sert l’intérêt collectif » : en travaillant davantage, l’entreprise devient plus compétitive, gagne des parts de marché, embauche et peut augmenter les salaires. Le salaire minimum est donc néfaste (il crée du chômage) et inutile (sans salaire minimum, il y a création d’emplois et hausse générale des salaires). II. Mais c’est aussi un revenu, son introduction peut avoir des effets positifs Certes, la recherche d’un salaire élevé est une motivation importante pour les individus ; cependant, les écarts de revenus induits par l’absence de salaire minimum peuvent être préjudiciables économiquement. En effet, le salaire a une double nature : c’est un coût, mais aussi son revenu. A. Constat (docs 1 et 6) C’est pour cette raison que la corrélation entre salaire minimum et taux de chômage n’est absolument pas mécanique 1. Absence de salaire minimum / taux de chômage élevé - Danemark : pas de salaire minimum et un taux de chômage qui double : de 3.3% à 7.4% entre 2008 et 2011 - Italie, Suède : taux de chômage à 7% 2. Salaire minimum faible/ taux de chômage fort et en hausse - Pays qui ont le salaire minimum le plus bas en Europe : Roumanie (158 euros) et Portugal (566) ont des taux de chômage en hausse : de 5.8 à 8.2% pour la Roumanie, plus 4 points pour le Portugal. Slovénie : salaire minimum de 380 euros et un taux de chômage qui double entre 2008 et 2011 3. Salaire minimum fort/ taux de chômage faible et en baisse - Pays –Bas : salaire minimum élevé (1435 euros) ; taux de chômage un des plus bas d’Europe : 4.5% . - A le même niveau de salaire minimum que l’Irlande et taux de chômage 3 fois moins élevé B. Explications 1 – Des raisons macro-économiques - Logique keynésienne : en diminuant les salaires, on réduit les revenus, « on réduirait la demande intérieure, pénalisant un peu plus la capacité de ces pays à faire croître leurs économies » (doc5) - logique de la demande : suppression du salaire minimum → réduction du pouvoir d’achat des plus pauvres qui ont la propension à consommer la plus forte → baisse très forte de la consommation → baisse de la demande effective → baisse de la demande de travail → hausse du chômage → baisse des revenus → baisse de la consommation. Cercle vicieux keynésien - Assurer une cohésion sociale pour éviter des conflits qui seraient préjudiciables à la croissance et à l’emploi : « Confrontées au manque de main d'œuvre ou aux troubles sociaux qui touchent certaines régions chinoises, plusieurs métropoles ont décidé de relever le salaire minimum. A Shenzhen, grande métropole du Sud frontalière de Hongkong, le salaire minimal sera relevé de près de 14 % à 1 500 yuans (185 euros) à compter du mois de février, selon un communiqué du gouvernement local. » 2 – Des raisons micro-économiques A ces raisons macro-économiques s’ajoutent des raisons micro-économiques : la hausse du salaire minimum entraîne une hausse de la productivité a – Une corrélation hausse du salaire minimum/ hausse de la productivité « La hausse la plus marquée de la productivité est à Terre-Neuve, où la hausse du salaire est également la plus élevée. La Colombie-Britannique, le Québec et l’Ontario sont les trois provinces ou les hausses de salaire minimum furent les moins élevées, et sont également trois des 4 provinces où la hausse de la productivité fut la plus faible. » (document4) b- Un salaire minimum crée donc une productivité élevée « Il semble donc que contrairement à ce qu’affirment les défenseurs du libre-marché, la hausse du salaire minimum ait au contraire un effet positif sur la productivité au travail » (doc 4). On retrouve ici les arguments de la théorie du salaire d’efficience : - Comme l’information est imparfaite, l’entreprise ne connaît pas la productivité du salarié et donc : o Le salarié a intérêt à proposer un salaire de réservation élevé signe de ses qualités et compétences o Si l’entreprise propose un salaire élevé, elle peut sélectionner les meilleurs candidats - Le versement de salaire supérieur à celui du marché présente un autre avantage : o uploads/Finance/ correction-de-la-dissertation-marche-du-travail.pdf

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  • Publié le Jui 30, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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